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RABBI CHELOMO POLIATCHIK • Le Ilouï De Meitsit

Le ilouï de Meitsit : c’est son nom, et c’est ainsi qu’il est resté dans la mémoire, jusqu’à aujourd’hui. Il a reçu ce titre à la yéchivah de Volojine, et Rabbi ‘Haïm Soloveitchik, le Roch Yéchivah lui-même, est celui qui le lui a donné. Voici comment cela s’est passé :

Un élève de la yéchivah de Volojine avait rencontré l’enfant Chlomke à Novardok. Il a vu que c’était un enfant prodige, né pour la grandeur. Il l’a pris et amené à la yéchivah de Volojine, la plus grande de cette époque. Il n’avait que douze ans. Quand il s’est présenté pour passer un examen devant le Roch Yéchivah, Rabbi Naftali Tsvi Yéhouda Berlin, le Netsiv, celui-ci l’a regardé, et a demandé avec un sourire à l’élève qui l’avait amené pourquoi il n’avait pas amené en même temps son berceau. L’élève répondit : « Que notre maître l’examine, et me dise de quelle taille doit être le berceau. » Au milieu de l’examen rentra Rabbi ‘Haïm Soloveitchik, le Rav de Brisk, et il commença à discuter avec lui de paroles de Torah. Un grand conflit éclata entre l’enfant et le gaon, et l’enfant avait le dessus. Tout à coup Rabbi ‘Haïm se tut et se mit à réfléchir. Au bout d’un moment, il demanda : « D’où viens-tu, Chlomke ? » Et l’enfant répondit : de Meitsit. Il réfléchit quelques minutes et ajouta : « S’il en est ainsi, c’est toi le ilouï de Meitsit. » La rumeur se répandit très rapidement, et cela fit beaucoup de bruit à la yéchivah. Les jeunes gens arrêtèrent d’étudier et tous voulaient voir l’enfant prodige. Est-ce donc négligeable que Rabbi ‘Haïm lui-même l’ait appelé un ilouï….

Rabbi Chelomo Poliatchik est né dans le petit village de Sintsinits, en 5637 (1877), de Rabbi Yossef, un juif simple, un villageois. Quand il arriva à l’âge de l’école, son père l’emmena dans la petite ville de Meitsit, proche de Gronda. Il entra au ‘heder et commença à apprendre à lire dans le sidour. Et voici que le lendemain, l’instituteur le fit déjà passer dans la classe du ‘Houmach. Au bout d’une semaine, l’enfant demanda à passer dans la classe de la Guemara. Les élèves protestèrent à grand bruit : un enfant de cinq ans va venir étudier avec nous ? On ne lui donna pas de place assise. Chelomo resta debout de côté et écouta les cours. Le Rabbi posa une question tirée de Tossefot, du Maharcha, et Chelomo répondit à toutes les questions avec une rapidité extraordinaire. Les élèves comprirent que Chlomke n’était pas un enfant ordinaire, et ils l’accueillirent parmi eux. Au bout de quelques jours, il n’y avait déjà personne à Meitsit qui puisse lui enseigner quoi que ce soit. Il passa à la ville de Slonim, et de là à Novardok, et partout où il allait les gens étaient stupéfiés par ses dons extraordinaires. De partout on venait voir l’enfant prodige.

Quand il arriva à la yéchivah de Volojine, il n’avait pas encore treize ans. Chez le Rav on organisa un repas avec un discours en l’honneur de sa bar mitsva, en présence du Rav, le Netsiv, et de Rabbi ‘Haïm Soloveitchik. Ce fut la première fois qu’on organisait à Volojine un repas de bar mitsva pour un élève de la yéchivah. En général, les jeunes gens venaient étudier à l’âge de seize ou dix-sept ans.

Rabbi ‘Haïm s’intéressait à lui et se consacra à lui. Il bavardait avec lui, lui posait des questions et répondait à ses questions, et l’aidait à se développer. Rabbi ‘Haïm parlait toujours de lui avec beaucoup d’affection. Le nom de Chlomke sortait toujours de sa bouche avec un amour considérable. Quand ils parlaient de Torah et arrivaient à un point difficile, Rabbi ‘Haïm se tournait vers lui et lui disait : « Eh bien, Chlomke, qu’en penses-tu ? » Rabbi ‘Haïm avait l’habitude en toute occasion de présenter le ilouï à de grands rabbanim, pour montrer la grandeur de son élève chéri. Le gaon Rabbi El’hanan Wasserman a raconté qu’il avait entendu de Rav ‘Haïm qu’il avait dit : « Un ilouï aussi particulier que le Meitsiti, je n’en ai jamais vu de ma vie entière. »

Et bien que depuis sa plus tendre enfance il ait été célèbre et que tout le monde parlait de lui, Rabbi Chelomo lui-même se conduisait humblement et modestement. En tant qu’homme, il était tellement équilibré, tellement droit, tellement simple qu’on ne s’apercevait pas qu’il recelait en lui des dons extraordinaires. Il fuyait les honneurs et ne pouvait pas supporter que les gens le regardent. Par nature, il était modeste, et ne comprenait pas sa propre valeur.

Un jour, il était dans une fête et on parlait d’Erets Israël. Rabbi Chelomo dit : « Je voudrais beaucoup partir en Erets Israël et enseigner le Talmud là-bas. Mais que faire, si je ne connais pas l’hébreu ? » Là-dessus, l’un de ses amis lui répliqua en riant : « D’où sais-tu ce que tu sais ou non ? Tu t’imagines sans doute que la Torah non plus, tu ne la connais pas ? »

Il se maria à vingt-trois ans. Après le mariage, il fut invité à être Roch Yéchivah à la yéchivah de Lida, où il enseigna pendant neuf ans. Il était très aimé et respecté de ses élèves. Le plus grand plaisir de sa vie était de donner des cours devant les garçons de la yéchivah, des cours merveilleux de profondeur, et les élèves avaient bien du mal à comprendre leur maître jusqu’au bout.

Quand éclata la Première guerre mondiale, il dut quitter Lida. Il erra avec sa yéchivah jusqu’à Yélissoveitgrad, dans la région de Kharson. Mais peu de temps après, des émeutes éclatèrent. Quatre mille juifs furent massacrés par les assassins de Denikin. Lui et sa famille furent sauvés par miracle : au moment du massacre, les assassins sautèrent sa maison. Le ilouï y vit le doigt de Dieu. Au cours de ses exils, on lui avait volé tous ses manuscrits.

Après la guerre, il fut invité à venir à New York donner des cours dans la yéchivah de Rabbi Yitz’hak El’hanan. Il y enseigna pendant six ans, et fit de nombreux disciples. Le ilouï mourut subitement, le 21 Tamouz 5685 (1928). Le chant de sa vie s’arrêta alors qu’il avait cinquante ans. En 5707 son gendre, le Rav Yéhouda Leib Goldberg, édita un livre intitulé : ‘Hidouchei Hailouï MiMeitsit (« Les commentaires du ilouï de Meitsit »).

 

 
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