La Torah, âme d’Israël

Le Yalkout Chimoni, (Deutéronome 951), revient sur l’enseignement de notre dernier exposé, et nous incite à nous poser un certain nombre de questions:

1) Les nations ont assisté à tous les miracles que Dieu accomplit en faveur des enfants d’Israël; quand, par exemple, la Mer Rouge se scinda en deux, toutes les eaux de la terre se divisèrent aussi. Ainsi un non-Juif qui buvait de l’eau dans un verre, voyait l’eau qui était fendue en deux (Yalkout Chimoni, Exode 234). Elles ont également entendu parler de la manne. Les cerfs buvaient la nourriture céleste qui avait fondu, et les non-Juifs en consommaient la chair, et en appréciaient le goût exquis (Mekhilta, Béchala’h 16:21). Ils ont également entendu parler de la bataille d’Amalek et de la victoire des enfants d’Israël, malgré leur manque d’expérience dans l’art de la guerre... Comment alors, dans ces circonstances, les nations ne se sont-elles pas jointes à eux dans le désert, et ont-elles refusé d’accepter ne serait-ce qu’une seule mitsvah de la Torah: «Tu ne voleras point» ou «Tu ne tueras point.»..

2) Comment se fait-il que les nations n’aient pas eu peur de voir le monde détruit sans la Torah, comme il est écrit: «S’il n’y avait pas Mon Alliance (la Torah), je n’aurais pas établi ni le jour et la nuit, ni les lois des cieux et de la terre...» (Jérémie 33:25). Sans la Torah les cieux et la terre n’auraient pas subsisté (Pessa’him 68b; Nédarim 32a).

3) Pourquoi Dieu dit-Il aux enfants d’Israël: «Si vous n’acceptez pas la Torah, la montagne vous servira de sépulture»? Nous savons que déjà en Egypte ils avaient commencé à accomplir des mitsvoth, comme le Chabath, la circoncision, les téfiline (voir Chémoth Rabah 1:32). Ils savaient qu’à leur sortie d’Egypte ils passeraient par le Mont ‘Horev pour recevoir la Torah. Ils s’y préparaient fébrilement, dans la pureté et la sainteté, en se sanctifiant quotidiennement et se détachant chaque jour davantage des quarante-neuf degrés d’impureté, ils finirent par proclamer: «Nous ferons, puis nous comprendrons.»

C’est que les nations ont bien vu les miracles accomplis par Dieu en faveur des enfants d’Israël, elles comprirent qu’il n’y a qu’un seul Dieu, mais pour plusieurs raisons, elles ne pouvaient pas négliger ce monde-ci pour le monde futur.

1) Dieu ne voit pas d’un bon œil la téchouvah des mécréants qui font du mal aux Juifs. Comme dans le cas de Pharaon, Il endurcit leur cœur pour les faire disparaître de ce monde (Tan’houma, Béchala’h 7). «C’est dommage de perdre même ce monde», se dirent alors les nations.

2) Par essence, les nations ne croient pas en Dieu. «Qu’y-a-t-il écrit?» Lui demandèrent-elles. «Tu ne tueras point, tu ne voleras point, etc.» leur répondit l’Eternel. Comme nous le savons, elles rejetèrent la proposition divine... Car si elles avaient cru en Lui, elles n’auraient pas agi comme leur ancêtre Esaü qui vivait de son épée (Genèse 27:40), livra le monde futur à son frère Jacob, et préféra ce monde-ci (Tana débé Elyahou Zouta 19).

3) Les nations ne craignirent pas que le monde soit détruit, car elles comptaient sur le mérite des enfants d’Israël qui étaient destinés à recevoir la Torah. Elles savaient qu’ils se conduiraient comme leurs ancêtres et comme Jacob, ils recevraient le monde futur.

4) On peut dire surtout que les nations savaient bien que la sortie des enfants d’Israël d’Egypte ne visait essentiellement que la Réception de la Torah, et que l’âme des enfants d’Israël est liée à la Couronne Céleste et à la Torah. Car les enfants d’Israël mettaient déjà les téfiline en Egypte, et les téfiline font allusion au lien exclusif entre eux et le Saint, béni soit-Il: Les lettres de Béréchith peuvent se lire achré bath. Qu’est-ce que bath? Beth (deux) téfiline: ceux de la main et de la tête. C’est ce lien qui fait subsister le monde. Car, comme l’enseigne le Talmud (Roch Hachanah 17a): celui qui ne met pas les téfiline agit comme s’il renie l’existence de Dieu et transgresse huit préceptes (Ména’hoth 44).

Quant aux nations, qui ne sont animées que de la partie bestiale de l’âme, elles n’ont absolument aucun lien avec la Torah et les téfiline. Commentant le verset: «Tous les peuples verront que le nom de l’Eternel est appelé sur toi, et ils te craindront» (Deutéronome 28:10). Le Talmud (Bérakhoth 6a) explique que cette crainte provient des téfiline de la tête. Dépourvues de tout rapport avec les téfiline et l’âme, les nations n’ont aucun lien avec la Torah; c’est pourquoi elles ne l’ont pas reçue.

«Salomon avait une vigne kérem, à Ba’al Hamon; il donna la vigne à des gardiens. A toi Salomon, les mille pièces d’argent, plus deux cents pour ceux qui en gardent les fruits» (lanoterim eth piriyo) (Cantique des Cantiques 8:11-12). Kérem, c’est l’âme (qui est avec le Trône Céleste); Hayah liChlomo, elle appartient au Saint, béni soit-Il, au Roi à qui appartient le chalom  la paix (Chir Hachirim Rabah ad. loc.) et tout l’univers. A Ba’al Hamon, c’est le Trône Céleste qui régit le monde entier; il donne le kérem, c’est-à-dire anime d’une âme ceux qui en gardent les fruits, lanoterim eth piryo, c’est-à-dire à ceux qui observent la Torah et les mitsvoth, les Tsadikim (Chir Hachirim Rabah, id.). Par conséquent, tout cela n’a été donné qu’à Israël et rien n’a été donné aux nations.

«Elle est un arbre de vie pour ceux qui la renforcent, et ceux qui la supportent sont heureux» (Proverbes 3:18). L’arbre de vie c’est l’âme, et ceux qui la supportent et l’entretiennent par des mitsvoth et l’étude de la Torah connaissent le bonheur, et leur vie est pleine de signification dans ce monde-ci comme dans le monde futur.

Si on agit ainsi, «des torrents d’eau ne sauraient éteindre l’amour» (Cantique des Cantiques 8:7). L’eau, c’est la Torah, comme le cite le Talmud (Bava Kama 17a; Tana débé Elyahou Rabah 2:18): même des torrents d’eau ne peuvent pas éteindre l’amour entre les enfants d’Israël et le Saint, béni soit-Il. Au contraire, l’amour ne fait qu’augmenter. Une petite quantité d’eau, l’étude superficielle de la Torah, éteint en revanche cet amour. Le Midrach (Chir Hachirim Rabah, id.) explique que «les torrents d’eau», ce sont les nations. La Torah ne leur appartient pas du tout, car elle constitue l’âme du Juif, et les peuples n’ont aucun rapport avec elle et ne peuvent éteindre l’amour qui existe entre Dieu et Israël.

Dieu dut imposer la Torah aux enfants d’Israël, de peur qu’ils ne fussent influencés par le refus des nations de la recevoir. Dieu voulait montrer que, lorsque les peuples pèchent, le monde peut continuer à subsister, mais quand le Peuple Juif faute, le monde est susceptible d’être détruit. Et si le châtiment des nations n’a lieu qu’en enfer, les péchés commis par les Juifs engendrent une punition du monde entier, ici-bas!

Dieu ne voulait pas non plus que les enfants d’Israël reviennent sur leur proclamation: «Nous ferons, puis nous comprendrons.» Il voulait montrer au monde entier que «ce peuple, il vit solitaire, il ne se confond point avec les nations» (Nombres 23:9). Si les nations ne reçoivent pas immédiatement leur châtiment, c’est qu’elles n’ont aucun rapport avec la Torah et Dieu. L’Eternel fait preuve de longanimité à leur égard pour les châtier dans le monde futur (Vayikra Rabah 27a), tandis que les rapports entre les enfants d’Israël, la Torah, et Dieu sont indissolubles.

Quand Moïse a dit à l’Eternel: «Le peuple ne saurait monter... puisque Tu nous as avertis par ces paroles» (Exode 19:23). L’Eternel lui dit de nouveau: «Descends... puis tu remonteras accompagné d’Aharon» (id. 24). Il les a avertis pour qu’ils sachent que, même s’il n’existe pas entre eux des dissensions sur le partage du monde, telles qu’elles existaient entre Jacob et Esaü, ils doivent avoir un lien constant avec l’Eternel et Sa Torah.

 

«Aujourd’hui, si vous écoutez Sa voix»
TABLE DE MATIERE
«Nous ferons, puis nous comprendrons» -- Torah et repentir

 

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