L’union engendre l’étude de la Torah

Commentant le verset: «Israël y campa en face de la montagne» (Exode 19:2) Rachi, (cf. Mekhilta id.) explique que les enfants d’Israël étaient allés recevoir la Torah comme un seul homme, d’un seul cœur.

Or, comme nous l’avons expliqué à plusieurs reprises, c’était précisément le but même de leur sortie d’Egypte, comme il est écrit: «Quand tu auras fait sortir ce peuple d’Egypte, vous servirez le Seigneur sur cette montagne même» (Exode 3:12). Que vient donc nous révéler le verset?

Il vient nous apprendre l’importance de l’union des enfants d’Israël; du fait que la majorité des mitsvoth traitent des rapports entre l’homme et son prochain, on ne peut les accomplir qu’en s’imprégnant de cette vertu d’entente, d’harmonie, et d’amour. D’ailleurs, en se révélant aux enfants d’Israël pour leur donner la Torah, l’Eternel utilise le singulier: «Je suis l’Eternel ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte» (Exode 20:2). Il ne leur dit pas: «Je suis l’Eternel, votre Dieu, qui vous ai fait sortir...» L’harmonie la plus complète devait régner entre les enfants d’Israël au moment où ils allaient recevoir la Torah. Ils devaient être garants (’arévim) l’un de l’autre (zéh bazéh), qui a pour valeur numérique 26, ou celle du nom de Dieu (Havayah), c’est-à-dire que si l’entente règne entre eux la Chékhinah cohabite avec eux (cf. Sanhédrine 27b).

Par conséquent, seule l’union parfaite permet l’étude de la Torah et l’acceptation du joug des mitsvoth. Ni le mauvais penchant, ni les nations étrangères n’ont alors aucune emprise sur les Juifs, et ils s’abstiennent de commettre des péchés (Kéthouvoth 66b; Tan’houma, Chofetim 18; Zohar I, 200b)... Car si le mauvais penchant trouve la moindre faille, c’est-à-dire le moindre sujet de mésentente, la Chékhinah ne réside plus chez les enfants d’Israël, et il peut s’introduire et détruire toute trace de sainteté. Mais si l’entente règne entre eux, ils peuvent bien se trouver «en face de la montagne (allusion au penchant au mal)» tout en triomphant de lui.

Nos sages enseignent en outre qu’au moment de la réception de la Torah, le mauvais penchant s’est extirpé du cœur des enfants d’Israël (Cantique des Cantiques 1:15). Car le nom de Dieu se trouvait en leur cœur du fait de leur union. Ils furent alors couronnés de deux couronnes, l’une pour avoir proclamé «nous accomplirons», la seconde pour avoir dit «nous écouterons» (Chabath 88a; Yalkout Chimoni, Exode 277). Rachi préconise bien «d’un seul cœur» car, même si le mauvais penchant siège entre les deux parties du cœur (Bérakhoth 61a), grâce à l’harmonie qui régnait alors entre eux et au fait que le mauvais penchant n’existait plus, leur cœur était bien uniquement réservé à la réception de la Torah.

Pourquoi alors dans ces circonstances, Dieu dut-Il les menacer en soulevant comme un tonneau la montagne au-dessus d’eux pour qu’ils acceptent par force la Torah (Chabath 88a)? N’avaient-ils pas proclamé: «Nous accomplirons et puis nous comprendrons»? (Exode 24:7). l’Eternel éprouvait-Il des doutes quant à leur sincérité? Le Satan n’était plus: il les avait désormais quittés...

Commençons par rappeler que les Grecs avaient obligé les Juifs à renier l’Eternel et ses commandements, comme l’observance du Chabath, de la néoménie et de la circoncision. Ils ne voulaient pas les exterminer physiquement, mais spirituellement. C’est pourquoi ils avaient souillé toutes les huiles qui se trouvaient dans le Temple, car l’huile fait allusion à l’âme (voir Zohar ‘Hadach, Ruth 108a). Ils leur défendirent d’allumer la ménorah qui fait allusion au corps. Ainsi les Grecs se sont contentés de souiller les huiles (Chabath 21b) sans briser complètement les fioles, car ils visaient essentiellement à souiller l’huile (HaChéMeN), qui a les mêmes lettres que NéChaMaH (l’âme), et pas les fioles qui font allusion au corps...

Un miracle fut néanmoins accompli, et il resta dans le Temple une seule petite fiole pure scellée du sceau du Grand Prêtre (Chabath 21a). Pourquoi n’en est-il pas resté deux ou trois, dont la petite quantité d’huile aurait suffi à allumer la ménorah pendant huit jours? C’eût été également un miracle...

C’est que la fiole fait allusion à l’unicité du Créateur, qui bénit abondamment à partir d’un seul. Le Saint, béni soit-Il, voulait faire comprendre aux Juifs qu’en se dévouant corps et âme pour ne pas se laisser souiller par les Grecs, ils revêtiront l’aspect de Pin’has, fils d’Elazar, fils du grand prêtre Aharon qui «s’est montré jaloux de ma cause au milieu d’eux» (Nombres 25:11). De nombreux miracles ont alors été accomplis en sa faveur (Tan’houma, Balak 21), parce qu’il a voulu annuler la sentence rigoureuse prononcée contre les enfants d’Israël.

En outre la fiole fait allusion à l’union qui règne entre les Juifs, et permet l’accomplissement de miracles. La Providence Divine ne demeure au sein des Juifs que s’ils sont unis; d’un même cœur (âme) comme un seul (corps). C’est pourquoi le miracle s’est fait sur une seule fiole.

Dieu KaPhaH sur eux la montagne pour leur montrer la valeur de l’union; les lettres de KePhYaH pouvant se transformer en PaKh YaH: en d’autres termes, l’Eternel (YaH) a uni les enfants d’Israël en une seule PaKh (fiole) qui, comme on l’a vu plus haut, fait allusion au corps. Il leur a montré comment le Satan, qui fait allusion à la montagne, ressemble à un tonneau qui n’a aucune issue, d’où on ne peut fuir nulle part. «Si vous recevez Ma Torah comme un seul homme, d’un même cœur, leur dit-il, vous serez heureux. Sinon cette montagne deviendra pour vous une tombe: vous ne pourrez pas vous échapper du mauvais penchant (la montagne) qui cohabite avec vous.»

Nous voyons ainsi la valeur de l’union aux yeux du Saint, béni soit-Il. Avant la création du monde, les enfants d’Israël constituaient une entité homogène (Béréchith Rabah 1:5), et dans ce monde aussi, Dieu souhaite vivement que l’entente règne... Ainsi Hillel déclara à un futur prosélyte: «Ne fais pas ce que tu hais qu’on te fasse» (Chabath 31a) et Rabbi Akiva d’ajouter: «Aime ton prochain comme toi même» est une règle (KLaL) fondamentale de la Torah» (Yérouchalmi Nédarim 9:4). Ce n’est que de cette façon que l’on peut acquérir la Torah. Le commandement divin: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même» comprend (KoLeL) la Torah dans son intégralité, et celui qui s’écarte de ce commandement met en danger tout le Peuple d’Israël. L’Eternel a renversé la montagne comme un tonneau sur les enfants d’Israël pour les effrayer et les dissuader de quitter le KLaL, l’entité du peuple.

La Guémara (Kidouchine 81a) cite à cet effet le cas de Rabbi Akiba et Rabbi Méir que le mauvais penchant voulait pousser au péché. Dieu réprimanda cependant le Satan qui s’éloigna d’eux. Mais Rabbi Yo’hanan qui fut Grand Prêtre pendant quatre-vingts ans, devint Saducéen à la fin de sa vie (Bérakhoth 29a;

Tan’houma, Béchala’h 3), et Elicha’, fils d’Avouya, un des grands Tanaïm, se pervertit (’Haguigah 14b). Cela nous montre comment le mauvais penchant s’acharne dans ses incitations au péché. Seule l’entente permet de vaincre le mauvais penchant, et rapproche du Saint, béni soit-Il. Puisse l’Eternel nous aider à nous aimer les uns les autres! Amen!

 

 

La bataille d’Amalek: élimination de l’orgueil et des forces étrangères
TABLE DE MATIERE
Les miracles de Dieu et la foi dans les Tsadikim dissipent tous les doutes

 

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