Introduction de l’auteur

«Rendez hommage à l’Eternel, car Il est bon, car Sa grâce dure à jamais» (Psaumes 136:1).

Je remercie de tout cœur tous mes amis et proches, grâce auxquels j’ai pu publier le second livre sur la Torah «Pa’had David» (La Peur de David) sur l’Exode (et les quatre parachioth). Je n’ai pu le faire que grâce à leurs encouragements... et leurs pressions. Dieu merci, le premier livre sur Béréchith (en deux tomes) a été bien accueilli par un large public, et nombreux sont nos frères qui en apprécient le contenu.

Je prie le Ciel que mon unique intention dans la publication des ouvrages en cours de préparation ne soit que pour la gloire de Son Nom — non pour mon honneur personnel, à Dieu ne plaise. Car tout le monde sait que la Torah est un don que le Saint, béni soit-Il, a fait à l’homme. Mais quand on n’emprunte pas le sentier lumineux qu’elle trace pour servir l’Eternel, quand on s’en sert comme d’un outil pour arriver à ses fins, on jouit du produit du vol. La Torah ne constitue plus alors un don du Ciel, et le dommage est considérable, Dieu nous épargne. On accroît ainsi les forces du mal dans leur lutte contre les vrais Sages de la Torah. Malheur à celui qui humilie la Torah, à celui qui s’en sert pour des intérêts personnels.

Et si j’ai joui un tant soit peu des honneurs qu’ont bien voulu m’accorder des rabbins distingués, si j’ai reçu des lettres qui louaient mon premier livre (Béréchith tomes 1 et 2), je les refute en toute sincérité et reviens sur ce que j’ai toujours dit: «L’Eternel règne! Il est revêtu de majesté» (Psaumes 93:1). C’est à Lui que revient tout orgueil et honneur du monde. Aucun dieu n’a existé avant Lui, ni ne lui succédera. La Torah ne constitue qu’un moyen de nous mettre en rapport avec Dieu. Comme l’enseigne le Talmud: «La Torah, le Saint, béni soit-Il, et Israël, ne constituent qu’un seul et même concept.» Comment, dans ces circonstances, l’homme peut-il éprouver des sentiments d’orgueil précisément par la Torah qui l’unit à son Créateur?

Il est écrit: «Je lève les yeux vers les montagnes pour voir d’où me viendra le secours. Mon secours vient de l’Eternel, qui a fait le ciel et la terre» (Psaumes 121:1-2). Quand l’homme fait son examen de conscience et se rend compte de ses péchés envers son Créateur, qu’il voit comment il a souillé son corps et son âme, combien il a irrité Dieu par ses nombreux péchés, il tombe dans le plus grand désespoir: «D’où viendra mon secours!» Comment son repentir sera-t-il accepté? Quelle aide peut-il recevoir du Ciel? Il découvre alors qu’il n’est rien et qu’il ne peut revenir vers Dieu par ses seules forces.

C’est pourquoi le Roi David conseille à l’homme de ne jamais se laisser aller au désespoir: c’est vraiment l’œuvre du Satan, car les portes de la téchouvah ne se ferment devant aucun Juif, même s’il a péché. Il suffit de considérer par exemple le cas de Ménaché, roi d’Israël, qui introduisit des idoles dans l’enceinte du saint Temple. Il s’est repenti, et l’Eternel a accepté son repentir. «Mon secours vient de l’Eternel», continue le verset. Ne te décourage jamais. Sache cependant que l’Eternel ne t’aidera que si tu avoues tes fautes, si tu reconnais combien d’univers tu as détruits... par tes transgressions.

Le Roi David poursuit: «...qui a fait le ciel et la terre.» Que veut-il nous apprendre par là? Ne savons-nous pas tous que c’est Lui le Créateur? C’est que, comme on le sait, le ciel et la terre changent de forme à cause des péchés commis par l’homme: les accusateurs se lèvent de toutes parts pour exiger la destruction du monde. Car le monde et les œuvres de la création ne subsistent que grâce à l’étude de la Torah et l’accomplissement de bonnes actions. L’Eternel renouvelle chaque jour et chaque instant Sa création et la prend en pitié. Il aide également l’homme à «se renouveler» grâce à la téchouvah, à condition toutefois qu’il reconnaisse ses méfaits et fasse constamment son examen de conscience. Car c’est essentiellement le mauvais penchant qui s’efforce par tous les moyens de dissuader l’homme de faire son examen de conscience. C’est pourquoi David poursuit: «C’est l’Eternel qui te garde, l’Eternel qui est à ta droite comme ton ombre tutélaire... Que l’Eternel te préserve de tout mal.» Car le péché éloigne considérablement l’homme de Dieu, mais s’il se repent et reprend contact avec son Créateur, l’Eternel l’aide et veille jalousement sur lui.

On peut lire dans le Talmud (Midrach Rabah, Vayétsé, 68): Rabbi Chimon ben Néthanel a ouvert son enseignement par: «Cantique des degrés. Je lève les yeux vers les montagnes, pour voir d’où me viendra le secours, etc...» Que rapporte le verset à propos d’Eliézer qui alla chercher Rébecca pour son maître? «L’esclave prit dix chameaux, etc...» «Moi je n’ai pris ni bague ni bracelet» dit Jacob qui poursuit: «Je ne perdrai en aucun cas ma confiance en Dieu? Je mets tous mes espoirs en Lui, car mon secours vient de l’Eternel, qui a fait le ciel et la terre.»

Notre patriarche se dit: «Si Eliézer a réussi à faire sortir Rébecca de la maison de Lavan et Béthouël, c’est grâce aux trésors qu’il avait apportés. Tout le monde a vu les richesses qu’il avait apportées de la maison de mon père. Comment réussirai-je à épouser une de ses filles, moi qui n’ai ni bracelet ni bague?» En d’autres termes, Jacob comprit combien il était loin de l’œuvre de ses ancêtres, et même d’Eliézer, le serviteur d’Avraham. Rappelons que lorsque Lavan voulut le tuer, Eliézer prononça le Nom ineffable et fut épargné. Lavan eut alors peur de lui et l’invita dans la maison de son père qu’il débarrassa des idoles. Quant à Jacob, Eliphaz le dépouilla de toutes ses ressources. Pourquoi Lavan aurait-il eu peur de lui? Il était prêt à le tuer.

«Je lève les yeux vers les montagnes» dit Jacob — vers les patriarches. Leur grand mérite a même sauvé Eliézer de Lavan, au plan matériel et au plan spirituel. Je n’ai pas eu ce privilège, poursuivit-il. «Méaïn yavo ‘ezri — D’où viendra mon secours?» Jacob ne se fiait-il pas à l’Eternel qui avait promis de le préserver? C’est que, lorsque l’homme se voit assailli de toutes sortes de souffrances, il doit considérer ses œuvres. Jacob aurait pu lui aussi, comme Eliézer, prononcer le Nom ineffable et se préserver d’Eliphaz. C’est que, se dit-il, si Eliphaz était venu le tuer, c’est signe qu’il avait des lacunes à combler... Ayant compris qu’il était encore éloigné de la voie de ses pères, il alla étudier quatorze ans dans la Yéchivah de Chem et ‘Ever... Ce qui le préoccupait essentiellement, c’était de paver le chemin à ses enfants et de donner l’exemple en montrant d’où venaient les malheurs au lieu de fuir les difficultés en prononçant un Nom divin. Et s’ils avaient des difficultés, c’est un signe qu’ils s’étaient éloignés de la voie de leurs ancêtres: ils devaient alors examiner leur conduite et surtout ne pas tomber dans le désespoir... Ils prendraient alors conscience de leur insignifiance: MéAIN et se diraient: le secours ne peut certes pas venir de moi: MéANI, seul je ne peux rien, «Mon secours ne viendra que de l’Eternel.»

Il convient par conséquent de ne jamais désespérer sous aucun prétexte, de lever les yeux vers l’Eternel, et d’avoir confiance en Lui. Il trouvera toujours moyen de nous aider... Au lieu de désespérer, Jacob adresse ses prières à l’Eternel pour qu’il l’épargne. Il se dit qu’il n’est pas moins méritant qu’Eliézer, et que, contrairement à son serviteur, Dieu l’aiderait sans qu’il ait à prononcer le Nom ineffable. Vint Eliphaz qui le dépouilla de toutes ses ressources. C’est ainsi qu’agit parfois le Saint, béni soit-Il: pour sauver le corps et l’âme de l’homme qui est l’essentiel — il lui ravit ses biens. «La charité (ou le don d’argent) sauve de la mort.»

J’ai lu dans l’ouvrage de moussar Ma’ayané Ha’hayim qu’il est interdit de se servir de la Téfilah et de la bénédiction du Tsadik pour des affaires mineures, alors qu’on peut les exploiter pour des buts sublimes. Après avoir reçu toutes les bénédictions pour eux et leur descendance, nos patriarches s’en sont servis pour parfaire au maximum leurs dévotions divines. Ils ont également réconforté leurs descendants, leur permettant de transformer l’attribut de miséricorde en celui de jugement, sans s’indigner contre l’Eternel, car les voies du Saint, béni soit-Il, sont justes.

C’est ce que fit également Jacob: après avoir reçu toutes les bénédictions, il partit tout joyeux accomplir son vœu... Alors que le courroux divin se propageait dans toutes les villes par suite du massacre de Chékhem, notre patriarche «prit une pierre et l’érigea en monument en l’honneur de l’Eternel.» Immédiatement après, il perdit Rachel sa femme. N’est-ce pas là une épreuve terrible pour Jacob? Non, car c’est lui qui a demandé à Dieu de transformer l’attribut de miséricorde en attribut de jugement, tant il aimait son Créateur.

Il s’avère cependant, que l’attribut de jugement protégea les enfants d’Israël... Rachel fut enterrée sur la route de Bethléhem pour prier en leur faveur pendant l’exil, et si elle n’avait pas été enterrée là pour susciter leur mérite et pleurer sur eux, d’innombrables malheurs leur seraient arrivés. Nous comprenons donc maintenant pourquoi Jacob «érigea un monument» à Beth El avant la disparition de Rachel. Jacob prit douze pierres, les plaça sous sa tête parce qu’il avait peur des bêtes sauvages qui pourraient s’attaquer à sa tête (voir Rachi qui cite nos Sages). Mais les pierres se disputèrent et chacune dit: «c’est sur moi que le juste posera sa tête». Que fit Dieu? Il les réunit en une seule, comme il est écrit: «Il prit une des pierres de l’endroit, la mit sous sa tête et se coucha en ce lieu» (Genèse 28:11). Un certain nombre de questions se posent ici:

1) Pourquoi notre Patriarche n’a-t-il eu peur que pour sa tête? Les bêtes féroces auraient pu dévorer tout son corps!

2) Comment peut-on concevoir que Jacob ait eu peur des bêtes féroces?

3) Pourquoi prit-il douze pierres exactement?

4) Pourquoi Dieu réunit-Il toutes les pierres en une seule? N’aurait-Il pas pu les faire taire? Les gronder? Il aurait pu les coller l’une contre l’autre sans en faire vraiment un monument!

C’est que Jacob voulait préparer une voie déterminée pour ses enfants. Nous savons qu’il y a dans le Ciel douze portes pour la prière (voir les écrits de Rabénou HaAri, zal) et Jacob savait qu’il aurait douze enfants. Il craignait le penchant au mal qui introduit des pensées étrangères — et en particulier des pensées de dispute dans le cœur et la tête de l’homme, plus particulièrement au moment de la prière. Il n’est pas facile pour les douze tribus de constituer une unité homogène parfaite: «Les tribus de l’Eternel, qui célèbrent le nom du Seigneur...» On ne peut pas concevoir que des différends touchant l’héritage, le statut, etc.. les séparent. Car des dissensions dans les mondes inférieurs en entraînent également dans les mondes supérieurs. La Providence Divine s’éclipse, et des sentences rigoureuses frappent le monde. Nul n’ignore que le second Temple ne fut détruit qu’en raison de la haine gratuite, alors que le premier fut détruit parce qu’on n’observait pas, comme il sied, les préceptes de l’année sabbatique (chacun ne pensait alors qu’à lui et ne livrait pas son champ aux nécessiteux.)

Jacob qui se trouvait sur les lieux où devait être édifié le Temple, réunit alors les douze pierres, qui font allusion aux douze cœurs des tribus, et les mit sous sa sainte tête pour faire fuir les bêtes sauvages, les épargnant ainsi des forces du mal. Ainsi, quand il concentra et unit les tribus sur les lieux où devait se tenir notre saint Temple, il y eut un «éveil d’en bas» qui entraîna un «éveil d’en haut» destiné à aider l’homme.

Les pierres commencèrent alors immédiatement à se disputer: chaque tribu voulait bénéficier plus que les autres de l’influence du Tsadik, afin de mieux livrer bataille à son penchant au mal. Dieu vit que cette dispute leur était très nuisible et pouvait contrecarrer leur unité. Il comprit aussi les bonnes intentions de Jacob qui ne visait qu’à tracer la voie à sa descendance. Aussi ne gronda-t-il pas les pierres — les tribus. Il ne leur ordonna pas de s’unir pour former une seule et grande pierre. Lui-même en fit un grand bloc homogène. Elles furent ainsi à même de s’imprégner dans les mêmes proportions des bonnes intentions de Jacob. Si l’Eternel les avait réprimandées et fait taire, il y aurait eu un espace vide entre elles.

Nous comprenons ainsi pourquoi Jacob érigea ce même monument précisément à la mort de notre mère Rachel: c’était pour inciter les générations suivantes à s’unir. «Il fit couler une libation sur le monument de pierre et y répandit de l’huile» (1). Pourquoi de l’huile?

En vérité, s’unir c’est l’emporter sur autrui dans le domaine de la Halakhah, livrer la bataille de la Torah au lieu de haïr gratuitement son prochain. La bataille qu’on livre au nom de la Torah unit les cœurs comme ces douze pierres. Notre patriarche «fit couler (nessekh) une libation sur le monument de pierre et y répandit de l’huile.» NeSseKh a la même valeur numérique que QoL, la voix de Jacob, c’est-à-dire la Torah. L’union sans Torah n’a aucune valeur, comme en témoigne le prophète: «Quand les nations du monde sont unies et calmes, c’est qu’elles ourdissent un complot contre Israël ou la Création, à Dieu ne plaise.»

«Il y répandit de l’huile»: quand le Peuple d’Israël constitue un bloc homogène solide, il constitue une seule âme (notons que les termes HaCHeMeN (l’huile) et NéCHaMaH (âme) ont les mêmes lettres). Les Juifs sont unis, chacun est responsable de l’autre; chaque âme rectifie l’autre (et en particulier celle qui dépend directement de la sienne), l’aide et la réconforte.

Comme on le sait, Rachel n’eut que deux enfants: Yossef et Binyamin, qui normalement devaient venir prier seuls sur sa tombe sur la route de Bethléhem. Il n’en est rien, car il est écrit: «Une voix s’entend dans les hauteurs... Rachel pleure ses enfants»: tout le Peuple d’Israël. Sa tombe fait allusion à l’union d’Israël, et non à sa dispersion en exil (et c’est pour cette raison qu’elle est appelée «la mère principale»). Si par malheur les cœurs se séparent, les prières adressées sur la tombe de Rachel rectifieront tout. L’Eternel n’abandonnera pas ses enfants, car Lui-même a uni d’un lien solide toutes les tribus d’Israël.

En outre, quand l’Eternel a donné les dix commandements, Il les a inscrits sur deux Tables. Bien qu’elles fussent séparées, comme elles se trouvaient entre les mains de notre maître Moïse, elles constituaient une seule unité. Car c’est Moïse, qui compte comme Israël dans son ensemble, qui les saisissait. Cependant, quand ils commirent le péché du veau d’or et s’entretuèrent (sur l’ordre de Moïse) il n’y avait plus aucune raison de les tenir. Moïse s’opposa alors à ce que l’Eternel mette fin à l’existence du Peuple d’Israël (même si ce n’était que sa propre descendance qui devait devenir le grand peuple d’Israël). Il intercéda en leur faveur et demanda deux nouvelles Tables de la Loi.

Seule l’union peut donc aider l’homme dans sa lutte contre le mauvais penchant: il faut cependant qu’elle soit intimement liée à la Torah. Le verset de Yithro: «Israël campa en face de la montagne» «comme un seul homme» («d’un seul cœur» comme l’interprète Rachi, citant nos Sages), y fait allusion. Le Saint, béni soit-Il, accorda aux enfants d’Israël la Torah qui leur permettrait de livrer bataille et de triompher, car le repos et l’union seuls présentent des dangers. Notre patriarche Jacob, enseigne le Talmud, demanda quelques années de sérénité, et Dieu lui envoya l’épreuve de Yossef. Car, même chez les Tsadikim, le repos dans ce monde est très dangereux du fait que le penchant au mal ne ferme pas l’œil un instant et cherche constamment à nuire. Le juste doit donc étudier la Torah sans relâche.

Essayons maintenant d’expliquer la lutte entre Jacob et l’ange d’Esaü cette nuit-là, avant que Jacob ne rencontre son frère Esaü.

Il est écrit: «Jacob étant resté seul, un homme lutta avec lui jusqu’au lever de l’aube» (Genèse 32:25). D’après nos Sages, la poussière de leurs pieds montait jusqu’au trône céleste. Un certain nombre de questions se posent ici:

1) Que signifie exactement «Jacob étant resté seul»?

2) Pourquoi l’ange porte-il le nom de ICH, un homme?

3) Pourquoi la poussière devait-elle monter précisément jusqu’au ciel?

1) L’étude en groupe engendre généralement des idées nouvelles sur la Torah; on ressent davantage l’envie de discuter et de vaincre son compagnon d’étude sur des questions d’Halakhah, etc... Le Saint, béni soit-Il, s’en délecte littéralement et dit: Mes enfants m’ont «vaincu!»

Si l’homme (le mauvais penchant) «lutta» avec notre patriarche et essaya de le déranger et l’affaiblir, c’est parce qu’il était seul. La discussion et la dispute avec lui peuvent être si vives qu’elles montent jusqu’au Ciel; cependant en étudiant seul la Torah, on risque davantage d’être en butte à son mauvais penchant.

2) Un juif qui habite loin de la communauté ne peut recevoir aucune influence bénéfique; le penchant au mal le guette sans répit, même s’il est versé en Torah. L’étude de la Torah doit par conséquent se faire dans la soumission et l’humilité (en acceptant l’influence des autres) qui permettront de le vaincre, avec l’aide du Ciel. L’humilité peut cependant attiser la colère du mauvais penchant. Mais cet ange de feu devient un ICH, homme simple et faible, que le Sage peut facilement vaincre grâce à sa modestie.

3) Jacob qui étudia la Torah avec le plus grand dévouement, et surtout en toute modestie (aspect de avak poussière; n’appela-t-il pas son frère Esaü «Adoni, mon Seigneur»?) eut le mérite de triompher de l’ange de feu. Ce dernier alla même jusqu’à l’aider en voyant ses qualités. C’est la signification de «leur poussière arriva jusqu’au Ciel»: toutes les vertus de notre patriarche ont plu à notre père qui est au Ciel, et lui ont permis de vaincre l’ange. Il va sans dire que sans l’aide Divine, il n’aurait pu triompher.

Le texte poursuit: «Voyant qu’il ne pouvait le vaincre, il le toucha à la hanche, et la hanche de Jacob se luxa tandis qu’il luttait avec lui». La question est évidente: Est ce là la Torah? Est-ce là sa récompense? Notre père Jacob triomphe de l’ange! Il le fait descendre au niveau d’homme simple grâce à son étude de la Torah dans la soumission et l’humilité. Mais quand l’ange voit qu’il ne peut le vaincre, il réussit à le blesser à la hanche: pourquoi le miracle ne fut-il pas complet? En outre, le verset semble se contredire! D’une part il est écrit : «Voyant qu’il ne pouvait pas le vaincre» ce qui signifie qu’il a perdu la bataille. De l’autre, il est écrit qu’il réussit à blesser Jacob.

C’est là que réside la force du mauvais penchant: malgré sa défaite, il laisse un grand impact et reprend ensuite la bataille. Car la victoire de l’homme n’est pas finale, et la lutte contre le mauvais penchant ne doit pas cesser un seul instant! L’homme doit toujours être prêt à lui livrer bataille. Il y arrivera exclusivement par l’étude constante et assidue de la Torah. Car le Yetser Hara’ n’en finit jamais de harceler l’homme, et cela surtout de nos jours. A cause de nos nombreux péchés, l’impureté ne fait que s’étendre, les forces du mal gagnent du terrain. «Pas un coin où il n’y ait pas de mort» (1). Seule l’étude de la Torah aide l’homme dans sa lutte contre le mauvais penchant. La guérison de la hanche ne se fait pas seulement par l’accomplissement de bonnes actions, la charité, même donnée de la meilleure façon, etc... Sans Torah, tous les efforts sont vains.

Le penchant au mal ne vise qu’à affaiblir totalement l’homme. Il le blesse physiquement et moralement.. et si, comme dans notre cas, il ne peut le vaincre, il laisse au moins un grand impact sur lui: tout contact avec lui est mortel...

La hanche YereKh fait en outre allusion à la paresse (’ATSLOuth), au relâchement (qui fit devenir Jacob TSOLéA’, boîteux — les deux termes hébreux ont les mêmes lettres). Comme nous l’avons dit, si le mauvais penchant ne réussit pas toujours à faire échouer l’homme, du moins le ramollit-il ( rakh, mou), et ce n’est que par la Torah qu’on peut vaincre la jalousie, l’esprit de compétition, la haine, et les mauvaises pensées qui assaillent l’esprit précisément au moment de la prière. En effet, quand on aime la Torah, et qu’on prend plaisir aux commandements divins, on s’éloigne de tout péché et de toute habitude mauvaise qui l’éloigne de Dieu. On ne conduit l’homme que sur le chemin qu’il veut emprunter (Exode 12:30). Tel est le pouvoir de la Torah qui aide et protège l’homme, l’empêchant de tomber dans les filets du Yetser Hara’.

Le mauvais penchant fait également jaillir dans mon esprit toutes sortes de pensées étrangères: voyages à l’étranger, financement d’institutions saintes, etc... au milieu de la prière. Je me rappelle soudain qu’il est interdit d’entretenir de telles pensées, mais à cause de mes nombreux péchés, parfois je tombe également dans les filets du mauvais penchant. Je n’en veux cependant qu’à moi-même; je suis seul coupable. Si mon étude de la Torah était plus assidue, le Ciel m’aurait certainement assisté davantage. J’invoque le Saint, béni soit-Il, de me pardonner et de me prendre en pitié par Sa grande miséricorde. Quand les pieds (YeRaKhim) ne courent pas à la Yéchivah pour étudier la Torah, la blessure ne cesse de s’aggraver; les dangers d’une chute spirituelle vont croissant.

Puisse le mérite de mes ancêtres, de mémoire bénie, être une aide perpétuelle. Puissé-je avec toute ma descendance montrer à Dieu mon amour et ma crainte. Que le Saint, béni soit-Il, exauce les vœux de tous nos amis, là où ils se trouvent! Car c’est grâce à leur mérite que j’arrive à remonter la pente et me renforcer dans le service divin. Que Dieu rassemble les exilés des quatre coins du monde, et hâte l’arrivée de notre Machia’h intègre. Amen!

 

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