La sortie d’egypte est la racine de la Foi

Dans le processus long et compliqué de la soumission du coeur de Paro au moyen des plaies qui ont fondu sur l’Egypte, il y a beaucoup de points lumineux qui constituent pour nous une étude vivante et concrète de la foi et de la confiance dans le Créateur du monde.

D. frappe Paro et toute l’Egypte de diverses plaies surnaturelles, en quantité extraordinaire, et après les plaies Il endurcit le cœur de Paro. Pourquoi tout cela ? Si le but des plaies est uniquement qu’il libère les bnei Israël d’Egypte, pourquoi faut-il endurcir son cœur, et considérablement ? Le cœur des rois et des gouvernants est entre les mains de Hachem, alors pourquoi doit-Il administrer des plaies à toute l’Egypte, il suffirait qu’Il inspire au cœur de Paro de les libérer ?

La réponse à cela nous est donnée explicitement dans l’Ecriture – la nature de la plaie n’était pas seulement un châtiment, mais un enseignement pour toutes les générations. Comme le dit Hachem à Moché (7, 2-5) : « Tu diras tout ce que Je t’ordonnerai, Aharon ton frère parlera à Paro et il renverra les bnei Israël de son pays. J’endurcirai le cœur de Paro et Je multiplierai Mes signes et Mes merveilles en Egypte. Paro ne vous écoutera pas, J’abattrai Ma main sur l’Egypte et Je ferai sortir Mes armées, Mon peuple les bnei Israël, d’Egypte, avec une vindicte éclatante. Et les Egyptiens sauront que Je suis Hachem. » C’est-à-dire que D. voulait multiplier les miracles dans le pays pour une seule raison – « pour que les Egyptiens sachent que je suis Hachem ». Le Sforno explique, et on trouve la même idée chez d’autres commentateurs, que les plaies et les prodiges avaient pour but essentiel d’amener le cœur des Egyptiens au repentir, de leur montrer qu’il n’y a rien d’autre que D., de renforcer et renouveler en leur cœur la foi dans le Créateur du monde.

Savoir cela est indispensable à l’étude des parachiot qui traitent de la sortie d’Egypte. Tout ce qui s’est passé en Egypte, du début jusqu’à la fin, n’avait qu’un seul et unique but, consolider la foi, prouver à la face du monde que la royauté appartient à Hachem, et qu’elle s’étend sur tout ce qui existe.

L’ordre des plaies est signifiant

Le Keli Yakar (7, 17) conclut de l’ordre des plaies qu’il provenait d’une intention délibérée, une plaie après l’autre, car chaque plaie comporte un enseignement spécial de la foi. Voici ce qu’il dit : « Car Hachem a dit : de cette façon tu sauras que Je suis Hachem »   Ceci est dit pour la première plaie de « datsakh », pour la première plaie de « adach » (8, 18) il est dit « Pour que tu saches que Je suis Hachem au milieu de la terre », et pour la première plaie de « Bea’hav » il est dit (9, 14) : « Pour que tu saches qu’il n’y a personne comme Moi dans toute la terre ». Le Abrabanel s’interroge là-dessus et explique que Paro avait des objections sur trois choses. La première est l’existence de D., il la niait et disait « Je ne connais pas Hachem » (Chemot 5, 2), c’est pourquoi il est dit à la première plaie « de cette façon tu sauras que je suis Hachem ». La deuxième, il disait que même si D. existait, Il ne s’intéressait aucunement aux créatures. C’est à cause de cela qu’il est dit « Je suis Hachem au milieu de la terre ». La troisième est qu’il contestait la possibilité de D. de modifier le cours de la nature, et il est dit là-dessus « Il n’y a personne comme Moi dans toute la terre », c’est-à-dire qui peut agir comme il Lui plaît. »

Cela vient nous enseigner que le Créateur du monde, qui a créé ex nihilo, veille sur tout ce qui se passe dans Son univers, et maintenant comme alors, Il peut modifier les lois de la nature comme Il le désire. On peut voir dans les paroles du Keli Yakar comment il divise toutes les dix plaies en trois groupes, selon les signes mnémotechniques de Rabbi Yéhouda que l’on trouve dans la Haggada de Pessa’h – detsakh, adach, bea’hav. Ce sont des propos vraiment merveilleux.

Quoi qu’il en soit, nous voyons clairement que le but de toutes les plaies n’était pas uniquement de faire sortir les bnei Israël d’Egypte, mais essentiellement de renforcer la foi des Egyptiens, des bnei Israël et du monde entier. C’est pourquoi nous-mêmes avons reçu l’ordre de raconter la sortie d’Egypte et de nous rappeler ce qui est arrivé à ce moment-là, comme l’a dit le Saint béni soit-Il à Moché au moment de la plaie des sauterelles (9, 1-2) : « Car j’ai endurci son cœur et le cœur de ses serviteurs, pour placer ces signes parmi eux. Et afin que tu racontes à tes fils et aux fils de tes fils ce que J’ai opéré en Egypte et les signes que j’ai placés chez eux, et vous saurez que je suis Hachem. »

C’est-à-dire qu’il y a une nécessité particulière de raconter toutes les plaies en grand détail, de façon ironique, comme le dit Rachi, « ce que j’ai opéré (hitallti) – Je me suis joué (si’hakti) », et les commentateurs se sont penchés là-dessus. Tout cela pour une seule raison – « vous saurez que je suis Hachem. » Car en racontant les plaies, la foi dans le Créateur se renforce.

La plaie des grenouilles – ex nihilo

Il suffit d’examiner certaines plaies dans les détails les moins connus qui les concernent. Prenons par exemple la plaie des grenouilles. On sait qu’une grosse grenouille est montée du fleuve et qu’il en est sorti des millions de grenouilles. La merveille dont tout le monde parle, c’est comment à chaque coup il sortait des fleuves de grenouilles, et comment en un seul instant toutes les grenouilles ont disparu d’Egypte. Mais il y a un point supplémentaire qui constitue un miracle extraordinaire en soi, c’est le fait même de l’existence de cette grenouille, qui est arrivée ex nihilo, puisqu’au moment de la plaie du sang il est dit que les poissons qui étaient dans le fleuve étaient morts et que le fleuve était empuanti. C’est-à-dire que le fleuve s’était transformé en un lieu de mort, un être vivant ne pouvait pas y subsister. Et ensuite, d’où est venue cette grenouille qui est montée du fleuve, si ce n’est pas par un miracle de la providence ?

Tout cela pour montrer à Paro, qui disait « mon fleuve est à moi », que même sur le fleuve il n’avait aucune autorité pour décider qui y vivrait et qui y mourrait, même envers les animaux il n’avait aucune autorité, ils pouvaient apparaître soudainement, ex nihilo, comme cette grenouille. Quand Hachem montre à Moché ce qu’il faut dire à Paro, Il lui dit (7, 27-28) – Si tu refuses de les renvoyer, Je vais frapper tout ton territoire par des grenouilles, le fleuve fourmillera de grenouilles et elles monteront et viendront dans ta maison, dans ta chambre et sur ton lit, dans la maison de tes serviteurs et de ton peuple et dans tes fours et tes pétrins. » Apparemment, quel besoin y a-t-il d’évoquer le fleuve ? Y a-t-il une malédiction quelconque en cela qu’à proximité du fleuve il y ait des grenouilles ? Il est également dit après la prière de Moché pour enlever les grenouilles (8, 7) : « les grenouilles se retireront de toi, de ta maison, de tes serviteurs et de ton peuple, elles resteront dans le fleuve. » Apparemment, pourquoi faut-il rester dans le fleuve ? Le Sforno parle de cela, il écrit « elles resteront dans le fleuve – pour toutes les générations, et elles ne monteront pas sur terre. » C’est-à-dire que pour des générations les grenouilles resteront dans le fleuve, pour montrer qu’elles ne montent pas sur terre mais se trouvent uniquement dans le fleuve. C’est pour rendre évident un miracle extraordinaire, qu’au moment de la plaie des grenouilles elles ont quitté le fleuve, endroit où elles vivent, et sont allées vers l’intérieur des terres.

Sans ces paroles, on aurait pu dire simplement que le fait qu’il y ait des grenouilles autour du fleuve est un mépris des idoles et une preuve de la domination de D. sur l’Egypte. Car le fleuve, comme on le sait, était leur dieu, ils l’adoraient, et ils veillaient à sa propreté. Le fait même que cet endroit ait été sale, répugnant et grouillant de grenouilles, comme tous les fleuves et toutes les mares, était une plaie pour les Egyptiens. C’est pourquoi les grenouilles y sont restées pour toutes les générations, pour montrer que cet endroit était un bassin d’eau ordinaire, comme tous les autres.

De ce qui a été dit, on comprend que le fait que la grenouille soit arrivée dans le fleuve était un miracle, car en cet endroit tous les poissons étaient morts, et tout à coup apparaît la vie, ex nihilo. De plus, cette vie extraordinaire a été précédée d’une injonction explicite à Moché, pour montrer que seul le Créateur du monde, entre les mains de Qui se trouve toute vie, est Celui qui peut créer une grenouille et la faire sortir du fleuve. C’est pourquoi les grenouilles y resteront à jamais, pour rappeler ce miracle de la sortie de la grenouille du fleuve.

C’est pour nous une preuve supplémentaire que le Créateur du monde dirige la Création. Il n’y a personne d’autre que Lui, « les Egyptiens sauront que je suis Hachem. »

 

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