L’amour du prochain et la connaissance de la Torah confèrent son pouvoir à la bénédiction

Nous avons déjà consacré plusieurs chapitres à l’hospitalité d’Avraham mais « la Torah a soixante-dix facettes » (Otyiot D’Rabbi Akiva) et nous voulons donc ajouter ici quelques commentaires.

1. Avraham était devenu le support de la Présence de D. comme le disent les Sages: « Les Patriarches sont le Char divin » (Béréshit Rabba 47:8), et ils ajoutent: « Il ne devint parfait qu’après la circoncision » (Nédarim 32a), « Il est devenu un des piliers du monde » (Zohar I 59b), « Il convertissait les gens au Judaïsme » (Béréshit Rabba 39:21, 84:2), « Il surmonta toutes les épreuves » (Avot V:3). Va-t-il soudain quitter la Présence de D. pour courir accueillir des hôtes de passage? Est-ce une chose convenable? Que dire si c’est D. Lui-même qui lui a envoyé ces visiteurs pour qu’il n’ait pas de regret (Babba Metzya 86b)?

2. Il faut expliquer aussi pourquoi « il pensait qu’ils étaient des nomades arabes » (Rashi Béréshit 18:2, Babba Metzya ibid.). Comment les Sages savent-ils que ces passants étaient arabes, et même si l’on voulait dire que leur vêtement en témoigne, quelle nécessité y a-t-il de souligner ce détail? Car chaque mot de Rashi et des Sages a sa raison d’être.

3. Pourquoi Avraham fait-il tellement d’efforts personnels pour recevoir les hôtes, alors que pour une démarche aussi importante que trouver une femme pour son fils Yits’hak, il envoya son serviteur Eliézer? Ici aussi, il aurait pu demander à Eliézer de les recevoir. Pourquoi prend-il la peine de le faire lui-même, si bien qu’il est obligé de quitter la Présence de D. et de courir à leur rencontre?

Pour expliquer cela, citons tout d’abord ce que disent les Sages (Béréshit Rabba 43:11): « Comment Israël a-t-il mérité la Birkat Kohanim, le commandement de la bénédiction des prêtres? Rabbi Yéhouda dit: d’Avraham, car il est dit (Béréshit 15:5): Ainsi sera ta descendance, et (Bamidbar 6:23): Ainsi vous bénirez les Enfants d’Israël ». Les Sages ajoutent (Bamidbar Rabba 11:4): « Les prêtres béniront Mes enfants ainsi que Je l’ai dit à leur père Avraham: Tu seras une bénédiction (Béréshit 12:2). C’est dire que la bénédiction des prêtres est donnée à Israël grâce au mérite d’Avraham. Il nous faut donc comprendre le verset qui commande aux prêtres de bénir le peuple (Bamidbar 6:23): « Parle à Aaron et à ses fils et dis-leur: Ainsi vous bénirez les Enfants d’Israël, vous leur direz... »

1. Pourquoi D. a-t-Il choisi justement les Kohanim pour bénir Israël?

2. Quel est le sens des mots « vous leur direz », étant donné qu’il est déjà dit « et dis-leur »? Il semble qu’il y ait une répétition apparemment inutile.

3. Puisque nous en sommes venus à parler des prêtres, les fils de la tribu de Lévi, une autre question se pose à nous. En Egypte, la tribu de Lévi ne fut pas esclave (Shemot Rabba 5:20) mais était occupée par l’étude et la pratique de la Torah (voir Bamidbar Rabba 3:4), et n’a pas non plus participé à la faute du veau d’or (Yoma 66b), comme il est écrit (Shemot 32:26): « Tous les Lévites se groupèrent autour de [Moshé] ». De plus, si l’on s’arrête à considérer leur nombre, on constate qu’ils étaient peu nombreux comme il est écrit (Bamidbar 3:39): « Le recensement total des Lévites... vingt-deux mille », pas plus. Ils auraient dû être plus nombreux, puisqu’ils étaient pieux (ibid. 3:5) et aimés de D. plus qu’aucune autre tribu (ibid. 3:8, Tanh’ouma 17). Pourquoi sont-ils si peu nombreux?

Il est dit  à propos d’Avraham (Béréshit 18:19): « Je l’ai distingué afin qu’il prescrive à ses enfants... » ce qu’Onkelos précise dans sa traduction: « Je sais qu’il prescrira à ses enfants... » Si D. témoigne qu’Avraham transmettra la connaissance de la Loi à ses enfants, ce n’est pas en vain. Pourtant, bien que D. connaisse le cœur de chaque homme, il est dit (Yov 15:15): « Même dans Ses saints Il n’a pas foi », ce qui signifie que, tant qu’ils sont en vie, D. n’a pas une confiance absolue dans la piété des justes, car même un homme très vertueux est capable de fauter ou de se tromper, comme il est écrit (Kohélet 7:20): « Il n’existe pas de juste sur terre qui fasse le bien et ne faute ». Et les Sages ont dit (Avot II:4): « Ne sois pas sûr de toi-même jusqu’au jour de ta mort », comme ce fut le cas de Yoh’anan le Grand-Prêtre (Brach’ot 29a) qui servit dans le deuxième Temple pendant quatre-vingts ans, et qui, à la fin de sa vie, est devenu Saducéen, ou d’Elisha ben Abouya, appelé « l’Autre » (H’aguiga 14b, Shir HaShirim Rabba 1:25) qui à la fin de sa vie est devenu athée. Même de H’anoch’ il est dit: « Il n’est plus, car D. l’a enlevé » (Béréshit 5:24), et les Sages soulignent: « D. craignait qu’il ne faute et c’est pourquoi Il l’a enlevé avant son temps » (Béréshit Rabba 25:1). Mais à propos d’Avraham, il est dit: « Je sais qu’il prescrira à ses enfants... » et D. Lui-même témoigne qu’il restera saint et pur tous les jours de sa vie, et qu’il enseignera à ses enfants après lui la voie de la justice, et « les actes des pères sont des modèles pour leurs enfants » (Sotah 34a).

La qualité essentielle d’Avraham est la générosité (Zohar III 302a) et la pratique des devoirs envers le prochain. Nous concluons la première bénédiction de la prière en disant « qui protège Avraham » (Pessahim 117b). Nous savons qu’Avraham représente la vertu de Bienfaisance (Zohar I 146). Ce n’est que par sa générosité et ses actes de bienveillance qu’il a pu amener les gens à connaître D., car il était le premier à avoir la foi que chaque homme est créé à l’image de D. et qu’en lui montrant de l’amour, on lui restitue cette image, s’il l’a perdue en commettant quelque péché. Avraham ramenait les pécheurs dans le droit chemin, non par la rudesse d’un « Enfin! Arrête de fauter... » mais par l’accueil chaleureux qu’il leur réservait dans son auberge. Après les avoir restaurés et logés, dans le sens où il est dit (Sanhédrin 103b): « Une gorgée est une grande chose, car elle rapproche ceux qui sont loin », et après les avoir nourris et rassasiés, il disait à ses hôtes: « Ce n’est pas moi qu’il faut remercier, rendez grâce à D. qui a pourvu à votre subsistance... » (Béréshit Rabba 54:8). Voyons-nous de nos jours de nombreux Juifs revenir au Judaïsme après avoir été invités en toute simplicité pour un repas de Shabbat ou de fête, et le simple fait de manger avec eux les a-t-il fait revenir à D. de tout cœur?

Cela nous permet de comprendre pourquoi les Sages ont précisé que ces passants étaient des nomades arabes. Ce détail est important parce qu’il nous montre de quelle façon Avraham recevait ses invités. En tout, il agissait avec diligence (Pessah’im 4a), comme il est écrit (Béréshit 18:6): « Et Avraham s’empresse... » et (ibid.7): « Et Avraham court au troupeau... » Les commentateurs remarquent qu’il n’attendait pas la venue des hôtes pour savoir ce qu’il fallait leur servir, mais qu’il avait toujours des mets prêts pour tous, qu’ils fussent arabes (ou japonais qui mangent du riz, ou français...) si bien que quiconque entrait dans sa tente, de quelque direction qu’il vienne (Béréshit Rabba 48:9, Yalkout Vayéra 18), recevait tout de suite ce qui lui convenait, conformément à la coutume de son pays, indiquée par son vêtement... Avraham n’hésitait pas non plus à laver les pieds des voyageurs qui s’arrêtaient chez lui pour les nettoyer de la poussière de l’idolâtrie qu’ils pratiquaient (Babba Metzya 86b). Après un tel accueil, il n’est pas étonnant que chaque invité ait eu honte de ses fautes, car le fait même d’être reçu aussi chaleureusement l’amenait à réviser sa propre conduite, et à vouloir savoir qui était ce Créateur unique dans lequel son hôte, Avraham, avait foi (Manifestons-nous de telles marques d’honneur envers nos propres invités?).

Avraham prenait soin de chaque invité dans son auberge, eshel, dont les lettres indiquent la nourriture, la boisson et le logement, et son empressement les amenait à reconnaître la vérité de la doctrine qu’il professait.

Nous comprenons maintenant pourquoi Avraham se souciait personnellement de ses hôtes, alors que, pour trouver une épouse pour son fils Yits’hak, il envoya son serviteur Eliézer. En ce qui concerne l’hospitalité et l’enseignement de la bonne conduite, il ne se fiait pas à un intermédiaire et il prenait soin personnellement de leurs besoins. Les Sages disent que « Ce qu’il fit de lui-même fut compté à ses enfants mesure pour mesure » (Babba Metzya 86b, Shemot Rabba 25:5), « de lui-même », c’est-à-dire sans intermédiaire. Amener les gens à se repentir et prendre le bon chemin est une grande chose, car c’est rendre à l’homme qui a fauté l’image de D. qu’il a perdue, puisque chacun, même celui qui faute, porte cette image dans son âme, la partie divine en lui (Zohar I 113a). S’il fait le mal, il perd cette image, il s’annule, mais lorsqu’il regrette sa faute et se corrige, l’image de D. lui est restituée. Dans cette activité spirituelle, Avraham agissait avec bonté et bienfaisance, sans aucun intermédiaire.

Si Avraham a ramené les gens à D. et leur a restitué leur image divine, ce n’est pas en quittant la Présence de D., mais en allant « d’une Présence de D. à l’autre », vers l’image de D. qui est en l’autre, surtout si l’on se rappelle que la Présence de D. est partout (Shemot Rabba 2:9).

« Accueillir des hôtes est une action plus grande qu’accueillir la Présence divine » (Shabbat 127a) parce que l’hospitalité honore en l’hôte l’image de D. qui est en lui. Plus le peuple Juif observe la Torah et les commandements, plus la sainteté l’illumine, sinon, D. nous en préserve, l’obscurité s’empare du monde, et la splendeur (hod) se transforme en « tout le long du jour c’est la détresse », diva (les lettres de hod inversées) (Ech’a 1:13). Le Ari zal écrit à ce sujet: « la Présence de D. est là, mais elle se roule dans la poussière, et il n’y a pas de honte plus grande que lorsque l’honneur de D. est déchu et que tout le monde Le dédaigne ». C’est ce qui est dit (Zohar I 203a, III 6): « Nous avons l’obligation de relever la gloire de D. de la poussière ».

Nous déduisons de tout cela que la qualité fondamentale d’Avraham était l’amour du prochain, la sympathie pour l’autre. Il ne se contentait pas de « l’aimer comme soi-même » (Vayikra 19:18), il l’aimait beaucoup plus que lui-même. Avraham connaissait le cœur de chacun, il honorait chaque homme et il était motivé par le désir de magnifier l’honneur de D.

Nous pouvons maintenant expliquer la signification du nombre des Enfants d’Israël, et des Lévites, du point de vue de la bénédiction des Prêtres et la raison pour laquelle elle est liée à Avraham.

Les Sages ont dit (Bamidbar Rabba 4:2): « A cause du grand amour qu’il a pour eux, D. les dénombre à chaque occasion: à la sortie d’Egypte, à la suite du péché du veau d’or Il compta les survivants... C’est une chose étonnante, car D. connaît chacune de Ses millions de créatures, bien qu’il n’y ait pas de chiffre pour les compter. Il les connaît par leurs noms, comme il est écrit (Téhilim 147:4): « Il détermine le nombre des étoiles, à toutes Il attribue des noms » (de même que les hommes ont des noms, les animaux ont des noms, ainsi que tout ce qui est créé). Il connaît individuellement chacun de Ses serviteurs, Il donne la subsistance à toutes Ses créatures selon leurs besoins, comme il est écrit (ibid. verset 9): « Il donne leur pâture aux bêtes, même aux petits des corbeaux qui la réclament ». Et pourtant Il compte, justement, les Enfants d’Israël. Pour quelle raison? Est-ce que sans cela, D. ne saurait pas combien il y a de Juifs dans le monde et quel est leur nom?

Il faut comprendre que ce dénombrement n’est pas à prendre au sens littéral, mais qu’il indique que D. scrute les actes de chaque Juif individuellement, afin que chacun sache qu’il a de l’importance aux yeux de D., qui l’examine pour voir s’il progresse ou si, malheureusement, il régresse. Lorsque l’homme sait que D. le regarde, cela l’encourage à vouloir jauger l’état dans lequel il se trouve, et comment il se présente devant D. Cela lui permet de progresser et de s’élever toujours plus haut. Car l’homme ne doit pas rester sur place (rester sur place est en fin de compte une régression), mais s’élever, dans le sens où il est dit (Téhilim 84:8): « Ils progressent avec une force toujours croissante ». De même qu’un homme riche accumule toujours plus de richesses et désire s’enrichir plus chaque jour, de même il nous faut enrichir notre service de D. jour après jour. « Les enseignements de Ta Torah sont plus précieux pour moi que des milliers de pièces d’or et d’argent » (Téhilim 119:72), car il faut augmenter son acquis comme cet homme riche, et ne pas se satisfaire de ce que l’on possède... Savoir que D. dénombre Son peuple incite à se demander si l’on a fait des progrès ou non, si l’on a corrigé la faute du veau d’or, si l’on est sorti des quarante-neuf degrés d’impureté d’avant la sortie d’Egypte (Zohar H’adash Yithro 39a). Telle est la raison d’être du dénombrement des Enfants d’Israël.

La tribu des Lévites était la moins nombreuse de toutes les tribus, bien que pieuse et vertueuse (Shemot Rabba 15:1, Midrash Téhilim 104:14). Beaucoup de ses membres étaient comme ben Azaï de qui les Sages ont dit (Yébamot 63b): « Celui qui n’a pas d’enfants, est considéré comme s’il était meurtrier ». Ben Azaï  lui-même dit de celui qui n’a pas d’enfants: « c’est comme s’il amoindrissait l’image de D. » à quoi les Sages rétorquent: « ben Azaï!  Tu parles bien, mais tu ne fais pas ce que tu dis (puisqu’il n’était pas marié) ». Ben Azaï  leur répondit: « Que faire? Mon âme est amoureuse de la Torah, et le monde peut être peuplé par les autres ». Comme ben Azaï, les Lévites avaient l’âme attachée à la Torah, avant même qu’elle ne fût donnée, et ils lui étaient entièrement consacrés. Comme lui, Nadav et Avihou, qui étaient des Lévites, fils de Aaron, ne s’étaient pas mariés (Vayikra Rabba 20:7), mais il en furent punis, car après le don de la Torah, tous avaient l’obligation de se marier et d’avoir des enfants.

Les Lévites furent choisis pour bénir les Enfants d’Israël, car seuls ceux qui se consacrent à la Torah peuvent savoir et apprécier l’importance de l’amour du prochain et sont capables de bénir le peuple, comme Avraham qui observait toute la Torah avant qu’elle ne fût donnée (Yoma 28b, Vayikra Rabba 2:9) et qui était doté de l’amour du prochain, ce qui lui permettait de bénir tout le monde comme il est écrit (Béréshit 12:2): « Tu seras une bénédiction », c’est à dire: « Les bénédictions sont en ton pouvoir » (Tanh’ouma Nasso 9). De même, chaque homme qui étudie la Torah est semblable aux Lévites (Rambam, Shmita VeYovel 13:13) et peut bénir le peuple de ses propres paroles.

Expliquons la bénédiction des prêtres. Les Sages font un rapprochement entre deux versets de la Torah, celui qui ordonne la bénédiction des prêtres: « Ainsi vous bénirez les Enfants d’Israël » et celui qui fait appel aux bénédictions de D. (Devarim 26:15): « Jette un regard du haut des cieux, Ta sainte demeure et bénis Ton peuple Israël ». Et ils commentent: « La communauté d’Israël dit devant D.: Maître du monde! Tu dis aux prêtres de nous bénir, mais nous n’avons besoin que de Tes bénédictions à Toi, que Toi-même Tu nous bénisses, comme il est écrit: ‘bénis Ton peuple Israël’. D. leur répondit: Bien que J’ai dit aux prêtres de vous bénir, Je suis avec eux et c’est Moi qui vous bénis » (Tanh’ouma Nasso 8, Yalkout Shimoni ibid. 710). Et les prêtres lèvent les mains, pour indiquer la Présence de D. comme il est dit (Shir HaShirim 2:9): « Le voici qui se tient derrière notre muraille » - entre les doigts écartés des prêtres, « qui regarde par les fenêtres » - au moment où ils tendent les bras » (Shir HaShirim Rabba). Faut-il penser que D. regarde justement entre les doigts des prêtres? Quel est le sens de ce regard? Que regarde-t-Il?

Les mains, les dix doigts, représentent les Dix Séphirot et « Toute la prospérité du monde descend par les Dix Séphirot » (Zohar III 179a, 300b). Les mains en sont le réceptacle, et les doigts rappellent les Séphirot. Dire que D., qui est la source de toute abondance, regarde entre les doigts des prêtres, c’est dire qu’Il fait descendre la prospérité à travers les doigts des prêtres.

Que regarde-t-Il? Il regarde les prêtres, Il connaît leur intention, leur pensée, Il sait s’ils bénissent le peuple de tout cœur ou s’ils ne font que dire des mots du bout des lèvres - c’est cela qu’Il regarde. C’est ce que disent les Sages (Bamidbar Rabba 11:12): « D. dit aux prêtres: Ce n’est pas parce que Je vous ordonne de bénir les Enfants d’Israël qu’il faut le faire par obligation, à contre cœur et hâtivement, bénissez-les de tout cœur, afin qu’ils soient bénis. Et alors, vous serez aussi bénis, car « Moi Je les bénis », Je bénis les prêtres et Israël » (H’oulin 49a). Le prêtre doit ressentir l’éveil et l’illumination qui lui viennent de D. et alors il peut dire la bénédiction (Bamidbar 6:24), de tout son cœur, avec de bonnes intentions et avec amour. Il doit penser à celui à qui la bénédiction est destinée, comme Avraham qui pensait toujours aux besoins des autres et les bénissait de tous les bienfaits qu’ils méritaient. En agissant ainsi, les prêtres eux-mêmes sont bénis par D., mesure pour mesure (Shabbat 105b): « Et je les bénirai », et la bénédiction descend entre leurs doigts.

Les Sages ont fixé la formulation des bénédictions que nous disons avant d’accomplir certains commandements, et avant de bénir le peuple, les prêtres disent (Sotah 39a): « ...qui nous a commandé de bénir Son peuple Israël avec amour ». Les prêtres doivent bénir Israël avec amour, et  ressentir cet amour pour Israël dans tout ce qu’ils font. C’est alors que D. leur promet « et Je les bénirai », car Il prodiguera aussi aux prêtres une profusion de bienfaits (H’oulin 49a). Nous trouvons dans les livres un principe merveilleux: « Lorsque quelqu’un prononce une bénédiction, cette bénédiction appartient à D. et l’homme n’est qu’un intermédiaire ».

Tel est le pouvoir de la bénédiction confiée par D. à Avraham, et par la suite aux Lévites, pour leur attachement à la Torah. De même, à chaque génération, le pouvoir de bénir est confié aux grands de la Torah. Bien que de nos jours nous soyons tous impurs, du fait du contact avec les morts puisque nous n’avons pas les cendres de la vache rousse pour nous purifier (Pessikta Zouta, Tazryia 13:2), et que nous ne savons pas avec certitude qui appartient à la tribu des Lévites, au moins savons-nous que le pouvoir de la bénédiction est confié aux hommes qui ont en commun avec les Lévites la vertu, et chacun a potentiellement la possibilité de parvenir au niveau de la tribu des Lévites.

Ce pouvoir est un héritage reçu d’Avraham, qui était connu pour son amour d’Israël et pour sa grande générosité. L’essentiel de la Torah c’est l’amour, comme l’enseigne Rabbi Akiva (Yéroushalmi Nédarim IX:4): « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » - c’est l’un des grands fondements de la Torah ». L’amour du prochain est fondamental, et non accessoire. Moi-même je ne sais pas si je peux m’y mesurer. (C’est comme si un homme qui sait que je connais les numéros gagnants de la loterie, me suppliait de les lui révéler. D’un côté, moi aussi j’ai besoin d’argent pour mes Yéshivot, et de l’autre, ce frère Juif me supplie de lui révéler les numéros gagnants... je ne sais pas ce que je ferais si je me trouvais confronté à une telle épreuve). Si l’on hésite, c’est que l’on n’est pas encore parvenu à aimer son prochain comme soi-même. Il faudrait pouvoir se comporter comme Avraham, pour qui une telle chose n’était même pas une épreuve, car ses intérêts personnels ne comptaient pas face à ceux du prochain, dont il ne désirait que le bien. C’est pourquoi il pouvait bénir chaque homme en fonction de sa nature.

Ajoutons encore un mot à propos du verset (Téhilim 122:8): « Pour mes frères et mes amis, je t’offre mes vœux de bonheur »; dans le Talmud (Brach’ot 64a) ce verset est appliqué aux hommes de Torah qui répandent la paix dans le monde. Nous savons que D. est appelé un « ami » et un « proche » des hommes pieux, surtout des Patriarches (Zohar III 257a), et Il est aussi appelé Roi (Tanh’ouma Noah’ 13). Avraham L’a nommé le Maître du monde (Brach’ot 7b). Il est certain que nous avons le devoir d’aimer D. puisque « tu aimeras ton prochain comme toi-même » se réfère à l’amour envers D., c’est-à-dire: « de même que tu t’aimes toi-même, tu dois aimer D. ». Etant donné qu’Avraham aimait D. plus que lui-même, il a pu, malgré les douleurs aiguës qu’il ressentait après la circoncision, courir vers les hôtes de passage et les inviter sous son toit.

Que D. nous vienne en aide et qu’Il insuffle dans nos cœurs Son amour, un amour sincère et total, et alors l’amour du prochain y sera aussi imprimé, comme il est dit (Avot VI:1): « Celui qui aime D. aime les hommes ». Un tel amour peut nous conduire sur la voie royale, la voie de D., Roi du monde, et si nous agissons ainsi, tous les bienfaits nous seront réservés en ce monde et dans l’autre. Amen! Ainsi soit-il!

 (Ce commentaire fut prononcé dans la maison de la famille Krenberg pour sa généreuse hospitalité, Zurich Suisse, 13 Sivan 5751).

 

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