Veiller à la sainteté du signe de l’Alliance, source de perfection

Il est écrit (Béréshit 18:1): « L’Eternel Se révéla à lui dans les plaines de Mamré... » et (ibid. verset 2): « Il leva les yeux et vit trois personnages debout devant lui, et il courut à leur rencontre du seuil de la tente et se prosterna devant eux ».

Présentons d’abord quelques questions afin de mieux comprendre ces versets:

1. Les Sages disent (Sotah 14a, Babba Metzya 86b): « C’était le troisième jour après la circoncision d’Avraham, et D. vint lui rendre visite comme on va visiter un malade ». Si Avraham est malade, où puise-t-il la force de se lever et de courir vers les gens de passage en dépit de la grande douleur qu’il ressent?

2. Il est écrit: « Il était assis sur le seuil de la tente », ce qui nous indique qu’Avraham voulait se lever, mais D. lui dit: reste assis, et Moi Je me tiens debout. Ce sera un signe pour tes enfants, comme il est écrit (Téhilim 82:1): « D. Se tient debout dans l’assemblée de Ses gens » (Béréshit Rabba 48:7). La question se pose: Avraham désirait se lever respectueusement devant la Présence de D. mais D. l’invite à rester assis. Y a-t-il là pour ses enfants l’indication que, lorsqu’ils siégeront, D. se tiendra debout parmi eux? Quel signe est-ce là?

3. Surtout, comment Avraham a-t-il pu quitter la Présence de D. et courir vers les hôtes de passage?

Lorsque Avraham est devenu parfait par l’empreinte sacrée de la circoncision, il est aussi devenu le support de la Présence Divine, comme le disent les Sages (Béréshit Rabba 82:6, Zohar I 213b): « Les Patriarches constituent le Char divin ». Maintenant il est à la ressemblance de D. dans tous ses attributs. C’est ce qu’écrit le Ohr Hah’ayim (Béréshit 18:1) concernant le verset « L’Eternel Se révéla à lui »: « La Torah veut indiquer que la Présence de D. l’enveloppe et il en devient le support ». Après la circoncision, le Youd de l’empreinte sacrée est imprimé dans sa chair, et c’est ce qui est dit (Zohar I 95a): « Celui qui est marqué de l’empreinte sacrée, la Présence de D. est avec lui ». Avraham ressentit à ce moment-là des forces nouvelles prodigieuses, et bien qu’il ait, avant la circoncision, servi D. avec une détermination hors du commun, maintenant était né en lui un élan qui effaçait toute douleur physique. Lorsqu’il vit les gens de passage debout devant lui, il bondit vers eux pour les inviter à entrer chez lui.

Cela nous enseigne que quiconque porte atteinte à ce signe sacré, ou bien n’est pas circoncis, ne peut pas servir D. convenablement, car il n’est pas entré dans l’Alliance. Mais dès qu’il corrige ce manque et reçoit les bénédictions lors de la cérémonie de la circoncision - des bénédictions qui, on le sait, se réfèrent à Avraham, l’aimé de D., qui fut élu et sanctifié par D. dès sa conception (voir Tossafot Menah’ot 53b) - il va de soi que se réveillent et se révèlent en lui, en chacun, des forces nouvelles et un élan nouveau pour le service de D. (c’est l’essence de la diligence d’Avraham). Lorsque quelqu’un ressent un manque d’enthousiasme pour le service de D., il est certain que c’est parce qu’il a porté atteinte au signe de l’Alliance, et il doit se corriger. Sa vivacité sera restaurée, et il pourra servir D. avec des forces renouvelées.

Après la circoncision, Avraham fut rempli de forces inconnues jusque-là, il n’était plus le même homme. Son corps fonctionnait maintenant avec une alacrité supplémentaire, car il dominait les deux cent quarante-huit membres et les trois cent soixante-cinq tendons de son corps, comme le disent les Sages (Nédarim 32b, Tanh’ouma Korah’ 12): « Tout d’abord il s’appelait Avram car il ne dominait que les deux cent quarante-trois membres de son corps, et en fin de compte il s’appela Avraham comme il est écrit (Béréshit 17:5): « Ton nom ne sera plus Avram, mais Avraham », car il dominait deux cent quarante-huit membres (la lettre Hé de Avraham est égale à cinq) », et il était alors en pleine possession de toutes ses forces. Lorsque ses yeux virent les gens de passage, ses jambes se mirent à courir vers eux avec toute la bienveillance désirée par D.

A présent nous pouvons comprendre le signe que D. a donné à Avraham pour ses enfants, lorsqu’Il lui dit: « Reste assis, et Moi Je Me tiens debout, ce qui sera un signe pour tes enfants ». Effectivement, si D. l’invite à rester assis, il doit y avoir une raison? Il est possible que D. tienne compte des douleurs aiguës d’Avraham, douleurs dues à la circoncision. Mais au moment où il vit les trois personnages debout face à lui, il n’eut aucun doute que D. souhaitait qu’il coure les accueillir, bien qu’un instant auparavant, Il lui ait dit de rester assis. Avraham eut le mérite de surmonter ses douleurs de sa propre initiative et d’exprimer son grand amour de D. justement par le fait de n’être pas resté assis, mais de s’empresser vers les hôtes de passage. Nous apprenons ainsi que « l’hospitalité est plus importante que de recevoir la Présence de D. » (Shabbat 127a), puisque D. a agréé son geste. Seul l’homme qui est parvenu à la perfection, peut distinguer que l’intention réelle de D. n’est pas qu’il reste assis, mais qu’il s’empresse d’accueillir les passants.

C’est ce que D. lui répondit: « Reste assis tandis que Moi, Je Me tiens debout, et ce sera un signe pour tes enfants ». D. lui indique que ses enfants veilleront au signe de l’Alliance et parviendront à la perfection, puisque « les faits et gestes des pères sont un signe pour leurs enfants » (voir Sotah 34a). Ils siégeront en Présence de D. Eux aussi sauront quand il convient de se lever et courir accueillir des invités, car ils domineront les deux cent quarante-huit membres et les trois cent soixante-cinq tendons de leur corps. Ils ont hérité cela de leur ancêtre, et s’ils se conduisent comme lui, D. sera présent parmi eux, et ils sauront distinguer quand il est possible et nécessaire de se lever et d’aller au secours du prochain, comme l’a fait Avraham.

Nous comprenons maintenant pourquoi le Roi des rois, le Saint, béni soit-Il, S’est révélé à Avraham au troisième jour de la circoncision.

A propos du verset: « L’Eternel Se révéla à lui », le Ohr Hah’ayim écrit: « Il faut comprendre pourquoi la Torah change l’ordre de la phrase et mentionne l’objet (celui qui est vu) avant le sujet (celui qui voit), et il faut comprendre ce que D. dit à Avraham dans cette prophétie. Les Sages nous enseignent (Tanh’ouma Vayéra 2), que D. vint le visiter après la circoncision comme on rend visite à un malade, mais cela n’est pas indiqué dans le texte. Il semble que l’intention de la Torah est de nous faire savoir que la Présence de D. était avec lui, qu’il en était devenu le support, et c’est pourquoi le mot « à lui » précède la mention de D., pour indiquer que la Présence de D. s’est révélée à lui, ce que nous n’aurions pas su si l’ordre grammatical de la phrase n’avait pas été inversé » (La traduction en Araméen de ce verset, celle d’Onkelos ainsi que celle de Yonathan, traduit « Il se montra - Il se révéla », pour indiquer qu’il s’agit d’une prophétie).

Avraham pria pour que ses enfants suivent les voies de D. et restent attachés au fond de leur âme aux Patriarches Avraham, Yits’hak et Ya’akov, et pour qu’ils aient le mérite d’être eux aussi le support de la Présence de D. C’est ce qui est dit dans les livres: « Lire les récits de la vie des hommes pieux (avec le désir de leur ressembler et d’agir comme eux), équivaut à une méditation des sciences divines ». C’est dire que quiconque modèle sa conduite sur les actes des Patriarches, s’attache à la connaissance de D., et « par l’éveil qu’il produit dans ce bas monde, il éveille les mondes d’en-Haut », comme le Talmud le rapporte longuement (H’aguiga 13a, 14b). Chacun peut, selon ses capacités, parvenir à ce niveau grâce à la foi qu’il a dans les hommes pieux et à leur bonne influence sur lui.

Cela nous permet de comprendre aussi ce qui est écrit dans la section du sacrifice d’Yits’hak (Béréshit 22:11): « Un envoyé de D. l’appela du Ciel et lui dit: Avraham, Avraham! » Pourquoi deux fois? « Lorsque le nom de quelqu’un est répété, c’est une marque d’amour » (Béréshit Rabba 56:7).

Le Midrash (ibid.) ajoute: « Lorsque l’ange lui dit (Béréshit 22:12): Ne porte pas la main sur le jeune homme, ne lui fais aucun mal », Avraham ne l’a pas écouté et voulait tout de même faire couler un peu de sang (en sacrifice), si bien que l’ange lui dit: « Ne lui fais aucun mal ».

N’est-ce pas difficile à comprendre? Comment Avraham pouvait-il vouloir transgresser un commandement de D. En effet s’il avait accompli ce geste, il aurait finalement commis un meurtre. Une telle chose est-elle pensable?

Si ce n’est qu’Avraham savait qu’en sacrifiant son fils comme D. le lui avait ordonné, son obéissance lui vaudrait, à lui et à ses descendants après lui, un grand mérite, D. se souviendrait favorablement de ce jour-là et pardonnerait aux Juifs leurs fautes, jusqu’à la fin des temps. C’est ce que les Sages expliquent, à propos du verset: « Avraham dénomma cet endroit « D. pourvoit » (ibid. 22:14), parce que « D. se souvient (de ce qui aurait pu devenir) des cendres d’Yits’hak réunies et destinées à pourvoir le pardon pour toutes les générations » (Yéroushalmi Ta’anith II:4). Avraham désirait exprimer son amour envers D. comme D. exprima Son amour pour lui en l’appelant « Avraham, Avraham », et Son amour pour Ses enfants lorsqu’Il leur enseigna les treize attributs de la Miséricorde divine, comme il est écrit (Shemot 34:6): « Eternel D. Tout-Puissant, clément et miséricordieux... »

C’est ce qui est écrit à la fin de notre section (Béréshit 22:17): « Je te comblerai de bénédictions et Je multiplierai ta descendance... » Les Sages expliquent (Béréshit Rabba 56:11): « Une bénédiction pour le père et une bénédiction pour son fils ». Avraham fut béni pour son amour infini de D., et D. récompense mesure pour mesure (Shabbat 105b, Nédarim 32a). Il se savait le bien-aimé de D. puisque D. ne met à l’épreuve que ceux qu’Il aime, comme il est écrit « L’Eternel châtie celui qu’Il aime » (Mishley 3:12). Avraham désirait gagner l’amour de D. pour ses enfants après lui - « une bénédiction pour le père et une bénédiction pour son fils » - et de même que D. l’aime et l’appelle Avraham, Avraham, deux fois, de même Il aimera ses enfants et sera plein de miséricorde envers eux: « Tout-Puissant, clément et miséricordieux ».

 

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