Savoir se contenir

« Je Me suis montré à Avraham, à Yitz’hak et à Ya’akov comme E-l Cha-daï, mais Mon Nom de Hachem, Je ne le leur ai pas fait connaître » (Chemot 6, 3)

Rachi commente au nom du Midrach que D. a parlé durement à Moché parce qu’il avait dit « Pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple ? » Hachem lui a répondu : Je Me suis souvent révélé aux Patriarches sous le Nom de E-l Cha-daï, et ils n’ont pas le moins du monde protesté contre la façon dont Je conduis le monde. Alors que toi, à qui Je Me suis fait connaître par le Nom qui dénote la miséricorde, tu te mets en colère et tu dis « Pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple, Tu n’as absolument pas sauvé ce peuple ! » C’est pourquoi Je regrette les Patriarche qui sont morts, comme ont dit les Sages, « Hélas pour ceux qui sont partis et ne peuvent pas être remplacés ! »

Dans l’avion où je me rendais en Erets Israël par l’Allemagne, je réfléchissais à la façon dont on peut expliquer cette accusation de Hachem contre Moché, en me rappelant la terrible catastrophe qui a frappé le peuple juif pendant les années de l’Holocauste, quand ils ont été massacrés par les Nazis maudits et sont morts en sanctifiant le Nom de Hachem.

On sait que D. exige de chacun qu’il imite les Patriarches, car ce sont eux qui nous ont tracé la voie à suivre et les actes qu’il convient d’accomplir jusqu’à la venue du Machia’h, puisse-t-elle survenir rapidement et de nos jours. Il nous est interdit de nous écarter de cette ligne de conduite fût-ce le moins du monde, ainsi qu’il est écrit (Devarim 17, 11) : « Ne t’écarte de ce qu’ils t’auront dit [les Sages] ni à droite ni à gauche. »

C’est pourquoi la Torah raconte abondamment la façon dont les Patriarches ont vécu en Erets Israël, ainsi que leur comportement en exil, tout cela pour que nous aussi aspirions à les imiter, à apprendre d’eux la façon de se conduire et nous y tenir nous aussi. Et de même que le Saint, béni soit-Il les a aidés dans tout ce qu’ils ont fait, si nous suivons leurs traces, Il nous aidera aussi. En effet, ils ont prié Hachem à chaque fois qu’ils avaient une épreuve, ou qu’une situation mauvaise se présentait, et c’est ainsi que nous pourrons nous renforcer, en suivant leurs traces.

Il y a plus. Les Patriarches ont certainement vu tout l’avenir du peuple d’Israël, et ils ont certainement prié et continuent encore à prier Hachem dans tout malheur du peuple. Ils ont vu la détresse du peuple d’Israël pendant les années de l’Holocauste, et de plus, Ra’hel l’a également vue, et ce n’est pas pour rien qu’elle a prié pour ses enfants en refusant de se consoler, au point que Hachem lui a dit (Yirmiyah 31, 15-16) : « Que ta voix cesse de gémir et tes yeux de pleurer. »

Et effectivement, par la bonté et l’immense miséricorde de Hachem, Il nous a laissé des rescapés sous la forme de grands de la Torah, des Admorim et des Rachei Yéchivot qui ont été sauvés et se sont réfugiés en Europe, en Erets Israël ou en Amérique, où ils ont créé des institutions de Torah, à tel point qu’il n’y a jamais eu dans le monde entier autant d’institutions de Torah et de yéchivot que de nos jours.

Et la situation s’est totalement renversée pour les maudits assassins : ils voulaient exterminer totalement le peuple juif et sa Torah, mais c’est justement de là qu’a surgi le salut, car les prières des saints Patriarches ont aidé le peuple d’Israël et la situation s’est adoucie, parce que seule la Torah peut être appelée douce et qu’elle a pris une grande place dans le monde, si bien que les bnei Israël sont D. merci en position de force.

Puisque nous sommes arrivés jusque là, nous allons comprendre ce que le Saint, béni soit-Il reproche à Moché : Pourquoi ne suis-tu pas la voie des Patriarches, qui ont vu tout ce qui adviendrait à leurs descendants pendant toutes les générations et tous les exils, y compris l’Holocauste, et n’ont pas du tout protesté ? Ils n’ont pas dit « Pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple, Tu n’as pas du tout sauvé ce peuple », bien que cette objection aurait été valide de leur part, était donné que Je ne Me suis révélé à eux que comme E-l Cha-daï, un nom dénotant la réduction (« daï » signifie : assez, pas plus), et non par le Tétragramme, qui dénote la miséricorde, car si Je M’étais révélé à eux comme Hachem, ils auraient pu comprendre et en conclure que Je me conduirais avec leur descendance avec miséricorde.

Pourtant même ainsi, ils n’ont absolument pas protesté, ils n’ont pas fait la moindre objection, mais ils se sont contentés de ce qu’ils savaient, à savoir que Je mettrais fin à toutes les souffrances par le Nom Cha-daï, qui signifie « Celui qui a dit au monde : « assez ! » (daï) », et Qui dira aussi « assez » à nos épreuves. Mais comment, de quelle façon et quand cette fin des douleurs viendra-t-elle, la fin de l’exil et de la servitude, cela Je ne le leur ai pas fait savoir. Alors que toi, à qui Je Me suis révélé sous le Nom de Hachem, la miséricorde, qui montre que la délivrance et le salut sont très proches, c’est justement toi qui protestes et demandes « Pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple, et Tu n’as absolument pas délivré Ton peuple. »

Si les Patriarches n’ont jamais rien demandé et n’ont pas protesté, Je regrette donc ceux qui ont disparu et que Je n’ai plus. Car toi, tu ne te conduis pas comme eux sans poser de questions et sans discuter, mais en acceptant tout avec amour, en particulier du fait que Je Me suis révélé à toi par le grand Nom rempli de miséricorde.

J’ai trouvé des appuis à ce que j’ai écrit tard dans la nuit chez l’auteur de « Divrei Maïm ‘Haïm » Zatsal, qui écrit : « Quand l’homme rencontre l’épreuve de donner de la tsedaka, même cent fois en une seule heure, ce n’est pas du tout considéré comme une épreuve. Pourquoi ? Si la Torah a écrit sur la mitsva de tsedaka « naton titen », tu donneras et tu donneras encore, fût-ce cent fois (Devarim 15, 10, Sifri Devarim 119), et que tu ne trouves pas mauvais de donner de la tsedaka, ce n’est pas une épreuve et on peut le supporter, car si on ne pouvait pas le supporter, la Torah n’aurait pas écrit cela. » J’ai été très content de lire à une heure tardive ces paroles qui correspondent exactement à ce que j’ai écrit jusqu’à présent.

Chacun doit savoir que si la Torah a donné 248 mitsvot positives et 365 mitsvot négatives, on ne peut pas prétendre qu’il est difficile de les accomplir, car si la Torah les a données, c’est qu’il est possible de le supporter. De plus, la Torah est un feu, et par la force du feu de la Torah, on peut aussi tracer une voie droite où marcher en écartant tous les obstacles de cette voie royale.

 

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