« Dis et tu diras » – Que les grands prennent soin des petits...

Il est écrit : « Dis aux cohanim fils d’Aaron et tu leur diras ».

Le Sages se sont interrogés sur la raison de cette répétition, « Dis et tu diras », et ont répondu qu’elle enjoint aux grands de veiller sur les petits (Yébamoth 114a), à savoir que Moïse a reçu l’ordre de mettre en garde les grands sur l’observation de la Torah et des mitsvoth, pour qu’à leur tour ils mettent en garde les petits. Ils ont également dit à ce propos que cette répétition dénote la différence qui existe entre les anges et les hommes, les anges recevant leurs ordres de la bouche de Dieu et n’ayant pas besoin d’entendre plus d’une injonction, n’ayant pas de mauvais penchant qui les empêche d’accomplir la volonté du Créateur (Béréchith Rabah 48, 11, voir Chabath 89a), alors que quand Dieu donne un ordre aux hommes, Il le leur répète, afin que cet ordre soit bien enregistré, car les instincts cachés au cœur de l’homme simple s’y opposent (Soukah 52b) et se tiennent à l’affût pour le confondre (Bérakhoth 61a), ce qui le mène à se boucher les oreilles pour ne pas entendre la voix divine. Dieu doit donc donner Ses ordres deux fois aux hommes, pour qu’ils entendent et exécutent Sa volonté.

Mais de la première raison (dire aux grands de dire aux petits), on apprend un certain nombres de principes importants.

La foi et la confiance en Dieu doivent être insufflées non seulement aux grands, mais également aux petits enfants, sinon la Torah sera oubliée. Ce n’est pas pour rien que les enfants sont l’essentiel de la génération, et aussi que leur Torah est de qualité supérieure, comme l’ont dit les Sages : « Celui qui étudie enfant, à quoi ressemble-t-il ? A de l’encre qui s’inscrit sur un papier neuf » (Avoth 4, 20). A l’enfant, on peut enseigner sans encombres.

Dans le même ordre d’idées, quand l’adulte fortifie les enfants en leur enseignant la Torah, il se raffermit en même temps lui-même dans la foi, processus évoqué par le verset : « L’un prête assistance à l’autre, et chacun dit à son frère : Courage ! » (Isaïe 41, 6). En effet les petits enfants enseignent une foi innocente, ils croient tout ce qu’on leur dit, ils aiment surtout les histoires des justes par qui Dieu fait des miracles au peuple d’Israël, et par là ils s’élèvent et se rapprochent de Lui.

Un autre point est que quand le grand enseigne aux petits, il doit pour cela revenir de nombreuses fois sur son étude, et accomplit envers lui-même : « Dis et tu diras », sans compter qu’il s’habitue ainsi à être petit à ses propres yeux, ce qui l’empêche d’en arriver à de mauvaises pensées du genre : « Pourquoi dois-je revoir tant de fois, moi qui suis adulte et connais déjà la Torah ? ». Or il faut bel et bien revenir sans cesse sur l’étude même cent fois (Sanhédrin 99a), sans écouter son orgueil.

Enfin, quand on apprend avec les petits, ils posent toutes sortes de questions auxquelles il faut donner des réponses, ce qui permet d’approfondir l’étude, comme l’ont dit les Sages : « J’ai appris de mes élèves plus que de tout le monde » (Ta’anith 7a, Makoth 10a).

J’ai aussi pensé dire pour expliquer cette répétition que les initiales de « Emor Véamarta » (« dis et tu diras »), aleph et vav, ont la valeur numérique de sept, ce qui évoque le septième jour de la semaine, le Chabath. C’est le jour où l’on peut tout particulièrement s’élever en sainteté et en pureté pour attirer sur soi la lumière des sept jours de la Création, mais tout cela uniquement quand on accomplit « Emor », c’est-à-dire par l’étude de la Torah, car le Chabath devient tout entier Torah (Tana Debei Eliahou Rabah 1), un jour qu’on consacre à la Torah au lieu de le passer uniquement à manger, boire et dormir. En effet, le mot Chabath est fait des mêmes lettres que le mot « s’asseoir », ce qui évoque s’asseoir dans la tente de la Torah, car c’est là le but de la Création, ainsi qu’il est écrit : « Si mon alliance avec le jour et la nuit cessait de subsister, Je n’aurais pas fixé de lois au ciel et à la terre » (Jérémie 33, 25), verset que les Sages ont interprété ainsi : Sans la Torah, le ciel et la terre n’existeraient pas (Nédarim 32a).

Tâchons d’expliquer ce point. Il est écrit à propos du Chabath : « En ce jour, Dieu se reposa de toute l’œuvre qu’Il avait créée pour la façonner » (Genèse 2, 3), ce qui signifie que l’Eternel vient de terminer la Création, et en ce qui Le concerne tout est parfait et il n’y a rien à ajouter. Mais désormais commencent la Création et les devoirs de l’homme, et il doit les accomplir, prolongeant ainsi l’acte créateur sans aucune fin ni limite. Comment va-t-il accomplir cette tâche ? Uniquement par l’étude assidue de la Torah le Chabath, ce qui le raffermira, si bien que la sainteté du Chabath sera enracinée en lui pour tous les jours de la semaine, dans l’esprit de ce qu’ont dit les Sages : « Les six jours reçoivent leur bénédiction du Chabath » (Zohar II, 63b).

Cependant, durant Chabath l’homme doit faire attention à ne pas étudier seul, mais plutôt à mettre à profit la sainteté et la nature de ce jour pour faire pénétrer la Torah et la crainte du Ciel en ses enfants et en toute sa famille. De cette façon, il accomplira « Dis et tu diras » le Chabath, pour les grands et les petits, lui-même, ses enfants, et aussi sa famille et ses élèves.

On peut encore ajouter que « Dis et tu diras » est un rappel aux benei Israël du fait que les petits sont garants des grands en ce qui concerne la Torah. Au moment du don de la Torah, Dieu a demandé aux benei Israël des garants qu’ils l’observeraient, si bien qu’à la fin ils ont donné leurs petits enfants comme garants, et Dieu les a acceptés (Chir Hachirim Rabah 1, 24, Yalkout Chimoni sur Jérémie 267, Kalah 2). Donc s’ils n’accomplissent pas la Torah, ce sont leurs enfants qui seront punis, ainsi qu’il est écrit : « Je poursuis le crime des pères sur les enfants » (Exode 20, 5), ce sont les petits. C’est pourquoi la Torah souligne : « Dis et tu diras », dis aux grands de veiller sur les petits, car si les grands étudient la Torah les petits ne seront pas punis, eux qui doivent rester semblables aux fils d’Aaron, dont il est écrit : « ils ne se souilleront pas au contact d’un mort » (Lévitique 21, 1) ; cela signifie qu’ils ne doivent pas se laisser souiller ni contaminer par des influences extérieures mauvaises qui risquent de les écarter du judaïsme, mais au contraire s’élever en Torah, en sainteté et en pureté.

 

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