Escorter les hôtes à leur départ est plus important que les accueillir

Le Rambam dans son Code de Loi (Halach’ot Avel 14:2) écrit: « Accompagner ses hôtes représente un mérite qui surpasse les autres. C’est une loi qu’Avraham a dictée par sa conduite pleine de compassion. Il recevait les gens de passage et les escortait à leur départ. Accueillir des invités est plus important qu’accueillir la Présence Divine... et les escorter quand ils sortent est plus important que les recevoir ».

Le Rabbin Hayim Kravitz d’Anvers en Belgique, m’a demandé à ce sujet: « Il va de soi que lorsque l’on reçoit un invité, qu’on l’accueille généreusement, qu’on lui donne à manger et à boire toutes sortes de bonnes choses, on a accompli le commandement d’hospitalité. Mais lorsqu’il quitte la maison, on n’a plus la possibilité de l’honorer ainsi; pourquoi donc le fait de l’escorter à son départ est-il considéré comme l’essentiel de l’hospitalité. Est-ce que cela ne devrait pas être le contraire? »

A quoi, je lui ai répondu: « Combien il est juste de considérer le fait d’escorter l’invité à sa sortie comme une chose plus importante que le fait même de l’accueillir et de le recevoir. Car sans doute lorsque l’invité est sous notre toit et jouit de toutes les bonnes choses qu’on lui offre à boire et à manger, viande, poisson et beaucoup de mets délicieux, il se sent bien. Mais si on ne l’escortait pas à sa sortie, si on lui faisait sentir qu’on le chasse comme quelqu’un de peu d’importance, toutes les bontés envers lui en seraient annulées et perdues, car l’invité maudirait l’instant où il est entré dans notre maison. Quel bienfait en a-t-il tiré, si après avoir été reçu, il est rejeté avec mépris et dédain!

C’est donc que l’essentiel du commandement d’hospitalité est son aboutissement, au moment où l’on accompagne l’hôte à son départ. C’est ce que les Sages disent (Sotah 13b): « L’accomplissement d’un commandement est attribué à celui qui l’achève ». Tant que l’invité se trouve dans la maison, tout va bien et tout le monde est satisfait, mais au moment de prendre congé, il risque de ressentir de la gêne et de penser qu’il a été une charge et qu’il a importuné le maître de maison. Mais en voyant avec quelle bienveillance et quelle chaleur son hôte l’escorte à sa sortie, il ne ressent pas de honte, il se sent bien, et il peut le bénir de la bénédiction de l’invité envers le maître de maison (voir Brach’ot 46a) « qu’il ne connaisse aucune honte ni en ce monde ni dans l’autre, et qu’il prospère dans tout ce qu’il entreprend », il le bénira en son cœur pour toutes les bontés qu’il a reçues, et il bénira D. de lui avoir donné l’occasion d’une réception aussi honorable.

Il est écrit (Devarim 28:6): « Béni sois-tu à ton arrivée et béni sois-tu à ton départ ». C’est un grand honneur pour un invité d’être escorté à sa sortie par le maître de maison, avec amabilité et respect.

Nous avons déjà vu (Béréshit Rabba 54:8) qu’Avraham avait l’habitude d’escorter ses invités. Il enseignait à ceux qu’il asseyait à sa table à  ne pas le remercier lui, mais à rendre grâce à D. pour la nourriture qu’Il leur avait donnée   (Yalkout Shimoni Béréshit 21:33), et il les raccompagnait à leur sortie avec beaucoup d’amabilité.

Il est donc clair que le commandement d’hospitalité n’est accompli que si l’on escorte son hôte avec bienveillance. Il faut l’escorter afin qu’il parte avec un bon sentiment, qu’il se sente à l’aise, qu’il ne ressente ni honte ni gêne, et qu’il emporte avec lui une grande joie.

Le Rabbin d’Anvers fut très heureux de l’explication et ajouta: « C’est peut-être pour cela que les Sages ont dit (Brach’ot 31a): « Il faut se séparer de son compagnon sur des paroles de la Loi, car ces dernières paroles resteront gravées dans sa mémoire ». C’est-à-dire qu’il gardera un bon souvenir de l’accueil qu’il a reçu ».

J’ai ajouté: « C’est un fait. Etant donné que la séparation doit se faire sur des paroles de la Loi, il faut escorter l’invité à sa sortie, car l’obligation de l’escorter est une loi! Lorsqu’il escorte son hôte jusqu’à la porte et au-delà, il complète le commandement d’hospitalité ».

Il en est de même lorsque l’on reçoit un ami pour une simple visite. C’est un des aspects du commandement « d’aimer son prochain comme soi-même » (Vayikra 19:18) que de lui faire honneur et de l’escorter avec amabilité. Alors cet ami se souviendra de nous et désirera nous imiter, exprimer le même amour envers chaque Juif et être bon envers tous ses frères, comme nous avons été bons envers lui. Si la séparation s’est faite sur des paroles de Torah, le commandement a été exécuté à la perfection.

 

 

Article précédent
Table de matière
Paracha suivante

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan