Attendez et vous verrez le salut de l’Eternel

«Pharaon approchait. Les enfants d’Israël levèrent les yeux et voici, les Egyptiens étaient à leur poursuite. Et les enfants d’Israël eurent très peur et crièrent vers l’Eternel. Ils demandèrent à Moïse: «N’y avait-il pas de sépulcres en Egypte sans qu’il fût besoin de nous mener mourir dans le désert?... N’est-ce pas là ce que nous te disions en Egypte: Il est bien de servir les Egyptiens...» Moïse répondit: Attendez, et vous verrez la délivrance que l’Eternel vous accordera en ce jour...» (Exode 14:10-13)

Le Midrach (Chémoth Rabah 21:5) rapporte que les enfants d’Israël virent l’ange des Egyptiens les poursuivre d’en haut. Ils s’écrièrent alors. Moïse leur dit: «Attendez et vous verrez la délivrance de l’Eternel...» Il est écrit un peu plus loin «L’Eternel dit à Moise: «Pourquoi ces cris? Parle aux enfants d’Israël, et qu’ils marchent» (id. 15).

Comme il est difficile de se contenter du sens littéral de ces versets, essayons de les approfondir un peu:

1) Après avoir vu l’ange des Egyptiens qui les poursuivait, les enfants d’Israël, imitant l’art de leurs ancêtres, crièrent et adressèrent des prières à l’Eternel... puis se plaignirent à Moïse: «N’y avait-il pas de sépulcres en Egypte... Cela est un signe évident de manque de croyance en Dieu et en contradiction avec la prière qu’ils venaient de formuler (voir l’explication du Ramban qui rapporte le Yalkout Chimoni 233, selon lequel les enfants d’Israël étaient divisés en quatre groupes avant leur traversée de la mer).

2) Pourquoi les enfants d’Israël furent-ils soudain saisis de frayeur? La main de l’Eternel était-elle trop faible pour les sauver après tous les miracles d’Egypte? Pourquoi en outre Moïse ne s’est-il pas mis en colère contre eux pour leur manque de confiance en Dieu?

3) Dieu dit à Moïse: «Pourquoi ces cris?» Ce qui signifie qu’il priait pour les enfants d’Israël (Mékhilta, Béchala’h cf. Rachi). Mais d’après le verset, seuls les enfants d’Israël adressaient leurs prières à l’Eternel pour être sauvés. L’auteur de Divré ‘Haïm pose la question: «Pourquoi le Saint, béni soit-Il, s’opposait-Il aux prières de Moïse, alors qu’on sait qu’Il se délecte des prières des Tsadikim» (Yébamoth 64a)? Pourquoi s’opposait-Il aux prières communes de Moïse et des enfants d’Israël poursuivis par l’ennemi?

Les enfants d’Israël savaient que, par le mérite de la Torah qu’ils étaient destinés à recevoir sur le Mont Sinaï, ils seraient libérés d’Egypte (cf. Exode 3:12; Chémoth Rabah 3:4). C’est pourquoi ils effacèrent toute trace d’orgueil, se soumirent à Dieu, et mangèrent «la pâte avant qu’elle ne fût levée» (Exode 12:34), allusion à l’élimination du ferment qui représente l’orgueil. A leur sortie d’Egypte, ils accédèrent par conséquent à des niveaux spirituels extraordinaires, d’autant que l’Eternel, comme nous l’avons vu, leur avait ajouté les mitsvoth respectives du sang de la circoncision et de celui du sacrifice de Pessa’h (Mékhilta Chémoth 5:18).

Mais quand ils virent que l’ange des Egyptiens continuait à les poursuivre jusqu’au bord de la Mer Rouge, leur frayeur s’accrût, car ils estimaient que si l’Eternel avait accompli des miracles en leur faveur, c’était parce que les forces du mal n’avaient disparu que sur le territoire égyptien, alors qu’à côté de la mer «unis par un seul cœur» les Egyptiens les suivaient dans six cents chars d’élite (id. 14:7) tandis que d’autres troupes légères les poursuivaient à pied. Ils comprirent que ce malheur qui s’abattait sur eux provenait de leurs lacunes en Torah, qui porte le nom de zoth (Avodah Zarah 2b). S’adressant à Moïse, les enfants d’Israël lui dirent: «Si tu nous avais donné la Torah avant notre sortie d’Egypte, elle nous aurait protégés des Egyptiens. Mah zoth: Que nous as-tu fait?... Tu vois bien qu’il nous manque zoth (la Torah).» «Halo zéh hadavar n’est-ce pas là ce que nous te disions en Egypte?...» ajoutèrent-ils. On sait à cet effet que le terme zéh, fait allusion à la Torah, comme il est écrit: «Prenez (zéh)

ce livre de la Loi» (Deutéronome 31:26). HaLO fait aussi allusion à la Torah, comme il est écrit: «Voici (ELeH, mêmes lettres que HaLO) les lois que tu leur présenteras» (Exode 21:1). Si les enfants d’Israël avaient reçu la Torah, et accompli des mitsvoth en Egypte, ils auraient été protégés.

«Il aurait même mieux valu que nous restions esclaves jusqu’à ce que nous apprenions la Torah» lui expliquèrent-ils. Grâce à une étude intensive on aurait brisé les forces du mal, qui auraient été dans l’incapacité de nous poursuivre... et pourquoi mourir dans le désert sans Torah.

Telle était la grandeur des enfants d’Israël. C’est pourquoi Moïse ne s’irrita pas contre eux parce qu’il avait compris que leur foi en Dieu n’avait pas faibli. Aussi les réconforta-t-il en leur demandant de léhityatsev «restez en place (et attendez) et regardez la délivrance de l’Eternel» aspect de vayityatsévou «ils s’arrêtèrent au bas du Mont (Sinaï)» (Exode 19:17). «La Torah que vous allez recevoir bientôt au Mont Sinaï, leur expliqua-t-il, vous protégera... Restez donc en place, renforcez-vous et confrontez avec sérénité le mauvais penchant, l’ange des Egyptiens venu affaiblir votre foi. Réou, regardez: grâce à la crainte (Yirah, terme qui est similaire à réou) du Ciel qui vous emplit le cœur, le salut viendra sans tarder.

Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi Moïse a ajouté dans le verset le terme hayom aujourd’hui, qui semble superflu: Moïse comprenait la désolation des enfants d’Israël qui n’avaient pas encore reçu la Torah (face à la montagne, malgré leur mauvais penchant comparé à une montagne; Soucah 52a). Il les invitait à se préparer activement à la recevoir, leur expliquant qu’ils y accéderaient aujourd’hui, c’est-à-dire le troisième jour où «l’Eternel descendra, aux yeux de tout le peuple, sur la montagne du Sinaï» (Exode 19:11), c’est la Torah qui devait les protéger et leur faire voir le salut de l’Eternel.

 

Plaie d’Egypte contre guérison d’Israël
Table de matière
Le septième jour de Pessa’h, source de la foi

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan