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Rabbi Ben-Tsion Yadler • Le Maguid De Jerusalem

Tous les jours de la vie du tsaddik Rabbi Ben-Tsion Yadler furent consacrés à la Torah et à la crainte du Ciel. Pendant soixante-dix ans, sa voix se fit entendre sans interruption dans les villes d’Erets-Israël pour éveiller les cœurs au repentir et aux bonnes actions.

Voyons donc qui était ce tsaddik, que tous les juifs d’Erets-Israël aimaient et dont ils écoutaient les paroles enflammées et remplies d’un sainte terreur.

Rabbi Yitz’hak Zéev Goldberg était un grand talmid ‘hakham et un homme riche. Dès sa jeunesse, il liquida toutes les affaires qu’il avait dans la ville de Grodna, et se rendit au port d’Odessa, afin de partir en Erets-Israël. A cette époque, le voyage d’Erets-Israël n’était pas facile. Le gouvernement turc qui était alors au pouvoir interdit à la famille de s’installer dans le pays de ses ancêtres. Quand Rabbi Yitz’hak Zéev arriva sur la côte de Jaffa, il cacha sa femme dans un sac de pommes de terre, et quand on descendit les sacs du bateau, il y en avait un dans lequel se trouvait la mère de Rabbi Ben-Tsion Yadler.

Yitz’hak Zéev resta à Jaffa avec son épouse pendant quelques semaines, et ils attendirent une caravane pour monter à Jérusalem à dos de chameau. Ce voyage jurait alors deux jours.

Quand ils arrivèrent dans la ville sainte, il déchira ses vêtements selon la loi, et quand il voulut déchirer le vêtement de sa femme, elle fut prise des douleurs de l’enfantement et il lui naquit un fils, que son père nomma Ben-Tsion, parce qu’il était né aux portes de Sion et de Jérusalem.

Le petit Ben-Tsion, comme tous les enfants de Jérusalem, fut éduqué à la célèbre yéchivah Ets ‘Haïm, où il s’éleva dans les degrés de la Torah et de la crainte du Ciel. A l’âge de vingt-deux ans, il reçut l’ordination du tribunal rabbinique de Rabbi Chemouël Salant.

En ce temps-là, les juifs étaient déjà sortis des remparts de Jérusalem et avaient commencé à fonder les premières colonies ; en peu de temps, de nouvelles colonies furent établies dans tous les recoins du pays. Rabbi Ben-Tsion fut nommé par le tribunal rabbinique de Rabbi Chemouël Salant pour aller de village en village afin d’enseigner et de veiller au prélèvement des teroumot et ma’asserot, les mitsvoth qui dépendent de la terre.

A l’époque il n’y avait pas encore d’automobiles, et Rabbi Ben-Tsion allait à dos d’âne de Jérusalem à Metoula, Michmar HaYarden, Roch Pina et dans toute la Haute Galilée. Partout où il allait, il prenait la parole dans les synagogues, les marchés et les rues de la ville, et ses propos qui sortaient d’un cœur pur rentraient dans le cœur des benei Israël.

Le juge Tsvi Harkavi, natif du village de Yavniel, a raconté que son père était cho’het en plusieurs endroits de la Basse Galilée. Une nuit d’été pluvieuse, son père égorgea un veau, à propos duquel s’éleva une question difficile. Tibériade était loin et la route était dangereuse. Il était très ennuyé et ne savait que décider à propos de ce veau d’un paysan pauvre. Tout à coup on entendit des pas dans le gémissement du vent et de la pluie, et Rabbi Ben-Tsion entra dans la maison et enleva ses vêtements, tout entier tremblant de froid et d’humidité. Il s’assit avec mon père pour boire un café, et ils se mirent à peser la question. Ils ouvrirent des livres, discutèrent, et tout à coup les deux éclatèrent d’une grande joie : le veau était cacher ! Le lendemain, après la prière, Rabbi Ben-Tsion donna dans la petite maison de prière un cours dont le maigre public et les enfants profitèrent beaucoup. Tout le monde se sépara de l’invité avec des sentiments de reconnaissance, car sa venue avait fait pénétrer de la chaleur et de l’agrément dans ce village perdu.

Ce même juge raconte encore :

« En 5683, j’ai rencontré Rabbi Ben-Tsion Yadler dans une rue de Jérusalem. Je l’ai abordé et je me suis présenté : « Je suis le fils de Rabbi Méïr le cho’het de Basse Galilée. » Il m’a serré dans ses bras. Quand je lui ai raconté que j’étais employé du gouvernement du mandat britannique, il a commencé à me demander si je mettais les tefilin et comment je me comportais le Chabath.

J’ai vu un jour Rabbi Ben-Tsion se faire beaucoup de souci, et je lui ai demandé pourquoi il était si préoccupé. Il m’a répondu qu’à Vienne se tenait en ce moment la « Grande Assemblée » d’Agoudat Israël, un rassemblement de tous les grands et les tsaddikim de la génération, et que lui, Rabbi Ben-Tsion, avait été désigné pour représenter Jérusalem.

Alors, je lui ai fait remarquer qu’au contraire, cela devrait être une source de grande joie, et pas de souci ! Il m’a répondu : « J’ai cinquante-trois ans. De ma vie entière, jamais je ne suis sorti de la Terre Sainte. J’ai toujours évité de me baigner dans la mer, de peur que les eaux de la mer ne soient déjà considérées comme l’étranger. Et voilà que maintenant, on me charge de partir à l’étranger ! C’est de cela que je suis brisé et soucieux ».

Je lui ai répondu : « Vous partez avec l’intention de revenir ! ». Mais Rabbi Ben-Tsion a répliqué en soupirant : « Et qui sait si je ne vais pas laisser ma vie dans un pays étranger ? J’ai plus de cinquante ans. »

Après son retour de Vienne, je l’ai de nouveau rencontré, et sa bouche était remplie de remerciements pour avoir mérité de revenir vivant en Erets-Israël.

Le juge Harkavi terminait en disant : « Tous ceux qui parlent de l’amour d’Erets-Israël sont absolument insignifiants par rapport à Rabbi Ben-Tsion Yadler ! »

Il avait la coutume permanente de se lamenter la nuit de Ticha BeAv auprès du Mur Occidental. Un jour, je me suis trouvé parmi ceux qui l’entendaient, et jusqu’à aujourd’hui résonnent à mes oreilles ses lamentations sur la destruction du Temple. D’une voix rugissante comme celle d’un lion, il s’exclamait : « Pourquoi nous oublies-Tu et nous abandonnes-Tu à jamais ! » Il pleurait, et nous pleurions avec lui.

En Elloul et pendant les dix jours de Techouvah, il se rendait souvent dans les nouvelles implantations, à Tel-Aviv, Peta’h Tikva, ‘Haïfa, et dans les colonies qui étaient sur le chemin. Après chaque discours, il lisait avec enthousiasme le verset : « Fais-nous revenir à Toi, ô Dieu, et nous reviendrons ! »

Pendant des dizaines d’années, il a souffert de cécité, mais malgré tout il n’a jamais interrompu son travail, et il rassemblait des publics et parlait devant eux pour les éveiller à la techouvah.

A son dernier jour, le 15 Av 5722, sa fille maria sa propre fille à un talmid ‘hakham de qualité, et au moment de la ‘houpa son âme sortit en pureté. Il avait quatre-vingt douze ans à sa mort.

Des milliers de juifs suivirent l’enterrement du Maguid Rabbi Ben-Tsion et l’accompagnèrent à sa dernière demeure. Et en rentrant de l’enterrement, plus d’un se disait : « Qui sait si Rabbi Ben-Tsion n’était pas le dernier Maguid d’Erets-Israël ! »

 

 
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