La mitsvah des prémices Et tu te réjouiras devant l’Eternel, ton Dieu

Commentant le verset: Tu te réserveras trois villes dont l’Eternel... t’accorde la possession... Tu devras diviser en trois parties le territoire du pays... (Deutéronome 19:3), la Guémara (Makoth 10b) enseigne que les autorités devaient placer des poteaux indicateurs pour que le meurtrier involontaire sache où se trouve la ville de refuge où il devra s’enfuir. Rabbi Israël Meloul rapporte à cet effet la question de mon très vénéré maître, Rabbi Chamaï, doyen de la Yéchivah de Sunderland en Angleterre: pourquoi, concernant la mitsvah des prémices, la Torah n’a pas ordonné de placer sur les routes des poteaux indiquant la direction.

D’autre part, comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, ceux qui montaient à Jérusalem pour offrir les prémices au Saint Temple, devaient passer la nuit dans la grand-place de la ville et sous l’ordre des responsables, monter vers la maison de Dieu le lendemain matin avec tout le cérémonial que nous avons décrit. Pourquoi ne passeraient-ils pas plutôt paisiblement la nuit chez eux pour prendre la route de Jérusalem le lendemain matin?

Dernière question: Pourquoi est-ce précisément concernant la mitsvah des prémices que la Torah ordonne: Et tu te réjouiras pour tous les biens que l’Eternel, ton Dieu, aura donnés à toi et à ta famille (Deutéronome 26:11). Remarquons qu’il est stipulé clairement qu’on doit être joyeux en accomplissant la mitsvah des téroumoth et des maasséroth, l’égorgement des animaux et à Chavou’oth, mais la Torah ne le précise pas pour les mitsvoth comme les téfilin, etc. Toute mitsvah n’implique-t-elle pas d’être faite dans la joie?

Répondant à la première question, Rabbi Chamaï explique que Dieu veille individuellement sur chaque Juif: en effet, si le meurtrier involontaire en vient à demander où se trouve la ville de refuge la plus proche, tout le monde pensera qu’il s’agit d’un vrai assassin, ce qui risquerait de profaner le nom de Dieu. Le meurtrier doit donc chercher sa voie tout seul... En revanche, en ce qui concerne la mitsvah des prémices, demander où se trouve Jérusalem revient à glorifier le Nom de Dieu, car les gens des lieux voient que ces pèlerins ont déployé de gros efforts pour y arriver en ne sachant même pas la bonne direction à prendre. Mais à notre avis, en attendant que le meurtrier involontaire sache où se trouve la ville de refuge la plus proche, du fait du manque de poteaux indicateurs: le vengeur de sang serait arrivé avant lui et l’aurait tué, et cependant, il ne méritait point la mort (cf. Deutéronome 19:6): c’est la raison pour laquelle la Torah a ordonné de placer des poteaux indicateurs. En revanche, si on n’a pas placé de tels poteaux pour ceux qui montent à Jérusalem offrir les prémices, c’est pour que le pèlerin demande et cherche où se trouve la voie de Dieu, montrant ainsi l’amour qu’il Lui porte.

D’autre part, comme le proclame le prophète (Isaïe 2:3), c’est de Tsion que sort la Torah et de Jérusalem la parole du Seigneur: l’homme doit donc veiller à chercher d’où vient la parole de Dieu... Le pèlerinage à Jérusalem visait donc en fin de compte à rattacher le Juif à la Providence Divine et l’imprégner de la foi en l’Eternel pour qu’il jouisse ainsi de Sa splendeur. S’il y avait des poteaux indicateurs, il n’est pas certain qu’il aspirerait à se sanctifier et s’élever davantage, car ce n’est seulement celui qui cherche à s’élever qui révèle à tous qu’il veut se réjouir devant l’Eternel.

On peut dire aussi que même celui qui connaissait la route conduisant à Jérusalem demandait des renseignements, pour montrer qu’il visait lui aussi à s’élever et se sanctifier dans la ville sainte, comme il est écrit: Qui s’élèvera sur la montagne du Seigneur? Qui se tiendra dans Sa sainte résidence? Celui dont les mains sont sans tache (Psaumes 24:3-4). Car ce n’est qu’en faisant preuve d’humilité, qu’en ne prétendant pas tout savoir, qu’en cherchant et s’approfondissant qu’on s’élève vraiment.

Si les riches (comme les pauvres) dormaient dans la grand-place de la ville, c’est pour se débarrasser quelque peu de leur confort et de leur orgueil et go-ter la vie du pauvre, pour prendre conscience de leur insignifiance devant Celui qui a créé le monde par le verbe, aspect de: Sachez devant Qui vous vous tenez (Bérakhoth 28b). Cette nuit passée ensemble contribuait à briser les frontières entre les différentes couches sociales, les appétits matériels, à la soumission devant l’Eternel et qui est source de tout, à qui sied vraiment la Guéouth l’orgueil, comme il est écrit: L’Eternel règne! Il est revêtu de Guéouth (Psaumes 93:1). Les pèlerins montaient donc à Jérusalem au son des tambourins et des instruments de danse pour s’élever et se sanctifier sur la montagne de l’Eternel.

Nous conseillons donc à tout étudiant qui vient à la Yéchivah de se débarrasser du côté matériel de la vie avant de quitter la maison. Car il est naturel que la séparation soit difficile. Qu’il s’engage donc chez lui un jour sur deux dans l’étude assidue de la Torah pour s’habituer plus facilement à la vie de la Yéchivah et qu’il ne se languisse pas de sa maison et de sa famille. Qu’il suive également la voie des premiers ‘hassidim qui se concentraient un certain temps avant leurs prières. Seul celui qui a déployé des efforts avant le Chabath mangera le Chabath (Avodah Zarah 3b). C’est ce que faisaient ceux qui montaient à Jérusalem pour offrir des prémices: dormant dans la rue pour briser leurs appétits matériels, ils demandaient la direction de Jérusalem, pour se préparer et s’élever.

Toutefois, maintenant que notre Saint Temple a été détruit, on s’élève essentiellement en s’exilant pour apprendre la Torah (Avoth 4:14; Chabath 147b) et en étudiant dans une Yéchivah, la maison de Dieu, comme il est écrit: Je suis dans la joie quand on me dit: Nous irons dans la maison de l’Eternel (Psaumes 122:1). C’est essentiellement dans la Yéchivah qu’on sent et voit que l’Eternel est bon (id. 34:9). Nos pieds s’arrêtent dans tes portiques, ô Jérusalem, Jérusalem qui est bâtie comme une ville d’une harmonieuse beauté (id. 122:2). Cette ville qui édifie l’homme, dont les portiques sont comparés aux grands érudits de la Halakhah (Bérakhoth 8a) et sont les vestiges du Saint Temple de Jérusalem.

Toutes les mitsvoth doivent être accomplies dans la joie, mais la Torah met particulièrement l’accent sur l’offrande des prémices, en venant jusqu’à châtier celui qui s’en abstient, comme il est écrit: Parce que tu n’auras pas servi l’Eternel... avec joie et contentement de coeur. Si la Torah ne nous a pas précisément ordonné d’éprouver de la joie lors de l’accomplissement des autres mitsvoth, c’est parce que cela va de soi. Il n’en est pas de même de la mitsvah de l’offrande des prémices: en effet, le pauvre est susceptible de se mettre en colère contre le riche qui présente son offrande dans un panier d’argent, alors que lui l’offre dans un simple panier d’osier. Toutefois, quand il sera monté à Jérusalem dans la joie, il ressentira la Providence Divine et la sainteté, l’esprit saint ne résidant que chez celui qui éprouve de la joie (Yérouchalmi, Soucah 5:1; Cho’her Tov 24:3), comme il est écrit: Tandis que celui-ci jouait de son instrument (entraînant la joie), l’esprit du Seigneur s’empara du prophète (Rois II, 3:15). La Torah ordonne aussi au riche d’éprouver de la joie lors de l’accomplissement de cette mitsvah et ne pas s’inquiéter sur ses richesses qu’il a laissées chez lui, car elle lui assure santé, sécurité et prospérité (cf. Pessa’him 8b). Monté donc à Jérusalem dans la joie, il s’élèvera et se sanctifiera, ce qui constitue essentiellement l’objectif de l’offrande des prémices.

Ne nous hâtons donc pas de sortir de la synagogue immédiatement après la fin de la prière pour nous occuper de nos affaires quotidiennes. Si nous nous y engageons dans l’étude de la Torah, la récitation de Psaumes, l’étude de Halakhoth, etc. Dieu nous aidera certainement et il ne nous arrivera aucun mal, à Dieu ne plaise. Faisons aussi la charité sans nous soucier de notre capital. La charité ne fera que nous enrichir et l’Eternel exaucera certainement tous nos voeux et remplira abondamment notre Trésorerie.

 

Les lois de l’offrande des prémices La victoire sur le mauvais penchant
TABLE DE MATIERE
L’objectif de la Téchouvah et de bonnes actions Le combat permanent contre le mauvais penchant

 

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