La valeur du service de l’homme dépend de la sincérité de son dévouement

Il est écrit : « Ceci est la Torah [règle] de l’holocauste, c’est l’holocauste qui se consume sur le brasier de l’autel, toute la nuit jusqu’au matin; le feu de l’autel y doit brûler de même. Le cohen revêtira son habit de lin, après avoir couvert sa chair du caleçon de lin » (Lévitique 6, 2-3).

Notre parachah parle effectivement des sacrifices, de l’autel et des vêtements que portaient les cohanim pour accomplir leur service. Mais les points suivants doivent encore être éclaircis :

a. Pourquoi le mot « holocauste » est-il répété (« Ceci est la Torah de l’holocauste, c’est l’holocauste »), et pourquoi le mot mokdah (« brasier ») est-il écrit avec un petit mem, à l’instar du mot vayikra (au début du Lévitique) qui est écrit avec un petit aleph ?

b. Pourquoi le feu doit-il brûler sur l’autel à tout moment sans qu’on ait le droit de l’éteindre, ainsi qu’il est écrit : « quant au feu de l’autel, il doit brûler sans s’éteindre (...), un feu continuel (...) il ne devra point s’éteindre » (Ibid. 5-6), au point que les Sages ont dit que celui qui éteint le feu sur l’autel commet deux transgressions (Yoma 45b, Rachi sur ce passage). Le Séfer Ha’hinoukh (mitsvah 132) ajoute que c’est une mitsvah spécifique de mettre du feu sur l’autel, indépendamment du fait qu’on a besoin de feu pour les sacrifices. La halakhah a été fixée selon l’opinion de Rabbi Yossi par opposition à celle de Rabbi Yéhouda (voir Yoma 45a, et aussi Séfer Ha’hinoukh mitsvah 132, Rambam Temidim Oumoussafim ch. 2 halakhah 4, Méiri Tamid fin du ch. 2), à savoir que pour assurer l’entretien du feu, on faisait un troisième foyer en plus des deux foyers habituels. Même pour Rabbi Yéhouda qui n’est pas de cet avis, les cohanim avaient l’obligation d’ajouter toutes les heures des morceaux de bois dans le foyer pour entretenir le feu, car tout le monde est d’accord pour dire qu’il est impératif que le feu ne s’éteigne pas (Méïri sur Yoma, Min’hat ‘Hinoukh sur ce passage). Pourquoi donc faut-il un feu perpétuel ? Sans compter que les Sages nous ont transmis que le feu qui était descendu du ciel à l’époque de Moïse n’a disparu de l’autel d’airain qu’à l’époque de Salomon (quand on a construit un autel de pierre), et que le feu qui était descendu à l’époque de Salomon est resté présent jusqu’à ce que Menaché le fasse disparaître (Zeva’him 61b). (On sait que ce feu est gardé à Jérusalem jusqu’à aujourd’hui.) Tout cela demande explication : Pourquoi le feu du sacrifice perpétuel est-il resté en permanence ? Et pourquoi le feu doit-il brûler sans cesse sur l’autel ?

c. Il faut également réfléchir à ce qu’ont dit nos Sages sur les vêtements du cohen gadol (Chabath 114a, Yoma 23b), à savoir que pour verser le verre de son Maître, il ne doit pas porter ceux avec lesquels il a fait la cuisine à son Maître. Pourquoi les cohanim devaient-ils porter des vêtements spéciaux pour chaque genre de service [en particulier le jour de Kippour, après lequel les vêtements portés par le cohen gadol ne devaient plus jamais être utilisés (Yoma 12b, Torath Cohanim 16 par. 1)] ? Qu’essaie-t-on de nous faire comprendre par là ?

Pour l’expliquer, il faut d’abord parler du dévouement dans le service de Dieu, dont il existe deux sortes. La première, qui est la plus belle, se divise en deux parties, selon qu’il s’agit des relations entre l’homme et Dieu ou entre l’homme et son prochain.

Quand l’homme sent qu’il aime Dieu de toutes ses forces, il est prêt à donner sa vie pour Lui, et à passer par toutes les épreuves pour sanctifier Son nom, sans aucune hésitation ni aucune crainte. Et s’il s’agit non pas de donner sa vie mais simplement de se sacrifier, il est tout disposé à accomplir dans tous ses détails la moindre petite mitsvah (Avoth 2, 1, Tan’houma Ekev 1), quoi qu’il puisse lui en coûter, avec un immense élan de tout le coeur.

On peut en prendre pour exemple le cas d’un homme qui pour une raison quelconque n’a presque pas dormi de la nuit et n’a pu se coucher qu’au petit matin. Dès qu’arrive l’heure de la prière et du Chema, il rassemble néanmoins ses forces comme un lion pour se mettre au service de Son Créateur et faire une belle prière. Cela, c’est un dévouement de la plus grande qualité. Ou encore imaginons un homme qui est occupé toute la journée à gagner sa vie, mais quand arrive le soir et qu’il rentre chez lui, il évite de s’asseoir devant l’impure télévision, ou de perdre son temps en mauvaise compagnie. Au lieu de cela, il domine son mauvais penchant et va au beith hamidrach le plus proche pour étudier la Torah à heures fixes (voir Chabath 31a). Cela aussi, c’est une très belle manifestation de dévouement.

On peut trouver la même qualité dans le domaine des relations entre les hommes, par exemple chez celui qui ressent la douleur de son frère et lui vient en aide d’une façon quelconque, financièrement ou autre, sans aucune contrepartie. Il n’est animé que de l’amour du prochain, ainsi qu’il est écrit : « Aime ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19, 18), ce qui signifie qu’on doit aimer son prochain comme on s’aime soi-même et l’aider à la façon évoquée par le verset qui dit : « L’un prête assistance à l’autre » (Isaïe 41, 6). C’est là une générosité vraiment exceptionnelle, car cet amour du prochain ne provient d’aucune arrière-pensée ni espoir de récompense.

Ces deux domaines d’action (entre l’homme et Dieu, entre l’homme et son prochain), forment l’essentiel de la Torah. Ce n’est pas pour rien que Hillel a répondu au prosélyte qui voulait apprendre toute la Torah en se tenant sur un pied (Chabath 31a) : « Ce que tu détestes, ne le fais pas à autrui ». Par ailleurs, les Sages ont dit que Habacuc a concentré les principes de la Torah à un seul, la foi (Makoth 24a), ainsi qu’il est écrit : « Le juste vivra par sa foi » (Habacuc 2, 4). Il n’y a pas de contradiction entre ces deux règles générales de conduite. Keli Yakar explique (sur Lévitique 19, 18) que toutes les mitsvoth de la Torah ressortent soit des rapports entre l’homme et son prochain (comme dans l’enseignement de Hillel), soit des rapports entre l’homme et son Dieu (comme en témoigne le verset de Habacuc). Les deux ont leur source dans les Ecritures, l’importance de la foi comme celle de l’amour, et ils sont interdépendants.

Mais le principal et la base du don de soi que la Torah exige de l’homme, que ce soit envers son prochain ou envers Dieu, c’est l’humilité et l’effacement total de soi-même. Il faut se conduire avec modestie envers Dieu comme envers le prochain, c’est cela qui mène à la Torah, selon ce que dit le Yérouchalmi (Nédarim ch. 6 halakhah 4) : c’est un grand principe de la Torah. Cette attitude est extrêmement ardue, car elle implique d’avoir accompli un travail assidu sur soi-même.

Il existe également une autre sorte de dévouement, qui mérite bel et bien ce nom bien que n’étant pas d’aussi bonne qualité. Il lui manque la perfection dans l’accomplissement. Par exemple, imaginons quelqu’un qui est disposé à donner une grosse somme à la tsedakah, pour les pauvres ou les yéchivoth. Il peut même s’agir d’un argent durement gagné. Mais il met comme condition à ce don qu’on l’honore comme il convient. Cela rappelle celui qui dit, dans l’exemple de la Guemara : « Je donne telle somme à la tsedakah pour que mon fils guérisse, ou pour que j’aie une part dans le monde à venir » (Pessa’him 8a, Roch Hachanah 4a, Baba Batra 10b). Or la qualité du don s’en trouve affectée, puisqu’il exige une récompense (indépendamment du fait qu’il mérite le nom de « juste complet », voir Rachi et Tossafoth). Il peut ne même pas avoir besoin d’être honoré, mais ressentir dans son coeur de la fierté ou du plaisir de ce qu’il a fait. Alors sa générosité n’a plus la même valeur, car ce plaisir lui est compté comme s’il avait reçu une récompense de son acte.

Le même principe s’applique entre l’homme et Dieu : il existe un don de soi imparfait, par exemple chez quelqu’un qui étudie la Torah toute la journée mais avec un sentiment intérieur d’orgueil, ou qui étudie pour qu’on l’admire de son assiduité et qu’on le complimente du fait que même s’il étudie la Torah toute la journée, cela ne l’empêche pas de se lever tôt pour aller à la prière. Tout cela est contraire à l’enseignement des Sages : « Ne fais pas des paroles de Torah une pioche avec laquelle creuser » (Avoth 4, 5, Nédarim 62a). On peut aussi imaginer quelqu’un qui fait des remarques à son ami en lui expliquant qu’il a mal compris la question, tout cela dans le but de le déprécier (voir Tossafoth sur, Pessa’him 50b, à partir de « Vé-kan »), ou pour le plaisir de le corriger (Lévitique 19, 17) ce qui sera pour lui une source de satisfaction intérieure car il aura l’illusion d’être quelqu’un qui ramène les autres à Dieu par ses reproches.

Tout cela n’est pas considéré comme un dévouement absolu. En effet, l’homme doit savoir que s’il a étudié la Torah toute la journée ou ramené des gens à la Torah ou ainsi de suite, c’est parce que Dieu lui a ordonné d’enseigner aux autres et de les rapprocher, ainsi qu’il est dit : « Si tu as appris beaucoup de Torah, n’en garde pas le bénéfice pour toi-même, car c’est pour cela que tu as été créé » (Avoth 2, 8), à l’exclusion de tout autre but. Quand il en prend conscience, cela lui donne le sentiment de sa petitesse vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis du prochain, à la fois de façon générale et dans les détails, et alors il méritera tout ce qu’il y a de bon, car nos Sages ont dit que la Torah le fait grandir et l’élève plus que toute autre activité (Avoth 6, 1), et aussi que celui qui met tout son effort dans la Torah est aimé en haut et chéri en bas (Zohar I 242b, II 46a).

Au point où nous en sommes nous pouvons maintenant répondre aux questions que nous avons posées au début de cette étude. Comme on le sait, la Torah et les mitsvoth sont des guides donnés à l’homme (Zohar II 62b) sur la façon dont il doit se conduire pendant sa vie, et en particulier sur les moyens de vaincre le mauvais penchant en toutes circonstances (Zohar II, 202a). Le début de notre parachah fait allusion à ces principes : « Ceci est la Torah [règle] de l’holocauste » (le mot « OLaH » et le mot hitALouth (« élévation ») proviennent de la même racine). Cela signifie que pour s’élever jour après jour dans le service de Dieu, ce qui est le but de l’homme, il faut étudier la Torah et accomplir les mitsvoth avec ardeur et enthousiasme [Torath Ha-Ola, « la Torah de l’holocauste » équivaut à hitalouth ba-Torah, « l’élévation dans la Torah »]. Mais ce n’est pas encore suffisant, c’est pourquoi la Torah continue : « c’est l’holocauste », à savoir que pour s’élever plus encore, il faut atteindre au don de soi parfait, qui représente une deuxième élévation succédant à la première (d’où la répétition du mot OLaH).

On peut se demander en quoi le dévouement véritable est si important pour s’élever. C’est qu’en son absence, l’homme risque de se tromper lui-même et de tromper les autres en se contentant d’une élévation extérieure, alors qu’à l’intérieur de lui-même il reste vide de Torah et de mitsvoth, comme le puits où avait été jeté Joseph : « le puits était vide, il ne contenait pas d’eau » (Genèse 36, 24), de l’eau il n’en contenait pas [à savoir la Torah qui est comparée à l’eau (Bava Kama 17a)], mais il contenait des serpents et des scorpions (Chabath 22a, Béréchith Rabah 84, 16). Une telle personne ne fait pas réellement don de soi à la façon dont Dieu nous l’a ordonné.

De plus, si l’homme s’occupe de Torah et de mitsvoth sans dévouement réel, il peut s’élever et grandir en sagesse, mais il n’en reste pas moins qu’il est passé à côté de sa raison d’être dans le monde. Le devoir d’atteindre un don de soi vrai et profond s’applique à tout homme, même celui qui a des facilités dans l’étude et l’acquisition de la sagesse (voir Bava Batra 25b, Zohar III, 28a) : on doit s’efforcer de tout investir pour dépasser ses capacités naturelles.

Ce qui est vrai du domaine spirituel l’est également du monde matériel : Un riche qui peut soutenir des pauvres sans effort spécial doit se donner plus de mal, car ce n’est pas ce qui lui est demandé. Il convient de citer ici ce qu’écrit No’am Elimelekh (Ki Tissa p. 52b) : « Quand tu feras le dénombrement des benei Israël  (Exode 30, 12) – Il y a des gens qui ne prêtent aucune attention aux soucis ni aux difficultés financières de leurs amis, n’observent pas la mitsvah d’aimer le prochain comme soi-même (Lévitique 19, 18), mais se soucient au contraire que tout aille pour le mieux en ce qui les concerne personnellement. D’autres prennent part aux soucis et difficultés financières des autres, parce qu’ils ont le coeur doux et aimant. C’est bien, mais ce n’est pas encore exactement ce qu’il faut faire. Ce qui est souhaitable en vérité, c’est de prendre part aux ennuis des benei Israël parce que c’est la Chekhinah qui souffre de toutes leurs peines (Isaïe 63, 9). La seule chose à souhaiter, c’est d’attirer des influences bénéfiques sur Israël pour pouvoir élever la Chekhinah. » C’est donc cela que la Torah exige de tout homme : un don de soi simple et réel, qui implique l’effacement de soi-même.

C’est pourquoi le mot mokdah (brasier) comporte un petit mem. La valeur numérique du mem est quarante, allusion au fait que Dieu exige de tout homme qu’il ressemble par son humilité à Moïse qui est resté sur la montagne quarante jours (voir Exode 24, 18) sans boire d’eau et sans manger de pain (d’après Deutéronome 9, 9), s’élevant ainsi à un niveau supérieur à celui des anges. Il était fait de chair et de sang, et a malgré tout mérité d’arriver plus haut que n’importe quel autre être humain. Cela ne l’a pas empêché de rester humble, un petit mem, il s’effaçait devant tous et ne s’admirait nullement lui-même, comme en témoigne l’Ecriture : « Cet homme, Moïse, était le plus humble de tous les hommes » (Nombres 12, 3). C’est ce que nous dit la Torah en allusion dans le petit mem : elle parle de la grande humilité de Moïse notre maître. C’est uniquement ainsi qu’on parvient à la Torah, qui se trouve elle aussi en allusion dans la lettre mem, comme l’ont dit nos Sages : La Torah a été donnée en quarante (« mem ») jours (Mena’hoth 99b).

De même, le mot Vayikra contient un petit aleph, car bien que Dieu ait appelé Moïse avec affection (voir Rachi sur ce verset), comme un homme appelle son ami, le aleph est malgré tout resté petit, Moïse est resté aussi humble qu’auparavant et ne s’est pas enorgueilli de l’honneur que lui avait fait l’Eternel. On trouve cet enseignement chez les Sages (Yalkout Chimoni et Ba’al Hatourim sur ce verset).

Ces notions peuvent nous aider à comprendre pourquoi la Torah a ordonné : « Un feu continuel sera entretenu sur l’autel, il ne devra point s’éteindre » (Lévitique 6, 6), commandement où se cache un grand principe. On sait que l’autel est une allusion à l’homme [car le Zohar (I, 258b) a dit : quand l’homme offre un sacrifice, c’est comme s’il avait offert sa vie. voir également Ramban sur Lévitique 1, 9]. L’homme doit se comporter en s’effaçant et en s’abaissant même au moment où on l’égorge... c’est-à-dire même quand on lui fait honte et qu’on se moque de lui et de son judaïsme, qu’on le raille d’observer la Torah et les mitsvoth. Il doit se garder de désespérer, et veiller à ce que le feu de la Torah qui est en lui continue à brûler sans cesse, sans jamais s’éteindre, même toute la nuit, qui représente les moments où il souffre tant des railleries qu’il lui semble être plongé dans l’obscurité. Or vis-à-vis du Ciel il n’y a pas d’obscurité, ainsi qu’il est écrit : « Les ténèbres même ne sont pas obscures pour toi, l’obscurité est semblable à la lumière » (Psaumes 139, 12), et aussi « J’avais éprouvé détresse et douleur, mais j’ai invoqué le nom du Seigneur » (Ibid. 116, 3-4). A plus forte raison doit-il en être ainsi le matin, aux bonnes périodes : que l’homme ne désespère jamais de pouvoir étudier la Torah et observer les mitsvoth de tout son coeur, mais à condition que ce soit en s’abaissant et en s’effaçant, ainsi qu’il est écrit : « Tu ne monteras pas à mon autel par des degrés » (Exode 20, 23).

Nous comprenons aussi maintenant pourquoi la Torah a tellement insisté sur les vêtements du sacerdoce : on doit toujours les porter, et il doit toujours y en avoir de spéciaux, au point que même pour faire sortir les cendres il fallait porter les quatre vêtements du sacerdoce, ainsi qu’il est écrit : « Le cohen revêtira son habit de lin, etc. » (Lévitique 6, 3). C’est que les vêtements des cohanim font allusion au vêtement spirituel de l’homme, à savoir la Torah, la crainte du Ciel et les bonnes actions dont il se revêt, qui le défendent contre tout ce qui vient le déranger dans son service de Dieu (voir Zohar , 190a) et l’aident à servir Dieu de tout son coeur sans désespérer. L’âme humaine, qui est une étincelle de la divinité (Ibid. III, 219b), s’appelle également un vêtement (« levouch ») dont l’homme se recouvre et qui l’aide à servir Dieu. Ce n’est pas pour rien que le vêtement est si important : l’homme ressemble à un cohen, et ce vêtement l’assiste dans son service et lui permet de s’élever dans la Torah, la crainte du Ciel et le don de soi. C’est pourquoi il doit veiller à se revêtir à tout instant de ce que l’Eternel lui a donné (la Torah et les bonnes actions). Quand il atteint les plus hauts degrés spirituels, il se met à relever de la symbolique du « huit », et c’est bien là-dessus que débouche la parachah suivante : « Quand on fut au huitième jour » (Lévitique 9, 1).

On sait que le nombre huit représente ce qui est au-dessus de la nature. C’est ce que signifie le verset : « Donne une part au sept et aussi au huit » (Ecclésiaste 11, 2). Ainsi en va-t-il également de l’homme qui sert Dieu avec une immense ferveur, que ce soit dans le domaine de ses rapports avec son Créateur ou des rapports avec son prochain : il arrive au plus haut degré, qui est supérieur à la nature, et c’est cela qui est comparé au feu « sur l’autel », car à ce moment-là l’Eternel repose en lui. Plus encore, l’homme de chair et de sang devient un associé du Saint béni soit-Il, ce qu’on exprime parfois en disant que les justes sont « le char de la Présence divine » (Zohar I, 189a). A ce moment-là, le Saint béni soit-Il exécute tout ce que demande le juste, comme l’ont dit les Sages : « Le Saint béni soit-Il adopte un décret et le juste l’annule » (Moed Katan 16b, Tan’houma Tavo 1). En effet, il domine tout, et même ce qui dépasse la nature passe par lui, car il a atteint un niveau de sainteté qui lui permet d’être associé à la Chekhinah et de la véhiculer.

On pourrait être tenté de se dire : Comment moi, si petit, pourrais-je arriver si haut, suis-je donc comparable au Ba’al Chem Tov ou à Rabbi Haï Taïeb ou à Rabbi Ephraïm de Tlemcen ? Je suis un homme très simple et je n’ai pas la force d’être un tsadik, pourquoi donc Dieu me demande-t-il un travail si difficile ?

La réponse à cela est que Dieu a caché en tout homme, si petit soit-il, des forces immenses, qui sont si bien enfouies dans les profondeurs de son âme que lui-même n’en est pas conscient, mais qui existent bel et bien. Le rôle de l’homme est de les concrétiser par les divers moyens que la Torah lui donne. Il doit savoir et ressentir que Dieu l’a créé dans un seul but, qui est de Lui permettre de résider en lui en ce monde-ci, comme le dit la Torah : « Et je résiderai en eux » (Exode 25, 8). Tous ses actes doivent devenir pour ainsi dire le prolongement des actes de l’Eternel. C’est ce qui est écrit à propos de Moïse : « Moïse les bénit » (Exode 39, 43) – En quoi les a-t-il bénis ? « Puisse la volonté de Dieu être que la Chekhinah repose sur les actes de vos mains » (Tan’houma Pékoudei 11, par. 7), et il leur a dit : « Que la bienveillance de l’Eternel notre Dieu soit avec nous ! Fais prospérer les actes de nos mains » (Psaumes 90, 17), ce qui signifie que tous les actes de l’homme ne doivent avoir pour but que d’être agréables à Dieu.

L’homme doit donc commencer, selon sa situation, ses forces et sa sagesse présentes, à activer les forces cachées en lui, ce qui lui vaudra l’aide du Ciel, car « pratiquez-moi une ouverture grande comme un chas d’aiguille et je vous ouvrirai une porte assez grande pour qu’y passent du bétail et des chars » (Chir Hachirim Rabah 5, 3, Pessikta Rabbati 15, 6). Si nous constatons que l’homme ne souhaite pas vraiment se dépenser de tout son coeur en mettant en jeu ses forces intérieures, c’est parce que le mauvais penchant se tient dans son coeur (Bérakhoth 61a, Soukah 52b) et s’efforce de le persuader qu’il est inutile de se donner tant de mal pour rien, qu’il n’a ni la force ni les qualités nécessaires pour être un juste car il est fait de chair et de sang... Or c’est faux ! En investissant en réel effort, on peut arriver à accomplir n’importe quel exploit, même en tenant compte du fait que l’homme est enclin à tout faire pour se faciliter la vie (Yébamoth 25b, Sanhédrin 9b). Un travail véritable et plein d’enthousiasme mène réellement à se rapprocher de Dieu !

Puisse-t-il donner en nos coeurs son amour et sa crainte, et ouvrir notre coeur à Sa Torah, afin que nous fassions Sa volonté et que nous Le servions d’un coeur entier sans aucune réserve, Amen.

Comment faut-il se comporter ?

« C’est l’holocauste qui se consume sur le brasier de l’autel ». Quand l’homme veut s’élever et arriver vraiment à Dieu, il doit se conduire avec un dévouement véritable, entre lui et Dieu comme entre lui et son prochain. qu’il n’agisse pas pour être admiré, car il perdrait tout, mais uniquement parce que c’est ce que Dieu a ordonné. Alors il deviendra un juste, atteindra la crainte du Ciel, et tout ce qui sortira de sa bouche s’accomplira.

 

Le véritable dévouement est l’essentiel du service de l’homme
Table de matière
J’ai beaucoup appris de mes maîtres, et de mes égaux... (l’effacement devant le tsadik)

 

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