Tu aimeras ton prochain comme toi-même  Les fondations du pacte de la Torah

D’après certains commentateurs, si Moïse a réuni tous les enfants d’Israël avant sa mort, c’est qu’il savait par avance qu’il n’allait pas entrer avec eux en Terre Sainte.

Si vous êtes unis, leur expliqua-t-il, vous n’aurez pas à avoir peur des 98 malédictions de la parachath Ki Tavo (cf. Tan’houma, Choftime 18; Zohar I, 200b). Si je vous ai réuni, c’est pour que vous entriez dans l’alliance de l’Eternel... La question est évidente: Pourquoi Moïse revient-il sur ce sujet? Nous savons que dès qu’ils ont reçu la Torah, les enfants d’Israël y sont entrés, comme il est écrit: L’Eternel, notre Dieu, a contracté avec nous une alliance à ‘Horev (Deutéronome 5:2) et Ceci est le sang de l’alliance que l’Eternel a conclue avec vous (Exode 24:8).

Comme nous l’avons vu, Rabbi Akiva enseigne: Tu aimeras ton prochain comme toi-même, c’est un grand principe de la Torah (Yérouchalmi, Nédarime 9:4), alors que Hillel l’Ancien a dit au Gentil qui voulait apprendre toute la Torah sur un seul pied: Ne fais pas à ton prochain ce que toi-même tu hais (Chabath 31a; Pessikta Zouta, Kédochime 19:18). Il ne lui a pas mis l’accent sur le Chabath, la foi au Créateur de l’univers, etc. par exemple. Peut-on concevoir aimer son prochain comme soi-même? Peut-on courir un danger de mort pour lui dans certains cas et l’aimer plus que sa propre personne?

C’est que celui qui est le plus proche de l’homme, c’est l’homme lui-même, qui est l’oeuvre des mains de Dieu (Kohéleth Rabah 3:14). Il est doué de forces qui peuvent l’élever au-dessus des anges. Il est ‘Hélek Elohah Mima’al, une partie de la divinité suprême dont les premières et dernières lettres forment Mem Teth KaLaH (facile).

Mem Teth (49) formant Noun (50) avec le collel. En d’autres termes, il est donné  à tout le monde d’accéder aux quarante-neuf portes de la sainteté (celui qui veut se purifier se fait aider du Ciel, enseigne à cet effet la Guémara (Chabath 104a; voir aussi Zohar I, 54a). Comme nous l’avons vu, après qu’Adam e-t péché en consommant de l’Arbre de la Connaissance du bien et du mal, les anges demandèrent au Saint, béni soit-Il, Pourquoi as-tu décrété la mort contre le Premier Homme? (Chabath 105b). N’en connaissaient-ils pas toutefois la raison? C’est qu’ils savaient qu’il fait partie de la Divinité. Il a beau pécher, il peut facilement s’élever et effacer toute trace du péché qu’il a commis. L’Eternel leur a toutefois expliqué: Je lui ai donné une mitsvah kalah et il l’a transgressée, alors que selon son niveau spirituel, il aurait pu facilement arriver au cinquantième degré de sainteté... C’est la raison pour laquelle il a été puni.

Si on veut craindre Dieu, il suffit de regarder son prochain pour ressentir la présence divine. Faites-Moi un Mikdach et Je résiderai en eux. En eux: chez chacun des Enfants d’Israël car chacun représente un Mikdach, un lieu de résidence de la Chékhinah. C’est en regardant l’autre, en l’aimant et en s’unissant à lui, que l’on arrive à s’attacher à Dieu.

Lorsqu’on voit que le mauvais penchant nous incite au péché et nous dérange dans notre service divin, on en vient à craindre l’autre au détriment de la crainte d’Hakadoch Baroukh Hou. Il faut alors seulement voir la partie divine qui est en lui et se demander: Comment puis-je avoir peur de lui et pas de ce qu’il y a en lui? C’est par cette prise de conscience qu’une partie divine habite autrui et qu’il est l’oeuvre des mains de Dieu qu’on est amené à craindre Dieu. Ceci peut imprégner la conduite d’homme à l’autre et l’élever à de très hauts niveaux... YHVH avec la transcription de chaque lettre en utilisant le Aleph (YOD, HE, VAV, HE) a pour valeur numérique 45, qui est la même que ADaM (l’homme).

C’est en aimant l’autre qu’on en vient à la cinquantième porte de la sainteté et à la crainte de Dieu.

Moché réunit tous les Enfants d’Israël de sa génération et des générations futures pour les faire passer (Lé’OVRéKha) dans l’alliance, les unir et qu’ils soient garants (Lé’ARVéKha) l’un de l’autre.

Si l’union et l’harmonie règnent donc au sein des Juifs, s’ils se portent garants l’un de l’autre, ils peuvent accomplir toutes les ordonnances de la Torah (remarquons à cet effet la valeur numérique de Brith) (612 + 1 = 613: le Brith équivaut aux 613 mitsvoth de la Torah). Ce serait ici le grand principe de la Torah dont parlait Rabbi Akiva plus haut: par l’union et l’harmonie, chacun ressent les besoins de son prochain et donc l’existence de Dieu.

C’est pourquoi quand on entend la mort de quelqu’un, même de celui qui habite très loin et qu’on ne connaît pas, on éprouve du chagrin pour lui. En effet, comme nous l’avons vu, Moïse a parlé à toutes les âmes de sa génération et des générations qui devaient suivre. Si les enfants d’Israël sont garants l’un de l’autre, zéh bazéh, ils s’imprègnent de la crainte du Ciel: ZéH BaZéH ayant la même guématria que le Nom de Dieu YHVH, et même si on ne le voit pas, son mazal le voit (Méguilah 3a; Sanhédrine 94a).

Dans son ouvrage sur Yirah VaDaath, commentant le verset: Et il sera écrit comme symbole sur ton bras et comme fronteau entre les yeux (Exode 13:16), Rabbi Sim’hah Zissel de Khelm écrit: Les Juifs doivent avoir une place où se réunir en vue de rendre hommage à leur Dieu créateur... Il visait les synagogues et le pouvoir des fidèles qui y prient ensemble. Ils portent ainsi le nom de Dieu.

La Torah n’est pas dans le Ciel pour que tu dises: Qui montera pour nous au Ciel, nous l’ira quérir et nous la fera entendre, afin que nous l’observions? Elle n’est pas non plus au-delà de l’océan, pour que tu dises: Qui traversera pour nous l’océan, nous l’ira quérir, et nous la fera entendre afin que nous l’observions? (Deutéronome 30:12, 13). Elle est au contraire toute proche de nous et peut nous conduire à la crainte du Ciel: il nous suffira d’aimer notre prochain. Commentant à cet effet le verset: C’est à coups de pierres que tu le feras mourir, parce qu’il a tenté de t’éloigner de l’Eternel... (Deutéronome 13:11), Rabbi Sim’hah explique: Il sera lapidé même s’il n’a pas réussi à les convaincre d’adorer des idoles. Il sera condamné pour ses mauvais conseils, le Saint, béni soit-Il, joignant dans le cas de l’adoration des idoles la mauvaise pensée et l’action (Kidouchine 39b, 40a)...

Celui qui aime son prochain voit en lui le nom de Dieu et en apprend la crainte du Ciel, la gratitude, la foi, la Torah. Il peut accéder à la cinquantième porte de la sainteté, à l’alliance et à toute la Torah. S’il incite son prochain à adorer les idoles et s’abstient d’acquérir les attributs mentionnés ci-dessus, c’est comme s’il reniait le nom de Dieu qui est inhérent à l’homme: il doit donc être lapidé... car l’amour doit engendrer essentiellement des rapports idéaux entre l’homme et son prochain et l’homme et son Créateur.

 

 

Les vertus de l’union, base de la subsistance du Peuple Juif
TABLE DE MATIERE
La modestie est la mère de tous les bons traits pour tout homme tout au long des générations

 

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