La Torah et le repentir protègent et sauvent

« Et l’Eternel dit à Avram: « Quitte ton pays, ton lieu de naissance et la maison de ton père et va vers la terre que Je t’indiquerai » (Béréshit 12:1).

Tous les faits et gestes des Patriarches nous enseignent le chemin de la vie, valable pour toutes les époques. Lorsque nous scrutons et approfondissons les détails de leur conduite, nous nous rendons vite compte que nous avons devant nous un traité complet des vertus, de l’éthique, de la conduite que chaque Juif doit adopter, dans le sens où il est dit: « les actes des pères sont un modèle pour leurs enfants (Sotah 34a), afin de savoir quel chemin nous mène jusqu’à la Maison de D.  Le grand maître Rabbi Shimon Bar Yoch’aï (Zohar III 149b) méprise ceux qui considèrent la Torah comme une épopée. Loin de nous une telle pensée! La Torah, au contraire, nous enseigne le chemin de la vie.

Effectivement, le commandement de D. à Avraham « quitte ton pays » vient nous enseigner que chaque Juif désireux de s’élever dans le service de D. doit progresser courageusement, comme il est écrit (Téhilim 84:8): « Ils s’avancent avec une force toujours croissante » et, de même qu’Avraham reçut l’ordre de quitter sa maison, de même chaque Juif qui va à la synagogue ou à la maison d’étude, doit abandonner ses mauvaises habitudes et celles de son entourage. Nous voyons qu’Avraham, pour avoir quitté la maison de son père, a pu par la suite creuser des puits d’eau vive, qui représentent la sainte Torah, des puits de Torah, des maisons de prière et des maisons d’étude, car « il n’y a d’eau que la Torah » (Babba Kamma 17a, Tanna D’Bey Eliyahou Rabba 2:18, Zouta 1) et ces eaux, la voie de la Torah, jaillissent des maisons de prière et des maisons d’étude. Yits’hak a suivi la voie de son père, il a creusé des puits de Torah, et les Sages témoignent de lui (Shemot Rabba 1:1,Tanh’ouma Shemot 1) « il ressemblait en tout à son père, en beauté, en sagesse, en richesse et par ses bonnes actions ». Il a, lui aussi, creusé des puits et raffermi les fondements de la Torah que son père Avraham avait commencé à établir et cela, malgré les Philistins qui se sont attaqués à lui et ont tenté de l’en empêcher, comme il est dit (Béréshit 26:15): « Tous les puits qu’avaient creusés les serviteurs de son père, du temps de son père Avraham, furent comblés par les Philistins et remplis de terre ». Malgré cela, Yits’hak n’a en rien cédé, il a continué à creuser d’autres puits à chaque étape de sa route, s’efforçant d’ancrer la Torah partout où il allait.

Ya’akov poursuit cette œuvre. Il est écrit (ibid. 56:28): « Ya’akov envoya Yéhouda en avant, vers Yossef, pour qu’il prépare l’entrée en terre de Goshen » et les Sages expliquent (Béréshit Rabba 95:3, Tanh’ouma ibid. 11): « pour lui préparer une maison d’étude d’où se répandra la Torah.” Tout comme Yits’hak son père qui se souciait d’habiter dans un lieu doté d’une maison d’étude, Ya’akov a fondé une maison d’étude. En fin de compte, Yits’hak a vaincu les Philistins qui ne lui ont pas disputé le dernier puits creusé, celui de Réh’ovot (élargissement), qui tient son nom du fait que « D. nous a élargis et nous prospérerons dans le pays” (Béréshit 26:22), c’est à dire que dorénavant nous pourrons vivre selon la Torah sans être dérangés. Cela pour avoir suivi la voie de son père qui n’était pas resté sur place, et parce que le commandement de D. à son père, « quitte ton pays », retentissait toujours à ses oreilles - à savoir qu’un Juif doit aller de l’avant courageusement.

Avraham qui fut éprouvé dix fois et qui a surmonté toutes les épreuves (Avot 5:4, Béréshit Rabba 15:9), a ouvert le chemin à ses enfants, afin qu’eux aussi, au cours de toutes les générations, imitent sa conduite et surmontent les épreuves. Il en sera ainsi, grâce au mérite des puits que lui, Avraham, et Yits’hak son fils ont creusés, c’est-à-dire grâce à la Torah qui est concrètement représentée par l’eau, et grâce à leur effort pour creuser les puits, effort comparable à celui que nécessite l’étude de la Torah, comme il est écrit (Mishley 16:26): « Celui qui peine reçoit la récompense de ses peines ». Il est écrit « Ce puits, les princes l’ont creusé, les chefs du peuple - nedivim » (Bamidbar 21:18). Il s’agit des Patriarches qui nous ont préparé le chemin de la Torah et nous ont enseigné comment la mettre en pratique, puisque Avraham est appelé « nadiv » (H’aguiga 3a).

Les Sages ont dit (Sotah 34a) que « les faits et gestes des pères sont un modèle pour leurs enfants », et nous en voyons l’application dans la génération du désert. Dans le désert, les Enfants d’Israël se nourrissaient de manne, un pain céleste (Shemot 16:4), le pain dont se nourrissent les anges (Yoma 75b), comme il est écrit: « A cette vue, les Enfants d’Israël demandèrent les uns aux autres: Qu’est-ce? car ils ne savaient pas ce que c’était. Et Moshé leur expliqua: C’est le pain que l’Eternel vous donne comme nourriture » (Shemot 16:15). La manne tombait quotidiennement dans le désert, chaque matin, sans interruption, pendant les quarante ans de leur séjour dans le désert. Et nos Sages disent à ce sujet (Shemot Rabba 25:13): « Pour quelle raison et dans quel but la manne tombait-elle chaque jour? Afin que les Enfants d’Israël s’en remettent à D. chaque jour, comme il est dit (Shemot 16:12): « Parle ainsi [aux Enfants d’Israël] et dis-leur: Vers le soir, vous mangerez de la viande, au matin vous vous rassasierez de pain et vous saurez que Je suis l’Eternel votre D. » Autrement dit, le fait que la manne tombe chaque jour vous rappellera que Je suis l’Eternel votre D. La manne tombait du ciel chaque jour, infailliblement, sauf le Shabbat, comme il est écrit (Shemot 16:26): « Le septième jour, le Shabbat, il n’y en aura pas ». Au lieu de cela une double ration de manne tombait du ciel le sixième jour, comme il est écrit (Shemot 16:5): « Le sixième jour... la récolte sera double » et (ibid. 22): « Le sixième jour ils récoltèrent une double provision ». Par contre, les Enfants d’Israël récriminèrent plusieurs fois contre le manque d’eau, comme à Marra (Shemot 15:24): « Et le peuple s’en plaint à Moshé, lui disant: Que boirons-nous? » et (ibid. 17:2): « Le peuple querelle Moshé, lui disant: Donne-nous de l’eau, que nous buvions », et (ibid. 3): « Et là, le peuple, assoiffé, murmura contre Moshé ». Pourquoi l’eau ne leur était-elle pas donnée du ciel, s’indignèrent-ils auprès de Moshé et Aaron?

En fait, nous lisons que les Enfants d’Israël avaient un puits d’eau dans le désert grâce à Miriam (Ta’anith 9a). Avant que ce puits ne fût dévoilé, et après la mort de Miriam, lorsque le puits se fut desséché (Ta’anith ibid.), ils se plaignaient de n’avoir pas d’eau. Pourquoi D. n’a-t-Il pas donné aux Enfants d’Israël de l’eau du ciel, comme Il leur envoyait la manne?

De même qu’il est impossible de vivre sans eau, même si la nourriture est abondante (la manne tombait chaque jour), de même il est impossible de vivre sans Torah et sans observance des commandements qui sont la vie de l’homme. La Torah est comparée à l’eau qui « coule des hauteurs vers les profondeurs » (Ta’anith 7a) et « l’eau, c’est la Torah » (Babba Kamma 17a, Tanna D’Bey Eliyahou Rabba 2:18) comme il est dit: « Vous qui avez soif, venez vous abreuver » (Ishaya 55:1); même s’il y a abondance de nourriture et que le monde ne manque de rien, le monde ne peut pas exister sans Torah comme le disent les Sages (Pessah’im 68b): « Sans Torah, le ciel et la terre cesseraient d’exister », et (Yérémia 33:25): « Si Mon alliance avec le jour et la nuit pouvait ne plus exister, Je n’aurais pas établi les lois du ciel et la terre ».

Voici qui illustre et témoigne de ce fait: si l’on demande à un homme pratiquant et croyant comment il se porte, malgré tous ses problèmes, il répond: « Que D. soit béni chaque jour » (Téhilim 68:20), car il a une foi totale en D. Par contre, si l’on demande à un incroyant: comment allez-vous?, il répondra: « J’ai des problèmes, que de problèmes, la vie n’a pas de sens ». Un tel homme est loin de la Torah et pour lui, la vie n’a pas de sens. C’est pourquoi D. a fait en sorte que les Enfants d’Israël manquent justement plusieurs fois d’eau; plus ils ressentent le manque d’eau, mieux ils comprennent que la Torah est infinie, et qu’elle ne s’acquiert que par des efforts, comme il est écrit: « Soyez occupés à étudier la Torah, car (Mishley 15:26): ‘Celui qui fait des efforts bénéficie des fruits de son labeur’ » (Torat Kohanim Vayikra 26:3). Seuls notre désir et nos efforts dans l’étude et la pratique nous permettent de comprendre la Torah.

Si tel est le cas, nous pouvons concevoir ce que Moshé Rabbeinou dit aux Enfants d’Israël à propos de la Torah (Dvarim 30:11-14): « ...elle ne t’est pas cachée et elle n’est pas loin de toi... non, elle est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu l’observes ». En fait, il faut comprendre ce que Moshé Rabbeinou entend lorsqu’il dit que l’observance des commandements et l’étude de la Torah sont faciles et proches de nous, car combien d’efforts devons-nous fournir et combien d’empêchements et d’obstacles devons-nous surmonter, avant de pouvoir étudier la Torah et en pratiquer les commandements? D’autant qu’aujourd’hui, en même temps que se développent et progressent les sciences et les technologies, nous nous éloignons de plus en plus de la Torah, et s’il en est ainsi, comment Moshé peut-il affirmer que « la loi est très proche de toi »?

Avant de répondre, nous allons présenter une brève introduction. Shlomo HaMelech’ a dit (Shir HaShirim 1:6): « Ne me regardez pas [avec dédain] parce que je suis noirâtre, car c’est le soleil qui m’a hâlée ». Pourquoi le roi Salomon dit-il « noirâtre » et non pas « noire »?

C’est qu’il y a une différence entre « noire » et « noirâtre ». Ce qui est noir l’est par nature, telle est sa couleur, par contre ce qui est noirâtre est noirci de saleté sans être fondamentalement noir, et peut être lavé. C’est ainsi que le roi Salomon décrit ceux qui se repentent et reviennent à D. Lorsqu’ils se présentent devant D., les Anges Destructeurs se tiennent face à eux et les accusent: Vois ces hommes, ils ont passé tous les jours de leur vie à des futilités, n’ont pas étudié la Torah, n’ont pas porté les Téphilines. De même, ils accusent les femmes des fautes qu’elles ont commises jusque-là. Mais alors l’âme, la partie divine, répond aux accusations et aux accusateurs: « Ne me regardez pas [avec dédain] parce que je suis noirâtre », c’est à dire: ne me considérez pas comme si j’avais perdu tout espoir. Bien que j’aie fauté devant D., je n’ai pas perdu l’espoir et j’ai gardé la possibilité de changer, car je ne suis pas intrinsèquement noire, je peux me corriger. En fait, il n’est pas une seule personne fautive qui n’ait fait quelque bonne action au cours de sa vie, et les Sages disent d’elle (Brach’ot 57a, Yirouvin 19a, Shir HaShirim Rabba 4:5): « Même les plus vides sont riches de bonnes actions, comme la grenade est riche de grains ». Et donc, je suis « noirâtre », je peux encore me corriger, j’ai la possibilité de me blanchir et de me laver de mes fautes, comme D. le dit à Israël (Ishaya 1:18): « Vos fautes fussent-elles comme un objet cramoisi, elles seront blanchies comme la neige ». J’étais noire, non pas parce que je ne veux pas obéir aux commandements, mais seulement parce que « le soleil m’a hâlée », parce que le mauvais penchant m’a poussée. Le mot shemesh (soleil) compté avec les lettres épelées, a la même valeur numérique que les mots yetzer hara mah’tie - le mauvais penchant fait fauter.

Maintenant nous pouvons expliquer pourquoi « la Torah est très proche de toi », alors que beaucoup de circonstances nous éloignent d’elle, entre autres les sciences et les acquis technologiques avancés.

Shlomo HaMelech’ dit à ce propos (Shir HaShirim 5:2): « Je dors et mon cœur est éveillé, la voix de mon bien-aimé appelle », c’est à dire: même si l’on est endormi, le cœur reste éveillé (cela est vrai aussi dans le monde physique: lorsque l’on dort le cœur continue de battre, et s’il s’arrêtait, l’homme cesserait de vivre). Il en est de même sur le plan spirituel. Bien que je dorme et que je n’accomplisse aucune bonne action (Méguila 13b), mon cœur est éveillé et il est désireux de s’approcher de Toi, c’est à dire de se repentir. Yom Kippour le prouve, car ce jour-là même ceux qui oublient la Torah le reste de l’année, se repentent de tout cœur.

Où et quand « la voix de mon bien-aimé » appelle-t-elle? Chaque jour! « Chaque jour, une voix se fait entendre du Mont H’oreb » (Avot 6:4, Shemot Rabba 41:9), car il ne se passe pas un seul jour sans miracle, comme nous le disons dans la prière « et nous Te sommes reconnaissants des miracles que Tu fais pour nous chaque jour », et cela dans le but de nous ramener à Lui. Le fait même qu’en nous réveillant chaque matin nous disions: « Je Te remercie de m’avoir rendu l’âme... » est l’expression de ce grand miracle, mais il faut aussi éveiller son esprit, comme il est dit: « ouvrez-Moi une brèche comme le chas d’une aiguille... » (Shir HaShirim Rabba 5:3). Qui s’arrête un instant pour méditer cela, comprendra toute la vérité.

Ce que Moshé Rabbeinou dit aux Enfants d’Israël: « Car c’est une chose très proche de toi », est clair et simple. En nous réveillant le matin, nous remercions D. de nous avoir rendu l’âme et nous louons notre Créateur de nous avoir donné la force physique et spirituelle d’être bons et sincères, remplis de la crainte de D., puisque dès le lever nous allons prier, nous bénissons D. de nous donner notre nourriture, et nous allons servir D. en tout, comme disent les Sages (Avot 4:2, Avot D’Rabbi Nathan 25:4): « Une bonne action entraîne une autre bonne action ». Mais vaincre le mauvais penchant demande de la réflexion et un esprit posé. « C’est une chose très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur afin que tu l’observes », car en vérité, il est possible de l’observer! Cette « chose » qui est proche de nous, c’est la teshouva, le repentir, comme il est écrit (Oshéa 14:3): « Apprenez les paroles [littéralement « les choses »] de la Torah et servez D. », servez-Le de tout cœur, comme il est écrit (Divrey HaYamim I, 28:9): « Sache qui est le D. de tes pères et sers-Le de tout cœur (avec les deux penchants de ton cœur) et avec enthousiasme. » Amen! Qu’il en soit ainsi!

 

 

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