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Rabbi Chemouël Eliezer Eidels Zatsal - Le Maharcha

Les explications de Torah du Maharcha, Rabbi Chemouël Eliezer Eidels zatsal, figurent dans toutes les éditions du Talmud qui ont été imprimées après sa mort. Tous ceux qui étudient le Talmud, grands et petits, les considèrent comme la base de la compréhension des paroles de la Guemara et des explications de Rachi et des Tossefot. L’un des gueonim de sa génération a écrit sur lui que « Toutes ses paroles sont basées sur les piliers de l’intellect et des bases solides, et tous les vents du monde ne pourraient pas le faire bouger le moins du monde de sa place. Quiconque s’oppose à lui, c’est comme s’il s’opposait à la Chekhina… »

Rabbi Chemouël Eliezer HaLévi est né à Cracovie en Pologne en 5325 dans une famille renommée de rabbanim. Son nom de famille est devenu « Eidels » en signe de reconnaissance pour sa belle-mère, la rabbanit Eidel Lipschitz, qui lui a permis de vivre, lui et les nombreux disciples qui se pressaient sous son toit.

Le nom du Maharcha s’est fait connaître au loin comme gaon et grand de la génération. Tous les grands d’Israël étaient en relation avec lui et échangeaient avec lui des lettres sur des sujets de halakha et de aggada. Il fut aussi nommé dirigeant du « Va’ad Arba Artsot » (comité des quatre pays), une organisation qui était à l’époque à la tête du judaïsme polonais, et dans ce cadre, il a édicté de nombreux décrets.

Outre son extrême intelligence, il était aussi connu pour sa tsidkout, la pureté de son cœur et l’aide qu’il apportait au prochain. On raconte que pendant toutes les années où il a été Rav à Austraha, personne n’a eu faim. Il était gravé à la porte de sa maison : « Un étranger ne passera pas la nuit dehors, j’ouvrirai ma porte à l’invité ».

Au tribunal terrestre

C’était un matin, immédiatement après le lever du soleil. Tout à coup, on entendit des coups affolés à la porte du Rav.

« Qu’il entre ! » ordonna le Rav, et un juif des habitants du lieu entra dans la pièce, en haletant et en tremblant de tout son corps.

« Assieds-toi, mon fils, assieds-toi et calme-toi. En quoi puis-je t’aider ? » lui demanda le Rav.

« Cela a commencé il y a quelques années, se mit à raconter le juif, au moment d’une certaine affaire commerciale où nous avons gagné, mon ami d’enfance et moi-même, beaucoup d’argent. Hélas, je me suis mal conduit, j’ai commis les fautes les plus graves : j’ai bu du vin interdit et j’ai mangé des aliments interdits. J’ai fait tout cela dans un brouillard des sens, après avoir trop bu. Mais quand je suis redevenu sobre, j’ai été très triste et déprimé ; je ne trouvais aucune paix à mon âme.

Mon ami ne pouvait pas supporter ma peine, et il m’a donné un conseil. « Je vois, m’a-t-il dit, que tu as beaucoup de peine. C’est pourquoi je suis prêt à t’acheter ces fautes, et en échange tu feras passer à mon compte ta part dans les bénéfices de cette affaire. »

Sans hésitation, j’ai exprimé mon accord à cette « affaire ». Tout mon argent est passé chez lui, et par une tekiat kaf entre nous il a pris sur lui les fautes graves que j’avais commises.

Il y a peu de temps, mon ami est mort. Et voici que depuis plusieurs nuits, il me dérange dans mon rêve et exige de moi que je vienne avec lui en din Torah, au Tribunal céleste, parce qu’on lui attribue des fautes qu’il n’a jamais commises. Il ne me les avait achetées que pour me calmer… Cette nuit, termina le juif, le défunt m’a menacé violemment, au point que j’ai été complètement bouleversé. Que vais-je faire ? demanda-t-il. »

Le Rav réfléchit attentivement à la chose, et répondit : « Quand il reviendra vers toi, dis-lui que tu es prêt à être jugé avec lui, mais au tribunal terrestre. »

Effectivement, la nuit suivante, quand il revint, il accepta, après de nombreuses promesses et supplications, de venir au beit din du Maharcha.

Frappe la tombe du défunt avec un bâton

Le jour fixé arriva. Tous les habitants de la ville, et même des étrangers, affluèrent à la grande synagogue, ou le din Torah devait se passer. L’endroit était entièrement rempli, et beaucoup de gens couronnaient la maison de l’extérieur. Dans un coin de la synagogue était suspendu un rideau, derrière lequel on avait assigné une place au défunt. On voyait sur le visage de tous les présents tremblement et crainte. On attendait en le redoutant ce qui allait se produire.

Le Rav arriva, s’adressa au chamach et lui dit : « Prends mon bâton, va au cimetière, frappe trois fois avec le bâton sur la tombe du défunt, et dis-lui que le Maharcha le convoque en din Torah. »

Le chamach quitta les lieux et un silence de mort tomba sur la synagogue. Au mizra’h étaient assis les membres du tribunal, avec à leur tête le Rav, vêtu de blanc et resplendissant de sainteté.

Le temps passait. Le chamach revint, frappa trois fois selon les ordres du Rav sur l’estrade, et proclama : « Le din Torah a commencé ».

« Que l’accusation parle d’abord », dit le Maharcha à haute voix.

Alors le juif se leva, tremblant tout entier, et raconta son histoire.

Le tour de l’accusé était venu, alors le Rav se leva de nouveau, et de nouveau, ces mots retentirent dans la salle : « Que l’accusé exprime ses doléances ».

Un moment plus tard, on entendit une voix incompréhensible de l’autre côté du rideau.

Le cœur des nombreux présents battait avec force, et leur visage était livide.

Le défunt termina son discours, puis la voix se tut. Quand le Rav vit qu’on n’avait pas compris les paroles du défunt, il les répéta en disant : « Le défunt estime qu’il a fait cela uniquement pour apaiser son ami, il n’avait pas du tout l’intention de prendre sur lui la responsabilité de ces fautes. Puis il a ajouté : Mon ami est encore vivant et peut se repentir de ses fautes, alors que moi, je n’ai plus la possibilité de le faire. »

Pendant quelques minutes, les membres du tribunal discutèrent de la décision à prendre, alors le Maharcha se leva et dit : « Le Tribunal déclare innocent le juif qui vit avec nous, parce que l’accusé a acheté ses fautes en toute connaissance de cause. Mais comme la bonne pensée d’apaiser son ami s’est jointe à l’acte, je promets de prier pour le rachat de l’âme du défunt. »

Le din Torah était terminé, et depuis le défunt cessa de tourmenter son ami.

Le 5 Kislev 5392, le Maharcha monta au Ciel, et ses lèvres s’agitent sans cesse dans tous les batei midrachot et les endroits d’étude du monde entier.

 

 
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