L’unité vient réparer les plaies et abolir les peines

Sur le verset : « S’il se forme sur la peau d’un homme une tumeur, une dartre ou une tache » (Lévitique 13, 2), ‘Hokhmat Hamatspoun cite le Ramban en ces termes : « Le Ramban dit à propos des plaies en question qu’elles ne sont pas du tout naturelles et n’existent pas dans le monde physique. Quand les benei Israël se conduisent convenablement avec Dieu, Son esprit les protège constamment et maintient en bon état leur corps, leurs vêtements et leurs maisons. Mais s’il arrive à l’un d’entre eux de pécher, quelque chose de laid apparaît dans sa chair, sur son vêtement ou dans sa maison, pour montrer que Dieu s’est écarté de lui. Cela ne se produit toutefois que dans le pays que Dieu a choisi et où Il demeure. Par conséquent ces plaies, qui sont un phénomène surnaturel, n’apparaissent que si l’homme a de grands mérites, puisque même les benei Israël, qui sont le peuple élu, n’en sont frappés que dans le pays élu. C’est en effet l’endroit où il peut se consacrer posément à connaître Dieu, et où la Chekhinah peut résider. Tout cela ressort de ce qu’écrit le Ramban. [Note du rédacteur : Quand le peuple d’Israël vit sur sa terre, on sait que la Chekhinah repose effectivement sur lui, comme il ressort des formules : « Quiconque vit en Erets-Israël ressemble à celui qui a un Dieu » (Ketouboth 110b), ou encore : « Dieu règne en Erets-Israël » (Zohar I, 108b).]

Voilà qui paraît extrêmement surprenant. Pourquoi la lèpre ne frappe-t-elle l’homme qu’en Erets-Israël, à l’exclusion de tout autre pays ? Il y a plus : la Torah nous informe que quand Dieu punit, c’est pour remettre l’homme sur le droit chemin à la suite d’une faute. Pourquoi ne le ferait-Il qu’en Erets-Israël ? Enfin, nous constatons en réalité que même dans les autres pays, il arrive qu’Il envoie aux pécheurs des malheurs et des plaies. Que signifie tout cela ?

Nous allons essayer de l’expliquer le mieux possible. Erets-Israël est un symbole d’unité, car au moment de la création du monde, Dieu a créé la terre en commençant par la pierre d’assise (qui s’est trouvée plus tard dans le Temple) (Yoma 54b, Chir Hachirim Rabah 3, 18), et c’est à partir de là le monde entier s’est unifié. L’homme est également un symbole d’unité, car la poussière dont il a été créé a été ramassée de tous les coins de l’univers (Sanhédrin 38a, Pirkei Derabbi Eliezer 11), ce qui est une marque d’unité. Par conséquent quand il dit du mal de son prochain, il porte atteinte à l’unité, car il sépare entre les gens, c’est pourquoi sa maison, son corps ou ses biens sont frappés en premier.

Quand quelqu’un habite en dehors d’Erets-Israël et qu’il lui arrive des ennuis, il doit savoir qu’il les mérite, car ils lui viennent de Jérusalem, où se trouve l’une des trois portes du Guéhénom (Erouvin 19a). Pourquoi s’y trouve-t-elle ? Pour faire sortir les épreuves destinées au monde entier. En effet, il y a en chacun un rapport profond avec Erets-Israël, même s’il vit ailleurs, comme Adam dont Dieu a ramassé la poussière du monde entier quand Il l’a créé (Sanhédrin 38a). Quiconque attaque l’intégrité de l’homme doit savoir qu’il a porté atteinte à l’unité d’Israël, et qu’il doit en subir les conséquences. Simplement en dehors d’Erets-Israël, les plaies prennent un aspect différent.

Nous avons donc bien répondu à nos deux questions. Il est vrai que tout vient d’Erets-Israël, qui est l’essentiel et dont tout provient pour le monde entier. Il est également exact qu’il y a des malheurs et des plaies même en dehors, mais ils sont différents. Pourquoi tout cela ? Comme on le sait, la Terre Sainte, plus encore Jérusalem, et plus encore le Saint des Saints, sont les lieux les plus élevés et les plus importants du monde, à propos desquels il est dit : « Les yeux de l’Eternel ton Dieu sont sur elle du début de l’année jusqu'à la fin de l’année » (Deutéronome 11, 12). Erets-Israël est le lieu de résidence de Dieu, et de même qu’Il est unique dans l’univers, les benei Israël sont uniques au monde (voir Zohar II, 16b), ils doivent donc vivre dans l’unité, sans orgueil et sans prétention, pour que Dieu réside avec eux, et tirer la leçon du fait que l’unité du monde s’opère à partir d’Erets-Israël, même si les hommes ne sont pas dignes de la sainteté de la Terre. Donc celui qui s’enorgueillit (mitNaSSE) frappe l’unité de Dieu, l’unité d’Erets-Israël, et l’unité du peuple, et il est puni mesure pour mesure par la plaie qui s’appelle SET, de la même racine que le mot hitNaSSouT (« orgueil »), ainsi que par les autres plaies (SaPaH’at et BaHéRèt), car il a nui à la clarté (BeHiRout) de l’unité, et n’a pas réalisé le rassemblement (SaPa’Hat).

Je vais maintenant expliquer les différentes sortes de plaies et leurs causes. SaPa’Hat est formé des mêmes lettres que SA’H TAF, où SA’H désigne la parole, ce qui est une allusion à la médisance, et TAF a la valeur numérique de Lilith (le nom d’une des forces du mal), c’est-à-dire qu’en disant du mal d’autrui on donne de la force à la kelipah en Terre Sainte, pour qu’elle puisse s’y installer. La médisance entraîne les plaies et la lèpre (Arakhin 16a), on est donc frappé par la Sapa’hat.

Quant à BaHéRet, les lettres de ce mot rappellent celles de l’expression HaRaT olam (« l’engendrement du monde »), car la médisance abîme véritablement toute la création, elle est donc punie de BaHéRet. Enfin, nous avons déjà expliqué que SET signifie l’orgueil, qui porte atteinte à l’unité de Dieu, à l’unité d’Erets-Israël et à l’unité du peuple d’Israël.

Ayant dit que celui qui pèche par médisance affecte l’unité de tout cela, nous pouvons à présent répondre à l’objection suivante qui m’a été faite : pourquoi est-ce que l’homme est impur lorsqu’il est frappé dans une petite partie de son corps, alors qu’il est pur si tout son corps est atteint, ainsi qu’il est écrit : « S’il est devenu entièrement blanc, il est pur » (Lévitique 13, 13) ?

Cela aussi fait partie des bontés de Dieu. Il suggère à l’homme que s’il pèche un peu, les plaies sont mineures, mais que pour l’empêcher de continuer sur cette voie, on l’avertit par de petites plaies dans son corps ou sa maison, afin qu’il se repente, avec l’aide du cohen. Cependant s’il commet de nombreuses fautes, les plaies attaquent tout son corps, et alors la Torah nous dit qu’il est complètement pur, parce que Dieu dans Sa grande bonté ne souhaite pas la mort du méchant, mais qu’il se repente et vive (Ezéchiel 33, 11). Il lui fait la grâce de le rendre pur pour qu’il se repente et ne soit pas désespéré par la gravité de ses fautes. C’est comparable au processus de la vache rousse : celui qui la brûle devient impur, alors qu’elle purifie ceux qui étaient impurs (voir Nombres 19, 8, 19). Ainsi en a décrété Sa sagesse, et il est interdit de contester Sa façon de conduire le monde ou les mitsvoth qu’Il nous a données.

Il est possible que ce soit cela le lien entre les parachioth Tazri’a-Metsora et Chemini, car dans Chemini il est dit que la Chekhinah ne descend sur le Tabernacle et sur les benei Israël que lorsqu’ils observent la pureté de la vie conjugale (Tazri’a), ainsi que la pureté du langage (Metsora), faute de quoi elle les quitte (voir Chabath 33a). De plus, la Guemara enseigne que le Temple a été détruit à cause de la médisance et de la haine gratuite (Yoma 9b).

Lorsqu’il est dit dans la parachat Tazri’a (Lévitique 12, 2) : « Quand une femme devient féconde et donne naissance à un fils », il s’agit d’une femme qui obéit à son mari, vit avec lui dans la paix et la sérénité, et prévient ses moindres désirs. « Elle donne naissance à un fils » signifie qu’elle fait sa volonté (voir Rambam, Hilkhoth Déoth Sotah 12a), car c’est comme si elle avait engendré son mari, elle est envers lui comme une mère qui s’occupe de son bébé, entend ses pleurs et a pitié de lui. Alors, s’ils vivent en paix dans la sainteté, la Chekhinah réside entre eux : si l’homme et la femme le méritent, la Chekhinah est entre eux, dans le cas contraire le feu les dévore (Sotah 17a, Pessikta Zoutah Béréchith 2, 23), ils s’enflamment de désir interdit, et il ne reste que le feu (Kalah Rabati 1). C’est là le lien entre les parachioth. Comment arrive-t-on à l’unité totale et à la réparation de tout ce qui a été abîmé ? En gardant sa langue et en observant les lois de la pureté familiale.

 

L’importance de la tsedakah en Nissan
Table de matière
La lèpre comme remède à l’orgueil

 

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