L’homme contre le mauvais penchant

Moïse répondit: «Mais certes ils ne me croiront point, et ils n’écouteront point ma voix, car ils diront: «L’Eternel ne t’est point apparu.» L’Eternel lui dit: «Mazéh (Qu’y a-t-il) dans ta main?» Il répondit: «Une verge.» L’Eternel dit: «Jette-la par terre.» Il la jeta par terre, et elle se transforma en serpent. Moïse s’enfuit à cette vue. L’Eternel dit à Moïse: «Etends ta main, et saisis-le par la queue. Il étendit la main et le saisit, et le serpent redevint une verge dans sa main» (Exode 4:1-4). Ces versets soulèvent un certain nombre de questions, et nous les examinerons un à un:

1) Pourquoi Moïse a-t-il hésité à accomplir sa mission, et s’est demandé si les enfants d’Israël croiraient en lui. Dieu Lui-même ne lui a-t-Il pas enjoint de se présenter devant Pharaon et de lui demander de libérer d’Egypte les enfants d’Israël? Comment Moïse a-t-il osé se demander s’ils seraient prêts à l’écouter? Ne savait-il pas qu’ils attendaient depuis longtemps le messager de la Rédemption?

2) Pourquoi Dieu, pour Qui tout est révélé, demande-t-Il à Moïse: «Qu’y a-t-il dans ta main?» Pourquoi d’autre part la verge ne s’est-elle pas transformée en serpent alors qu’elle se trouvait encore entre les mains de Moïse? Quelle allusion cela cache-t-il?

3) Question encore plus ardue posée par Rabbi Yonathan Aïbechitz dans son ouvrage: Yéaroth Dévach (première partie, exposé 3, p. 19a): pourquoi Dieu a-t-Il choisi comme signe précisément le serpent qu’Il a maudit, comme il est écrit «...tu es maudit entre tous les animaux...» (Genèse 3:14). Comment d’autre part, Moïse qui n’avait pas peur de tous les archanges du Ciel (cf. Chabath 88b) a-t-il reculé devant un serpent? Nos Sages n’enseignent-ils pas que, même si un serpent s’enroule autour du talon de quelqu’un qui prie, il ne doit pas interrompre sa prière? (Bérakhoth 30b). Comment Moïse, debout devant le Roi des Rois, reculerait-il devant un tel animal? Et même s’il le mord et le tue, ce n’est qu’une mort physique, préférable à la mort qui arrive alors qu’on se tient devant Dieu en lui parlant (et que l’on fuit). Pourquoi enfin Dieu demanda-t-Il à Moïse de le saisir par la queue et non par la tête?

L’auteur lui-même rapporte que lorsque Rabénou HaAri voulut révéler le secret de cette énigme à l’un de ses disciples, il fut condamné à mort; le Zohar (II, 28a) propose des réponses extrêmement profondes. Mais, comme la Torah a soixante-dix facettes (cf.Bamidbar Rabah 13:15), nous proposerons une réponse personnelle:

1) Lorsque Dieu demande à Moïse d’aller libérer d’Egypte les enfants d’Israël, Moïse dit, stupéfait: «Qui suis-je pour aller vers Pharaon?» (Exode 3:11). Je ne suis que poussière et cendre... Par quel mérite puis-je parler à mon Créateur?... Moïse n’a donc pas été insolent à l’égard de Dieu.

Dieu lui demande alors: «MaZéH (Qu’y a-t-il) dans ta main?» Certes, tu n’es qu’un homme ADaM, dont la valeur numérique est 45 (Mèm, Hé), mais grâce à l’âme [partie de Dieu et de Son Nom Youd Hé Vav Hé — milouy alfine — dont la guématria est 45 (cf. Zohar I, 25b)] supplémentaire qui t’anime, et qui s’introduit chez l’homme pour le Chabath, le septième jour de la semaine, et à laquelle fait allusion la lettre Zaïn (7) (Betsah 16a), c’est-à-dire à la partie divine supérieure qui se trouve en toi, tu es en mesure de vaincre les conseils du mauvais penchant. «Une verge (MaTéH)», répondit Moïse. En d’autres termes, Moïse avoua qu’il lui semblait maintenant tomber en bas (MaTaH) de son niveau, pour avoir osé refuser la mission divine de délivrer les enfants d’Israël.

L’Eternel dit alors à Moïse: «Jette-la par terre.» En d’autres termes, quitte ces pensées. Tu verras alors que le mauvais penchant t’a abandonné. Moïse vit alors le serpent, qui fait allusion aux forces du mal (Zohar I, 148a), et fuit devant lui. C’est ce que fit également le serpent (mauvais penchant) devant la sainteté de Moïse. L’Eternel lui dit alors: «Etends ta main et saisis-le par la queue. Ne le lâche surtout pas. Tu n’as aucune raison de t’en effrayer, car tu n’es aucunement lié à lui. Tu le vaincras et il ne te causera plus d’échec. Saisis-le, sinon c’est lui qui t’attaquera. Saisis-le et «traîne-le vers la sainteté et la maison d’étude» (Soucah 52b; Kidouchine 30b).

Nombreux pensent que du fait qu’ils ne sont que des Juifs simples, «pâture des vers» (Pirké Avoth 3:1), ils ne peuvent pas livrer bataille au mauvais penchant et le vaincre. Ils doivent cependant savoir que ces pensées et doutes ne sont que l’œuvre de Satan, qui ne vise qu’à les faire tomber dans le piège. L’homme animé d’une âme sainte ne doit jamais éprouver de telles craintes.

L’homme doit pour cela étudier régulièrement la Torah, qui constitue le meilleur remède contre le mauvais penchant (Kidouchine 30b). Quand il se sera débarrassé de toutes ces mauvaises pensées, le serpent, le mauvais penchant, ne lui fera plus jamais peur.

 

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