Sans l’aide de Dieu nul ne peut vaincre le mauvais penchant

Dieu ne conduisit point [le peuple] par le pays des Philistins, qui était pourtant le plus proche, car Dieu dit: «Le peuple pourrait se raviser en voyant la guerre, et retourner en Egypte. Dieu fit donc dévier le peuple du côté du désert...» (Exode 13:17-18). «Pharaon se dira que les enfants d’Israël sont égarés dans ce pays» (id. 14:3). «L’Eternel endurcit le cœur de Pharaon, roi d’Egypte, qui poursuivit les enfants d’Israël» (id. 14:8).

Les deux premiers versets semblent se contredire. Le premier nous fait comprendre que Dieu ne conduit pas les enfants d’Israël par le chemin du pays des Philistins, de peur qu’en voyant la guerre, ils n’aient envie de retourner en Egypte. C’est pourquoi l’Eternel les fit passer par le désert. Mais selon le second verset, Dieu les fit passer par le désert pour que Pharaon les voie égarés. Dieu endurcirait donc le cœur de Pharaon qui poursuivrait les enfants d’Israël, avec pour conséquence la destruction de son armée.

2) Dieu aurait pu leur faire emprunter directement le chemin de la Mer Rouge (sans avoir besoin d’indiquer qu’ils ne devaient pas passer par le pays des Philistins) pour endurcir le cœur de Pharaon et l’inciter à les poursuivre. L’Eternel ne cherchait en fin de compte qu’à se venger des Egyptiens.

3) Comme nous l’avons vu, Pharaon a amèrement regretté d’avoir libéré d’Egypte les enfants d’Israël et il était normal qu’il ait voulu les poursuivre (Chémoth Rabah 20:1, Yalkout Chimoni Bechala’h). Pourquoi Dieu a-t-Il été obligé d’endurcir le cœur de Pharaon afin qu’il les poursuive?

La raison? Quand on livre bataille au mauvais penchant, et qu’on triomphe de lui, cela ne suffit pas: il reprend l’attaque dans l’espoir de faire régresser l’homme de nouveau. C’est d’ailleurs dans ce but qu’il a été créé... Le Midrach (Yalkout Chimoni, Béréchith 161) relate le récit de Rabbi Mathia ben ‘Harach qui, séduit par le mauvais penchant déguisé en jolie femme, préféra s’introduire des clous dans les yeux et s’aveugler pour vaincre son mauvais penchant. Le Yetser Hara’, commentent nos Sages, en fut bouleversé... Plus l’homme s’élève et cherche à attaquer le mauvais penchant, plus ce dernier se renforce, s’élève et cherche à le tuer (Kidouchine 30b; Bava Bathra 75a). L’homme ne peut donc un seul instant relâcher ses efforts, car le mauvais penchant est toujours là aux aguets, et cherche par tous les moyens à le faire pécher (Chabath 105; Avoth deRabbi Nathan 3:2). La moindre faute en entraîne une autre jusqu’à ce qu’il sombre dans l’idolâtrie. Cependant, Dieu n’envoie à l’homme que les souffrances qu’il est en mesure de supporter.

Toutefois l’homme ne doit pas prétendre qu’il est fatigué, qu’il a déjà accédé à des niveaux élevés; qu’il pensera à l’étude de la Torah et à la dévotion quand il en aura le temps (peut-être ne l’aura-t-il pas) (Pirké Avoth 2:5). C’est l’œuvre du Satan qui veut le dominer et le faire pécher.

L’Admour de Klozenbourg zatsal écrit: Le Talmud (Chabath 10a) rapporte que Rabbi ‘Haziya dit à Rav Hamnouna, qui prolongeait ses prières: «Comment peut-on négliger la vie éternelle pour s’occuper d’affaires éphémères?» La prière, Téfilah, favorise notre attachement à Dieu, comme il est écrit: «Je me suis attaché à Dieu (naftouli)...»

(Genèse 30:8). C’est par elle que l’on imprègne le monde d’inspiration divine. Cependant la vie éternelle ne s’acquiert que par l’étude de la Torah: on accède à des niveaux supérieurs que par la Téfilah, en découvrant des idées vraies et originales sur la Torah (comme explique le Maharcha sur la Guémara (Bava Bathra 10a): «Heureux qui se présente dans les mondes supérieurs avec ses enseignements») et des éclaircissements sur des problèmes complexes de Halakhah. Le Saint, béni soit-Il, mentionne alors son nom quand Il traite des Halakhoth (Bamidbar Rabah 19:4). Le Midrach rapporte ici que Dieu, apprend les enseignements des Sages de la Torah dans la Yéchivah supérieure (Béréchith Rabah 49:6, 64:4). C’est ce que rapporte également l’auteur du Tiféreth Chlomo de Radomsk sur Sim’hath Torah en citant la Guémara (’Haguigah 15b): «Mon fils Méïr dit ceci, mon fils El’azar dit cela...» Si grand est le mérite des Tsadikim qui étudient la Torah d’une façon désintéressée. C’est ainsi, poursuit l’Admour, que j’explique la bénédiction «qui nous as choisis entre tous les peuples pour être les dépositaires de Sa Torah» (Bérakhoth 11b). Le texte dit bien: «Sa Torah», celle qui est étudiée par Dieu [s’appuyant sur le verset: «Car ce qu’il veut, c’est la Torah de l’Eternel et dans sa Torah il méditera jour et nuit» (Psaumes 1:24), nos Sages expliquent qu’au début la Torah porte le nom de Torah de l’Eternel, mais quand l’homme l’étudie, elle devient sienne (Kidouchine 32b, Avodah Zarah 19a).] Le Talmud enseigne enfin que, pendant les trois premières heures de la nuit, le Saint, béni soit-Il, se consacre à l’étude de la Torah (Avodah Zarah 3b)... Dieu nous a par conséquent transmis la Torah, pour que nous y découvrions des idées nouvelles... «Ce n’est donc que par l’étude de la Torah qu’on arrive à vaincre le mauvais penchant, et à enrayer la matérialité du corps» conclut l’Admour.

On peut maintenant expliquer la question posée par Rabbi Israël Salant: Le mauvais penchant de l’homme intensifie chaque jour sa lutte contre lui, et sans l’aide de Dieu, l’homme ne peut jamais le vaincre (Soucah 52b; Kidouchine 30b). Or, nous savons que le mauvais penchant ne fut créé que pour le bien de l’homme: s’il arrive à le vaincre, il sera récompensé, et s’il cède, il sera puni. Pourquoi donc Dieu a-t-Il créé l’homme de telle façon qu’il ne peut sans Son aide, vaincre son mauvais penchant? Pourquoi Dieu a-t-Il donné tant de force au mauvais penchant? Si le Saint, béni soit-Il, agit de la sorte, c’est pour que l’homme prenne conscience que c’est Dieu qui donne au mauvais penchant une telle force qui lui permet de livrer bataille chaque jour à l’homme qu’il s’efforce de faire trébucher... Dès que l’homme triomphe de lui, Dieu donne au Yetser hara’ de nouvelles forces, l’homme se réveille de nouveau, se ressaisit à son tour, et surtout veille à ne pas interrompre son étude de la Torah, comme il est écrit: «Celui qui, en voyage, médite la Loi et interrompt sa méditation pour s’écrier: «Que cet arbre est beau!» compromet sa vie» (Pirké Avoth 3:9). Pour pousser l’homme vers des niveaux très élevés et pour faire acquérir des mérites à Israël, le Saint, béni soit-Il, a promulgué la Torah et de nombreux préceptes divins (cf. Makoth 23b), qu’on respecte au prix d’épreuves subies dans la peine. Tout cela pour recevoir sa récompense. Car, en fin de compte, «la récompense sera proportionnée à la peine» (Pirké Avoth 5:26).

Dieu aide donc l’homme à combattre son mauvais penchant, dont la force est limitée à l’origine; ainsi, s’il réussit à l’affaiblir, il gagne la bataille. Mais pour assurer la victoire de l’homme, Dieu accorde des forces nouvelles au mauvais penchant, exposant ainsi l’homme aux dangers les plus graves. Dieu apporte son secours à l’homme, et le processus se poursuit... L’homme ne doit donc pas cesser un instant d’étudier la Torah et de chercher à se rapprocher de Dieu. Sa récompense n’en sera alors que plus grande. Car toute cette lutte ne vise qu’à son élévation spirituelle.

«Vayéhi Lorsque Pharaon laissa aller le peuple.» Vayéhi indique le chagrin, la désolation (Méguilah 10b; Vayikra Rabah 11:7). Pharaon symbolise le mauvais penchant, les forces du mal: il est affligé quand il reçoit des coups de l’homme, aidé de son Créateur. Dieu agit de la sorte pour rapprocher de Lui l’homme qui ne compte que sur la Providence Divine pour lutter contre le mauvais penchant; il ne peut s’enorgueillir et dire: «C’est par mes propres forces que je l’ai emporté»!

«...Dieu ne conduisit point le peuple par le pays des Philistins.» En d’autres termes, après sa victoire sur le mauvais penchant, l’homme ne doit pas stagner, il doit renforcer son étude de peur de se laisser aller au matérialisme et à la facilité (le pays des Philistins) (cf. Chabath 147a).

«...Qui était pourtant plus proche (karov)»: le pays des Philistins est plus proche: la facilité n’est pas un moyen pour lutter contre le yetser hara’. Si l’homme ne s’engage pas assidûment dans l’étude de la Torah, il n’aura certainement pas le moyen de livrer bataille au mauvais penchant. «Ki KAROV élékha hadavar méod... parce que la Torah (et la lutte contre le yetser hara’) est proche de toi» (Deutéronome 30:14). C’est la proximité de Dieu, notre adhésion totale qui nous sert à gagner la bataille.

Le peuple pouvait se raviser en voyant la guerre contre les Philistins et retourner en Egypte: L’homme qui a remporté une victoire contre le mauvais penchant, mais ne cherche pas à s’élever et s’habitue à sa situation, est susceptible de succomber au mauvais penchant qui porte le nom de Mitsraïm — Egypte (Zohar II, 10a).

Nous pouvons maintenant trouver une réponse à notre troisième question: Pharaon ayant regretté d’avoir renvoyé les enfants d’Israël d’Egypte, pourquoi Dieu dut-Il endurcir son cœur? Afin qu’il poursuive, malgré sa peine (vayé’hi), sa lutte contre les enfants d’Israël, comme le mauvais penchant contre l’individu. C’est aussi pour que l’homme persévère dans son combat, et qu’il «s’avance avec une nouvelle force toujours croissante.» La seule arme utilisée pour cette bataille est naturellement l’étude de la Torah. C’est le remède le plus efficace contre le mauvais penchant (Soucah 52b; Kidouchine 30:6). (Les bonnes actions et la prière ne servent que d’adjuvant.)

«Lorsque tu iras en guerre contre ton ennemi» (Deutéronome 21:10)  il s’agit du mauvais penchant, qui est notre ennemi juré — on est susceptible de tomber entre ses mains, et le seul moyen de le défaire complètement est l’étude de la Torah.

Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi, avant le passage de la Mer Rouge, Dieu dit à Moïse: «Pourquoi M’implores-tu? Ordonne aux enfants d’Israël de se mettre en marche» (Exode 14:15). Quel mal y avait-il à prier en leur faveur pour les sauver? Dieu lui dit: «Quand on livre bataille au mauvais penchant, il est préférable de ne pas multiplier les prières. Car c’est Moi qui ai contribué à endurcir son cœur pour que les enfants d’Israël livrent une lutte incessante en étudiant assidûment la Torah. Parle donc aux enfants d’Israël et incite les à persévérer dans cette voie (d’ailleurs Vayissa’ou (et qu’ils se mettent en marche + 1 pour le Collel) et zéh halimoud lévado (c’est seulement (par) l’étude + 3 pour le nombre des mots: 153) ont la même valeur numérique).

Par conséquent, on ne peut triompher du mauvais penchant, annuler les sentences rigoureuses, et se rapprocher du Saint, béni soit-Il, que par l’étude assidue de la Torah. C’est la voie de Jacob qui est l’arme idéale «contre les mains d’Esaü» (cf. Genèse, 27:22).

On peut se demander à cet égard comment les enfants d’Israël, qui ont assisté à tant de miracles, ont relâché leurs efforts dans l’étude de la Torah (cf. Bekhoroth 5b). Amalek, qui leur livra bataille à Réfidim, représente le Satan, Pharaon, le mauvais penchant (cf. Bava Bathra 16a). Dès qu’il vit qu’ils relâchaient leur étude de la Torah, Il redoubla d’efforts pour refroidir leur cœur. C’est que, ayant accédé à de très hauts niveaux, les hommes de cette «génération de la connaissance» estimaient que le mauvais penchant leur était déjà complètement soumis, et pensaient prendre un peu de repos. Dieu donna alors au Satan de nouvelles forces pour leur faire comprendre qu’ils devaient se renforcer par la Torah. Ainsi, l’homme ne doit pas s’arrêter un instant; et plus il s’élève, plus son mauvais penchant s’élève (Or Ha’haïm, Exode 19:2). Certes l’Eternel Lui-même a voulu mener les enfants d’Israël au pays des Philistins, malgré sa proximité, et bien que la guerre y fît rage. Mais maintenant que Pharaon a regretté de les avoir envoyés, et décidé de les poursuivre, Dieu endurcit son cœur (en fait, les Egyptiens avaient peur de les poursuivre) pour lui infliger la dernière plaie sur la mer, afin que les Egyptiens proclament: «L’Eternel combat pour eux en Egypte» (Exode 14:25). Ainsi, si les enfants d’Israël étaient passés par le pays des Philistins, ils auraient été pris entre les armées égyptiennes et philistines, ils auraient été saisis d’effroi et se seraient dispersés de-ci, de-là...

C’est pourquoi l’Eternel leur fit faire un détour par le désert vers la Mer Rouge, où ils n’avaient pas d’issue. Il endurcit certes le cœur de Pharaon pour qu’il les poursuive, de telle sorte que la mer se trouve devant eux et l’ennemi égyptien derrière (Chémoth Rabah 21:8), mais après le passage de la Mer Rouge, les enfants d’Israël accédèrent à de très hauts niveaux spirituels. Imprégnés de l’esprit de sainteté, ils entonnèrent le Cantique de la Mer Rouge (Yalkout Chimoni, Béchala’h 240). Le Nom de Dieu fut sanctifié dans le monde entier, et la foi en l’Eternel et en Moché Son serviteur, s’accentua (cf. Exode 14:31).

 

«Le peuple pourrait se raviser» — fuis le mal et fais le bien
Table de matière
Plaie d’Egypte contre guérison d’Israël

 

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