La Charité et le Chabath — remède contre la faute du veau d’or

«Moïse convoqua toute l’assemblée des enfants d’Israël et leur dit: «Voici les choses que l’Eternel ordonne de faire. On travaillera six jours, mais le septième jour sera pour vous une chose sainte; c’est le Chabath, le jour de repos, consacré à l’Eternel. Celui qui fera quelque ouvrage ce jour-là sera puni de mort. Vous n’allumerez point de feu dans aucune de vos demeures le jour du Chabath» (Exode 35:1-2).

Pour quelle raison, après avoir convoqué l’assemblée des enfants d’Israël, Moïse leur parla-t-il en premier des mitsvoth du Chabath, et pas d’autres commandements? Comme nous l’avons vu, il leur en avait parlé plusieurs fois auparavant... Pourquoi les mentionna-t-il avant celles de la construction du tabernacle, alors que Dieu avait ordonné de construire le tabernacle en premier?

C’est que le péché du veau d’or a affecté l’unicité du Saint, béni soit-Il. En proclamant: «Voici tes dieux, ô Israël», les enfants d’Israël ont montré qu’ils croyaient en plusieurs divinités, et ont même renié toute la Torah. A cet effet, commentant le verset: «Si vous vous trompez en n’observant pas tous ces commandements» (Nombres 15:22), le Talmud (Nédarim 25a, Horayoth 8a) explique que celui qui renie l’idolâtrie, reconnaît toute la Torah, et celui qui reconnaît l’idolâtrie, agit comme s’il reniait toute la Torah.

Moïse convoqua toute l’assemblée des enfants d’Israël pour les abriter tous sous les ailes de la Providence Divine et pour leur faire retrouver la foi qu’ils avaient perdue lors de la faute du veau d’or. Il leur prescrivit immédiatement l’observance du Chabath, qui a été bénie par Dieu, comme il est écrit: «Dieu bénit le septième jour et le proclama saint» (Genèse 2:3), et qui constitue la base même de la foi... Car, nous l’avons vu, celui qui observe strictement le Chabath, se voit expier ses fautes, même s’il a adoré des idoles, comme pour la génération de ‘Hanokh.

Le Chabath équivalant à toutes les mitsvoth (Yérouchalmi Bérakhoth 1:5; Chémoth Rabah 25:16; Zohar II, 89a), son observance corrige le péché d’idolâtrie (’avodah zarah; littéralement: travail étranger) car tout travail est interdit le jour du Chabath.

Moïse fit comprendre aux enfants d’Israël que la construction du tabernacle et du sanctuaire, les élèverait, ferait d’eux un temple en miniature, et les imprégnerait de la Chékhinah. Il leur expliqua que TéRouMaH, l’offrande qu’ils avaient faite, corrigerait leur reniement de la TORaH Mem (40) qui leur avait été donnée au bout de quarante jours (Ména’hoth 99b).

Comme nous l’avons vu (Zohar I, 52b), le mauvais penchant  la souillure du serpent — les avait abandonnés lors du don de la Torah, et s’était réintroduit chez eux après la faute du veau d’or: Moïse leur expliqua alors, qu’ils ne pouvaient se relever que par la mitsvah de la téroumah, de la charité, comme il est écrit: «la charité élève une nation» (Proverbes 14:34). Seule la tsédakah était en mesure de corriger les étincelles de sainteté, qui avaient été affectées par la souillure du serpent: les offrandes données pour la construction du Temple saint — lieu où réside la Chékhinah — anéantissent la force de la kélipah, et expieront le reniement de toute la Torah, car la charité équivaut à toutes les mitsvoth (Bava Bathra 9a).

La charité qu’on donne, fait donc résider la Providence Divine au sein de toute la collectivité d’Israël et rapproche la Rédemption (voir Tana Débé Elyahou Zouta 1; Bava Bathra 10a), comme il est écrit: «Tsion sera sauvée par la justice, et ceux qui s’y convertiront seront sauvés par la charité» (Isaïe 1:27).

Moïse a également prescrit la mitsvah du Chabath avant celle de la construction <%0>du Tabernacle pour nous faire comprendre que, même si on n’a encore rien gagné, on doit faire la charité. Si la section hebdomadaire Téroumah suit immédiatement les préceptes concernant le Chabath, c’est pour nous inciter à la charité aussitôt après la sortie du Chabath, ou le dimanche matin, sans plus attendre. Chacun donnera ce qu’il pourra, selon les bénédictions que Dieu lui aura accordées (cf. Deutéronome 16:17). «Donne-lui, et que ton coeur ne lui donne point à regret» (id. 15:10).

Après avoir exaucé les prières de ses enfants, et agréé leurs sentiments de reconnaissance, Dieu leur fait subir l’épreuve de l’argent, pour voir si leur amour à Son égard est vraiment désintéressé (voir Avoth 5:19; Tana Débé Elyahou Rabah 28) comme celui de nos Patriarches (id.)... Commentant à cet effet le verset: «Tu aimeras l’Eternel, ton Dieu, de tout ton coeur... et de toute ta force», le Talmud (Yoma 82a; Sanhédrine 74a) précise: «même s’il te ravit tes possessions.»

C’est ce qui arriva lors de la faute du veau d’or. Les enfants d’Israël exploitèrent, à très mauvais escient, les richesses qu’ils avaient acquises. Moïse leur prescrivit donc de prélever sur leurs richesses une offrande pour l’Eternel, les incitant de la sorte à se servir de leur argent et de leur or, pour la construction du Tabernacle et la charité.

Enfin, la faute du veau d’or engendre la souillure de l’Alliance Sainte, la perversion sexuelle (cf. Tan’houma, Ki Tissa 20 sur Exode 35:6). Comme on le sait, celui qui observe strictement le bérith, est inclus dans la sainte assemblée de Dieu. Les trois premières lettres du verset: «Il a englouti les richesses, il les vomira» (Job 20:15), forment le Nom Saint ’HaBO (ne pas prononcer), qui corrige la faute du bérith. Grâce au Vav et Yod de VaYaK-HeL, dont la valeur numérique (16) est similaire au Nom de Dieu, YaH (avec le collel), on rentre dans la catégorie de KaHaL (l’assemblée sainte), et on rectifie l’Alliance.

Moïse expliqua aux enfants d’Israël qu’on peut, par l’observance du Chabath et la charité, corriger le signe de l’Alliance, car le Chabath aussi porte le nom de bérith, comme il est écrit: «Les enfants d’Israël observeront le Chabath, en le célébrant eux et leurs descendants, comme une alliance (bérith) perpétuelle» (Exode 31:16). Le Chabath et la charité équivalent à toutes les mitsvoth (Bava Kama 9a; Yérouchalmi Bérakhoth 1:5), et il en est de même de l’Alliance, comme l’enseignent nos Sages (Nédarim 32a). [Nous avons pu voir à cet effet, l’inscription suivante sur la marge d’une page du traité Nédarim, du Admour de Gour: «Tous les préceptes divins (kol Mitsvoth Hachem) ont la même guématria que bérith (612)]

L’essentiel est de craindre le Ciel: on cherchera ainsi à se corriger constamment, à accéder aux vertus, à réunir (vayak-hel) tous les bons traits.

 

 

Le Chabath, avant-goût du monde futur
TABLE DE MATIERE

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan