«Qu’ils M’apportent une offrande pour Moi»... mais pas dans le but de recevoir une récompense

Parlant du verset précité (Exode 25:2), l’auteur de Isma’h Moché (p. 36) se demande pourquoi l’offrande donnée par les enfants d’Israël porte le nom de téroumah. Proposons-nous ici d’approfondir la signification de ce concept:

1) Pourquoi le Saint, béni soit-Il, a-t-Il révélé les secrets de la Création aux enfants d’Israël? Pourquoi leur a-t-Il donné la Torah qu’Il gardait si jalousement dans les cieux (974 générations avant la création, Chabath 88b), et dont Il «faisait tous les jours des délices» (Proverbes 8:30; cf. Béréchith Rabah 1:1)?

2) Pourquoi Dieu ne s’est-Il pas contenté de nous donner un certain nombre de mitsvoth destinées à nous édifier? Un nombre restreint de préceptes divins n’aurait-il pas suffi à reconnaître la grandeur du Saint, béni soit-Il? Pourquoi 613 commandements? L’accomplissement de mitsvoth déterminées n’aurait-il pas suffi à leur faire mériter une récompense dans le monde futur? Quel intérêt ont-ils à savoir ce qui se passe dans les mondes supérieurs et inférieurs? Les secrets profonds de la Torah présentent-ils vraiment un intérêt pour les enfants d’Israël?

3) Nous savons que l’accomplissement de mitsvoth par les Juifs plaît à l’Eternel. On peut en fait se demander: quel plaisir Dieu tire-t-Il de nos mitsvoth, même quand elles sont accomplies à la perfection? C’est au contraire l’homme qui doit éprouver du plaisir en se conformant à la volonté de son Maître. L’accomplissement de mitsvoth lui allonge la vie, et le capital vie lui est réservé dans le monde futur (Péah 1:1). Dieu manifeste donc sa grâce à l’homme en lui donnant l’occasion de remplir sa vie de mitsvoth et bonnes actions. C’est l’homme qui doit par conséquent éprouver du plaisir en les accomplissant.

C’est ce qu’Antigone de Sokho, disciple de Chimon le Juste, disait: «Ne soyez pas comme des serviteurs qui servent leur maître afin de recevoir un salaire, mais soyez comme des serviteurs qui servent leur maître sans aucune rémunération...» (Avoth 1:3). Contrairement au serviteur, le Juif libre sert Son Créateur parce qu’il L’aime, et qu’il trouve plaisir à se conformer à Sa volonté! Dieu prend plaisir à voir qu’on se dévoue à Lui, qu’on Le sert sans s’attendre à la moindre rémunération... Même s’il subit des souffrances, il ne se révolte pas contre Lui, car il sait que «celui qui aime bien, châtie bien» (cf. Bérakhoth 5a); «il plaît à l’Eternel de briser le Juif par la souffrance» (Isaïe 53:10).

L’offrande (téroumah) élève l’homme comme nous l’avons vu plus haut. La TéROUMaH (TORaH Mem) constitue la Torah qui a été donnée en quarante (mem) jours (Ba’al HaTourim, Ména’hoth 99b). La Torah élève l’homme du mauvais penchant (Avoth 6:2; Bamidbar Rabah 10:21), et lui permet de servir Dieu sans attendre la moindre rémunération. Le verset stipule donc véyik’hou li (littéralement: ils prendront pour moi), pour Me faire plaisir. Grâce à la Torah, l’homme sanctifie ses trois cent soixante-cinq tendons et deux cent quarante-huit membres, qui correspondent aux six cent-treize ordonnances divines... (cf. Makoth 23b). Si l’Eternel n’avait donné qu’un nombre restreint de mitsvoth, seule une partie du corps de l’homme aurait été sanctifiée.

En outre, comme on le sait, l’homme a été créé le sixième jour — pour trouver le tout prêt pour Chabath (Sanhédrine 38a). Et pour comprendre ce qui se passe autour de lui, il a besoin de connaître la Torah qui a été conçue par le Saint, béni soit Il, avant même la création de l’Univers (cf. Chabath 88b; Pessa’him 54a). L’homme ne peut donc subsister sans les six cent-treize mitsvoth qui sont rattachées à son corps et son âme, car, on l’a vu (Béréchith Rabah 1:8), l’Eternel a conçu la création du Peuple d’Israël et la Torah avant celle de l’Univers. Il n’a créé le monde que pour la Torah «première de ses oeuvres» (Proverbes 8:22) et Israël «prémices» de son oeuvre (Jérémie 2:3).

Israël et la Torah constituent donc le même concept. Les Juifs sont garants les uns des autres «zéh bazéh» (Chavou’oth 39a; Torath Cohanim, Bé’houkotaï 26:37), liés à la Torah, et l’Eternel se trouve parmi eux. Comme on l’a vu, zéh bazéh a la même valeur numérique (26) que le Nom de Dieu. Dieu a donc donné TOUTE la Torah aux enfants d’Israël pour qu’ils s’en sanctifient et s’engagent dans son étude, tout comme ils l’avaient fait avant la création du monde, tant qu’ils n’étaient liés qu’à la pensée de Dieu.

Par conséquent, s’ils avaient fait précéder na’asséh de nichma’, c’est qu’ils connaissaient déjà la Torah avant leur venue dans ce monde. Comme ils désiraient triompher du mauvais penchant, ils dirent: «Nous ferons, puis nous comprendrons...» toute la Torah, pour faire plaisir à notre Créateur. Rachi écrit donc: Ils apporteront une offrande «pour Moi, pour Mon nom», car l’homme doit s’engager dans l’étude de la Torah sans s’attendre à la moindre rémunération. La téroumah contribue à léromem élever l’homme, et la Torah lui permet de servir l’Eternel pour l’amour exclusif de Son Nom.

Pourquoi donc le verset stipule-t-il «véyik’hou li» (littéralement: ils pendront pour Moi) et non «véyitnou li (ils Me donneront)? Parce que Dieu demande à l’homme de «prendre» les mitsvoth et de les accomplir pour l’amour exclusif de Dieu, sans s’attendre à la moindre rémunération. La Torah qu’il étudie assidûment trouvera grâce à ses yeux. L’homme peine quelque part, et sa Torah peine autre part (Sanhédrine 99b) pour lui. Il en viendra à l’étudier lichmah (littéralement: pour Son Nom), sans viser aucun intérêt personnel.

«Voici ce que vous recevrez d’eux en offrande.» En d’autres termes, les mitsvoth qu’on accomplit avec beaucoup de dévouement, sanctifient l’homme et trouvent grâce aux yeux de l’Eternel.

Dieu a révélé les secrets de la Création aux enfants d’Israël, parce que, on l’a vu, la Création dépend essentiellement de la Torah, comme il est écrit: «S’il n’y avait pas Mon alliance (la Torah) Je n’aurais pas créé le jour et la nuit et les lois des cieux et de la terre» (Jérémie 33:25); ainsi le monde ne peut subsister sans la Torah (Pessa’him 68b). Seuls les enfants d’Israël peuvent faire subsister le monde par leur étude assidue de la Torah et le lien qu’ils établissent entre les mondes [supérieurs et inférieurs]. L’Eternel partagera alors le plaisir qu’ils trouvent à l’étude de Sa loi.

 

«Qu’ils m’apportent [personnellement] une offrande»
TABLE DE MATIERE
«Tout provient de Toi»

 

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