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RABBI AVRAHAM HARARI RAFOUL ZATSAL

Le gaon et tsadik Rabbi Avraham Harari Rafoul zatsal, plus connu comme « l’ancien des rabbanim de Bagdad en Erets Israël » commençait sa journée chargée dès minuit. Alors il se préparait à dire le « tikoun ‘hatsot » avec des larmes et des supplications pour une délivrance totale, et pendant les jours de « bein hametsarim », il disait aussi le « tikoun ‘hatsot » à midi. Il disait en allusion : « Noa’h était un homme juste » – le mot Noa’h est formé des initiales de « nekoudat ‘hatsot » (le moment de minuit) et aussi « nets ‘hama » (le lever du soleil). Il encourageait aussi les autres à dire le tikoun ‘hatsot et à faire la prière de cha’harit au lever du soleil, comme lui-même avait l’habitude de le faire.

Sa prière pure était célèbre. Il pleurait et versait des larmes du plus profond du cœur, et d’une voix suppliante, il faisait entendre ses prières comme un cohen qui sert dans le Temple, et comme quelqu’un qui compte des perles et des pierres précieuses. La chose était en particulier sensible pendant les yamim noraïm, où il était chalia’h tsibour, et il conduisait une grande communauté pour mériter de prier à ses côtés.

Rabbi Avraham zatsal avait l’habitude de citer les paroles de la Michna « On élève le medouma s’il y a cent un » (Chabat 141b), et il expliquait par allusion que celui qui prie et verse des larmes dans sa prière, sa prière monte et est reçue par l’ange Mikhaël, dont le nom a la valeur numérique de cent un. Le mot dema (larme) évoque medouma, l’ange Mikhaël est celui qui élève la prière qui est assaisonnée de larmes, et les Sages ont dit là-dessus « le portes des larmes ne sont jamais hermétiquement fermées. »

Pour qu’ils se rappellent

Avec ses donc extraordinaires, Rabbi Avraham savait se donner des signes pour se rappeler de sujets spécifiques, qui aideraient les autres aussi à se rappeler et à revoir leur étude. Il avait l’habitude de dire sur les mots du verset « Ne vous détournez pas… pour que vous vous souveniez », que c’est la mémoire qui aide l’homme qui étudie la Torah.

Il a dit une fois à un de ses petits-enfants : « Je n’ai pas une bonne mémoire, mais j’ai de l’attention, j’observe tout ce que je vois et étudie, à quelle page cela se trouve, quel est le nom du sage qui a dit telle halakha, et de cette façon je me souviens de l’étude. » Dans ce contexte, il citait le proverbe connu : « On n’oublie pas quelque chose qu’on aime. »

Il se servait des calculs numériques qu’il faisait très facilement avec une agilité extraordinaire pour donner des signes amusants. En voici quelques exemples :

La Michna dans ‘Houlin 22a commence par les mots « Cacher Batorim » (c’est cacher chez les tourterelles), et Rabbi Avraham a dit que cela se trouve en allusion dans le numéro de la page, 22, kaf beit, initiales de cacher batorim.

Dans le traité Baba Metsia 24a, on trouve l’histoire de Mar Zoutra ‘Hassida à qui l’on avait volé une coupe en argent. Les initiales de kassa dikhsefa (une coupe en argent) sont kaf dalet, à savoir 24, le numéro de la page.

Il y a une page dans la Guemara qui est entièrement un paragraphe de nos maîtres les ba’alei hatossefot, et où il n’y a pas de guemara du tout, cette page se trouve dans le traité Nazir 33a. Le signe en est que lamed guimel (33) sont les initiales de « lo guemara » (Il n’y a pas de guemara).

Une autre allusion à l’endroit où le Rambam est évoqué dans les paroles des Tossefot, dans le traité Mena’hot 42b, le mot Rambam est formé des initiales de « Reeh Mena’hot 42 » (voir Mena’hot 42).

De même dans ses conversations avec les gens, il émaillait ses propos d’initiales, de valeurs numériques et autres. Sur chaque sujet que l’on discutait avec lui, il avait l’habitude de trouver une allusion dans des initiales ou des valeurs numériques d’une façon extraordinaire. Quand il demandait le nom de quelqu’un, il lui trouvait immédiatement un verset ou un proverbe qui s’y rapportait. Il trouvait toutes ces allusions sur le champ, sans aucun effort. Parfois, il répondait avec une guematria, comme une prophétie qui lui sortait de la bouche, et tout le monde s’émerveillait de cette grande capacité. On voyait se réaliser en lui le verset : « Tu décideras ce qu’il faut dire et cela s’accomplira. »

Nous ne sommes pas égarés.

Une de ses petites-filles lui posa une question que son professeur avait posée sur les paroles du Rambam dans le « Guide des Egarés », qu’elle étudiait au Séminaire. La petite-fille a donc demandé l’aide de son grand-père pour répondre à la question. La réponse étonnante et instructive révéla la façon de voir de la Torah sur ce sujet, telle que le grand-père la concevait :

« Dis à ton professeur que nous n’étudions pas le Guide des Egarés, nous ne sommes pas des égarés. Nous croyons en Hachem selon la tradition de nos pères, mon père croyait en Hachem sans questions, et mon grand-père, et ainsi de suite jusqu’à Moché notre Maître au Sinaï, et nous n’avons aucun besoin de recherches philosophiques… »

Il convient de mentionner ici ce qu’on raconte à ce propos sur le gaon Rabbi Israël Méïr HaCohen zatsal de Radin, le ‘Hafets ‘Haïm, qui avait l’habitude de dire que celui qui sent en lui-même une faiblesse dans la foi, qu’il apprenne les histoire de la Torah dans le livre de Béréchit. Lui-même avait l’habitude dans sa vieillesse d’étudier après la prière de cha’harit dans le livre de Béréchit.

Le ‘Hafets ‘Haïm disait : Les Sages nous ont raconté qu’Avraham avait réfléchi intellectuellement et avait découvert que le monde avait un Maître, mais c’est seulement parce qu’il était le premier, il n’avait pas hérité les principes du judaïsme de ses pères, mais nous, nous sommes les fils de pères qui ont reçu la Torah sur le mont Sinaï, alors pourquoi passer du temps dans des recherches et recommencer à zéro ? (Ces propos se trouvent dans le livre « Ma’assé La mélekh », pp. 24-25.)

Semblable à la douleur de la Chekhina

Le petit-fils du Rav, Rabbi Chelomo Rafoul chelita, raconte qu’un jour, son grand-père lui a demandé de l’emmener au zoo, et il a obéi. Quand ils y sont arrivés, le grand-père a voulu voir l’éléphant et les singes pour dire dessus la bénédiction « Baroukh mechané haberiot ». Ensuite, il a voulu voir le roi des animaux, le lion. Il s’est tenu en face du lion et l’a longuement regardé. Tout à coup, il a dit à son petit-fils : « Regarde le lion, qui est le rois des animaux, et qui est enfermé dans une cage ! »

En terminant de dire cela, il éclata en pleurs, et je ne savais pas à quel propos. Jusqu’à ce qu’il y a quelques années, j’ai trouvé écrit dans le saint Zohar que la Chekhina se trouve en exil, comme un lion qui est enfermé dans une cage ! Sa participation réelle et sincère à la douleur de la Chekhina allait jusque là.

« Avraham était vieux, avancé en jours », Rabbeinou Avraham Harari Rafoul est mort à l’âge avancé de quatre-vingt dix-sept ans, pendant lesquels les habitants de Jérusalem ont pu profiter de sa lumière, qui s’est éteinte à la première lumière de ‘Hanouka. Il laissait derrière lui un fils, Rabbi Yossef Harari-Rafoul chelita, homme de Torah et de ‘hessed, et des petits-enfants grands en Torah et en crainte du Ciel.

 

 

 
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