La puissance des débuts

« Ils prendront pour toi de l’huile d’olive pure concassée pour le luminaire, pour faire monter la lumière perpétuelle. »

Les Sages nous enseignent dans la Michna (Mena’hot 86, 1) : « Il y a trois sortes d’olives, qui donnent trois sortes d’huile. On froisse la première sur l’olivier, on la cueille et on la met dans le panier, c’est la première. Ensuite on presse avec une poutre, c’est la deuxième. Ensuite on la broie, c’est la troisième. La première est pour la menora et les autres offrandes. »

Il y a lieu de demander : quelle est la particularité de la première huile de pression pour qu’elle soit la seule à pouvoir être utilisée pour la menora ?

On peut l’expliquer d’après le Midrach (Chir Hachirim Rabba 5, 2) : « Ouvrez-moi une ouverture de techouva grande comme le chas d’une aiguille, et Je vous ouvrirai des ouvertures où des chars pourront passer. » Rabbi Tan’houma, Rabbi ‘Hounia et Rabbi Abahou disent au nom de Reich Lakich qu’il est écrit (Téhilim 46 11) : « Arrêtez et sachez que Je suis D., etc. », le Saint béni soit-Il a dit à Israël : « Arrêtez vos mauvaises actions et sachez que Je suis votre D. » Rabbi Lévi a dit : « Si les bnei Israël s’étaient repentis même un seul jour, ils auraient été immédiatement sauvés, et le fils de David serait venu immédiatement. Quelle en est la raison ? (Téhilim 98, 7) : « Car Il est notre D. et nous sommes Son troupeau et Son peuple, aujourd’hui si vous écoutez ma voix. » »

Le Saint béni soit-Il ne demande qu’une seule chose, que l’homme commence par le repentir et les bonnes actions. Dès qu’il commence à se repentir, immédiatement le Saint béni soit-Il l’aide à pouvoir résister au mauvais penchant. Les Sages enseignent (Makot 10b) : « Par la voie que l’homme veut suivre on le conduit », et cela ne dépend que du début, ainsi qu’il est écrit (Téhilim 111, 10) : « Le commencement de la sagesse est la crainte de Hachem », et aussi (Devarim 10, 12) : « Et maintenant Israël, qu’est-ce que Hachem ton D. te demande, seulement de craindre. » Quand on a la crainte on a tout, et si l’on n’a pas la crainte on n’a rien, même si le repentir est loin d’être parfait.

On apprend de là combien le début de quelque chose est important. Les premiers Sages ont dit : Jamais la ferveur n’est aussi grande qu’à ses débuts. Quand on commence à s’habituer à quelque chose, on se relâche et on y fait moins attention. Nos Sages ont enseigné à ce propos (Sifri Vaet’hanan 6, 8) : Qu’elles ne soient pas à tes yeux comme une vieille rengaine que personne ne supporte plus, mais comme quelque chose de nouveau que tout le monde recherche, car lorsque les paroles de Torah deviennent vieilles pour quelqu’un, elles perdent leur enthousiasme et il les accomplit par habitude. Elles s’appellent alors (Yéchayah 29, 13) « des mitsvot d’homme, une leçon apprise », et il ne les accomplit pas en y portant son attention. Mais quand elles sont neuves pour quelqu’un, l’enthousiasme revient chaque jour.

L’essentiel de la mitsva et l’essentiel de toute chose dépend de son début, c’est pourquoi seule la première huile était bonne pour la menora, pour insinuer aux bnei Israël que s’ils ouvraient une ouverture grande comme le chas d’une aiguille, D. leur pratiquerait une grande ouverture et leur permettrait de vaincre le mauvais penchant. Et il n’y a pas à se soucier de la fin, car les Sages ont dit dans la Michna (Avot 2, 16) : « Ce n’est pas à toi de finir le travail, mais tu n’es pas libre de le négliger. » Cela signifie que quand on commence quelque chose, D. vient tout de suite vous aider. Que l’homme ne dise pas : Comment puis-je commencer à accomplir la Torah et les mitsvot ? La Torah est si vaste, elle contient des centaines de mitsvot extrêmement graves, des centaines de fautes très sérieuses en dépendent ! Comment pourrais-je faire attention à tout cela ? Pour répondre à ces questions, la Torah a dit que la première huile est nécessaire pour la menora, c’est-à-dire qu’on n’a besoin de rien d’autre que de commencer, et D. vous aide à terminer.

C’est pourquoi la menora était allumée par le cohen, qui restait là jusqu’à ce que la flamme monte d’elle-même (Chabat 21a). En effet, la menora fait allusion à la Torah, ainsi qu’il est dit (Michlei 6, 23) : « Car la mitsva est la lampe et la Torah est la lumière. » Quand l’homme commence à observer une mitsva et l’allume dans son cœur, immédiatement le Saint béni soit-Il l’aide, la flamme monte d’elle-même, et les Sages ont dit (Yoma 38b) : « Celui qui veut se purifier, on l’aide. »

Ils pourraient préserver la paix

La force des premiers moments est considérable dans tous les domaines. De même qu’elle est capitale quand il s’agit des mitsvot, elle est également considérable pour tout le reste. Souvent, il y a une dispute entre plusieurs personnes ou entre un homme et sa femme, mais comme les gens n’arrivent pas à se dominer au début, quand ils voient chez un autre quelque chose de mauvais, ils se fâchent tout de suite et cela dégénère. S’ils se dominaient au premier moment, et réfléchissaient avant de se mettre en colère, ou avant de dire une chose qui mettra entre eux la concurrence et la haine, ils pourraient préserver la paix entre eux.

Le sage a cette grande qualité qu’il « n’a pas peur de répondre » (Avot 5, 7), parce qu’il se donne le temps de réfléchir avant de parler. Nos Maîtres ont dit (Méguila 12b) : « Le sot se précipite en premier. » On sait ce qu’a dit Rabbi Israël Salanter, qu’avant de faire sortir une parole de la bouche, l’homme est maître de ses paroles et il peut les dire ou ne pas les dire, mais une fois qu’il a fait sortir les paroles de sa bouche, il ne peut plus les faire revenir en arrière. Même s’il le regrette, il les a déjà fait sortir de sa bouche et n’y peut plus rien.

C’est pourquoi les Sages ont dit (Vayikra Rabba 36, 4) : Les Cieux et la terre n’ont été créés que par le mérite d’Israël, ainsi qu’il est écrit (Béréchit 1, 1) : « Béréchit bara Elokim », et il n’y a de « réchit » (commencement) qu’Israël. Et aussi (Séder Rabba DeBéréchit 5) : Le Saint béni soit-Il n’a créé le monde que pour trois choses qui sont appelées « réchit », et qui sont : la Torah, Israël et la crainte du Ciel. Quand l’homme commence par la Torah et la crainte du Ciel, qui sont un commencement, il devient digne que le monde soit créé pour lui, et Hachem l’aide.

La Guemara donne un merveilleux exemple (Chabat 31a) : « La crainte du Ciel est son trésor, cela ressemble à un homme qui dit à son envoyé : fais-moi monter une mesure de blé au grenier, et il le fait. Il lui dit : Y as-tu mélangé un conservateur ? Il répond que non. Il lui dit alors : dans ce cas, il aurait mieux valu ne pas le faire monter ! »

 

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