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L’épouse d’un Talmid H’ah’am (d’un érudit dans la Torah)

Dans les précédentes Halachot, nous avons expliqué le devoir de se lever devant un Talmid H’ah’am (un érudit dans la Torah) ou une personne âgée.

La Guémara Chévou’ot (30a) rapporte une histoire au sujet de l’épouse de Rav Houna.

Un jour, elle se présenta pour un litige devant le Beth Din de Rav Nah’man, en compagnie de la partie adverse. Rav Nah’man se demandait comment agir, car selon la règle (établie dans la Guémara ‘Avoda Zara 39a) « la femme d’un Talmid H’ah’am est comme le Talmid H’ah’am lui-même ». Ce qui signifie que l’épouse d’un Talmid H’ah’am est à considérée exactement comme le Talmid H’ah’am lui-même. Selon cela, il faudrait – selon le Din – se lever devant l’épouse d’un Talmid H’ah’am exactement comme nous devons le faire devant le Talmid H’ah’am lui-même. Mais Rav Nah’man craint que s’il se lève devant la femme de Rav Houna, la partie adverse serai prise de panique et pourrait en conclure que Rav Nah’man penche dors et déjà en faveur de la femme de Rav Houna, et aurait - de ce fait -  du mal à formuler ses revendications. Que fit Rav Nah’man ? Il ordonna à l’intendant du Beth Din de jeter un pigeon à proximité de Rav Nah’man, qui sera obligé de se lever, et ainsi, la partie adverse n’en déduira pas que Rav Nah’man s’est levé en l’honneur de l’épouse de Rav Houna, mais uniquement parce qu’il a été effrayé par le pigeon.

Nous pouvons apprendre des propos de cette Guémara qu’il y a une totale obligation de se lever devant l’épouse d’un Talmid H’ah’am au même titre que le Talmid H’ah’am lui-même.

Effectivement, l’auteur du Kénessett Ha-Guédola du Gaon Rabbénou Israël BENBENCHTI z.ts.l le livre Chéérit Yéhouda (du Gaon Rabbi Yossef Teitatsk z.ts.l) qui déduit lui aussi de cette Guémara, qu’il y a une totale obligation – selon le Din – de se lever devant l’épouse d’un Talmid H’ah’am. Mais le Kénessett Ha-Guédola lui-même réfute cette opinion et selon lui, il faut interpréter l’attitude de Rav Nah’man - qui s’est levé devant l’épouse de Rav Houna – comme une attitude de piété qu’il s’est imposée à titre personnel.

Mais notre grand maitre le Rav ‘Ovadia YOSSEF z.ts.l prouve à partir des propos du RAN sur cette Guémara, qu’il y a réellement une totale obligation de se lever devant l’épouse d’un Talmid H’ah’am, et telle est d’ailleurs l’opinion de plusieurs décisionnaires. C’est donc ce qu’il faut retenir d’essentiel selon la Halacha, et il est donc obligatoire de se lever devant l’épouse d’un Talmid H’ah’am.

De même, il est évident qu’il y a une totale obligation de se lever devant une dame âgée, lorsqu’elle a au moins 70 ans.

Notre maitre le Rav z.ts.l ajoute aussi qu’il est interdit à une élève d’appeler son enseignante (qui lui enseigne des matières de Kodech) par son nom, puisque l’élève est soumise à l’obligation de respecter son enseignante, car celle-ci lui permet d’acquérir le ‘Olam Ha-Ba (le Monde Futur). Il est même interdit à cette élève d’appeler son enseignante en précisant « Madame untelle », mais elle doit seulement dire « Morati untelle » (« Maîtresse untelle »).

Si une élève est assise dans un bus et que son enseignante monte dans le bus, s’il n’y a plus de place où s’assoir, l’élève a le devoir de se lever et de céder sa place à son enseignante. Ce point sera développé davantage dans la prochaine Halacha.

À titre de Guémilout H’assadim (pratiquer la bonté), il est très juste de se lever pour laisser sa place à une femme enceinte qui souffre en restant debout dans le bus.

Il y a environ 50 ans, lorsque notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l occupait les fonctions de membre du Beth Din de Jérusalem, notre maitre le Rav z.ts.l prit le bus pour rentrer chez lui dans le quartier de Tel Arza. Comme à son habitude, notre maitre était assis dans le bus, en étant totalement absorbé par des réflexions de Torah. Il consultait un livre. Mais voilà que soudain il distingue du coin de l’œil, une femme qui était enceinte. Notre maitre lui céda immédiatement sa place, tête baissée et toujours plongé dans ses réflexions de Torah. Il fut contraint de fermer le livre (parce qu’il était maintenant debout), mais il n’entendit pas la voix de la femme qui s’adressait à lui en se tenant à proximité de la place libre. Cette femme – constatant les regards curieux – se tut rapidement, et s’assit à la place libre en étant très embarrassée.

Lorsque le Rav descendit du bus à proximité de chez lui, la femme descendit elle aussi en l’appelant. Progressivement, le Rav reconnut sa voix et se retourna en arrière.

« Margalitt ! C’est toi qui m’appelles ?  Tu étais dans le bus ? » - lui demanda le Rav.

« Effectivement, c’est moi ! » - lui répondit son épouse la Rabbanitt.

« C’est à moi que tu as cédé ta place sans même tant rendre compte ! »

(Cette histoire fut racontée de nombreuses fois par la Rabbanitt Margalitt YOSSEF z’’l)

 

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