Le Chabath, avant-goût du monde futur

«Celui qui offre un cadeau à son ami, doit le lui faire savoir» enseigne le Talmud (Chabath 10b). C’est ce qu’a fait le Saint, béni soit-Il, quand Il dit à Moïse: «Je possède un bon cadeau dans Ma trésorerie... Transmets toi-même directement cette mitsvah aux enfants d’Israël, ne suis pas la procédure habituelle d’en informer d’abord ton frère Aharon, puis ses enfants, puis les anciens. Ne te sers même pas d’un métourgueman (traducteur ou répétiteur)» (cf. ’Irouvine 54b). C’est pourquoi le verset stipule: «Moïse convoqua toute l’assemblée des enfants d’Israël et leur dit...» (Exode 35:1).

On peut se demander à cet égard: La mitsvah du Chabath est-elle si importante pour que Moïse doive la leur transmettre directement, sans aucun intermédiaire?

C’est qu’on peut dire que Moïse revêtait l’aspect de tabernacle où résidait constamment la Providence Divine (Chémoth Rabah 47:6), comme il est écrit: «Je lui parle bouche à bouche, Je me révèle à lui sans énigmes...» (Nombres 12:8). Seul un homme de l’envergure de Moïse, qui vivait littéralement la sainteté du Chabath, pouvait donc la transmettre aux enfants d’Israël. Et comme le Chabath équivaut à toutes les mitsvoth (Chémoth Rabah 25:16), lorsqu’il leur enseignait la mitsvah du Chabath, il leur apprenait ainsi tous les préceptes divins et toute la Torah... comme nous le lisons dans la Amidah du Chabath matin: «cet héritage glorieux appartient en propre à Moïse qui s’en réjouit: c’est lui qui l’avait transmis au Peuple d’Israël.» Seul un fidèle serviteur de cette envergure, le plus fidèle de toute la maison de Dieu (cf. Nombres 12:7) pouvait être chargé d’une mission aussi sainte, aussi importante.

Cependant, pour s’imprégner de la sainteté du Chabath, délice du monde futur, cette Chékhinah, l’homme doit revêtir l’aspect de sanctuaire. Pour ressentir cette sainteté le Chabath, il doit faire de grands préparatifs tout au long de la semaine.... Il ressentira alors la joie qu’éprouva Moïse sur le Sinaï en recevant la Torah.

L’observance du Chabath procoeure à l’homme la force et la puissance, qui lui permettent de servir Dieu pendant toute la semaine qui le suit. Car, nous l’avons vu (Zohar, Yithro 88a), c’est dans le Chabath que les six jours suivants puisent leur bénédiction. Ces nouvelles forces qu’il a acquises, sanctifieront le Chabath prochain, et lui donneront l’avant-goût du monde futur. Il avancera ainsi avec une force toujours croissante jusqu’à la fin de ses jours.

Il incombe par conséquent à l’homme de s’engager assidûment dans l’étude de la Torah pour ressentir la sainteté du Chabath. Visant à «s’orner la tête d’une brillante auréole» (celle du Chabath, cf. rituel), il doit surmonter tous les obstacles qui se dressent sur son chemin. S’il fait preuve d’endurance et ne tombe pas dans le désespoir, il peut accéder au niveau de fidèle serviteur de Dieu... De nos jours où la situation économique s’est sensiblement améliorée (prime de Chabath, etc...), n’agissons pas comme ces gens qui estiment que ce qui prime, c’est l’accomplissement de toutes les mitsvoth, à part celles concernant le Chabath, où il faut se délasser et se reposer (voire travailler, si besoin est, à Dieu ne plaise)... Seule l’observance stricte du Chabath, sanctifie les jours de la semaine qui le suivent et est en étroite relation avec toutes les autres mitsvoth.

La construction du tabernacle ne repousse donc pas le Chabath car, comme l’enseignent nos Sages (Yébamoth 6a; Yalkout Chimoni, Vayak-hel 408), le Chabath lui-même constitue cette édification, et c’est lui qui contribue à élever spirituellement l’homme qui est lui-même un sanctuaire en miniature. C’est ce que nous avons vu.

«Sentez et voyez que l’Eternel est bon tov, heureux l’homme qui s’abrite (yé’hésséh Bo) en Lui» (Psaumes 34:9), s’exclame David, le doux chantre d’Israël. Celui qui savoure le goût du Chabath parvient à accomplir toutes les mitsvoth et s’engage assidûment dans l’étude de la Torah, qui porte le nom de tov (Bérakhoth 5a). La lumière de la Torah et des préceptes divins conduit à la foi complète en Dieu (cf. verset ci-dessus: «Yé’hésséh Bo»)... Par conséquent, c’est Moïse qui transmit personnellement aux enfants d’Israël la mitsvah du Chabath, parce que c’est elle qui constitue la base de la foi en Dieu, et celle de la Torah et des mitsvoth.

Autre raison: comme nous l’avons vu, la Torah elle-même témoigne de l’humilité de Moïse, comme il est écrit: «Or Moïse était un homme fort humble, plus qu’aucun homme sur la face de la terre» (Nombres 12:3). C’est lui qui accomplit tous les prodiges, sous les yeux de tout Israël (cf. Deutéronome 34:12), c’est-à-dire avec le maximum d’humilité, dans un but entièrement désintéressé... C’est ainsi que nous devons agir au cours de nos préparatifs pour le Chabath: nous devons nous préparer pour ce jour saint avec la plus grande modestie, et non pour montrer à notre prochain et à nos invités nos richesses matérielles (beaux habits, plats plantureux, etc...) et spirituelles. Honorons le Chabath avec modestie, soumettons-nous constamment à Dieu.

Si le Chabath, comme toute la Torah d’ailleurs, nous a été offerte comme cadeau précieux par le Saint, béni soit-Il (Chémoth Rabah 28:1) qui nous montre l’amour qu’Il nous porte, nous sommes tenus de l’honorer vraiment, de porter fièrement aux yeux de tous ce joyau inestimable. Nous trouverons ainsi grâce aux yeux de notre Créateur.

Si nos Sages nous préconisent d’imprégner tout le Chabath de Torah (Tana Débé Elyahou Rabah 1), c’est parce qu’aussi bien la Torah que le Chabath, sont des cadeaux précieux qui nous ont été offerts par le Saint, béni soit-Il... En effet, si on observe ne serait-ce qu’un Chabath, aucune nation ne peut nous porter préjudice, et si on observe deux Chabatoth, on est tout de suite libéré. Si le Temple a été détruit, c’est que les enfants d’Israël ont abandonné la Loi de Dieu, et pour corriger cet état de fait, pour mettre fin à notre exil prolongé, nous devons exhiber ces deux joyaux aux yeux de toutes les nations. Nous serons alors libérés.

Comme nous l’avons vu, si Moïse a transmis personnellement la mitsvah du Chabath aux enfants d’Israël, c’est parce qu’il était le seul homme sur terre à en saisir vraiment l’essence. Moïse «était demeuré sur la montagne quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain et sans boire d’eau» (Deutéronome 9:9); il puisait toute sa vitalité en Dieu (cf. Chémoth Rabah 47:5,7) et a pu savourer le goût du Gan Eden. Le Talmud (Chabath 70a) enseigne que nous apprenons les trente-neuf travaux interdits le Chabath du terme éléh, qui ouvre le verset: «Voici (éléh) les choses...» (Exode 35:1), et dont la guématria est précisément 39 (Il s’agit des préceptes divins du Chabath que Moïse enseigna aux enfants d’Israël)... Par conséquent, celui qui observe le Chabath jouira de tal (39), la rosée vivifiante (Isaïe 26:19) qui ressuscitera les morts à la fin des jours (Chabath 88b). Il pourra accéder au niveau de Moïse, que même l’ange de la mort ne put vaincre — il lui révéla le secret de l’encens (id. 89a) qui ressuscite les morts — et Moïse ne mourut pas d’une mort commune, mais embrassé par le Saint, béni soit-Il (Dévarim Rabah 11:9)... C’est ce qui arrive à tout Tsadik, à tout homme d’Israël dont l’essence même est sainte, et qui est constamment imprégné de la Chékhinah, observe le Chabath et jouit de sa sainteté.

 

 

L’observance stricte du Chabath dans l’effacement et la soumission
TABLE DE MATIERE
La Charité et le Chabath — remède contre la faute du veau d’or

 

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