Le pèlerinage à Jérusalem engendre l’union et l’élévation de la Chékhinah

Au temps du Saint Temple, tous les mâles d’Israël apparaissaient en présence du Seigneur trois fois par an, dans l’endroit qu’Il a élu: à la fête des Azymes, à celle des Semaines et à celles des Tentes... (Deutéronome 16:16) et offraient des sacrifices dans la joie que décrit le Roi David: Je suis dans la joie quand on me dit: Nous irons dans la maison de l’Eternel. Nos pieds s’arrêtent dans tes portiques, ô Jérusalem! Jérusalem qui est bâtie comme une ville d’une harmonieuse unité! Car c’est là que montent les tribus, les tribus de l’Eternel, selon la charte d’Israël, pour célébrer le nom du Seigneur (Psaumes 122:1-4).

Un certain nombre de questions se posent sur ce passage:

1) Pourquoi tout Juif est-il tenu d’entreprendre ce pèlerinage? Ne peut-il pas envoyer un messager à sa place?

2) Pourquoi trois fois par an, ni plus ni moins?

3) A quoi sert-il de monter précisément au Saint Temple, alors qu’on peut servir l’Eternel chez soi?

4) Le passage: Nos pieds s’arrêtent dans tes portiques (aux portes de Jérusalem), car les pèlerins se tenaient dans les parvis du Temple, c’est-à-dire à l’intérieur des portes de Jérusalem.

Combien nous aspirons de nos jours à monter au Temple voir les Cohanim effectuer leur service! Car celui qui accomplit cette mitsvah se voit gratifié d’une grande abondance matérielle et spirituelle.

En effet:

1) Le pèlerinage au Temple raffermit en tout Juif la foi en Dieu, et la gloire de l’Eternel s’en trouve élevée. Le Talmud Yérouchalmi (Péah, 3:7) cite le cas de quelqu’un qui a laissé son pâturage, et qui l’a retrouvé gardé par des lions à son retour, ou bien de celui qui a laissé son poulailler pour se rendre en pèlerinage à Jérusalem. A son retour, il trouva ses poulets entourés de cadavres de chats.

2) Celui qui se trouve dans les portiques de Jérusalem s’unit aux autres membres de l’Assemblée, aux tribus d’Israël. Car l’une des vertus de la ville sainte est d’unir tous les Juifs. Qu’il soit un juste, ou un méchant qui a transgressé l’un des préceptes divins, il s’unit aussi à Dieu, car nul ne sait avec qui est rattachée la racine de son âme. Cette union, qui se fait grâce à la foi, contribue à révéler l’existence de Dieu et Sa Providence dans le monde. Son Nom est glorifié au point qu’il accomplit des miracles en faveur du peuple d’Israël, comme en témoigne la Michnah (Avoth 5:8; voir aussi Yoma 21a).

Heureux l’oeil qui a assisté à un tel spectacle. Car mieux on sert Dieu, plus Il se révèle et nous fait jouir de Son abondance céleste, comme c’était le cas pour les Enfants d’Israël à leur sortie d’Egypte. Nos Sages nous enseignent que lors de cette révélation divine, la servante a vu sur la mer ce que le prophète Ezéchiel n’a pas vu (Mékhilta Béchala’h 2; Zohar II, 64b). Tout le monde doit donc effectuer personnellement ce pèlerinage. Au seuil même de Jérusalem, on commence déjà à s’élever et à fortifier sa foi en Dieu.

Ceci nous permettra de comprendre l’enseignement de nos Sages, selon lequel celui qui habite en Terre d’Israël, c’est comme s’il avait un Dieu (Kéthouvoth 110b; Zohar II, 79b). Car quand on habite en Erets Israël, on peut et on doit monter à Jérusalem trois fois par an. Même si on ne vient pas de loin, on s’élève et on s’unit à la Providence Divine et aux douze tribus. Mais celui qui n’habite pas Erets Israël, ne peut pas effectuer ce pèlerinage; il ne s’unit pas à Dieu et contribue ainsi à disperser la Chékhinah, si on peut dire, le pèlerinage servant à accroître la gloire de Dieu, comme il est écrit: C’est une gloire pour le Roi quand le peuple est nombreux (Proverbes 14:28).

Celui qui habite en Diaspora en revanche, c’est comme s’il n’avait pas de Dieu (id.), même si c’est un Tsadik. Car toute union avec l’Eternel et le peuple d’Israël auxquels se rattache la source de l’âme, se fait essentiellement à Jérusalem lors du pèlerinage au Saint Temple. Celui qui n’habite pas Erets Israël et n’effectue pas ce pèlerinage ne se lie donc pas à la Providence Divine et semble en être détaché, à Dieu ne plaise. Comme la Chékhinah réside à Jérusalem, on comprend pourquoi les sacrifices sur les hauts lieux y ont été interdits: parce qu’ils rappelaient ceux des idolâtres. Les sacrifices ne doivent être offerts qu’à l’endroit que le Saint, béni soit-Il, a choisi, à l’exception de cas spéciaux, comme celui du prophète Elie qui a construit un autel à Guil’ad (Rois I, 18).

De plus, l’air d’Erets Israël rend sage, comme l’enseigne la Guémara (Bava Bathra 158b), le monde ayant été créé par la séfirah youd/’Hokhmah à partir de son centre, Jérusalem. Tous les rapports entre l’homme et Dieu se font donc par Jérusalem et le Temple, lors du triple pèlerinage annuel. Même après la destruction du Temple, Jérusalem continue à diffuser l’atmosphère de la sagesse et de la sainteté, le youd étant enraciné dans la Création et propageant cet air et cette atmosphère dans tout Erets Israël.

On sait que plus on se rend à un lieu saint plus on le sanctifie, et que plus la sainteté s’intensifie, plus l’influence de la Providence Divine s’intensifie. Ainsi, celui qui n’habite pas Erets Israël n’imprègne pas les lieux de sainteté et n’effectue pas son pèlerinage. A cause de lui la sainteté diminue et c’est pourquoi on peut dire qu’il n’a pas de Dieu et qu’il ressemble donc à un idolâtre, car Israël octroie force et vigueur à Dieu (cf. Psaumes 68:35). La gloire de l’Eternel provient essentiellement du peuple d’Israël, et pour que le monde continue à subsister, nous devons nous attacher à l’Eternel et Lui octroyer ainsi force et puissance. De nos jours, où la Providence Divine se trouve aussi en exil à cause de nos nombreux péchés, nous devons contribuer à l’élévation de la Chékhinah par nos prières et l’étude intensive de la Torah dans les synagogues et les maisons d’étude, qui sont des sanctuaires en miniature (Méguilah 29b).

Nous avons vu au début de la leçon l’exclamation du Roi David: Je suis dans la joie quand on me dit: Nous irons dans la maison de l’Eternel! C’est tout a fait normal qu’il soit empli de joie en apprenant que les enfants d’Israël s’apprêtent à monter au Temple. Quel ‘Hidouch (nouveauté) peut-on trouver à cela?

C’est qu’il ne s’agit pas ici de Juifs intègres, mais de méchants. David était empli de joie en apprenant qu’ils désiraient faire téchouvah. C’est peut-être à Jérusalem qu’ils voulaient s’élever spirituellement grâce à la Providence Divine, s’interrogeait-il? Ils pourraient ainsi s’unir à la Chékhinah et entre eux. Nos pieds s’arrêteront BiCha’aRaYiKh, dans tes portiques. Dans ce terme, on trouve les lettres RiCh’éY, Kaf, Beth; en d’autres termes, même les Réchaïm (méchants) qui ont transgressé Kaf Beth (qui a pour valeur numérique 22, les vingt-deux lettres de la Torah) montent à Jérusalem. S’étant purifiés de leurs fautes, ils contribuent ainsi à la reconstruction de la ville sainte, comme il est écrit plus bas: Jérusalem, qui est bâtie comme une ville d’une harmonieuse unité, et cela grâce à l’union entre l’Eternel et leurs frères Juifs. Toutes les tribus s’élèvent ainsi et rayonnent d’un grand éclat et la Chékhinah s’élève devant toutes les nations. C’est là Chécham que montent les tribus. Le mot ChéChaM a les mêmes lettres que ChéMeCh, le soleil, car les tribus en s’élevant brillent comme le soleil.

Ainsi, un grand nombre de pèlerins se rendant à Jérusalem faisaient pénitence et se fortifiaient dans leur foi en se sanctifiant. C’est ce qui contribuait à accroître la force de la Chékhinah, car tout était concentré dans un seul lieu. Un grand flux d’abondance céleste descendait alors dans le monde, et toutes ces bénédictions se réalisèrent alors. Les miracles à Jérusalem et dans le Temple ne faisaient que se multiplier. C’est pourquoi personne ne se plaignit jamais d’être tsar, trop à l’étroit dans la ville sainte, le mauvais penchant Yetser Hara’ portant le nom de tsar, n’a donc jamais sévi à Jérusalem par suite de ce niveau d’élévation.

Et qu’on ne paraisse pas Rékam, les mains vides, devant la face du Seigneur (Deutéronome 16:16): il n’est pas séant pour un Juif Rék, vide de préceptes divins, d’apparaître devant Dieu lors du pèlerinage à Jérusalem. Il convient donc de faire des préparatifs très sérieux avant sa rencontre avec l’Eternel. C’est ce que faisaient les premiers Tsadikim avant leurs prières, comme nous l’avons vu (Bérakhoth 5a). Comment quelqu’un qui est avili par les péchés peut-il oser se présenter devant le Roi? Plus qu’indésirable, il n’a pas été appelé et court un danger de mort.

Chacun donnera selon ses moyens. Pour arriver chez le roi, kol zékhourékha (tous tes mâles) doivent se purifier et être zékhou ou zakhim (purs), pleins de rékha, ou rakouth (tendresse), leur coeur doit être tendre et s’attacher au Seigneur. Chacun selon ses moyens matériels et spirituels doit viser exclusivement à glorifier Son Nom. S’il est doué de cette vertu extraordinaire qu’est l’humilité, il peut facilement s’engager dans l’étude de la Torah et l’accomplissement de mitsvoth. Soumis complètement à l’Eternel, il peut se présenter trois fois par an devant Lui.

Ces trois fêtes lui permettront de raffermir sensiblement sa foi et de s’élever au plan spirituel.

Pessa’h, où l’on mange le pain de la pauvreté (Pessa’him 36a; 115b) contribue à développer en l’homme la vertu d’humilité, la soumission à son Créateur. Il célèbre alors la fête des matsoth (ou mitsvoth).

Chavou’oth, la fête de la Torah, aide l’homme à s’y rattacher. Il est vrai qu’on peut à chaque instant porter le joug de la Torah, mais ceci est plus facile à Chavou’oth, Dieu agissant alors comme le fiancé  qui va à la rencontre de sa fiancée (le peuple d’Israël) (Mékhilta Yithro 19:17). Le Zohar met en outre l’accent sur la valeur de l’étude de la Torah la nuit de la fête: celui qui s’y engage s’imprègne de sa sainteté (III, 98a).

Soucoth enfin, la fête de la foi l’ombre de la foi (Zohar III, 103a) nous rapproche de Dieu.

Par conséquent, pour se rattacher à Dieu on doit être doué des attributs respectifs de ces trois fêtes: l’humilité, la Torah et la foi, et c’est en montant à Jérusalem à l’occasion de ces trois fêtes que l’on acquiert ces vertus. Nous devons toutefois savoir que même en exil, la Providence Divine se trouve avec nous, comme il est écrit: Je suis avec lui dans la détresse (Psaumes 91:15). Nos prières dans les synagogues et maisons d’étude relèvent la Chékhinah de la poussière et rapprochent notre rédemption. Ceci est d’autant plus vrai quand l’union et l’harmonie règnent entre nous, le Saint Temple ayant été détruit à cause de la haine gratuite, comme on le sait. La Chékhinah nous suit dans notre exil pour nous réveiller de nos péchés, et les fêtes contribuent à nous élever et nous rapprocher du Saint, béni soit-Il, et à raffermir et corriger nos traits de caractère.

Il convient donc de bien apprendre les Halakhoth de chacune des fêtes pour s’imprégner des vertus qu’elles incarnent. On doit aussi se rendre chez son maître spirituel lors de ces trois fêtes (Roch HaChanah 16a), et celui qui le fait, c’est comme s’il allait à la rencontre de la Chékhinah (Yérouchalmi ‘Irouvin, 85:1), l’union au maître contribuant à se rapprocher du Tout-Puissant, car le maître est attaché à Dieu.

Il est écrit: Elie s’avança devant tout le peuple et s’écria: Jusqu’à quand clocherez-vous entre les deux partis? Si l’Eternel est le vrai Dieu, suivez-le; si c’est Ba’al, suivez Ba’al! (Rois I, 18:21). En vérité, les enfants d’Israël croyaient en Dieu et en Sa Torah rappelons là le cas de A’hav, qui a refusé de donner le rouleau de la Torah au roi d’Aram (id. I, 20) et lui a livré combat mais ne croyaient pas aux Tsadikim et aux prophètes. Ils se sont alors mis à adorer des idoles, considérant qu’elles pouvaient les sauver.

Il convient d’abord de s’attacher au Tsadik, c’est lui qui rapproche de Dieu, comme il est écrit: Et ils eurent foi en l’Eternel et en Moché, Son serviteur (Exode 14:31): et c’est en ayant foi en Moché qu’ils eurent foi en Dieu. C’est l’explication du verset: Qui aime l’Eternel, me suive! (id. 32:26).

 

 

Vous êtes les enfants de l’Eternel grâce au repentir et à l’union
TABLE DE MATIERE
La crainte de Dieu engendrée par l’union et la joie

 

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