Israël, brebis errante parmi soixante-dix nations

Les Sages disent (Béréchith Rabah 68:21;Yalkout Chimoni Béréchith 121) concernant le verset: « Il eut un songe: voilà une échelle dressée sur la terre… et des anges montent et descendent » (Béréchith 28:12): « Cela nous enseigne que D. montra à Ya’akov l’ange tutélaire de Babylone montant et descendant, celui de la Perse montant et descendant, celui de la Grèce… et d’Edom… A ce moment-là Ya’akov eut peur, il se dit: de même que ceux-là tombent, moi aussi, si je monte, je vais tomber. D. lui répondit: Ceux-là montent et redescendent, mais toi, tu ne connaîtras pas de chute ».

Ya’akov vit les anges tutélaires des empires qui dominent tous les hommes par la crainte, et il fut saisi de peur. Il demanda à D. : « Est-ce que mes descendants aussi, les Enfants d’Israël qui observent la Torah et en pratiquent les commandements, seront soumis à la domination des empires? » Et D. lui répondit que « les nations du monde montent et descendent et ils disparaissent de la terre car le temps de leur apogée est court, mais les enfants d’Israël, lorsqu’ils montent n’arrêtent pas de monter, et même s’ils fautent, ils se repentent de leurs fautes », ils bondissent en avant pour atteindre des hauteurs encore plus élevées.

Effectivement, nous voyons qu’il en est ainsi jusqu’à nos jours. Le Peuple Juif a survécu à de nombreux empires comme Babylone, la Grèce, l’Assyrie, la Perse, Rome, etc. qui furent en leur temps des empires imposants par leur grandeur et leur puissance, et qui sont tombés. Aujourd’hui, ils sont effacés de la carte du monde, tandis que le Peuple Juif, « comme une rose entre les ronces » (Chir Hachirim 2:2), « une brebis errante » (Yéremia 50:17), « un agneau entre soixante-dix loups » (Esther Rabah 10:11), est toujours vivant!

Il est vrai que nous sommes toujours en exil, parmi des gens qui se moquent de notre peuple et qui nous oppriment au point que la souffrance est chaque jour plus grande que celle de la veille, et « chaque jour est plus maudit que le précédent » (Sotah 49a). Les peuples nous méprisent, nous privent de nos droits, ne nous considèrent pas comme des hommes libres, et s’ils nous montrent de la sympathie et de l’amour ce n’est qu’en apparence, car dans leur cœur ils profèrent à notre égard les pires malédictions, comme il est écrit: « Ils ouvrent contre moi leur gueule, comme le lion qui déchire de ses crocs et qui rugit » (Téhilim 22:14), et « dans leur cœur ils tendent des pièges » (Yérémia 9:7). Nous avons survécu à toutes leurs attaques et nous sommes restés vivants, de sorte que même en exil nous nous sentons, nous Juifs, les plus heureux du monde. Telle est la nature du Juif. Nous sommes heureux lorsque le Chabath étend ses ailes sur le monde et lorsque les jours de fêtes approchent. Nous les préparons à l’avance en hommes libres qui dominent la création, comme si elle n’avait été créée que pour nous. Les Sages ont dit (Sanhédrin 37a): « Chaque homme doit considérer que c’est pour lui que le monde fut créé », et le monde fut effectivement créé pour celui qui observe la Torah et pratique les commandements, comme le disent les Sages (Brach’oth 6a; Zohar III, 48a): « Le monde entier ne fut crée que pour cet homme là ». Le mérite du Juif qui obéit aux ordres de son Créateur et Maître est vraiment grand.

Telle est la différence entre le Juif et les autres peuples du monde. Bien que les nations soient toujours en progrès, et dominent le monde au point de croire que rien ne peut s’opposer à leur pouvoir, elles sont incapables de résister à un moustique… qui s’appelle le Juif, car elles ne parviennent pas à l’écraser et à l’anéantir. Ni parce que les Juifs sont nombreux, « ils sont les moins nombreux d’entre les peuples » (Devarim 7:7), ni parce qu’ils sont puissants, car ils sont faibles, ni parce qu’ils ont beaucoup d’armements, car ils n’ont pas d’armes, mais parce que les Juifs possèdent l’arme la plus sophistiquée qui soit, la Torah, qui les protège, comme le disent les Sages (Sotah 21a): « La Torah protège et sauve, jour et nuit ». Ils ont aussi foi et confiance en D. qui veille sur eux, comme il est écrit (Téhilim 121:4): « Le protecteur d’Israël ne sommeille pas et en dort pas ». Et de plus, ils sont unis, et nous savons que « Lorsque les Juifs sont unis, la Présence Divine réside parmi eux » (Bamidbar Rabah 1:14 concernant le verset Devarim 33:5), et « Lorsqu’ils sont unis, ils peuvent faire venir la Rédemption » (Tan’houma Nitsavim 1). Par le mérite de ces vertus ancrées dans le Peuple Juif, tous les projets néfastes et toutes les intentions maléfiques des nations envers les Juifs sont déjoués et elles ne peuvent pas les vaincre, comme il est écrit (Ychaya 8:10): « Fomentez des projets, ils échoueront, proclamez des résolutions, elles ne se réaliseront pas, car D. est avec nous ».

Nous constatons que lorsque le Juif observe la Torah et les commandements et qu’il se conduit fraternellement envers son prochain, la Torah le protège en toute circonstance. Pourtant, il arrive parfois que des souffrances et des malheurs frappent aussi celui qui observe et pratique la Torah, et il traverse des épreuves qu’il doit accepter avec amour, comme il est dit: « Les souffrances qui sont motivées par l’amour (de D. envers celui qui en est atteint) n’empêchent pas l’étude de la Torah et la prière » (Brach’oth 5a), et les Sages ont dit (ibid. Zohar III, 57b, 199b): « Les souffrances effacent les fautes de l’homme ». Même s’il ne se rend pas compte qu’il a fauté tant sa faute est infime, les souffrances effacent ses fautes. « Celui à qui D. envoie de souffrances sans raison (apparente) est aimé de Lui » (Brach’oth 5a) et il est écrit (Michlei 3:12): « D. réprimande celui qu’Il aime ». D. l’a choisi pour les souffrances afin d’épargner, grâce à son mérite, les dirigeants du peuple et le monde entier. Une grande récompense est réservée à un tel homme dans l’autre monde, comme il est écrit (Téhilim 31:20): « Combien est grande la bonté que tu tiens en réserve pour ceux qui Te craignent ». Celui qui ne met pas en question les voies de D. et Ses décrets a un grand mérite, il est vertueux, et D. ne lui réserve que des bienfaits.

Pour expliquer le rêve de Ya’akov concernant les anges tutélaires des empires qui montent et qui tyrannisent tout le monde et Israël, il faut ajouter un autre aspect. Les nations du monde ne deviennent puissantes que pour avertir Israël et l’amener à se repentir sincèrement de ses fautes. Dès que les Juifs se repentent, les puissances du monde s’effondrent et disparaissent, car la seule raison de leur suprématie était de ramener Israël à D. Nous voyons là clairement que lorsque les Juifs fautent, ils donnent aux nations la possibilité de dominer et de menacer le monde entier, jusqu’à ce que les Juifs retournent à D., comme il est dit (Zohar I, 229b): « Par ses fautes, Israël amène les nations du monde à dresser la tête ». Le contraire aussi est vrai: lorsque Israël revient à D., les nations perdent leur pouvoir, et leur chute aussi dépend des actes d’Israël. Lorsqu’ils observent la Torah et ses lois, aucune nation du monde ne peut les dominer, comme ce fut le cas pendant de longues périodes, et comme il est écrit dans la Torah (Devarim 28:10): « Et tous les peuples du monde verront que vous invoquez le Nom de D. et ils vous craindront ».

Pendant deux cent dix ans, les Juifs furent esclaves en Egypte. Nous savons que la fête de Pessa’h célèbre notre libération. Dans la Hagadah nous disons: « L’an prochain, des hommes libres ». Quel est le sens de l’esclavage et de la libération d’Egypte?

Les Juifs furent asservis à la plus grande et la plus puissante nation de l’époque. Pourquoi? L’esclavage fut causé par le fait qu’il y avait dans le Peuple Juif des calomniateurs et des gens médisants, comme le dit Moché (Chemoth 2:14): « Je vois que la chose est connue » et les Sages expliquent (Chemoth Rabah 1:35): « Jusqu’à présent, je ne savais pas pourquoi les Juifs étaient asservis, mais s’il y a parmi eux des calomniateurs, ils méritent l’esclavage ». Ils avaient aussi abandonné la Torah, et c’est pourquoi ils furent asservis.

Par contre, la tribu de Lévi ne fut pas asservie aux Egyptiens (Chemoth Rabah 5:20) ni réduite à l’esclavage, et son mérite était si grand que les Sages disent (Pessikta Zouta Chemoth 6:16), « Tant que Lévi était vivant, les Juifs ne furent pas asservis aux Egyptiens ». C’est que la tribu de Lévi observait la Torah et sa piété était parfaite comme le disent les Sages: « tous les membres de la tribu de Lévi étaient des hommes vertueux » (Chemoth Rabah 16:5; Bamidbar Rabah 3:1-4), contrairement aux autres Juifs qui devinrent idolâtres en Egypte (Chemoth Rabah 16:2). Tous les membres de la tribu de Lévi étaient des hommes pieux (Cho’har Tov 104:14), comme il est écrit: « Les ourim et les toumim à l’homme qui T’est dévoué » (Devarim 33:8). Ils observaient la Torah et c’est la raison pour laquelle ils ne furent pas asservis, car « quiconque prend sur lui le joug de la Torah est dispensé du joug des gouvernements et du joug du travail » (Avoth III:5). Ils furent aussi libérés du joug du mauvais penchant et de la domination des nations, car « seul celui qui est ancré dans la Torah est libre » (Avoth VI:2), comme il est écrit « …gravées sur les tables » (Chemoth 32:16) où le mot ‘harout, gravé, peut se lire ‘hérout, liberté. La Torah nous libère des restrictions qui nous emprisonnent et quiconque s’occupe de Torah est libéré de toutes les restrictions et de tous les obstacles.

Vous pourriez objecter: D. a dit à Avraham dans le pacte d’alliance (Béréchith 16:13): « Sache que tes descendants seront esclaves dans un pays étranger, ils seront asservis et maltraités pendant quatre cents ans » et il n’est pas dit « sauf la tribu de Lévi »?

Les membres de la tribu de Lévi ont habité en terre étrangère sans être ni asservis ni maltraités, parce qu’ils veillaient sur la Torah et qu’ils étaient pieux (dans le verset cité, les mots guer zaaré’ha, tes descendants, seront étrangers, ont la même valeur numérique que l’expression qui signifie « cela inclut la tribu de Lévi ». Par contre les mots vayeanou otam, ils seront maltraités, ont la même valeur numérique que l’expression signifiant « cela n’inclut pas la tribu de Lévi ». C’est une allusion merveilleuse).

Mais les autres tribus d’Israël, qui avaient abandonné la Torah et étaient coupables de calomnie, furent cruellement asservies. Il est vrai que lorsque les Enfants d’Israël commencèrent à se repentir et implorèrent D. de tout leur cœur, comme il est écrit (Chemoth 2:23): « Les Enfants d’Israël gémirent sous le poids de l’esclavage, ils poussèrent des cris et leurs lamentations s’élevèrent vers D. du fond de l’esclavage », D. envoya Moché pour les sauver. Alors, les Egyptiens furent jugés et punis, et ils reconnurent la puissance divine et surent que quiconque fait souffrir Israël, n’est pas épargné. Pharaon lui-même dit: « Qui est égal à Toi parmi les dieux » (Yalkout Chimoni 176; Pirké DéRabbi Eliézer 42), et la grandeur de D. se fit connaître à travers le monde, lorsque Pharaon avoua: « L’Eternel est Juste, et c’est moi et mon peuple qui sommes coupables » (Chemoth 9:27), car il avait appris qu’il est interdit de faire du mal à Israël, aimé et élu de D.

Les commentateurs se demandent pourquoi Pharaon et son peuple furent punis. S’il a été décrété que les Juifs seraient assujettis en Egypte, quelle faute Pharaon a-t-il commise? Lui et son peuple n’ont fait que réaliser la sentence divine! Pourquoi furent-ils frappés par dix plaies, d’autant plus que c’est D. Lui-même qui a endurci le cœur de Pharaon, et dans ce cas, de quoi est-il coupable et pourquoi est-il puni?

Comme nous l’avons dit plus haut, l’esclavage n’est décrété que dans le cas où les Enfants d’Israël abandonnent la Torah et n’observent pas les commandements. Et donc, dès qu’ils commencèrent à délaisser la Torah et à rapporter des calomnies, l’esclavage commença et le décret se réalisa, mais par la suite, lorsque Moché vint leur annoncer que D. lui avait dit: « J’ai fixé Mon attention sur vous et sur ce que vous avez subi en Egypte » (Chemoth 3:16), les Enfants d’Israël ont fait un retour vers D. et Pharaon aurait dû cesser de les opprimer. Mais Pharaon ignorait D. Non seulement il continua à les faire souffrir, mais il redoubla de cruauté, disant: « Il ne vous sera pas donné de paille et vous fournirez la même quantité de briques » (Chemoth 5:18) car « rien ne sera soustrait de votre production quotidienne » (ibid. v. 11). Cela indique que Pharaon transgressa la condition fixée par D.: Si les Enfants d’Israël retournent vers D. , il lui est interdit de les faire souffrir, et D. le punit en endurcissant son cœur, comme il est écrit (ibid. 7:3): « J’endurcirai le cœur de Pharaon et il refusera de laisser les Enfants d’Israël sortir d’Egypte » afin de le punir comme il le mérite par de lourdes catastrophes. De même D. punit les nations du monde des mauvais traitements qu’ils font subir à Israël et Il « endurcit le cœur des hommes malfaisants afin que tous puissent être témoins de leur destruction » (Chemoth Rabah 11:7; Leka’h Tov Bo 10:1). D. endurcit leur cœur afin de redoubler leur punition, et Il venge Israël de ses ennemis lorsqu’il observe la Torah et les commandements. Celui qui fait souffrir Israël à ce moment-là, fait souffrir D. Lui-même, « celui qui touche à un seul Juif, c’est comme s’il portait atteinte à la prunelle de Ses yeux… » (Guitin 57a) et sa punition est très sévère.

 

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