La modestie engendre l’union

La Torah nous prescrit: «Trois fois par année, tous les mâles d’entre vous se présenteront devant l’Eternel, ton Dieu... à la fête des matsoth...» (Deutéronome 16:16). Les matsoth nous rappellent le pain de l’indigence que mangèrent nos ancêtres en Egypte, symbole de l’humilité, vertu qui aide à nous unir à notre prochain, et nous rapprochent de Dieu, comme il est écrit: «Celui qui est aimé des hommes est aussi aimé de Dieu» (Avoth 3:13).

Nos Sages enseignent d’une part que, pendant le règne du Roi Chaoul, les guerres engendrèrent de nombreuses victimes, en dépit du fait que sa génération était intègre; ils l’expliquent par le fait qu’ils médisaient tous les uns des autres (Dévarim Rabah 5:10). D’autre part, ils enseignent que pendant le règne de A’hav, les enfants d’Israël, qui adoraient des idoles, ne faisaient que remporter des victoires contre leurs ennemis, parce qu’ils ne médisaient pas les uns des autres (Yérouchalmi, Péah 1:1; Vayikra Rabah 26:2). Nous voyons ainsi, combien l’union, l’entente servent les enfants d’Israël. Commentant à cet effet le verset: «Ephraïm est attaché aux idoles: laisse-le» (Osée 4:17), le Midrach (Béréchith Rabah 38:6; Yalkout Chimoni, Osée 520) explique que lorsque l’entente règne entre les Juifs, aucune nation ne peut les vaincre, même s’ils adorent des idoles... Le pèlerinage à Jérusalem, «bâtie comme une ville d’une harmonieuse unité» (Psaumes 122:3); qui unit toutes les parties du peuple d’Israël et fait régner l’amitié entre eux (Yérouchalmi, ‘Haguigah 3:6), qui met leur cœur à l’unisson (Mékhilta, Yithro 19), engendre donc l’union.

En sortant d’Egypte, les enfants d’Israël commencèrent les préparatifs de la première fête qu’ils devaient célébrer, Chavou’oth. C’est cette préparation qui leur servit pour toute l’année et pour toutes les fois où ils devaient tout au long des générations monter à Jérusalem pour pèleriner. Ils étaient ainsi prêts à l’unanimité à recevoir la Torah. Le verset: «Israël campa en face de la montagne» (Exode 19:2), «campa  au singulier  comme un seul homme, d’un seul cœur» dénote la soumission, l’obéissance, grâce auxquelles on se lie d’amitié avec son prochain, on se rattache à l’Eternel par l’accomplissement de ses mitsvoth et accède à la Torah.

Plusieurs sources de la Torah indiquent le lien entre l’union et l’humilité.

Avant de leur donner la Torah, l’Eternel avertit les enfants d’Israël d’être garants l’un de l’autre (Sanhédrine 27b; Chavou’oth 39a; Chémoth Rabah 27:8). Car si l’un ne prend pas soin de l’autre, et ne fait pas attention à ce qui lui manque et le hait, il souille la Torah et ne mérite pas de la recevoir [car chaque lettre de la Torah est en rapport direct avec une âme d’Israël]. Les préceptes divins accomplis par l’un, s’associent à ceux accomplis par l’autre: Tout se passe alors comme si tous les enfants d’Israël avaient accompli toutes les mitsvoth... C’est d’ailleurs pourquoi on dit avant l’accomplissement de toute mitsvah: «Avec une union totale, au nom de tout Israël.»

Quand l’entente règne entre les Juifs, zéh bazéh (dont la valeur numérique, 26, correspond à celle de Dieu) l’Eternel se joint à eux par leur âme, qui fait partie de la Divinité (Zohar III, 29b). Seul l’homme modeste peut être garant de son prochain, l’honorer et l’estimer. On peut en donner ainsi la preuve: les premières lettres de Kol Israël ‘Arévim, plus toutes celles de ZéH BaZéH, ont la même valeur numérique (131) que ’anavah (la modestie) [vertu qui peut contrer le Satan (SaMaKeL = 131).]

Au verset: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Lévitique 19:18), le grand Tana, Rabbi Akiva, a ajouté: «Ceci est un grand principe de la Torah, zéh KLaL gadol baTorah (Yérouchalmi, Nédarim 9:4; Torath Cohanim id. 19:45). Il aurait dû normalement dire: davar gadol, c’est une grande chose. Cependant si on aime son prochain comme soi-même, on fait partie du KLaL Israël; on accomplit en même temps qu’eux toutes les mitsvoth. Le commandement: «Tu aimeras ton prochain» KoLeL, inclut la Torah dans son intégralité, et celui qui s’en abstient s’écarte du Peuple Juif, à Dieu ne plaise.

Rappelons à cet effet le récit du non-Juif qui se présenta devant Chamaï et lui demanda de le convertir à condition qu’il lui apprenne toute la Torah sur un seul pied! Chamaï le repoussa. Il se présenta à Hillel, qui lui dit: «Ne fais pas à ton prochain ce que toi tu hais (qu’on te fasse), lui expliqua-t-il, voilà toute la Torah»; le reste n’est que commentaire. Va et apprends» (Chabath 31a). L’étranger voulait sans doute connaître la mitsvah sur laquelle sont édifiées toutes les autres, comme le pied qui soutient tout le corps.

Reste à savoir pourquoi Chamaï a repoussé le non-Juif. Chamaï connaissait aussi ce principe fondamental, mais il savait que cet étranger, qui ne voulait apprendre qu’une seule mitsvah de la Torah, était un grand ignorant, incapable de comprendre que l’essence de la Torah, c’est d’aimer son prochain comme soi-même, de veiller à ses lacunes et de sauver sa vie comme s’il s’agissait de la sienne. Car seule l’étude assidue de la Torah permet d’éliminer les mauvais traits, et d’accéder à l’amour sincère de son prochain.

Hillel ne le repoussa pas, car il savait que le principe négatif qu’il lui prescrivit, peut être compris même par un non-Juif. S’il en fait un principe de base dans sa vie, il parviendra à aimer son prochain, en faisant preuve d’humilité. Il lui apprit cela sur UN réguel, un pied  allusion au règuel, au trois fêtes où les Juifs devaient monter à Jérusalem dans l’unité.

Le Midrach (Yérouchalmi, ‘Haguigah 1:7) enseigne: «Le Saint, béni soit-Il, dit: «J’aurais préféré que les enfants d’Israël M’oublient, plutôt qu’ils oublient Ma Torah, dont la lumière remet l’homme sur le droit chemin.» La destruction de Jérusalem et du saint Temple a été engendrée par la haine gratuite (Yoma 9b), la négligence de l’étude de la Torah et de son principe fondamental: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.»

Comme nous l’avons vu plus haut, si les soldats d’A’hav remportaient des victoires en dépit du fait que toute sa génération adorait des idoles, c’est essentiellement parce que, par sa modestie, A’hav honorait la Torah (cf. Sanhédrine 102b). L’humilité conduit à l’union et à l’étude de la Torah.

 

Les soixante-dix facettes de la Torah
TABLE DE MATIERE
Ne crois pas en toi-même...

 

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