La modestie conduit à la bénédiction et transforme la malédiction en bénédiction

La lecture du premier verset de la section hebdomadaire, nous invite à nous poser une série de questions supplémentaires.

1) Pourquoi est-il écrit:  bénédiction et malédiction? La Torah aurait pu apparemment nous dire: Voyez, je vous propose en ce jour... la bénédiction. Nous comprendrions alors seuls que si, à Dieu ne plaise, nous n’obéissons pas aux commandements de l’Eternel, la malédiction s’abattra sur nous.

2) La juxtaposition des termes bénédiction et malédiction est susceptible de faire croire au lecteur qu’il s’agit d’une seule et même chose. Pourquoi le verset ne marque-t-il pas une coupure entre les deux concepts?

3) Pourquoi, parlant de la bénédiction, le verset stipule-t-il: quand vous entendrez, alors que pour la malédiction, nous lisons si vous n’entendez pas?

On doit savoir que c’est essentiellement quand on revêt l’aspect de ‘Ekev, c’est-à-dire quand on s’efface complètement devant le Saint, béni soit-Il, qu’on ressent la lumière spirituelle briller dans son coeur. Car en général, les gens aiment parler d’eux-mêmes, prétendre que c’est ma propre force, c’est le pouvoir de mon bras, qui m’a valu cette richesse (Deutéronome 8:17) et oublient que tout vient de Dieu. Seul, Lui, peut dire Anokhi, car toute la terre est à Moi (Exode 19:5). L’Eternel règne! Il est revêtu d’orgueil (Psaumes 93:1). Rééh Anokhi, celui qui veut accéder à la lumière OR (ou Rééh, qui avec le Collel, a la même guématria) doit essentiellement s’engager dans l’étude de la Torah qui porte le nom de Orah, comme nous l’avons vu. Il doit effacer toute trace d’égoïsme Enokhyouth, car seul le Saint, béni soit-Il, qui nous a donné la Torah (OR) sur le Mont Sinaï est digne de porter le nom de Anokhi, comme il est écrit: Je suis l’Eternel, ton Dieu (Exode 20:5). Il pourra ainsi recevoir avec amour, non seulement les bénédictions, mais les malédictions et les malheurs qui s’abattent sur lui. C’est en fait la raison pour laquelle la Torah a juxtaposé les bénédictions et les malédictions, d’où la juxtaposition des deux termes bénédiction et malédiction.

On accède à ce niveau en contemplant la grandeur du Créateur, les cieux, oeuvres de Ta main, la lune et les étoiles que Tu as formées, en s’exclamant: Quel est donc l’homme pour que Tu penses à lui? (Psaumes 8:4-5), Que Tes oeuvres sont grandes, ô Seigneur! Toutes, tu les a faites avec sagesse (id. 104:24) en annulant toutes ses velléités et en se rappelant constamment le jour où la Torah a été donnée... Celui qui a accédé à ce niveau ressent bien le rôle qu’il est tenu de jouer. Il s’engage dans l’étude de la Torah sans laquelle le monde ne peut subsister, et veille à n’en dévier ni à droite ni à gauche, à Dieu ne plaise... Si le verset stipule: La bénédiction quand vous obéirez... et non si vous obéissez, c’est pour nous montrer que lorsqu’on réussit à se dégager de toute matérialité, on s’engage automatiquement dans l’étude de la Torah.

Et la malédiction, si vous n’obéissez pas... L’homme jouit certes de l’exercice du libre arbitre, pourquoi alors serait-il puni? C’est qu’avant sa création, l’homme a d- jurer d’être intègre et pas mécréant (Nidah 30b). Ce libre arbitre, il ne peut l’exercer que dans ce monde où le Satan lui tend une embuscade (cf. Genèse 4:7) et le verset précité n’est qu’un avertissement de Dieu.

Quand l’homme se souvient du don de la Torah sur le Mont Sinaï et de ce que ses yeux ont vu, il est obligé de sacrifier son désir à celui du Saint, béni soit-Il, et d’écouter la voix de Dieu.

Si dans le verset la bénédiction et la malédiction sont juxtaposées, c’est que l’homme ressent parfois que la bénédiction divine est une malédiction pour lui; il endure des souffrances, se trouve en exil, etc. mais il doit savoir que de la bouche de l’Eternel, ne sortent pas les maux (Lamentations 3:38). Dieu ne vise en fin de compte que le bien de l’homme. Sois s-r, lui dit-Il, que c’est la bénédiction que Je t’envoie, bien qu’il te semble que ce soit le contraire. Tu endures certes des souffrances, mais les souffrances effacent les péchés (Bérakhoth 5a; Zohar III, 57b).

Quand Dieu donne la richesse à l’homme, il lui semble que c’est pour son bien, et quand Il la lui ôte, il lui semble que c’est pour son mal. C’est faux! Si quelque chose lui a été enlevée, ce n’est que pour son bien. Sa richesse lui a été ravie pour l’inciter à réfléchir. S’il a subi ce sort, il en est seul responsable; s’il n’a pas été béni, c’est essentiellement parce qu’il n’a pas écouté la voix de Dieu. Celui qui obéit aux prescriptions divines considère tout ce qui lui arrive comme une bénédiction divine.

Il est écrit: S’il y a chez toi un indigent d’entre tes frères, dans l’une des villes, au pays que l’Eternel ton Dieu te destine, tu n’endurciras point ton coeur ni ne fermeras ta main devant ton frère nécessiteux. Patoa’h Tifta’h Ouvre-lui plutôt la main, prête-lui en raison de ses besoins, de ce qui peut lui manquer! (Deutéronome 15:7-8). Si la Torah écrit: Patoa’h Tifta’h, c’est pour montrer à l’homme que s’il donne, il ne perdra rien et que c’est pour son bien. Nous lisons ensuite plus bas: Nathon Titen Donner, il faut lui donner, et lui donner sans que ton coeur le regrette (id. 10). Ne pense pas que le fait de lui donner te fera perdre de tes possessions, c’est exactement le contraire; c’est ce qui engendrera ta réussite, comme il est écrit: car pour prix de cette conduite, l’Eternel, ton Dieu, te bénira dans toutes les entreprises de ta main (id.). La Torah poursuit en avertissant l’homme: Or, il y aura toujours des nécessiteux dans le pays; c’est pourquoi je te fais cette recommandation, ouvre, ouvre ta main à ton frère, au pauvre, au nécessiteux, qui sera dans ton pays (id. 11). Si tu t’abstiens de l’aider, tu subiras son sort: ce sera la malédiction.

La Torah  conseille au maître qui libère son esclave après sept ans: Qu’il ne t’en co-te pas trop de le renvoyer libre de chez toi, car il mérite deux fois son salaire en te servant six années (jour et nuit); et l’Eternel, ton Dieu, te bénira dans toutes tes entreprises (id. 18). Une question se pose ici. Pourquoi le maître mérite-t-il une bénédiction divine? L’esclave a payé sa dette en le servant six ans: c’est que peut-être le maître s’est habitué à l’esclave ou que ce dernier n’est pas arrivé à payer la totalité de sa dette à l’issue de six ans de service. La Torah conseille toutefois au maître de le libérer. Car quand on entend et on obéit aux paroles de la Torah, on jouit exclusivement de la bénédiction: Souviens-toi que tu étais esclave en Egypte, nous rappelle la Torah, et que l’Eternel, ton Dieu, t’a affranchi (id. 15). Tu sais bien la grande honte qu’on éprouve en étant privé de sa liberté et en étant asservi à quelqu’un. Il ne te sera donc pas difficile de le libérer bien qu’il ne t’ait pas encore payé toute sa dette... Ecoute la voix de Dieu et tu seras béni.

Mais si l’esclave refuse d’être libéré, la bénédiction du Ciel continue à s’appliquer sur le maître. Quant à l’esclave, il est puni, comme il est écrit: Tu prendras un poinçon, tu en perceras son oreille contre la porte (Deutéronome 15:17) parce qu’il n’a pas voulu se libérer de son esclavage. Comme il n’a pas écouté la voix de Dieu, la malédiction divine s’applique sur lui, car il a refusé d’être libre et d’être ainsi en mesure d’accomplir les mitsvoth.

Lors de l’un de nos voyages en Israël, alors que nous faisions, mon secrétaire et moi, la queue pour nous faire tamponner nos passeports, un employé de l’aéroport de Paris ouvrit un guichet et nous offrit ses services. Un homme, qui n’avait pas l’air religieux, se mit alors à vociférer et protester. Nous lui avons expliqué exactement ce qui s’était passé et que c’était l’employé qui nous avait appelés, sans toutefois réussir à le convaincre. Et finalement, nous lui avons proposé de passer le premier...

Cet épisode nous montre que si la controverse sévit toujours entre les Juifs, c’est essentiellement parce que chacun se considère comme un roi, et qu’à lui appartient le droit d’aînesse. Et si le Saint, béni soit-Il, a donné la Torah aux enfants d’Israël, c’est pour qu’elle leur apprenne à faire preuve d’humilité.

C’est aussi la raison pour laquelle la Michnah dit: Moïse a reçu la Loi sur le Sinaï (Avoth 1:1), et non sur le Mont Sinaï: Moché a fait preuve d’humilité plus que le Sinaï (qui était pourtant la plus petite des montagnes), le terme Mont portant une connotation de grandeur.

Si nous revenons à notre homme, nous avons remarqué qu’il avait des difficultés avec ses valises, alors que nous avions personnellement fini au plus vite toutes nos démarches... Il est venu nous demander pardon dans l’avion, ayant sans doute compris qu’il avait été puni pour avoir cherché à nous provoquer sans raison.

Toujours est-il que si nous lui avions répondu, nous aurions engendré la profanation du nom de Dieu, et notre homme n’aurait certainement jamais fait téchouvah: c’est essentiellement notre attitude tolérante et notre patience qui l’ont incité à venir nous demander pardon.

Le Saint, béni soit-Il, fait peut-être parfois en sorte qu’un homme délivre son prochain des malédictions liées à ses mauvais penchants, et l’imprègne de bonnes tendances qui appellent les bénédictions. Il convient par conséquent de veiller toujours à ne trouver que le bien chez son prochain. Il faut pour cela revêtir l’aspect de ‘Ekev, l’humilité. Tout ce qu’on fait se traduira alors par des bénédictions, et non des malédictions, à Dieu ne plaise; toute trace de controverse disparaîtra alors automatiquement.

 

 

Le rattachement à la Torah et l’existence de Dieu
TABLE DE MATIERE
Vous êtes les enfants de l’Eternel grâce au repentir et à l’union

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan