Enseigner à son prochain pour le rendre méritant

Avant la destruction de Sodome et de Gomorrhe, il est écrit: « Et l’Eternel dit: Tairai-Je à Avraham ce que Je vais faire? » (Béréshit 18:17), et ensuite: « Je le connais, afin qu’il prescrive à ses enfants et à sa maisonnée après lui d’observer les lois de l’Eternel et de pratiquer la vertu et la justice... » (verset 18).

D. révèle Ses projets à Avraham, non pas parce qu’il est vertueux, droit et saint, mais parce qu’il transmettra Ses lois à ses enfants, à sa maisonnée et à toute sa descendance après lui.

Cela demande explication. D. connaît les cœurs et les pensées, comme il est dit (Yérémia 11:20): « rien ne Lui est caché et rien n’échappe à son regard, tout est révélé devant Sa gloire ». Il connaît sûrement le fond du cœur d’Avraham. Qu’a-t-Il vu de spécial en Avraham pour dire: « Je le connais, afin qu’il prescrive à ses enfants et à sa maisonnée après lui »? Sûrement D. a discerné en lui quelque chose d’exceptionnel qui prouvait incontestablement qu’il allait prescrire la Loi à ses enfants et à sa maisonnée après lui.

Effectivement, D. a examiné le fond du cœur d’Avraham et Il a surtout distingué son esprit de sacrifice en faveur des autres en toutes sortes d’occasions et en toutes circonstances, preuve qu’il allait instruire ses enfants et sa maisonnée. Qu’est-ce qui en témoigne?

Les Sages disent au sujet d’Avraham et de sa femme Sarah (Béréshit Rabba 24:2, 39:21): « Avraham convertissait les hommes et Sarah les femmes, comme il est écrit « et les âmes qu’ils firent à H’aran » (Béréshit 12:5). Ils les rapprochaient de D. avec dévotion, ils les soutenaient et ils encourageaient chacun d’eux individuellement.

De plus, Avraham a surmonté avec courage et fierté la grande épreuve de quitter son pays et son lieu de naissance... (Béréshit 12:1), ce qui lui valut des bénédictions innombrables comme il est écrit (ibid. 2): « Je ferai de toi un grand peuple, Je te bénirai et Je rendrai ton nom glorieux... » et les Sages disent (Béréshit Rabba 39:11): « Tu auras des enfants, tu deviendras riche, et renommé ». Y a-t-il chose plus importante que la promesse de prospérité, d’une descendance viable, de richesse etc. et de bénédictions sans fin? Malgré tout, Avraham n’a pas tenu compte de tous les bienfaits qui lui étaient assurés, et il s’inquiétait pour tous les gens de H’aran qu’il avait convertis. Quel bénéfice peut-il tirer de toutes les bénédictions que D. lui donne en partage si ces hommes se séparent de lui et retournent à leurs mauvaises habitudes? C’est justement pourquoi il les a emmenés avec lui en quittant H’aran, afin de continuer à leur enseigner la loi de D. en tout temps et en tout lieu.

Avraham enseignait à ses hôtes de passage à rendre grâce à D. et à Lui adresser leurs bénédictions et non à lui-même, (Béréshit Rabba 43:7), jusqu’à ce qu’il ait habitué tout le monde à invoquer le Nom de D. (Sotah 10b, Yalkout Shimoni H’ayé Sarah 107) car la qualité essentielle d’Avraham était son abnégation.

Si Avraham est capable de se dévouer pour son prochain et lui enseigner avec amour la connaissance de D., il va sans dire qu’il enseignera cette connaissance à ses propres enfants, et à sa descendance après lui. Tous ses actes prouvent qu’il enseignera aussi à ses enfants les voies de D. et il est possible que ce soit le sens du verset « d’observer les lois de l’Eternel et de pratiquer la vertu et la justice ». Avraham leur enseignera sans aucun doute comment transmettre cet enseignement à d’autres afin d’observer les lois de D., et il leur enseignera aussi comment pratiquer la justice, comme il le faisait lui-même envers chacun, de telle sorte que son héritage spirituel aura une suite et une continuité à travers les âges.

« Conférer du mérite aux autres » est un principe bien connu. Celui qui confère du mérite aux autres par son abnégation, va, à plus forte raison, investir toute son âme et toute son énergie dans l’éducation de ses propres enfants, cela est évident et ne fait aucun doute. C’est ce que disent les Sages au sujet de Rabbi H’iya: « Combien grands sont les actes de Rabbi H’iya qui a agi en faveur des autres avec un don de soi sans limite, afin de leur faire connaître la volonté de D., et qui a investi toutes ses forces afin que la Torah ne soit pas oubliée... Son pouvoir était tel que sa prière était toujours entendue et il aurait pu faire venir la rédemption avant son temps » (Babba Metzya 85b).

Il est des gens qui servent D. de tout leur cœur, de toutes leurs forces, et de toute leur âme, et se sentent probablement proches de D. de toutes les fibres de leur corps, et qui pourtant ne consacrent pas de temps aux autres, car ils ne veulent que servir D. C’est une grave erreur. Un tel homme n’est pas proche de D. S’il ne transmet rien aux autres, à plus forte raison il ne transmettra rien à ses enfants et à sa descendance après lui. Qu’adviendra-t-il de sa Torah? Va-t-elle être enterrée avec lui? D. ne révèle pas Ses secrets à un tel homme.

Par contre, ceux qui procurent du mérite aux autres ont eux-mêmes un grand mérite, au point que les Sages disent à leur sujet (Avot V:18, Yoma 87a): « Quiconque donne du mérite aux autres n’a pas l’occasion de fauter ». Leur propre mérite est grand, et celui des autres leur est attribué, leçon qui nous est enseignée par Avraham. De même qu’il s’est sacrifié pour le bien des autres en toute occasion et dans chaque circonstance, de même après sa mort, il continue à être source de mérite pour tous, car tout le monde prend exemple sur sa bonne conduite. Celui qui enseigne le droit chemin aux autres, l’enseignera sûrement aussi à ses enfants. Celui qui est doté de la capacité d’apprendre a le devoir d’enseigner aux autres, dans le sens où il est dit (Avot II:8): « Si tu as une bonne connaissance de la Torah, ne sois pas fier de toi-même », va la propager auprès des autres. Même si l’on se moque de toi, ta récompense sera grande.

Enseigner la Torah exige une grande humilité et une annulation totale de soi, à l’instar d’Avraham qui a dit « je ne suis que cendre et poussière » (Béréshit 18:27). Un tel homme s’expose à beaucoup d’humiliations, car au premier abord, les gens ne comprennent pas son comportement hors du commun, mais en fin de compte, ses qualités et ses vertus peuvent avoir une influence favorable, et alors ce qu’il dit pénètre les cœurs et il est compris. Le mérite de tous dépend de lui.

Nous lisons dans la Mishna (Avot I:1): « Moshé reçut la Torah au Mont Sinaï et la transmit à Yoshoua, Yoshoua aux Anciens... » Pourquoi, à propos de Moshé est-il dit qu’il l’a « transmise » tandis qu’à propos de Yoshoua et de toute la lignée de la transmission orale, il est dit seulement « Yoshoua aux Anciens, les Anciens aux Prophètes, etc.?

Seul celui qui se sacrifie pour l’autre, pour les autres, qui ne ressent aucun sentiment de jalousie et qui transmet fidèlement et intégralement sa connaissance avec une grande humilité, est un homme « important ». Et à son sujet, on parle de transmission effective.

Moshé possédait toutes ces qualités. Il avait du mérite et en fit bénéficier le peuple en lui enseignant la Torah. Moshé ne jalousait personne, comme il le dit à Yoshoua qui se plaignait de Eldad et Meidad (Bamidbar 11:29): « Tu es jaloux pour moi? Plût au Ciel que tout le peuple de D. soit composé de prophètes! » Moshé désirait le bien de tout le peuple, et il était extrêmement humble, comme il est écrit (ibid. 12:3): « Cet homme, Moshé, était le plus humble de tous les hommes qui se trouvent sur terre ». La Mishna indique que « Moshé reçut la Torah au Mont Sinaï », c’est-à-dire que l’homme Moshé était aussi humble que le Mont Sinaï est petit, comme il est écrit (Téhilim 68:17): « Pourquoi, montagnes aux croupes élevées, pourquoi jalousez-vous la montagne... » Le Mont Sinaï est des plus bas, et c’est ce qui lui a donné le mérite d’être choisi par D. comme lieu du don de la Torah (Yalkout Shemot 284), justement à cause de son humilité. De même, Moshé a été élu à cause de sa grande humilité, et il a transmis tout ce qu’il avait reçu de D. à Yoshoua son fidèle disciple. A la mort de Moshé, la Torah témoigne de lui (Devarim 34:10): « Il n’a plus paru, en Israël, un prophète tel que Moshé », car lui seul était capable de transmettre toute la Torah en une transmission fidèle et précise et c’est pourquoi, au sujet de son enseignement, il est dit qu’il a transmis la Torah. Moshé, comme Avraham, se dévouait avec amour pour le bien de tous. La Torah vit en eux et par eux, et elle ne se maintient que chez les hommes vertueux, qui la transmettent avec abnégation, de génération en génération.

Quelle est la voie à suivre?

Servir D. dans l’intimité ne suffit pas, il faut aussi faire mériter les autres, comme Avraham qui a enseigné les voies de D. à ses descendants, et comme Moshé qui a transmis toutes les lois à Yoshoua ben Noun, sans aucune jalousie. Celui qui pousse les autres à être méritants ne peut en aucun cas être cause d’une faute quelconque.

 

 

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