Nos défauts nous éloignent de D.

« Avraham était vieux, avancé en âge... et Avraham dit à son serviteur... je t’adjure par l’Eternel D. du ciel et de la terre de ne pas choisir une épouse pour mon fils parmi les filles de Canaan où j’habite. Va dans mon pays et mon lieu de naissance et choisis une épouse pour mon fils, pour Yits’hak » (Béréshit 24:1-4).

J’ai entendu dire au nom de Rabbeinou Nissim (dans ses commentaires): « Pourquoi Avraham ne voulait-il pas choisir pour son fils Yits’hak une épouse parmi les filles d’Anèr, Eshkol et Mamré, ou celles des habitants du pays? Si vous pensez que c’est parce qu’ils étaient idolâtres, on peut rétorquer que les enfants de Laban ainsi que leurs gens étaient idolâtres. En effet, Laban dit à Eliézer (Béréshit 24:31): « J’ai préparé la maison et il y a de la place pour les chameaux » et les Sages expliquent: « Laban a enlevé les idoles qui s’y trouvaient » (Béréshit Rabba 60:9).

Nous pouvons aussi remarquer que si Avraham convertissait les hommes et Sarah les femmes, il devait y avoir beaucoup de gens vertueux autour d’eux, des gens qui suivaient la voie de D. grâce à Avraham et Sarah. Pourquoi ne pouvait-il pas choisir parmi eux une épouse pour son fils Yits’hak? Pourquoi voulait-il justement une femme de sa famille, bien qu’elle ait été idolâtre?

« Lorsque Avraham dit à Eliézer de « ne pas choisir une épouse parmi les filles de Canaan où j’habite », il incluait parmi les gens du pays les filles d’Anèr, Eshkol et Mamré » (Yalkout Shimoni H’ayé Sarah, 107). A propos des habitants de Sodome il est dit (Béréshit 13:13): « ils étaient très pervers et méchants envers D. » et les Sages expliquent (Tanh’ouma Vayéra 7, Pessikta Zouta Lech’ Lech’a 13:13): « méchants » - les uns envers les autres, « pervers » - dans la promiscuité, « envers D. » - ils blasphémaient, « beaucoup » - idolâtres et criminels. C’est dire qu’ils étaient dépravés surtout dans leurs relations envers le prochain, ce qui leur valut d’être condamnés à la destruction et « ils n’ont pas de place dans le monde à venir » (Sanhédrin 109a). Quiconque venait habiter dans leur entourage était exposé à leur mauvaise influence, c’est pourquoi la Torah nous commande d’éliminer et d’anéantir les sept peuples Canaanéens qui considèrent comme leur la terre d’Israël (Rambam Sefer HaMitzvot, Commandement Positif 187, Sefer Hah’inouch’ 425), comme il est écrit (Dvarim 7:2): « Tu les frapperas d’anathème, point de pacte avec eux, point de merci... car il détournera ton fils de Moi et [tes enfants] iront adorer des idoles étrangères » (ibid. v. 4). S’ils restent parmi nous, il est certain que nous finirons par imiter leurs mœurs, ce qui amènera malheureusement la réalisation de la fin de ce même verset: « la colère de l’Eternel s’allumera contre vous et vous anéantira ».

De plus, il est dit des peuples Cananéens (Bamidbar 13:32): « Tous les peuples que nous avons vus sont des gens de taille », ce qui en Hébreu inclut le sens de « des gens mauvais », comme le traduit Yonathan ben Ouziel, et comme Rashi l’explique dans son commentaire: « un homme querelleur - un homme de taille », pour indiquer leur méchanceté. Un homme méchant a beaucoup de mal à changer sa nature, si ce n’est par un grand travail sur lui-même et des efforts énormes, sans garantie de réussite.

C’est pourquoi, à cause de la perversité de son entourage, Israël a dû compter quarante-neuf jours avant de recevoir la Torah, des jours de préparation et de réhabilitation personnelle qui lui permettront de recevoir la Torah. Le chiffre quarante-neuf correspond au mot mida (qualité, vertu), c’est-à-dire que les Enfants d’Israël doivent extirper les mauvaises habitudes acquises durant leur exil en Egypte, et ensuite, il leur est commandé de disperser, d’éliminer, et d’anéantir tous les habitants du pays, sous peine de retomber dans leurs faiblesses anciennes, car il est très facile d’apprendre et d’imiter les mauvaises mœurs de l’entourage.

Avraham voyait que les gens qu’il avait convertis, en arrivant dans le pays où habitaient des Cananéens et des Prizites, imitaient leurs manières et retrouvaient leurs mauvaises habitudes passées et c’est pourquoi il ne voulait pas s’unir à eux. Il préférait pour Yits’hak une épouse de sa famille. Bien que ses parents aient été eux aussi idolâtres, ils n’étaient pas pervers, et il y avait même parmi eux des gens de bien. C’est le cas de Rivka, qui dès l’âge de trois ans, possédait une générosité d’âme exceptionnelle, elle qui a donné à boire à Eliézer et à ses chameaux sans qu’il lui ait demandé de le faire, comme il est écrit (Béréshit 24:46): « Bois mon maître, et puis j’abreuverai les chameaux ». Eliézer aurait pu lui-même faire puiser l’eau par ses nombreux serviteurs, mais elle a couru avec zèle pour l’abreuver. Eliézer l’observait stupéfait. Il sut que D. lui assurait le succès de sa mission quand il vit que Rivka comprenait et assurait les besoins de chacun, sans qu’on le lui ait demandé. Elle s’est fait connaître aussi par ses qualités spirituelles, comme le disent les Sages (Béréshit Rabba 63:4): « son frère était malhonnête, son père était malhonnête, ainsi que tous les habitants du lieu, et « cette femme vertueuse se distinguait comme une rose parmi les ronces » (Béréshit Rabba 60:6).

Un idolâtre peut tout de même faire preuve de qualités et il a encore la possibilité d’opter pour la vérité. Nous avons l’exemple du roi Ah’av, qui était, lui ainsi que tous les gens de sa génération, idolâtres, mais victorieux dans leurs guerres, car il ne se trouvait pas parmi eux de gens querelleurs et médisants, et ils étaient doués de qualités. Par contre, au temps du roi David et du roi Shaül, parfois ils partaient en guerre et étaient vaincus, car il y avait parmi eux des gens médisants (Vayikra Rabba 26:2, Yéroushalmi Péah 1:1). Un idolâtre est encore capable de changer et de s’élever, s’il cherche à connaître la vérité par l’étude et la réflexion, car ses yeux s’ouvrent alors, et il peut distinguer le vrai du faux et grimper à l’arbre de la Vie. Au temps où Israël suivait les faux prophètes de Baal, où « toutes les tables étaient recouvertes de vomissure et d’excréments, sans un coin propre » (Ishaya 28:8), et que l’idolâtrie se pratiquait partout, le prophète Eliyahou réunit le peuple et le réprimanda sévèrement. Ils reconnurent alors leur erreur: « Ils se prosternèrent et dirent: L’Eternel est le vrai D.! L’Eternel est le vrai D.! » (Melach’im I, 18:39). Un éclair de vérité suffit à éliminer l’obscurité et la mort. Il a déjà été dit (Tzéda Laderech’ 12): « Un peu de lumière chasse beaucoup d’obscurité ». Il est beaucoup plus difficile de corriger des défauts personnels, cela exige un dur et patient travail sur soi, et le succès final dépend de beaucoup de facteurs. Un moraliste a remarqué qu’il est « plus facile d’étudier tous les traités du Talmud que de corriger un seul défaut... » et il existe une discussion dans la Mishna (Avot II:13-14) afin de savoir quelle est la qualité principale que l’homme doit choisir comme règle de conduite, car le sens de la vie de l’homme dépend de son élévation morale, et de sa conduite.

Bien qu’idolâtres, les gens de la famille d’Avraham avaient en eux des caractéristiques qui leur permettaient de développer leurs bonnes tendances. Même chez Laban l’Araméen nous trouvons de la bonté cachée, puisqu’il a pris la peine de vider la maison pour Eliézer, serviteur d’Avraham. Et plus tard, il reçoit à bras ouverts Ya’akov qui se présente chez lui dénué de tout - après avoir été poursuivi et dépouillé de tous ses biens par Eliphaz, le fils de son frère Essav (Sefer HaYashar, Vayetzé). Laban l’accueille chez lui, espérant sans doute recevoir une récompense et tirer quelque profit, comme il est écrit: « Quoi! parce que tu es mon parent, tu me servirais gratuitement? » (Béréshit 29:15, Rashi ad. loc.), mais il n’avait aucune assurance qu’il y gagnerait quelque chose.

Il ne fait pas de doute qu’en comparaison des gens pervers de Sodome et de Gomorrhe, Laban devait avoir bon cœur.

Nous constatons que le Nom de D. est mentionné dans la maison de Laban et de Béthouel: « Viens, béni de D.! » (Béréshit 24:31), « comme l’a décidé l’Eternel » (ibid. 51). De plus, en entendant le récit d’Eliézer, la famille de Laban a reconnu que tous les évènements miraculeux qu’Eliézer leur raconte sont dus à la Providence divine, et ils ont dit « La chose émane de D. Lui-même! » (ibid. 50). Bien que les gens de la famille d’Avraham aient été idolâtres, l’espoir de les faire revenir à la croyance en D. Un et Unique n’était pas perdu, ce qui est impossible pour des gens qui possèdent des défauts intrinsèques, surtout dans leurs relations envers le prochain, comme la jalousie, la haine, la cruauté, la colère, la médisance et la méchanceté. Il est très difficile pour de telles personnes de changer et d’acquérir des qualités de cœur. Nous voyons que D. Lui-même, qui pardonne les fautes envers Lui, ne pardonne pas les fautes commises envers le prochain, si le coupable n’obtient pas le pardon de son prochain (Yoma 85b). Ces fautes-là éloignent grandement de D. car elles contredisent le respect et l’amour dus au prochain et le mal qu’elles causent est une insulte envers D. C’est pourquoi chacun doit se conduire correctement, afin d’être heureux en ce monde et dans l’autre monde.

 

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