La Torah s’acquiert par la modestie

"En deçà du Jourdain, dans le pays de Moav, Moïse se mit en devoir d’exposer cette Torah..." (Deutéronome 1:5). Pourquoi Moché a-t-il d- l’exposer aux enfants d’Israël, qui l’ont déjà reçue au Sinaï?

C’est que Moché a vu jusqu’à quel point les enfants d’Israël s’étaient pervertis, notamment avec les filles de Moav (cf. Nombres 25:1). Moché aussi a trébuché; il a oublié la Halakhah en regardant ce mécréant de Zimri, fils de Salou, venu lui demander: Cette Midianite est-elle interdite ou permise? Et si tu dis qu’elle est interdite, la fille de Yithro, qui te l’a permise? (Sanhédrine 82b). La réponse est toute simple: la fille d’un non-juif est interdite à un Juif. Mais, comme Moché a regardé Zimri et entendu ses paroles, il ne s’est pas rappelé que celui qui cohabite avec une Aramite sera tué par des zélotes (Sanhédrine id.).

Comme il convient à un Juste, il a pris la responsabilité de tout cela sur lui. Il s’est demandé si c’est parce qu’il n’avait pas bien expliqué la Torah et ses mitsvoth aux enfants d’Israël qu’ils en étaient venus à pécher: c’est pourquoi il s’est mis à la leur expliquer de nouveau. Afin qu’ils ne succombent pas à la ‘avérah (‘ever hayarden du verset) et n’arrivent pas à Moav pour se souiller avec ses filles, il a décidé de leur expliquer une fois de plus la Torah qui porte le nom de Zoth (Ména’hoth 53a) et de faire résider sur eux la Providence Divine qui a même nom (Zohar I, 93b).

Moïse a expliqué aux enfants d’Israël qu’il ne suffisait pas de s’engager assid-ment dans l’étude de la Torah, mais qu’ils devaient faire preuve d’humilité et de soumission dans leur étude. La Torah a été comparée à l’eau (MaYiM), le Jourdain du verset, les eaux du Jourdain, comme il est écrit: Ah! vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau! (Isaïe 55:1). Tout comme il est impossible de vivre sans eau qui purifie, on ne peut pas vivre sans Torah, car elle apprend à l’homme à se purifier (cf. Tan’houma, Ki Tavo 3) et les paroles de Torah ne reçoivent pas la souillure (cf. Bérakhoth 22a; Zohar III, 80b). D’autre part, tout comme l’eau, la Torah est éternelle; elle porte le nom de vie (Avoth DéRabbi Nathan 34:10). Tout comme celui qui ne sait pas nager se noie, celui qui ne sait pas trouver les paroles de Torah est effacé de la surface de la terre. Tout comme l’eau, la Torah se propage partout. Enfin, tout comme l’eau ne peut subsister que dans les pots en argile, la Torah ne peut résider chez les gens grossiers et orgueilleux: elle ne réside que chez ceux qui font preuve d’humilité.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Saint, béni soit-Il, a choisi de donner la Torah sur le Mont Sinaï qui est l’une des plus petites montagnes. En effet, commentant le verset: Pourquoi, montagnes aux croupes élevées, pourquoi jalousez-vous la montagne que Dieu a désirée pour sa résidence? (Psaumes 68:17), nos Sages enseignent que toutes les montagnes se sont enorgueillies devant l’Eternel elles étaient ainsi fautives. Seul le Sinaï est resté humble et c’est lui que nous devons imiter (Méguilah 29a).

On peut ainsi comprendre l’enchaînement des versets qui suivent: L’Eternel, notre Dieu, nous a parlé au ‘Horev en ces termes (Deutéronome 1:6). L’Eternel est devenu notre Dieu par le biais du Mont ‘Horev, qui est le Mont Sinaï. Et que nous a-t-Il dit? Rav lakhem Assez longtemps vous avez demeuré près de cette montagne cette montagne est devenue notre Rav, notre guide spirituel qui nous a inculqué la modestie et l’effacement total devant Dieu. Penou Partez alors, poursuivez votre marche (id. 7) Soyez Panouy (libre): Trouvez du temps et engagez-vous constamment dans l’étude de la Torah et les mitsvoth. Vous pourrez alors poursuivre votre chemin, avancer avec une force toujours croissante (cf. Psaumes 84:8) Dirigez-vous vers la montagne..., vous accéderez ainsi à la modestie du Mont Sinaï qui s’est humilié devant l’Eternel.

C’est ce que Moïse a expliqué aux enfants d’Israël pour les aider à vaincre plus facilement leur mauvais penchant et pour qu’ils ne cessent de s’élever. Il leur a expliqué que le péché de Moav était essentiellement engendré par leur orgueil, et que grâce à l’humilité on peut au contraire observer tous les commandements de la Torah, du plus facile au plus complexe. C’est ce qu’il leur a expliqué en utilisant un langage dur (Eléh HaDévarim). Il a aussi utilisé un langage tendre lémor (cf. Chabath 87a) pour qu’ils puissent se corriger et s’élever.

 

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