La vertu de l’accomplissement des mitsvoth dans la joie

Le Midrach (Vayikra Rabah 11:7) nous incite à être joyeux, comme celui qui offre pour la première fois les prémices du produit de ses récoltes au Saint, béni soit-Il, dans l’accomplissement de chacune des mitsvoth de la Torah. Prenons un exemple: la naissance d’un fils aîné, békhor (premier-né), remplit les parents d’une joie immense et plus particulièrement s’ils ont attendu des années cet heureux événement. Cette joie les rattache davantage à Dieu, à Qui ils expriment leur gratitude la plus sincère. Cette naissance engendre de nombreuses mitsvoth: circoncision, rachat du premier-né... Et ce n’est pas tout: l’heureux père est tenu de lui apprendre la Torah et un métier, de lui trouver une femme et lui apprendre à nager, etc. (Kidouchine 29a).

Mais si ce couple donne naissance à un enfant chaque année, leur joie n’est plus la même, c’est désormais la routine qui s’installe, bien que le père soit tenu de veiller à accomplir en sa faveur toutes les mitsvoth énumérées plus haut, à l’exception du pidyon. Si la sidrah Ki Tavo (Deutéronome 26:1) commence par Véhayah (qui indique la joie) et traite en premier lieu des prémices bikourim, c’est pour nous enseigner que toute mitsvah doit s’accomplir dans la joie, comme si c’était la première fois qu’on l’accomplit.

Ceci nous aidera à comprendre le lien entre les deux sidroth: Ki Tetsé et Ki Tavo: Quand Ki Tetsé nous sortons pour livrer bataille au mauvais penchant, sachons qu’il nous attend partout, qu’il nous tend constamment une embuscade et est profondément ancré entre les deux valves du coeur (cf. Soucah 52b et Bérakhoth 61a); qu’il veut nous faire trébucher précisément dans ce qui est permis pour nous faire sombrer dans la routine. Par conséquent Ki Tavo, toute mitsvah qui vient et se présente devant nous, nous devons l’accomplir avec joie comme si c’était la première fois, et nous efforcer de ne pas attendre pour l’accomplir (Mékhilta Bo 12:17).

Fuyant radicalement les conseils du mauvais penchant qui vise à nous faire pécher graduellement (Chabath 105b; Avoth déRabbi Nathan 3:2), faisons de notre mieux pour accomplir les mitsvoth avec le maximum de modestie, aspect de Bikouré Admatékha, les prémices de la terre, poussière, incarnation de l’humilité. Ceci nous permettra de nous élever beaucoup spirituellement.

La mitsvah des prémices doit aussi se faire dans la plus grande joie. La Michnah (Bikourim 3:3) consacre un chapitre entier à cette cérémonie solennelle, mettant l’accent notamment sur la fl-te ‘halil qu’on y jouait, qui baignait de joie toute l’assistance qui se dirigeait vers le Saint Temple. Si en revanche nous accomplissons la mitsvah sans  être baignés de joie, c’est que nous sommes tombés dans les filets du mauvais penchant, aspect de L’araméen (Lavan) a voulu perdre mon père (Deutéronome 26:5), qui s’efforce de nous faire sombrer dans la tristesse.

Abstenons-nous surtout de nous emplir d’orgueil durant l’accomplissement des mitsvoth: tout le monde offraient leurs prémices dans des paniers normaux et pas recouverts d’or, car il n’y a rien de plus condamnable que ce défaut. Sachons que mon coeur est ‘halal vide en moi (Psaumes 109:22); prenons conscience de notre vide, de notre néant. C’est ce que la fl-te ‘halil nous rappelle. Nous sommes tous loin de la perfection et implorons le Ciel de nous aider à nous élever au même rang spirituel que nos ancêtres.

Notre sidrah nous avertit: Mais si tu n’écoutes pas la voix de l’Eternel... toutes ces malédictions se réaliseront contre toi et seront ton partage (Deutéronome 28:15). La Torah énumère ensuite ces malédictions et se demande comment ne pas écouter la voix de l’Eternel?: Ta’hath Acher Parce que tu n’auras pas servi l’Eternel, ton Dieu, avec joie... (id. 47). Par conséquent, on a beau accomplir des mitsvoth, si on ne les accomplit pas avec joie, on peut être maudit, à Dieu ne plaise. Les mitsvoth qu’on accomplit dans la tristesse passent automatiquement entre les mains des forces du mal qui portent les noms de yagon (affliction) et atsvouth (tristesse)... (Zohar II, 264b): c’est l’échec devant le mauvais penchant! Dans Ta’hath Acher, Acher a les mêmes lettres que Roch (la tête): si les malheurs se sont abattus sur ta tête, c’est parce que tu ne t’es pas soumis et que tu n’as pas accompli les mitsvoth dans la joie.

Quand on prie et prend conscience  que ses sollicitations n’ont pas été exaucées, on est susceptible d’entretenir des doutes sur la foi. Le mauvais penchant exploite naturellement la situation et dit à l’homme: Laisse tomber les prières, tu vois bien que Dieu ne te répond pas. Agis alors à ta guise et jouis de la vie! La Torah intervient alors et incite à ne pas se décourager, à continuer à aller de l’avant en mettant l’accent sur la joie dans l’étude de la Torah, à accomplir les mitsvoth avec le maximum d’enthousiasme, comme si on les avait reçues aujourd’hui même (Tan’houma, ‘Ekev 7). Ainsi, il ne sera pas soumis aux épreuves du mauvais penchant qui ne peut supporter la joie; toutes ses pensées étrangères (ma’hachavah) disparaîtront, car besim’hah (mêmes lettres): c’est dans la joie qu’il pourra les effacer.

Comme on le sait, on lit la sidrath Atem  Nitsavim HAYOM (Deutéronome 29:9) après Ki Tavo et avant Roch HaChanah JOUR du Jugement (cf. Zohar III, 231a). Sachons que, tout comme à Roch HaChanah, nous nous présentons chaque jour en prière devant l’Eternel, nous sommes nitsavim (placés) quotidiennement devant le Tribunal Céleste pour nous faire juger (Testament de Rabbi Eliézer HaGadol 18; Bérakhoth 28b). C’est Ki Tavo (d’où la juxtaposition avec Nitsavim): présentons-nous chaque jour devant Lui dans la joie et la soumission, comme si c’était la première prière (aspect des prémices du premier-né) que nous adressons à Dieu. Ce n’est qu’ainsi que notre téfilah sera exaucée et que nous réussirons à vaincre le mauvais penchant.

 

Celui qui n’ajoute pas [des mitsvoth] finira par disparaître
TABLE DE MATIERE
La vertu de la joie

 

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