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Effort personnel et confiance en Hachem

Question : Est-il permis selon la Halah’a, de travailler pour obtenir sa Parnassa (subsistance matérielle), mais en prévision de l’avenir, pas seulement pour le quotidien, ou bien, cela exprime-t-il une remise en question de la capacité d’Hachem à pouvoir subvenir à tous nos besoins au quotidien ?

Réponse : On nous enseigne dans le Midrash Cho’her Tov (sur le psaume 23) :

Rabbi Eli’ezer Ben Ya’akov cite : « Afin qu’Hachem ton D. te bénisse dans toute œuvre de tes mains que tu entreprendras… » (Dévarim) Cela se peut-il même si l’on reste sans rien faire ? Le texte dit : « que tu entreprendras ». Si tu entreprends, tu es béni, si tu n’entreprends pas, tu n’es pas béni.

A partir de là, l’homme a un devoir de Hichtadlout (effort personnel) pour obtenir sa Parnassa, mais il doit aussi avoir pleine confiance en Hachem qui récompensera son effort. Car c’est ainsi qu’Hachem se comporte, de façon générale, avec son monde, Il ne désir pas le diriger avec des miracles dévoilés, mais tant que possible, de façon naturelle. Il arrive parfois, qu’Hachem décide d’accomplir un miracle dévoilé pour Son peuple ou pour de grands Tsadikim. Cependant, ce n’est généralement pas Sa conduite constante.

Il est vrai qu’il est aussi enseigné dans une Michna de Sota (48b) :

Depuis la destruction du Beit Hamikdach (Le Temple de Jérusalem), les gens confiants ont disparus. Comme il est dit : « Hachem ! Envoi la délivrance, car l’homme pieux n’est plus, les gens confiants ont disparus » (Téhilim). La Guémara explique que les « gens confiants » désigne ceux qui ont totale confiance en Hachem pour leur Parnassa, comme on nous l’enseigne : Rabbi Eli’ezer Hagadol dit : « Celui qui a du pain dans son panier (qui a de quoi se nourrir aujourd’hui), et qui se soucis de ce qu’il va manger demain, cet homme fait partie des gens « de petite confiance » en Hachem, car il se doit de placer toute sa confiance en Hachem, pour chaque jour.

Mais le MAHARCHA écrit dans son commentaire sur cette Guémara que cet  enseignement ne concerne qu’une élite. Le devoir de ne pas se soucier du lendemain, tel que l’exprime Rabbi Eli’ezer Hagadol, n’incombe qu’une catégorie d’individus très élevés dans la Torah, qui, après un immense travail de leur personnalité, sont arrivés à un tel niveau de confiance en Hachem, qu’il ne leur est plus permis de s’interroger sur l’avenir. C’est d’ailleurs pour cette raison – fait remarquer le MAHARCHA – que le terme employer dans le verset qui sert de preuve à cet enseignement, est « H’ASSID » qui veut dire « PIEUX », c'est-à-dire, une personne d’un niveau spirituel hors du commun.

Nous en déduisons qu’il n’y a pas d’interdit, d’un point de vue Halah’ic, de travailler pour obtenir plus que ce qui est nécessaire à notre Paranassa d’aujourd’hui. Tout ceci à la condition bien sûr de ne pas écarter de notre esprit toute notre confiance en Hachem, et de ne surtout pas considérer que c’est notre effort personnel qui nous fait obtenir notre Parnassa (« Ko’hi Ve’Otsem Yadi … »)

On raconte que le Gaon Rabbi Avraham Ich’aya KARLITS z.ts.l, auteur du H’azon Ish ne possédait jamais chez lui le moindre argent supplémentaire à sa Parnassa de la journée. Un jour, sa sœur lui demanda : « Avec tout ce que tu investis comme efforts dans l’étude de la Torah, pourquoi Hachem ne te procure pas beaucoup d’argent ? » Le Rav lui répondit : « Mais que me manque-t-il ?! Je n’ai pas besoin d’un argent qui resterait posé sur un compte à la banque, mais chaque jour Hachem me fournit tout ce dont j’ai besoin ! »

Comme nous l’avons dit, une telle attitude n’est pas au niveau de tout le monde, mais seulement à la portée de grands Tsadikim très rares, qui représentent une élite, et qui ont placé toute leur confiance en Hachem. Mais de façon générale, une personne qui met de l’argent de côté pour l’avenir, ne transgresse aucun interdit.

On enseigne dans une Baraïta de Bérah’ot (35a) sur le verset : « Tu rassembleras ta récolte » (Dévarim). Que veut dire le verset ? Parce qu’il est écrit : « Ce livre de la Torah ne quittera pas ta bouche » Doit-on prendre le texte au sens propre ? (On pourrait penser qu’Hachem nous ordonne de ne jamais interrompre notre étude, même pour les besoins de notre Parnassa) Le texte dit : « Tu rassembleras ta récolte » Comporte toi naturellement (comporte toi de façon naturelle vis-à-vis de ta subsistance). Ceci est l’opinion de Rabbi Ichma’el. Rachi commente : Si tu ne te comporte pas naturellement vis-à-vis de ta subsistance, et que tu ne t’adonne à aucun travail, mais que tu te contente de vivre de la Tsédaka que te donnent les autres, tu en arriveras à cesser même l’étude de la Torah.

Même s’il est expliqué dans la Guémara que Rabbi Chim’on Bar Yo’haï contredit Rabbi Ichma’el, et pense que celui qui étudie la Torah, ne doit s’adonner à aucune autre activité professionnelle, cependant, la Guémara démontre que la majorité des gens n’ont que le niveau de l’attitude conseillée par Rabbi Ichma’el, et que les propos de Rabbi Chim’on Bar Yo’haï ne s’adressent qu’à une élite.

 

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