Le repentir est en soi une épreuve

Il est écrit (Béréchith 26 :15) : « Les puits qu’avaient creusés les serviteurs de son père, du temps de son père Avraham, les Philistins les comblèrent en les remplissant de terre ».

C’est étonnant ! Rien n’est plus profitable au monde que les bienfaits d’un puits d’eau pour apaiser la soif. Comment est-ce que ces Philistins ont eu le cœur de combler des puits que les serviteurs d’Avraham avaient creusés pour leur survie ?

Quelqu’un qui se repent ne doit pas croire que ce repentir suffise à résoudre toutes les difficultés et qu’il aura maintenant la vie facile et que les portes, jusque-là fermées, lui seront ouvertes. Les Sages nous disent (Brach’oth 32b ; Baba Metsya 59a) : « Les Portes des Larmes ne sont jamais fermées » et (Ekhah Rabah 3 ; Pessikta Soucota, Cho’har Tov 65 :4) : « Les Portes du Repentir sont toujours ouvertes ». Les Portes des Larmes et du Repentir sont ouvertes, mais il ne s’ensuit pas nécessairement que toutes les portes du ciel soient ouvertes, et que maintenant il lui sera facile de se corriger en tout. La réalité prouve qu’au contraire, lorsque le pécheur se repent, c’est justement alors qu’il doit affronter toutes sortes d’épreuves. Parfois ces épreuves sont tellement difficiles et amères qu’il risque de retomber encore plus bas, après avoir fait le premier pas du retour vers D.

Chacun doit savoir que le but du diable est de capter en son pouvoir et de rattraper dans ses filets celui qui se repent et qui représente pour lui une perte. Et donc, il le tente par toutes sortes d’épreuves difficiles concernant son salaire, son ménage, par des épreuves dues à des propos antisémites de la part de son entourage ou bien par l’isolement, si bien qu’il voit effectivement les portes se fermer devant lui, car c’est avec un entêtement surhumain que le diable tente de le miner en brisant sa volonté.

Ou bien, c’est D. Lui-même qui met parfois l’homme à l’épreuve, afin de lui faire expier ses fautes antérieures et lui faire ressentir l’amour de D., comme il est écrit (Devarim 8 :2) : « Afin de t’éprouver par l’adversité, afin de connaître le fond de ton cœur, si tu restes fidèle à Ses lois ». Malgré tout, son amour de D. ne doit pas dépendre de la récompense mais être « un amour qui brûle dans son cœur inconditionnellement » (Avoth V :16).

Selon ce que nous venons de dire, lorsque le pécheur se repent et entreprend de se corriger, il affronte une première épreuve, la décision de ne pas répéter les fautes passées, comme l’écrit le Rambam (Halakhoth Téchouvah II :2) : « Jusqu’à ce que D. qui connaît tous les secrets, témoigne de lui qu’il ne répétera plus jamais ses fautes passées ». De plus, de nombreuses portes se ferment devant celui qui s’est repenti, et donc le fait même de se repentir est une épreuve des plus difficiles, car il faut veiller tout particulièrement à ce que ce repentir soit sincère, comme un amour désintéressé.

Nous devons soulever une autre question. Il est écrit au sujet d’Avraham (Béréchith 12 :5) : « Les âmes qu’ils ont faites à Haran » que les Sages expliquent (Béréchith Rabah 39 :21, 84 : 2) : « Avraham convertit les hommes et Sarah les femmes ». Il faut donc se demander où sont toutes ces âmes que Avraham et Sarah ont converties ? Où ont-elles disparu, puisque la Torah ne les mentionne plus par la suite ? C’est étonnant !

Tous ces gens qui se sont convertis ont disparu comme s’ils n’avaient jamais existé, parce que leur repentir était intéressé. Ils croyaient qu’en s’attachant à D., ils verraient s’ouvrir devant toutes les portes du Ciel, et toutes leurs entreprises réussiraient sans obstacle et sans défaillance. Ils n’ont pas pensé que le repentir n’est qu’un début et qu’ils devraient continuer à progresser malgré les difficultés et accepter le joug divin à chaque instant sans défaillance, jusqu’à ce que la preuve soit faite qu’ils ne retomberont pas dans  leurs fautes passées. Il faut savoir que c’est le diable qui leur présente ces difficultés et qu’il n’aura de repos qu’après les avoir récupérés dans ses filets. Sans effort permanent, il est impossible de réussir. Gagner une place dans le monde éternel exige beaucoup d’efforts et ne se réalise pas sans peine.

Ces gens qui se sont convertis du temps d’Avraham jouissaient de grands bienfaits tant qu’Avraham était en vie, mais après sa mort, lorsque les épreuves commencèrent, ils furent incapables de les surmonter. Leur repentir était motivé par l’espoir d’une rémunération, leur amour était intéressé. C’est pourquoi ils faillirent face aux nombreux obstacles à affronter et ils finirent par retourner à leur mode de vie antérieur, pour n’avoir pas réussi à surmonter les épreuves du temps. Ils préférèrent une vie sans entraves et sans problèmes, car ils ne comprenaient pas l’essence de l’épreuve du repentir.

Voyant qu’ils avaient bien vécu au temps d’Abraham et qu’après sa mort ce confort s’était transformé en peines et en souffrances, ils se tournèrent contre Avraham qui les avait amenés à se repentir et qui était devenu la cause de leurs souffrances. Ce sont eux les Philistins dont il est dit qu’ils comblèrent les puits creusés par Avraham (Zohar III, 302b), les puits d’eau vive de la Torah qui est comparée à l’eau (Baba Kama 17a), et qui est appelée vie (Avoth D’Rabbi Nathan 34 :10), car ils ont abandonné le joug de leur conversion. Il est possible qu’ils aient bouché ces puits afin d’effacer tout souvenir d’Avraham qui les avait convertis.

Telle est la reconnaissance des méchants, et il est dit en ce sens : « Maudits les méchants, car même le bien qu’ils font présente des défauts » (Béréchith Rabah 89 :9 ; Tan’houma Mikets 3). Les hommes vertueux les guident dans le droit chemin et les protègent, et eux rendent le mal pour le bien (voir Béréchith 44 :4). Lorsqu’ils affrontent des difficultés, ils comblent les puits d’eau vive, renient la Torah qui est appelée puits (Brach’oth 56b) comme il est écrit (Bamidbar 21 :18) : « Ce puits, des princes l’ont creusé... » et ils oublient les bontés reçues et les compensent par le mal.

Chacun doit savoir que le repentir est non seulement l’essentiel de l’épreuve, mais que la vie elle-même et ses exigences ne constituent qu’une seule grande et dure épreuve. Les épreuves n’atteignent pas seulement ceux qui se repentent, mais chaque Juif est éprouvé à tout moment et en toute occasion. Quelqu’un qui toute sa vie a distribué ses biens aux pauvres, qui soutient ceux qui étudient la Torah, comme Issakhar soutenait Zevoulon (Vayikra Rabah 25 :2), qui donne le dixième de ses revenus aux œuvres de bienfaisance, voit tout à coup la chance se tourner contre lui et il perd tous ses biens. Celui à qui une telle chose arrive peut, à juste titre, se tourner vers D. et dire : il est écrit (Devarim 14 :22) : « Tu prélèveras la dîme », « Donne la dîme afin de t’enrichir» (Chabath 119a ; Ta’anith 9a ; Tan’houma Réeh 18), et moi qui ai distribué bon nombre de mes biens pour aider les nécessiteux, qui ai soutenu ceux qui étudient la Torah, qui ai multiplié généreusement les bienfaits, j’ai perdu tous mes biens ! S’il en est ainsi, qu’en est-il de Ta promesse ? »

Il est certain que perdre tous ses biens est une rude épreuve, mais il faut la surmonter, car la douleur pourrait entraîner au désespoir, D. nous en préserve. Il faut accepter ce décret puisque « D. a donné et D. a repris, que le Nom de D. soit béni » (Yov 1 :21), et dire : « Tu es juste dans tout ce que Tu fais envers nous ». Il faut s’efforcer d’être en toute circonstance celui dont il est dit : « Qui est sage ? Celui qui prévoit les événements » (Tamid 32a). Cela signifie que dès le moment où il s’enrichit, il doit savoir que cette fortune n’est pas à lui, mais que tout appartient à D., comme il est écrit (Divrey HaYamim I, 29 :14) : « Tout T’appartient et c’est de Ta main que nous tenons ce que nous T’avons donné », car c’est Lui qui donne et il est en Son pouvoir de reprendre.  D. aurait pu choisir de ne rien lui donner pour commencer. S’Il lui a donné des richesses, et s’Il a décidé de l’en priver, c’est sans aucun doute qu’il y a une raison. Il est possible que D. l’ait privé de sa richesse afin de lui faire subir une épreuve proportionnelle à sa grandeur d’âme, afin de lui donner plus de mérite et de le purifier. Ou bien D. l’a privé de ses biens avant qu’il n’en abuse, car D. a prévu et vu qu’en fin de compte il abuserait de sa richesse. Il est possible aussi qu’Il l’ait privé de ses richesses pour avoir, à un moment ou à un autre, fait honte à un homme de Torah, acte dont les Sages ont dit (Chabath 119a) : « Quiconque méprise un homme de Torah, n’a pas de remède pour le mal qu’il a causé ». Il est même possible que D. l’ait tout d’abord enrichi pour qu’il corrige quelque faiblesse de sa personnalité et maintenant qu’il s’est corrigé, cette richesse lui est retirée.

L’épreuve de la richesse ou de la pauvreté est des plus difficiles. Chlomo HaMelekh a prié (Michley 30 :8) : « Ne me donne ni pauvreté ni richesse », qui risquent d’amener l’homme au désespoir, ou à boucher les puits de la Torah, à se rebeller et à se révolter. Il faut se renforcer à travers ces épreuves, dans le sens où il est dit : « Ne jette pas de pierre dans le puits dont tu as bu l’eau » (Baba Kama 92b ; Bamidbar Rabah 22 :4), il ne faut pas nier les bonnes actions accomplies, mais au contraire savoir que tout provient de D. et que « nous devons bénir D. pour les choses néfastes qui nous arrivent de même que nous Le remercions pour les bonnes choses » car on ne connaît pas la finalité des événements (Brach’oth 54a ; Zohar II, 174a). Celui qui accepte ce fait continue à suivre le bon chemin, comme il est écrit (Michley 2 :20) : « Afin de suivre le chemin des hommes de bien et de t’attacher à la voie des hommes vertueux ». Que D. nous vienne en aide.

 

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