Seul l’Eternel dirige celui qui ne fait pas preuve d’orgueil

Que vient exactement nous apprendre le verset: Seul l’Eternel le dirige, et nulle puissance étrangère ne Le seconde (Deutéronome 32:12). C’est tout à fait normal que si seul l’Eternel dirige le peuple, aucune puissance ne Le seconde.

C’est que, si l’Eternel dirige les Enfants d’Israël et veille sur eux, c’est pour qu’ils Le reconnaissent, à condition toutefois qu’ils s’effacent complètement devant Lui. Et plus on s’isole et scrute Ses voies, plus on Le reconnaît. Nulle puissance Nékhar (lit.: étrangère) ne Le seconde; NéKHaR a la même valeur numérique (270) que RA (mauvais): il n’y a rien de plus mauvais que l’orgueil. Celui qui veut accéder au niveau de EL, Dieu lui dit: toi et Moi ne pouvons pas résider ensemble dans le monde (Erkhine 15) comme nous l’avons vu: un tel homme est vraiment un mécréant (RA a la même guématria que GuEéH, orgueilleux). Par conséquent, Dieu ne dirige et ne guide que celui qui n’a aucune autre divinité, c’est-à-dire celui qui a réussi à éliminer son orgueil et s’efface complètement devant Dieu.

Moïse vint faire entendre au peuple toutes les paroles de ce Cantique (Deutéronome 32:44). C’est là qu’on voit en même temps sa grandeur, sa modestie et son effacement devant chacun des membres de l’Assemblée d’Israël. Toutes ses paroles ayant imprégné leur coeur, chacun d’eux a pris conscience de ses déficiences et s’est efforcé de les corriger.

Si Moïse a accédé à ce niveau, c’est essentiellement parce qu’il savait que seul à l’Eternel sied la Guéouth, l’orgueil. Celui qui était le plus humble des hommes qui f-t sur la terre, avait déjà accédé à diriger le Peuple d’Israël quand il faisait paître le troupeau de Jéthro, son beau-père (Exode 3:1). S’étant effacé devant tout celui qui a été créé à l’image de Dieu, le verset: Ce peuple est la part du Seigneur, Jacob est le lot de son héritage se rapportait à lui. Car seul celui qui s’attache à Dieu et s’efface devant Lui peut être la part du Seigneur. C’est essentiellement la mission qu’il nous incombe d’accomplir dans ce monde. Nous devons agir comme des esclaves à l’égard de leur maître.

Tout celui qui fait preuve d’orgueil, c’est comme s’il adorait des idoles, et c’est à cause de ce mauvais trait que les enfants d’Israël ont commis la faute du veau d’or pour pouvoir être entraîné à la débauche (cf. Sanhédrine 63b), selon le commentaire de Rachi du verset: ...puis se livra à des réjouissances (Exode 32:6; voir aussi Tan’houma Ki Tissa 20). Et même, s’il s’engage dans l’étude de la Torah, il ne vise qu’à s’enorgueillir auprès de son prochain, ce qui engendre chez lui des appétits bestiaux. C’est ce qui peut arriver aussi à celui qui dispense des enseignements de Torah pour s’en enorgueillir.

Si Moïse a accédé à un tel niveau spirituel, c’est essentiellement parce qu’il se sentait même plus bas que le sol sur lequel on piétine. C’est sa voie que nous devons emprunter, et si on veut déraciner radicalement les mauvais traits, on doit s’engager dans l’étude de la Torah en faisant preuve de modestie et d’effacement total devant Dieu. On en arrive ainsi à la reconnaissance de Dieu et à l’effacement total devant Sa gloire. En contribuant à la continuation de la Création et en aimant son prochain, nous réussirons à emprunter la voie de la droiture.

Prenons donc conscience de notre insignifiance. Si nos Patriarches ont accédé à un tel niveau, c’est essentiellement parce qu’ils visaient à reconnaître l’Eternel en s’effaçant devant Lui, et avec un immense labeur ils faisaient jaillir la Torah de leur corps (Béréchith Rabah 61a; Avoth déRabbi Nathan 33:1; Tan’houma Vayigach 11). Comme eux, nous n’accéderons à de hauts niveaux que si nous nous scrutons sérieusement, nous engageons dans l’étude de la Torah et livrons un combat acharné au mauvais penchant. C’est grâce à ‘Hechbon Néfech, l’introspection et le calme d’esprit, dont les deux premières lettres constituent Noa’H (sérénité) que nous en viendrons à reconnaître Dieu, comme l’exprimait le Roi David: Lorsque je contemple les cieux, oeuvres de Ta main... (Psaumes 6:4) et Que Tes oeuvres sont grandes, ô Seigneur! (id. 104:24).

Nous voyons constamment les merveilles de la nature sans pour autant en louer le Créateur, béni soit-Il, parce que nous y sommes habitués. Sortons donc de la ville, admirons les montagnes et concentrons-nous au maximum sur les merveilles de la Création. Nous en viendrons alors à reconnaître l’Eternel, comme notre patriarche Avraham.

Comme le prophète Jérémie nous y incite: Examinons nos voies, scrutons-les et retournons à l’Eternel (Lamentations 3:40). L’esprit calme, examinons ce que nous devons rectifier dans notre conduite. Nous pourrons ainsi commencer le mois d’Eloul en toute sérénité.

C’est précisément le jour du Chabath qui convient pour ce genre d’introspection: Exploitons-le au maximum pour nous élever les jours de la semaine qui suivent Chabath. C’est le meilleur jour pour se repentir. Les lettres de ce mot sont les initiales de ChaBaTh BO TaChOuV (c’est le Chabath que tu te repens). Le Roi David écrit à cet effet TaCheV (où on retrouve les lettres de ChaBaTh: (Tu réduis) le faible mortel en poussière et Tu dis: Revenez [en pénitence], fils de l’homme (Psaumes 90:3). En ce jour, où l’on ressent un avant go-t du monde futur, l’Eternel dirige nos pas à condition toutefois que nous nous engagions dans l’étude de la Torah que nous n’avons pas eu le temps d’étudier en semaine, comme le préconise le Ben Ich ‘Haï (chapitre sur les vertus de l’étude de la Torah). La sainteté du Chabath imprègne tous les jours de la semaine. L’homme y accède à des niveaux sublimes en en respirant l’air.

Nous lisons tous les jours dans la prière du matin: ...Tu nous a distingués des égarés, nous a donné la Torah de vérité et implanté en nous la vie éternelle. En montant à la Torah nous récitons aussi la bénédiction: ...Qui nous a choisis d’entre tous les peuples et donné Sa Torah. Ce qui distingue le Juif du non-juif, c’est essentiellement la Torah, qui nous conduit à la vie éternelle. Le Juif est profondément conscient du fait qu’il faut exploiter chaque minute libre dans ce monde pour s’engager dans l’étude de la Torah et accomplir des mitsvoth. Il ressent que sa vie même dépend d’elles. Et même quand il se repose, il exploite son repos pour scruter ses voies, contrairement au non-juif qui ne cherche qu’à jouir pleinement de chaque instant de sa vie, s’attache à des choses vaines et se complaît au néant (cf. Jérémie 2:5).

Vayéhi A l’heure de Min’hah l’oblation... (Rois I, 18:36). Comme nous l’avons vu (Méguilah 10b; Vayikra Rabah 11:7): VaYéhi exprime toujours la souffrance et le chagrin: il faut vraiment un grand dévouement pour fermer son magasin et aller faire MiN’HaH au moment où les affaires marchent le mieux, où on est fatigué et a envie de faire MéNou’HaH une petite sieste. Le terme Min’hah désigne un don (MiN’HaH) qu’on fait au Saint, béni soit-Il. Si on y réussit, on s’élève à un haut niveau pour s’être affermi précisément à un moment où on éprouvait une certaine peine. D’ailleurs, nos Sages enseignent à cet effet que c’est durant Min’hah que Dieu a répondu au prophète Elie (Bérakhoth 6b).

Le mauvais penchant s’intensifie donc dans les grands moments comme pendant la prière de Min’hah du jour de Kipour. Las, assoiffé et affamé, on ne peut pas se concentrer dans sa prière. Mais si on arrive à dominer sa fatigue et offre l’oblation à Dieu, c’est comme si on sacrifiait son âme pour Lui, comme notre patriarche Avraham qui se préparait à sacrifier son fils Isaac et a imploré Dieu de considérer son acte comme un vrai sacrifice (Tan’houma Chéla’h 14).

Que l’Eternel nous fasse emprunter la voie de la droiture et nous aide à nous effacer complètement devant Lui et nous engager assidûment dans l’étude de la Torah. Amen!

 

Les merveilles du Saint, béni soit-Il
TABLE DE MATIERE
Il ne suffit pas de prier régulièrement, il est indispensable de fixer des temps pour l’étude de la Torah

 

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