La force de la sainteté: l’édification miraculeuse du Tabernacle

Revenons sur la question posée au début de notre chapitre précédent: Pourquoi Moïse refusa-t-il l’aide que lui proposèrent les enfants d’Israël pour la construction du Tabernacle?

Commentant le verset: «Moïse examina tout le travail: or, ils l’avaient fait conformément aux prescriptions de l’Eternel. Et Moïse les bénit» (Exode 39:43), Rachi (Tan’houma, Pékoudé 11) explique: «Voici la bénédiction qu’Il leur fit: «Que la Chékhinah réside dans l’uvre de vos mains! que la bienveillance du Seigneur, notre Dieu, nous soit assurée, et le travail de nos mains prospérera...» Si dans le domaine matériel aussi bien que dans le domaine spirituel, l’homme agit au nom du Ciel, il sera imprégné de la Providence divine.

Moïse dit aux enfants d’Israël: «Si vraiment vous avez exécuté votre travail avec enthousiasme et dévouement, au Nom du Ciel, il est sanctifié; et nul ne pourra faire bouger le Tabernacle (seulement par de grands miracles). Car vous avez uvré exclusivement pour la gloire de Dieu...

Après les bénédictions de Moïse, la sainteté régna en fait sur leur travail... et seul Moïse put lever miraculeusement les gros madriers du Tabernacle, avec l’aide de Dieu...

Nous voyons ainsi que l’enthousiasme qu’on manifeste à accomplir une mitsvah l’imprègne de sainteté. On ne peut par conséquent l’accomplir que par la voie du miracle, avec l’aide de Dieu... Lorsqu’on veut par exemple s’engager dans l’étude de la Torah, ou assister à un cours de Torah — but même de la création de l’homme et de la Création tout court (Pessa’him 68b; Nédarim 32a) — on se heurte de front au mauvais penchant: il faut alors l’entraîner à la Maison d’étude... Mais comment peut-on se confronter à cet être de feu (le mauvais penchant) (Zohar I, 80a)? Par la bonne pensée qu’on a entretenue d’aller étudier la Torah. Car, nous l’avons vu, Dieu joint la bonne pensée à l’action: la pensée «s’associe à l’action» (Kidouchine 40a) et est imprégnée de sainteté; elle permet ainsi à l’homme de triompher du mauvais penchant et de l’introduire dans la maison d’étude. «Entraîne-moi après toi! Nous courons!» (Cantique des Cantiques 1:4). Le Saint, béni soit-Il, «court» après celui qui entre dans la Yéchivah pour l’aider dans son étude de la Torah.

Au terme de la construction du Temple, le Roi Salomon voulut en ouvrir les portes, mais elles refusèrent de s’ouvrir (Chabath 30a), malgré toutes ses prières et le dévouement qu’il avait mis à l’édifier. Ce n’est que lorsqu’il proclama: «Eternel Dieu, ne repousse pas ton oint, souviens-toi des grâces accordées à David, Ton serviteur» (Chroniques II, 6:42) que les portes s’ouvrirent. Il récita alors «le Psaume, cantique pour l’inauguration de la Maison de David» (Psaumes 30:1)... Nous voyons là la portée de la pensée sainte du Roi David qui désirait ardemment construire le Temple, mais en avait été empêché par Dieu. Finalement le Temple porte son nom.

Moïse descendit de la montagne portant les deux Tables de la Loi, qui étaient si légères qu’elles semblaient flotter miraculeusement dans l’air (Chabath 104a; Tan’houma, Ki Tissa 26), mais quand il vit le veau d’or qu’avaient construit les enfants d’Israël, elles devinrent très lourdes et il les jeta et les brisa, aussi lourdes qu’elles fussent: en effet, grâce à son dévouement, il avait réussi à saisir les Tables malgré leur volume, et triompher des anges qui voulaient le brûler dans le ciel (Chabath 88b). Car ce qui est saint subsiste par lui-même et défie les lois de la nature. Mais par suite du péché du veau d’or accompli par les enfants d’Israël, les forces de Moïse s’affaiblirent, car ils avaient fait fi de toutes les lettres gravées sur les Tables de la Loi qui dès lors s’envolèrent. Les Tables tombèrent de ses mains et se brisèrent. Elles n’en ont pas pour autant perdu de leur sainteté et furent placées dans l’Arche de l’Alliance (Bérakhoth 8b; Bava Bathra 14b).

Moïse s’enrichit matériellement et spirituellement des débris des Tables de la loi.C’est ce qui arrive aux restes des repas des Tsadikim, dont même les forces de l’impureté veulent se nourrir, comme il est écrit: «Tu vivifies tout» (Néhémie 9:6): c’est que leur nourriture imprègne de sainteté ce monde-ci, comme le monde futur. C’est l’origine de la coutume du Rebbe qui distribue à ses ’Hassidim les restes de son repas.

Comme nous l’avons vu, par sa sainteté, l’Arche portait en fait ceux qui la portaient (Sotah 35b; Bamidbar Rabah 4:21; Zohar II, 242b), et les enfants d’Israël purent assister constamment à ce miracle, car lorsqu’une chose est imprégnée de sainteté, il est impossible de la déplacer sans miracle. On peut dire que ces miracles s’accomplissent encore de nos jours, pour chacun d’entre nous, mais nous ne les ressentons pas. Dieu fait en sorte que nous ne nous y habituions pas, afin que nous continuions à Le servir.

Sur l’ordre du Roi David, l’élite d’Israël, au nombre de trente mille, mirent sur un char neuf l’arche de Dieu. «Ouza et son frère le conduisaient» (Samuel II, 6:3). «David et toute la maison d’Israël jouaient... de toutes sortes d’instruments... Soudain, Ouza étendit la main vers l’arche de Dieu et la saisit parce que les bufs la faisaient pencher. La colère de l’Eternel s’enflamma alors contre lui, et Dieu le frappa sur place à cause de sa faute. Ouza mourut là... et ce lieu a été appelé jusqu’à ce jour Perets Ouza» (id. 4:8). Ouza aurait dû savoir que l’arche de Dieu ne tomberait pas, parce que c’est elle qui porte ses porteurs... En revanche, lorsque les Philistins prirent l’arche de Dieu (id. I, 4:11), Dieu ne les châtia pas du tout, parce que l’Eternel était en colère contre les enfants d’Israël et leur avait caché Sa face à cause de leurs transgressions. Mais quand ils reconnurent leurs fautes et firent pénitence, Dieu châtia les Philistins, comme il est écrit: «[leur dieu] Dagon était étendu la face contre terre devant l’arche de l’Eternel... sa tête et ses deux mains étaient abattues sur le seuil, et il ne lui restait que le tronc... Les Achdodiens finirent par transporter l’arche du Dieu d’Israël à Gat» (id. 5:2-7).

Nous voyons donc que la sainteté demeure à jamais dans un objet de culte (comme par exemple, cédrat et loulab, téfilin et tsitsith, ouvrages saints, palmes dont on couvre la Soucah, etc...) même après son usage, et qu’il est interdit de l’abîmer (Choul’han Aroukh, Ora’h ‘Haïm 21:1, 241, 42:6)...

Même de nos jours, si nous exécutons notre uvre avec beaucoup de dévouement et de sainteté, au nom du Ciel et de façon désintéressée, rien ne nous fera bouger de notre place, car la Providence Divine imprègne nos actions.

 

 

L’édification du Tabernacle, correction du péché du veau d’or
TABLE DE MATIERE
Appliquons-nous à observer les préceptes les moins importants aussi bien que les préceptes les plus importants

 

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