L’édification du Tabernacle, correction du péché du veau d’or

On peut se demander pourquoi Moïse a privé les enfants d’Israël du plaisir suprême de l’aider à la construction du Tabernacle, qui était très harassante, même pour un Tsadik de son envergure. Lequel d’entre eux aurait refusé de participer à cette uvre sainte?

Le Talmud (Yérouchalmi, Chékalim 1:1) enseigne en outre, que les offrandes pour les sacrifices commencèrent le jour même où la construction du Tabernacle fut achevée. Les enfants d’Israël n’auraient-ils pas pu les offrir avant? Pourquoi précisément le jour même?

C’est que, nous l’avons vu, Dieu veut que l’homme sanctifie constamment les membres de son corps, comme le Tabernacle qui fait accéder aux cinquante degrés de la pureté, au summum de la perfection. D’ailleurs, le terme michkan (le tabernacle) a la même valeur numérique (410) que néchamah yah (l’âme divine): en prenant exemple sur le Tabernacle, l’homme doit s’efforcer de sanctifier son âme au point d’accéder au Trône Céleste (Zohar I, 113a).

Si Dieu a ordonné à tous les mâles d’Israël de se présenter trois fois par an devant Lui au Temple (Deutéronome 16:16), c’est pour les élever et sanctifier par cette rencontre unique entre toutes, les tribus du Peuple...

Le jour où fut achevée la construction du Temple, fut un jour de grande joie, où les enfants d’Israël firent des offrandes généreuses, téroumoth, qui font allusion à la Torah Mem (40) qui a été donnée à la fin de quarante jours. En d’autres termes, dès qu’ils se sont éloignés des ChéKaRim, du mensonge, celui du veau d’or, ils firent des offrandes pour le Tabernacle et ses KéRaChim, et récupérèrent les étincelles de sainteté qu’ils avaient perdues lors du péché du veau d’or, se rattachèrent (KéChaRim) de nouveau, dans la joie, au Saint, béni soit-Il, en corrigeant les quarante-huit traits de caractère: la Chékhinah régnait désormais de nouveau sur eux...

Les enfants d’Israël n’aidèrent pas Moïse dans la construction du Tabernacle parce que le péché du veau d’or ne leur avait pas encore été tout à fait pardonné: comment pouvaient-ils le faire, alors que leurs mains étaient encore souillées... Mais dès que le Tabernacle fut construit et que la Chékhinah put y régner, ils se mirent à se corriger en s’engageant notamment dans l’étude de la Torah. On peut dire alors qu’ils se réédifièrent et s’imprégnèrent de la Providence Divine... Le jour où le Tabernacle fut achevé, le Saint, béni soit-Il, effaça du monde le péché du veau d’or, enseigne le Zohar (III, 37b).

On ne peut donc se rapprocher de Dieu qu’en corrigeant ses traits. Les enfants d’Israël, génération de la connaissance, qui avaient vu les oeoeoeuvres de Dieu sur la mer (Mékhilta, Béchala’h 15:2), entendirent la voix de Dieu parlant au milieu du feu (Deutéronome 4:33), n’étaient pas en mesure d’aider Moïse dans la construction du Tabernacle parce que la faute du veau d’or ne leur était pas encore tout à fait pardonnée... Ils ont appris que même si on étudie intensément la Torah, on ne peut triompher du mauvais penchant qu’avec l’aide de Dieu.

Notre Temple saint a été détruit, mais pas notre espoir. Nos sages enseignent que lorsque les Juifs se rassemblent dans les synagogues ou Yéchivoth (qui sont des petits Temples) pour entendre un Sage leur raconter des Hagadoth, intensifient leur étude de la Torah, et leur crainte du Ciel, le Saint, béni soit-Il, se réjouit et s’enorgueillit du monde qu’Il a créé. Ainsi celui qui sort de la synagogue et entre dans la Yéchivah pour étudier la Torah, a le mérite d’accueillir la face de la Providence Divine (Bérakhoth 64a; Cho’her Tov, 4:4). C’est donc un grand mérite d’utiliser chaque seconde de son temps pour l’étude assidue de la Torah. Car la Torah remet l’homme sur le bon chemin (Yérouchalmi, ‘Haguigah 1:7; Ekha Rabah, introduction 2). Celui qui corrige ses traits et s’imprègne de la Providence Divine, en imprègne les autres; celui qui dirige les autres vers le bien ne faillira jamais (Avoth 5:21; Yoma 87a). Tout le monde loue sa conduite et ses oeuvres (Yoma 86a; Tana Débé Elyahou Rabah 28b).

«Si les nations savaient combien la tente d’assignation leur était bénéfique, elles l’auraient entourée de barrières» (Vayikra Rabah 1:11; Bamidbar Rabah 1:3). Si ceux qui soutiennent la Torah appréciaient à leur juste valeur nos Yéchivoth, ils les entoureraient de leurs commerces et y investiraient tous leurs capitaux. Ils y feraient assurément d’excellentes affaires. Ils feraient descendre le chéfa’ (l’abondance) dans le monde, et l’imprégneraient de la Providence Divine. Car la Torah «est un arbre de vie pour ceux qui s’en rendent maîtres, et ceux qui la soutiennent sont heureux» (Proverbes 3:18).

Un verset mentionne: «Et Moïse dressa le Tabernacle»; un autre: «Le Tabernacle se dressa» avec l’aide de Dieu. A première vue, les deux versets semblent contradictoires. C’est que, nous l’avons vu, les quarante-huit madriers du tabernacle correspondent aux quarante-huit vertus, surtout à l’humilité. Que vaut en effet toute l’uvre de l’homme s’il fait preuve d’orgueil? «Tout coeur hautain est en abomination à l’Eternel» (id. 16:5): «le Saint, béni soit-Il, ne peut cohabiter avec l’arrogant» (Sotah 5a). Cette vertu est la plus difficile à acquérir: nous croyons que même les Tsadikim de la génération, à qui le monde accorde des honneurs, et devant qui on se lève par respect, ne peuvent se soustraire à un certain plaisir.

C’est certes Moïse qui leva les madriers, c’est lui qui était doué de toutes les vertus, mais quand il en arriva à celle de l’humilité, il lui fut difficile de l’élever, car c’était le chef spirituel de la génération... Il eut par conséquent besoin d’un miracle spécial pour le faire... Il réussit donc en fin de compte à acquérir cette vertu et à l’instiller aux enfants d’Israël.

 

 

Dieu nous sauve du mauvais penchant
TABLE DE MATIERE
La force de la sainteté: l’édification miraculeuse du Tabernacle

 

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