La vertu des prémices. L’attachement au Tsadik et l’étude de la Torah

Dans la prière du matin, nous disons: Qui, par Sa bonté, renouvelle chaque jour les actes de la création. Or c’est essentiellement par l’étude de la Torah qu’on renouvelle la création, car sans la Torah, le monde n’aurait pas du tout été créé (Pessa’him 68b). Comme nous l’avons vu, le Saint, béni soit-Il, a regardé la Torah avant de créer le monde cette Torah à l’étude de laquelle les Tsadikim s’engagent et unissent le jour à la nuit (cf. Michnah Bérourah, Ora’h ‘Haïm 1:1). Grâce à leur étude assidue, Il renouvelle avec encore plus d’intensité les actes de la création.

Bétouvo Par sa bonté: la Torah porte le nom de Tov (Avoth 6:3; Bérakhoth 5a), comme il est écrit: Je vous ai donné une bonne doctrine... ne l’abandonnez pas (Proverbes 4:2). La Torah fait allusion à ce renouvellement dans le verset: Et vous qui êtes restés fidèles à l’Eternel, votre Dieu, vous êtes tous restés vivants (Deutéronome 4:4). Vous qui êtes restés fidèles, ce sont les Justes: grâce à eux nous sommes tous vivants et c’est grâce à eux que nous renouvelons chaque jour les oeuvres de la création.

Sachons que tout renouvellement est vraiment une création nouvelle et que nous devons réciter la bénédiction Ché’héyanou sur lui. Nous devons par conséquent exprimer notre gratitude à ceux qui étudient régulièrement la Torah, car c’est grâce à leur étude que le monde subsiste et se renouvelle chaque jour. Leur mérite incite aussi les gens à se repentir (cf. Zohar III, 260a) et à purifier leur pensée. Il est donc très important de s’attacher aux Tsadikim et de croire en leur sainteté et en leur force qui leur est donnée par Dieu, car c’est ainsi qu’ils pourront avoir une bonne influence sur nous.

La cérémonie de l’offrande des prémices se déroulait dans la plus grande solennité: Quand le peuple est nombreux, c’est la gloire d’un roi (Proverbes 14:28). Toute l’assistance se réunissait chez le chef de l’assemblée et formait un cortège pour monter à Jérusalem, précédé d’un boeuf dont les cornes étaient revêtues d’or, traversait la ville sous les sons de la fl-te et arrivait au Mont du Temple, où chacun récitait le verset: L’Araméen voulait perdre mon père...

Les prémices illustrent le fait que tout appartient à Dieu. Celui qui vient les offrir au Saint Temple, Lui exprime sa gratitude sincère et L’implore de lui pardonner d’avoir négligé l’étude de la Torah par suite de ses travaux agricoles. Grâce à cette humilité et cette sincérité, le Saint, béni soit-Il, lui pardonne, car son travail était essentiellement un moyen pour accomplir les mitsvoth et faire subsister le monde.

ARaMI voulait perdre mon père: en d’autres termes, c’est le mauvais penchant, le grand RaMAI (imposteur), qui incite l’homme à négliger l’étude de la Torah au profit des travaux des champs. Mais, grâce à son dévouement et son humilité, l’homme l’élimine et se rapproche ainsi de l’Eternel.

Véhayah (qui dénote la joie) Quand tu viendras dans le pays, si tu travailles la terre en vue de servir ton créateur dans la joie, tu auras éliminé le mauvais penchant. Mais si tu ne penses qu’à tes possessions et ta subsistance, le Yetser ne te laissera pas le temps de t’engager dans l’étude de la Torah et te rendra triste. Si les produits de tes champs sont abondants, tu es susceptible de prétendre que c’est ma propre force... qui m’a valu cette richesse. Le déplacement à Jérusalem en toute humilité permet de vaincre le mauvais penchant, de te débarrasser des pensées étrangères et de t’attacher ainsi davantage à Dieu.

Tout cela était valable du temps du Saint Temple. Mais maintenant qu’il a été détruit à cause de nos nombreux péchés, comment notre négligence de l’étude de la Torah engendrée par les travaux des champs pourra-t-elle nous être pardonnée? Par les dons que nous offrons au Sage de la Torah et notre attachement à lui. Comme nous l’avons vu plus haut, celui qui offre un don à un Sage de la Torah, c’est comme s’il offrait des prémices, selon le commentaire de nos Sages (Kéthouvoth 105b) du verset: Un homme, venant de Ba’al Chalichah, apporta un jour à l’homme de Dieu (Elicha’), comme pain de prémices, vingt pains d’orge et du gruau dans sa panetière (Rois II, 4:42). Nous voyons là le rôle du Tsadik, qui est similaire à celui du Saint Temple. A l’exemple du Cohen, la Providence Divine réside en lui. Si on lui offre un don sans qu’il le demande, on montre que tout provient de l’abondance qu’il perpétue autour de lui, c’est grâce à son mérite que la Créature se renouvelle, que l’homme s’élève. Celui qui s’efface devant lui réussit à vaincre son mauvais penchant.

La force spirituelle du Tsadik est donc similaire à celle du Temple. Celui qui montait à Jérusalem, l’Eternel l’imprégnait de la bénédiction et de la sainteté inhérentes au Temple. De nos jours, celui qui vient se réfugier sous les ailes du Juste de son vivant, et à plus forte raison après sa mort (car alors il est appelé vivant), jouit pleinement de sa bénédiction (cf. ‘Houlin 7b; Bérakhoth 18a). Grâce au Tsadik, l’Eternel peut mieux renouveler chaque jour les oeuvres de la création, son influence ici-bas se faisant aussi sentir En haut (cf. Zohar I, 77b).

Si pendant l’accomplissement de la mitsvah des prémices on récite le verset: L’Araméen voulait perdre mon père, celui-ci descendit en Egypte... ce que l’on ne fait pas pour les autres mitsvoth, c’est que, pour affaiblir l’homme, le mauvais penchant lui donne au début l’impression qu’il ne le dérange pas du tout dans son service divin et qu’au contraire il l’y aide. Toutefois, quand il transforme la mitsvah en routine, aspect de sa piété à Mon égard se borne à des préceptes d’hommes, à une leçon apprise il le domine complètement et le dérange continuellement dans son service divin et l’accomplissement des mitsvoth.

Avant d’apporter ses prémices au Temple, l’homme a d- semer, labourer, récolter, etc. De plus, trois années durant, le fruit sera pour vous autant d’excroissances, il n’en sera point mangé (cf. Lévitique 19:23). Après tant de labeur, il doit livrer bataille au mauvais penchant qui lui fait croire que c’est sa propre force qui lui a valu cette richesse, et s’efforce d’attiédir son enthousiasme à servir son Créateur.

Il convient alors de se débarrasser complètement de ces pensées étrangères, de se fortifier contre le mauvais penchant qui vise à nous faire pécher, et de se soumettre à l’Eternel. C’est pour annuler le mauvais penchant qu’on doit déclarer que l’on s’est enlevé complètement de lui: Arami voulait perdre mon père... C’est en s’annulant devant le Tsadik et en se rendant chez lui à chaque fois comme pour la première fois, que l’on peut bénéficier (pour soi et sa famille) de toutes les bénédictions pour ce monde-ci comme pour le monde futur.

 

 

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TABLE DE MATIERE
La vertu des prémices. L’héritage du pays. L’attachement au Tsadik

 

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