L’homme est nè pour le travail

 « Ya'akov s’installa dans le pays où avaient habité ses pères. »

Nos maîtres ont dit (Béréchit Rabbah 84, 3) : « Quand les tsadikim s’installent en paix et veulent rester installés en paix en ce monde-ci, le Satan vient les accuser. Il dit : Ce qui leur est préparé dans le monde à venir ne leur suffit-il pas, ils veulent encore être installés en paix en ce monde-ci ? Sache qu’il en est ainsi. Notre père Ya'akov, parce qu’il a voulu s’installer en paix en ce monde-ci, a été poursuivi par l’accusateur à propos de Yossef. »

En vérité, cela demande à être expliqué. Il semble en découler que le Saint béni soit-Il permet au Satan d’amener des malheurs sur les tsadikim, comme il l’a fait avec Ya'akov. Or nos Sages nous ont appris (Erouvin 41b) : « Les malheurs font perdre la tête à l’homme et le détournent de son Créateur. » Nous trouvons également certains des anciens Sages qui avaient des malheurs, et quand on leur a demandé s’ils leur étaient chers, ils ont répondu : « Ni eux ni leur récompense ! » (Berakhot 5, 2). Par conséquent, pourquoi le Saint béni soit-Il a-t-il permis au Satan de donner des malheurs à Ya'akov ? Ces malheurs risqueraient de l’empêcher de servir Hachem de tout cœur, nous trouvons d’ailleurs (Pirkei DeRabbi Eliezer 37) que la Chekhinah n’a pas reposé sur lui pendant les 22 ans où Yossef n’était pas avec lui.

Il est possible de l’expliquer en citant d’abord ce qu’on dit nos Sages (Berakhot 63b) : « Les paroles de Torah ne se maintiennent que chez celui qui se tue pour elles. » L’homme ne mérite de comprendre les paroles de la Torah que s’il s’est donné beaucoup de mal pour elles, comme il est dit dans la parachat Be’houkotaï (Vayikra 26, 3) : « Si vous marchez dans mes lois », ce que le Midrach explique (Torat Cohanim Be’houkotaï 1) en disant que Hachem aspire à ce que les bnei Israël étudient la Torah. S’ils ne l’étudient pas, les 98 malédictions écrites dans Vayikra viendront sur eux.

Or au moment où Ya'akov a voulu s’installer dans la tranquillité, il a voulu se reposer un peu de tout le travail qu’il avait l’habitude d’investir dans l’étude de la Torah. Quand le Saint béni soit-Il a vu cela, Il a dit : « Tant que ce tsadik étudiait la Torah, Je n’aurais pas amené sur lui des malheurs, mais maintenant qu’il veut se reposer de l’étude de la Torah, Je lui envoie des malheurs, et c’est à cause des épreuves qu’il se donnera du mal. »

Il s’agit d’un ancien décret (Iyov 8, 7), « l’homme est né pour l’effort ». S’il met tous ses efforts dans les paroles de la Torah, Hachem ne lui envoie pas de malheurs, et non seulement cela mais les malheurs le fuient. Quand il s’éloigne des paroles de Torah, les malheurs arrivent sur lui, et il met ses efforts dans les épreuves au lieu de les mettre dans les paroles de la Torah (voir Berakhot 5, 1).

Parce qu’il étudiait la Torah

Tant que Ya'akov n’avait pas pensé à se reposer de son étude, le Saint béni soit-Il le protégeait des malheurs, comme l’ont dit les Sages dans le Midrach (Béréchit Rabbah 68, 11) : Certains disent que pendant tous les quatorze ans qu’il a passés chez Chem et Ever, il ne s’est pas couché dans un lit, et d’autres disent que pendant les vingt ans où il est resté chez Lavan, il n’a pas dormi dans un lit. C’est pourquoi Essav le méchant n’est pas venu à sa rencontre pendant toutes ces années où il était chez Lavan, bien qu’il ait su qu’il se trouvait là-bas, parce qu’il se disait en lui-même qu’il étudiait la Torah. Comme l’a dit Ya'akov (Béréchit 32, 5) : « J’ai habité (garti) avec Lavan », ce que nos maîtres ont interprété comme (Midrach Aggada Béréchit 32, 5) : « J’ai observé 613 (tariag) mitsvot. »

C’est un principe, la Torah ne subsiste que chez celui qui travaille pour elle, et quand l’homme ne se donne pas de mal pour les paroles de la Torah, les malheurs fondent immédiatement sur lui, comme il est arrivé à nos ancêtres à Refidim, ainsi qu’il est dit (Chemot 17, 1) : « Ils campèrent à Refidim ». Les Sages ont expliqué (Sanhédrin 106, 1) qu’ils s’étaient relâchés (rifou) dans les paroles de la Torah. Ils n’ont pas dit qu’ils négligeaient les paroles de la Torah, mais simplement qu’ils s’étaient relâchés, c’est-à-dire qu’ils n’étudiaient pas avec suffisamment d’efforts. Dès qu’ils ont fait cela, immédiatement le Saint béni soit-Il leur a envoyé un malheur, et Amalek est venu les attaquer, ainsi qu’il est dit (Chemot 17, 8) « Amalek vint », et les Sages ont ajouté : parce qu’ils s’étaient séparés des paroles de la Torah, c’est pour cela que leur ennemi est venu.

Jusqu’à ce qu’il en trouve le goût

Les Sages ont dit dans le même ordre d’idées (Berakhot 5, 1) : « Si quelqu’un voit que des malheurs lui adviennent, qu’il examine sa conduite. S’il l’a examinée et n’a rien trouvé, qu’il l’attribue à la négligence dans l’étude de la Torah. » C’est surprenant ! Si l’on a examiné sa conduite sans rien trouver, et qu’ensuite on l’examine de nouveau et qu’on trouve une négligence dans l’étude de la Torah, c’est que le premier examen laissait à désirer. Quelle différence y avait-il entre ce deuxième examen et le premier au cours duquel on n’avait rien trouvé ?

L’explication en est qu’au premier examen, on n’avait pas trouvé la faute de la négligence de l’étude de la Torah parce qu’on n’avait jamais négligé l’étude de sa vie, mais comme on continue à connaître des malheurs, on s’examine de nouveau, et en s’examinant de nouveau, on s’aperçoit qu’on n’a pas investi assez d’efforts dans l’étude de la Torah. On ne l’avait pas découvert la première fois parce qu’on ne considérait pas cela comme une faute, et on n’avait pas assez bien examiné parce qu’on n’avait pas l’habitude d’étudier pleinement dans l’effort.

Mais quand on s’est examiné de nouveau, on s’est aperçu que comme on n’avait pas réussi à trouver la faute de la négligence dans l’étude de la Torah au cours du premier examen, la persistance de malheurs inexpliqués en est néanmoins une preuve. Il est impossible d’étudier une seule fois : il faut travailler beaucoup et réviser son étude jusqu’à ce qu’on en trouve le goût, c’est pourquoi on n’avait pas découvert cette faute la première fois.

 

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