Index Tsadikim Index Tsaddikim

Rabbi Yehiel Mikhal Halevi Epstein Auteur Du « Aroukh Hachoul’han »

Nos Sages ont dit : L’homme a trois noms, celui que lui ont donné son père et sa mère, celui que lui donnent ses amis, et celui qu’il se donne à lui-même. Le meilleur est celui qu’on se donne à soi-même.

L’un des seuls, au siècle dernier, à avoir mérité d’être appelé non pas du nom que lui donnaient les autres mais du nom de son œuvre, est le Rav de Novardok, Rabbi Yehiel Mikhal Epstein. Il est connu dans le monde entier sous le nom du livre qu’il a écrit, « Aroukh HaChoul’han ».

Qui était ce Rav sur qui reposait l’esprit saint pour éclaircir la halakhah dans tous les domaines de la Torah, et quelles sont les qualités d’âme qui lui ont permis de mériter une réputation impérissable ?

Rabbi Yehiel Mikhal Halévi est né de Rabbi Aaron Yitz’hak, qui était commerçant dans la ville de Brisk, le 20 Chevat 5589 (1829).

Dès son enfance il fit preuve de dons extraordinaires, ainsi que d’un caractère agréable. Il étudiait la Torah avec assiduité, jour et nuit.

Rabbi Ya’akov Berlin (le père du Netsiv de Volojine), qui était aisé, entendit parler de lui et le prit pour gendre. Après le mariage, Rabbi Yehiel Mikhal continua à étudier la Torah avec désintéressement, n’envisageant nullement de devenir Rav, afin de ne pas utiliser la Torah à des fins personnelles. Il voulait être commerçant comme son père, en fixant des temps pour l’étude.

Effectivement, on raconte que quelques années après son mariage, il a ouvert une boutique d’étoffes, tenue par sa femme, pendant que lui étudiait la Torah. Le permis officiel étant à son nom, à chaque fois qu’un employé du gouvernement venait contrôler la boutique, Rabbi Yehiel Mikhal devait se trouver présent. Un jour, des gens le virent en train de marcher dans la rue en cherchant quelque chose, et lui demandèrent ce qu’il cherchait. Il répondit avec candeur : « Je cherche ma boutique. » Naturellement, un « commerçant » de cette espèce ne réussissait pas dans les affaires, et au bout d’un certain temps il perdit tout son argent. Alors Rabbi Yehiel Mikhal dit : « Il est certain que du Ciel on veut que je sois Rav », et il devint Rav.

Son premier poste se situe dans la petite ville de Novozivkov. Bien que ce soit une ville ‘hassidique, peuplée essentiellement de ‘hassidim de ‘Habad, et en moindre proportion de ‘hassidim de Tchernobyl, les ‘hassidim choisirent ce jeune Lituanien pour être Rav de leur communauté, car il symbolisait la délicatesse, et ses rapports avec les gens étaient cordiaux et chaleureux. C’est dans cette petite ville qu’il publia son livre « Or LeIsraël » sur le Séfer Hayachar de Rabbeinou Tam.

De là, il fut appelé à être Rav de la ville de Novardok, où il resta trente-quatre ans, jusqu’à sa mort.

Bien que Rabbi Yehiel Mikhal n’ait pas été d’une famille de rabbanim, et n’ait pas non plus reçu une éducation de Rav, il pouvait malgré tout servir d’exemple aux autres sur la façon d’être Rav. Il était ferme et fort dans ses opinions et ne craignait rien ni personne.

On raconte que dès ses premiers jours à Novardok, il décréta qu’on accueille le Chabath longtemps à l’avance. Les anciens de la ville et ses sages ne voulurent absolument pas donner leur accord à une nouvelle coutume d’un nouveau Rav.

Arriva le vendredi. Le Rav se rendit au beit midrach pour prier, et le trouva totalement vide. Que fit-il ? Il rassembla un mynian de jeunes adolescents, accueillit le Chabath, pria la prière du soir, et rentra chez lui. Dans la rue, il vit les habitants de la ville qui étaient encore occupés aux préparations du Chabath. Il leur cria : « Bon Chabath ! » et ils répondirent avec un peu d’agacement. Quand il arriva chez lui il fit kiddouch sur le vin et mangea le premier repas du Chabath. Au même moment, la communauté se réunit dans le beit midrach pour prier min’ha suivie de l’accueil du Chabath.

Le vendredi suivant, le Rav arriva de nouveau au beit midrach pour le trouver vide. Il pria avec les jeunes garçons, mais à la fin de la prière il ne quitta pas le beit midrach : il resta debout devant l’Arche, sans laisser passer qui que ce soit. Ici, dit le Rav avec vigueur, c’est moi le maître de maison, et la prière en commun est déjà terminée. Celui qui est en retard devra prier seul. A la fin, le Rav fut vainqueur de sa communauté. Il disait : « En accueillant Chabath de bonne heure, je suis sûr que le dernier des puiseurs d’eau aura le temps de faire rentrer son cheval et sa charrette à l’étable avant le coucher du soleil. »

Mais bien qu’il ait été très ferme dans ses décisions et sa conduite en tant que Rav, il était souple comme un roseau quand il s’agissait de prendre une décision halakhique, et il mettait toutes ses connaissances au service de l’indulgence plutôt que de la sévérité.

On raconte qu’une fois une femme vint le trouver la nuit de Pessa’h avant le séder, pour poser une question sur un mélange de nourritures, une question grave qu’il aurait fallu à première vue trancher dans le sens d’une interdiction, en rendant les ustensiles interdits. Il regarda la femme, et vit qu’elle était pauvre. Rabbi Yehiel Mikhal rentra dans sa bibliothèque, et commença à chercher dans les livres, dans les responsa des décisionnaires anciens et récents, pour voir s’il trouverait une façon de permettre. Sa famille attendait. Plusieurs heures étaient déjà passées et le Rav n’était toujours pas sorti de la pièce. Son petit-fils entra et lui dit :

– Jusqu’à quand, grand-père ? S’il n’y a pas moyen de permettre, alors tu dois déclarer tarèphe.

– Que dis-tu, mon fils ? répondit le Rav, comment est-ce que je pourrais m’asseoir à la table, faire le séder et me réjouir alors que cette pauvre femme sera plongée dans la peine et n’aura pas le goût de la fête ? Et il continua à feuilleter ses livres. Au bout d’un long temps, il sortit le visage riant et dit à la femme que tout était cacher. Alors il revint à la table avec sa famille et se réjouit de la fête comme il convient.

Rabbi Yehiel Mikhal atteignit l’âge de quatre-vingts ans. Dans sa vieillesse, il disait : « Les vieux ont moins de crainte du Ciel que les jeunes, car ils n’ont plus la force de lutter contre le mauvais penchant. Par faiblesse, l’homme laisse tout ce qui le concerne en l’état présent » (la même remarque est rapportée au nom de Rabbi Israël de Salant). Il mourut à un âge avancé le 22 Adar 5668 (1908).

Outre son livre Or Layécharim sur le Séfer Hayachar de Rabbeinou Tam, il écrivit Aroukh HaChoul’han sur les quatre parties du Choul’han Aroukh, et aussi sur toutes les mitsvoth liées à Erets-Israël (c’est le Aroukh HaChoul’han HeAtid). Rabbi Ye’hiel Mikhal mérita que de son vivant son livre Aroukh HaChoul’han soit considéré comme une source halakhique par les rabbanim et les décisionnaires de notre peuple.

 

 
INDEX TSADIKIM
 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan