« Heureux l'homme qui place sa confiance en D. »

« Après un intervalle de deux années, Paro eut un songe, où il se voyait debout au bord du fleuve » (Béréchit 41,1)

Beaucoup d'encre a été versée sur cet épisode de la Torah, pour expliquer les rêves de Paro et l'interprétation qu'en donne Yossef. Cependant, à notre époque où tout juif a besoin d'être encouragé dans sa foi et sa confiance en D., en cette période où la venue du Machia’h est si proche, il est bon de réfléchir à nouveau à ces événements à la lumière des explications de nos Maîtres dans le Midrach, et de renforcer ainsi notre foi et notre confiance en D.

Paro fait un rêve, se réveille terrifié et tremblant mais se rendort. Il rêve à nouveau, un rêve différent du premier mais qui y ressemble par certains détails. Encore une fois cela le réveille, mais il tombe à nouveau dans un profond sommeil jusqu'au petit matin. A son réveil, il se souvient de ses rêves et « son esprit en fut troublé ». Les rêves étranges de cette nuit troublent sa tranquillité, il ne parvient pas à retrouver son calme et sa sérénité. Il essaie par tous les moyens d'en obtenir l’interprétation. Il consulte ses sages, ses princes, ses conseillers, les voyants d'Egypte et ses sorciers. Paro, qui est alors le maître tout puissant du monde, se donne beaucoup de peine, fournit des efforts inimaginables pour consulter les sages de tous les peuples afin d'obtenir l'interprétation de ses rêves. Mais malgré toutes ses recherches, « personne ne sut l'expliquer à Paro ». Tous les sages du monde ne sont d'aucun secours, leurs interprétations et leurs « trouvailles » ne parviennent pas à le satisfaire, à expliquer son rêve et à apaiser son esprit. Il tente même de les menacer de mort s'ils ne lui trouvent pas l'interprétation, pourtant personne n'est capable de délivrer le roi de cette tension qui l'oppresse. Soudain, quelqu'un se souvient que lors de son passage en prison il avait rencontré un jeune homme hébreu qui, là bas, interprétait les rêves. Il se souvient que ce jeune homme lui avait demandé d'intervenir en sa faveur auprès de Paro. Dès que le roi entend cela, il fait appeler le jeune homme.

Imaginons ce qui serait arrivé si le roi avait fait sortir cet homme de prison à un autre moment, un jour quelconque ! N'aurait il pas paru ridicule auprès de ses sujets ? Mais ce jour n'est pas quelconque, ce moment ne ressemble pas aux autres. Aujourd'hui, il se sent oppressé et troublé, il s’appuierait même sur un roseau brisé, il est prêt à placer sa confiance même en un jeune hébreu qui se trouve en prison : peut être allait-il réussir là où tous ses sages avaient échoué, peut être saurait-il interpréter son rêve? Sans attendre, on fait sortir Yossef de prison, on l’amène en hâte vers le palais de Paro, et en un instant, cet esclave juif sans valeur devient l'homme « providentiel » de l'Egypte. Voici donc Yossef qui se tient devant le roi, lequel lui raconte son rêve : les vaches au bord du fleuve, les chétives et les bien portantes... Il l'écoute, comprend ses paroles et détient l'interprétation tant attendue. Il explique posément et tranquillement le sens de ce rêve et précise que les deux rêves n'en forment qu'un seul. De plus, à l'issu de cet entretien, en concluant l'interprétation du rêve, il donne des conseils à Paro sur la conduite à tenir pendant les années de famine et celles d'abondance : il lui propose un programme économique détaillé qui constitue un plan de sauvetage national. Il lui indique que faire et de quelle façon !

Curieusement, Paro ne refuse pas, ne s'insurge pas, ne dit pas à Yossef « qui donc t'a demandé conseil !» Au contraire, il écoute assidûment chaque mot, prend immédiatement les mesures nécessaires, et nomme Yossef ministre. Il le nomme vice roi ! Ainsi, cet esclave hébreu que l'on précipitait hors de prison il y a quelques instants devient en une fraction de seconde le sauveur de l'Egypte.

Les Midrachim ont beaucoup commenté la sagesse de Yossef, que Paro a d'ailleurs surnommé de ce fait « Tsafnat Pa'anéa’h » (« celui qui explique les choses cachées »), mais dans cet épisode il réagit avec beaucoup de pondération et de sérénité, manifestant ainsi une qualité qui n'a pas souvent été relevée.

Essayons de nous imaginer dans la même situation : tu étais, il y a peu, un jeune homme hébreu jeté dans les geôles égyptiennes, sans la moindre perspective d'être gracié, même cet égyptien en qui tu avais placé un espoir ne t'aide pas, puisque voici deux ans qu'il est sorti de prison et qu'aucune nouvelle ne te parvient… Soudain les lourdes portes de ton cachot s’ouvrent, et te voici, debout au sein du splendide palais du roi d'Egypte, te demandant de lui interpréter un rêve qu'une multitude de sages n'ont pas su interpréter. Convient-il d'être serein dans un cas semblable ? Est il possible de réfléchir de manière droite, correcte et posée ?

Yossef quant à lui, non seulement reste serein, mais il énonce l'interprétation attendue sans aucune hésitation, avec facilité et clarté, et de plus, il en tire très vite les conclusions qui s'imposent et analyse la situation économique du pays. Est-il possible pour un homme de subir un bouleversement si extrême sans se troubler ni s'émouvoir ?

Nous devons admettre malgré nous que oui, c’est possible.

Il n'existe quasiment aucune qualité comparable à cette pondération et à cette sérénité dont Yossef a fait preuve. Elle a pour base un principe unique, la confiance en D. Quelqu’un qui place sa confiance en D. ne se sent jamais sous pression, ne se laisse jamais troubler, il sait que tout ce qui arrive est dû à une cause et à un objectif supérieurs, et que tout s'inscrit dans un programme décidé et accompli par D.

Yossef a pu grimper aussi haut parce que sa confiance en D. était parfaite. Comme l'ont dit nos Maîtres (Béréchit Raba 80-89), « Heureux l'homme qui place sa confiance en D. » : il s'agit de Yossef, « et ne se tourne pas vers les orgueilleux » : parce qu'il avait demandé au maître échanson de se souvenir de lui, deux années de prison lui ont été ajoutées. La qualité qui caractérisait Yossef était cette confiance. Dans toutes les péripéties de sa vie, il plaçait toute sa confiance en D., en commençant par sa vente aux ismaélites et en continuant par son passage en Egypte et son épreuve avec la femme de Potifar. Il a tout vécu comme des étapes du programme divin, en comprenant qu'il ne s'agissait toujours que de la volonté de D. Cependant, quand il était en prison il a fauté, il s'est trompé et s'est tourné « vers les orgueilleux et les amis du mensonge », il a demandé au maître échanson d'intervenir en sa faveur auprès de Paro. A cause de cette faute, et parce que D. est extrêmement pointilleux avec les justes, il a dû passer deux années de plus en prison. Pendant ces deux ans, il a réfléchi et s'est repenti de cette faute, il a renforcé sa confiance en D. et sa foi. C'est pour cela qu'en sortant de prison, il n'est pas impressionné du bouleversement extrême de sa situation. A présent, la confiance en D. est solidement ancrée en lui. En effet, l'obscurité et la lumière ont la même signification pour lui, sortir de l'obscurité du cachot pour entrer dans l'éclat du palais de Paro ne change rien en lui, puisqu'il a foi dans le Créateur et voit en chaque événement une expression de la volonté divine. Dans ce cas, il n'y a donc pas lieu de se laisser impressionner par ce qui lui arrive !

Telle est la force de celui qui a foi et confiance en D. Il ne se sent pas oppressé par les bouleversements qui interviennent dans le monde, ni par les tremblements de terre, ni par les chutes à la bourse, ni par les pertes ou les bénéfices, ni par les maladies, ni par les guerres, que D. nous en préserve. Il vit toute chose avec intelligence, en l’analysant pour en tirer la leçon, en se remettant en cause et en réparant ce qui doit l'être, mais le tout sereinement et toujours posément .Voici la grande leçon à tirer d’une réflexion sur cet aspect de l'histoire de Yossef.

 

 

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