Les vertus du sanctuaire

Entendant le verset: «Et ils me construiront un sanctuaire pour que Je réside au milieu d’eux» (Exode 25:8), le Midrach enseigne (Bamidbar Rabah 12:3; Tan’houma, Ki Tissa 10; Pessikta Rabah 16:8). Moïse dit tout ébahi au Saint, béni soit-Il: «Maître de l’Univers, n’est-il pas écrit: «Le ciel et toute la terre ne sauraient Te contenir» (Rois I, 8:27). Pourquoi alors m’ordonnes-Tu: «Et ils me construiront un sanctuaire pour que Je réside au milieu d’eux.» «Ce n’est pas ce que tu penses, répondit l’Eternel, Je Me contracte ici bas dans ce monde, dans les vingt madriers qui font face au Nord; les vingt qui font face au Sud, et les huit de l’Ouest, comme il est écrit: «C’est là que Je Me rencontrerai avec toi... Je te donnerai tous Mes ordres pour les enfants d’Israël» (Exode 25:22).

Ce Midrach soulève de nombreuses questions. Nous en avons d’ores et déjà éclairé un certain nombre, mais comme la Torah possède soixante-dix facettes, essayons de suggérer quelques idées nouvelles à ce sujet:

1) On peut dire que le Saint, béni soit-Il, n’a pas répondu directement à la question posée par Moïse. Qu’a-t-Il besoin de madriers? C’est du sanctuaire qu’il veut lui parler; nous savons que la terre est emplie de Sa gloire et que «partout où Je rappellerai Mon nom, Je viendrai à toi et Je te bénirai» (Exode 20:21).

2) L’Eternel exprime-t-Il le désir de cohabiter avec nous dans ce bas monde? Il peut se rapprocher et se délecter de nous là où Il désire: Mais pourquoi précisément entre les quarante-huit madriers du sanctuaire? Quelles intentions se cachent derrière ce chiffre?

3) Que signifie exactement la réponse du Saint, béni soit-Il, à Moïse: «Ce n’est pas ce que tu penses.» A quoi pensait Moïse?

C’est que de tout temps, poussé par le mauvais penchant, «levain de la pâte» (Bérakhoth 17a), l’homme a irrité Dieu... Par conséquent, sans une présence ressentie de Dieu, nous sommes enclins à Le servir avec peu d’enthousiasme. Dieu ne se révélera certainement pas matériellement à Son monde, car «Il n’a ni corps, ni semblant de corps» (Rambam: Hilkhoth Yessodoth HaTorah, 1:7), mais Sa Providence raffermira nos genoux vacillants! Comment la Chékhinah résidera-t-elle dans ce bas monde? En Lui construisant un Temple/Sanctuaire, les enfants d’Israël seront imprégnés de la sainteté du lieu... Il est vrai qu’il n’est pas d’espace dans le monde où Il ne réside pas (Chémoth Rabah 2:9; Bamidbar Rabah 12:4), mais la construction du sanctuaire permettra aux enfants d’Israël de s’attacher à leur Créateur, de repousser le mauvais penchant, et de suivre la lumière de Sa face.

Nos Sages enseignent que le jour même où le Sanctuaire a été érigé, une offrande y a été faite (Yérouchalmi, Chéqualim 1:1). En d’autres termes, la Chékhinah ayant commencé à y résider, les enfants d’Israël ont tout de suite commencé à ressentir la sainteté du lieu, et à s’engager dans l’étude de la Torah, qui porte le nom de Téroumah (Torah Mem (40) qui a été donnée après quarante jours; voir Ména’hoth 99b) car elle élève (méromem) l’homme. Eclairés par la lumière de la Torah; imprégnés par la sainteté, ils acquirent toute les vertus, (les quarante-huit vertus par lesquelles on acquiert la Torah), en particulier l’humilité dont nos Sages chantent tant les éloges: la Torah de celui qui se laisse piétiner comme la poussière, subsiste à jamais (’Irouvine 54a); la Torah ne subsiste que chez celui qui fait preuve de modestie (Ta’anith 7a); elle fuit les impudents (Tan’houma, Ki Tavo 3).

L’Eternel dit aux enfants d’Israël: «Il est vrai que Je n’ai pas besoin d’une résidence dans le bas monde, car Ma gloire emplit tout l’univers, cependant, Je fais résider Ma Chékhinah dans le Sanctuaire pour vous aider à vous attacher (KéCHeR = lien, attache) à Moi et à Me servir afin que vous triomphiez du mauvais penchant qui veut vous faire fauter» (Chabath 108b) et qui vous ment (CHéKeR, les mêmes lettres que KéCHeR, lien ou KéReCH, les madriers)... Quant aux quarante-huit kérachim (madriers), ils correspondent, comme on l’a vu, aux quarante-huit vertus par lesquelles s’acquiert la Torah... Animés par une grande modestie, les enfants d’Israël pourront s’édifier et Me servir de leur mieux et mériter la Présence Divine. J’ai contracté Ma Chékhinah dans ce bas monde, pour leur permettre d’anéantir la kélipah du mauvais penchant, et se vouer exclusivement à Mon service...

Commentant l’enseignement du Midrach (Tan’houma, Kédochim 10), selon lequel le Temple constitue le cur du monde, le Maharal de Prague explique que, tout comme le cur revivifie tous les membres du corps, le Temple constitue le canal qui transmet au monde entier l’abondance matérielle et spirituelle, la pureté et la sainteté.

Mais maintenant que le Temple a été détruit, la Chékhinah trouve son repos dans les Yéchivoth et synagogues. Nous recevons le même chéfa’ qui descendait au monde avant la destruction du Saint Temple, du fait que la Chékhinah est descendue en exil avec nous... «Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob, tes demeures, ô Israël!» (Nombres 24:5): il s’agit, explique le Talmud (Sanhédrine 105b) des lieux de culte où se trouvent dix fidèles (id. 39a)... Qu’il est donc sévère le châtiment de tout celui qui néglige l’étude de la Torah et éloigne de la sorte la Providence Divine!

Le Talmud (Bava Metsia 59b) rapporte la discussion entre Rabbi Eliézer et les Sages, au sujet du four de Akhnaï, à l’issue de laquelle Rabbi Eliézer dit: «Que les murs du Temple tranchent entre nous.» Rabbi Yéhochoua’ les réprimanda. Rabbi Eliézer ne visait naturellement pas les murs de la maison d’Etude, mais la Providence Divine qui y règne... Ce n’est que par la suite qu’il prit à témoin le Ciel, c’est-à-dire la voix divine (cf. Maharcha, ad. loc.)... Ce récit nous montre combien il faut veiller à la sainteté d’un lieu de culte.

Comme nous l’avons vu, avant de descendre en Egypte, notre patriarche Jacob «avait envoyé Juda en avant, vers Joseph, pour qu’il lui préparât l’entrée de Gochem» (Genèse 46:28). Le Midrach (Béréchith Rabah 95:2) explique qu’il l’avait chargé de fonder une Yéchivah. Jacob avait compris que ce n’est qu’en fondant une maison d’étude de la Torah, que la Chékhinah pouvait résider au sein des enfants d’Israël, et ce n’est qu’en s’engageant dans l’étude de la Torah, qu’ils se libéreraient de la servitude d’Egypte et ne s’assimileraient pas aux Egyptiens.

Grâce à ce lieu de culte, les enfants d’Israël se lièrent au Saint, béni soit-Il. L’enseignement horaah qu’on y dispense, les éclaira, heïra, et y révéla la Chékhinah, aspect de «c’est de Tsion que sort la Torah, et de Jérusalem la parole du Seigneur» (Isaïe 2:3). L’étude de la Torah les aida à servir l’Eternel avec le maximum de ferveur, et à triompher du mauvais penchant.

«Si ce scélérat t’attaque, traîne-le vers la maison d’études» préconisent nos Sages (Soucah 52b; Kidouchine 30b): c’est là que règne la Providence Divine; c’est le lieu idéal pour anéantir le mauvais penchant. Le sanctuaire, michkan, influence tous ceux qui se trouvent à ses côtés, et tout celui qui en entend parler est nimchakh, attiré par lui (MiCHKaN et NiMCHaKh ont les mêmes lettres). Grâce à lui, les enfants d’Israël eurent le privilège de voir la Chékhinah en face, et acquirent la crainte du ciel et un grand nombre de vertus.

 

 

 Le but du sanctuaire, l’élévation des enfants d’Israël
TABLE DE MATIERE
Les bienfaits du sanctuaire

 

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