Index Tsadikim Index Tsaddikim

Rabbi Eliahou David Rabinowitch Teomim • Le « Aderet »

Rabbi Eliahou David est né jumeau (teom) de son frère, Rabbi Tsvi Yéhouda, du gaon et tsaddik Rabbi Binyamin, le 6 Sivan 5603 (1843) dans la petite ville de Pickelin en Lituanie.

Il étudia au début avec son père, qui était rabbin dans les villes de Schillel et Rogueveh, et les derniers temps dans la grande ville de Wilkomir. Outre le fait que c’était un grand gaon en Torah, son père était également un grand tsaddik, et on l’appelait Rabbi Binyamin le tsaddik. Avant de terminer l’étude d’un traité, jamais il ne s’installait pour prendre un repas, et il ne dormait jamais une nuit entière. Tous les mois, il terminait l’étude du Talmud. Il n’est donc pas étonnant que depuis son enfance, le jeune Eliahou David se soit déjà conduit avec une extrême sainteté et d’une façon qui lui est toute particulière.

Le jeune garçon se faisait remarquer par sa grande assiduité, et jusqu’à la fin de ses jours l’étude de la Torah ne quitta pas sa bouche. Il fut aussi l’auteur de beaucoup de commentaires nouveaux. Sur chaque page, il écrivait l’adage de Rabbi Yo’hanan ben Zakaï : « Si tu as appris beaucoup de Torah, n’en tire aucune fierté, car c’est pour cela que tu as été créé » (Avoth ch. 2).

Après son mariage avec Feige Mina, la fille du notable Rabbi Leib Rosen de Poniewitz, il alla vivre à Poniewitz. Sa femme ouvrit un commerce, et il pouvait se consacrer toute la journée à l’étude de la Torah et au service de Dieu.

Rabbi Eliahou David se conduisait avec piété et ascétisme. Il tenait à prier avec un mynian au lever du soleil. Après la prière, il restait au beith midrach pour étudier jusqu’à midi, alors seulement il rentrait chez lui pour manger. Il portait les tefilin toutes la journée. Il couvrait ceux de la tête avec son chapeau, car tous ses actes étaient empreints d’humilité.

En 5634 (1874), à l’âge de trente et un ans, il devint Rav de la grande ville de Poniewitz. Ce choix fit grand bruit dans le monde rabbinique, car il n’était jamais arrivé que quelqu’un d’aussi jeune, qui n’avait jamais pratiqué la rabbanouth, soit accepté par une aussi grande communauté. Il semble qu’à ce moment-là, il était déjà célèbre pour sa connaissance du Talmud, de Babylone et de Jérusalem, des décisionnaires et des responsa. Il était également connu comme un homme intègre et droit, qui avait de belles qualités d’âme. Le ‘Hafets ‘Haïm l’estimait beaucoup, et dans une lettre qu’il lui adresse il le décrit ainsi : « Le grand gaon, pénétrant et érudit, Sinaï et Oker Harim, tsaddik dans son comportement et parfait dans ses actes ».

Il resta Rav de Poniewitz pendant une vingtaine d’années. Sa famille grandissait, et il eut besoin de demander aux notables de la ville d’augmenter son salaire. Ils refusèrent. C’est alors qu’arriva une invitation de la ville de Mir, qui était célèbre pour sa Torah. Le Adéret décida de changer de ville. Quand les habitants entendirent que leur Rav allait les quitter, cela fit grand bruit, et ils surveillèrent la porte de sa maison pour qu’il ne puisse pas quitter la ville. Une fois, toutes ses affaires étaient déjà dans la voiture, et ils vinrent les décharger et les firent rentrer à la maison. Ils écrivirent aussi une lettre de protestation à la ville de Mir qui voulait leur « voler » leur Rav bien-aimé.

Mais la décision du Rav d’aller à Mir, ville de Torah, était ferme, il ne prêta donc aucune attention à tous les obstacles qu’on plaça sur son chemin, et il partit s’y installer.

Pourtant, ce poste ne dura pas longtemps. Au bout de sept ans, il quitta Mir et partit pour Jérusalem.

En 5658 (1898), quand Rabbi Chemouël Salant, le Rav de Jérusalem, atteignit quatre-vingts ans, il chercha qui allait occuper sa place comme Rav de Jérusalem. Il sentait ses forces décliner et ne pouvait plus porter seul le joug considérable de la communauté. Il s’adressa à Rabbi ‘Haïm Ozer, le Rav de Vilna, pour qu’il veuille bien leur envoyer un grand Rav rempli de qualités, qui pourrait le seconder efficacement. Par hasard le Adéret, Rabbi Eliahou David Rabinowitz Teomim, passa par Vilna à cette époque-là. Rabbi ‘Haïm Ozer lui proposa d’accepter la rabbanouth de Jérusalem, et Rabbi Eliahou David, qui aimait Jérusalem et Erets-Israël de tout son cœur et de toute son âme, fut ravi de cette proposition.

En 5661 (1901), il partit pour Erets-Israël. Les habitants de Jérusalem, et à leur tête Rabbi Chemouël Salant, lui firent un accueil de masse, le reçurent comme un roi, et on l’installa comme Rav de Jérusalem avec de grands honneurs.

Les habitants de Jérusalem avaient beaucoup d’estime pour leur nouveau Rav, et Rabbi Chemouël Salant le respectait aussi beaucoup et l’aimait profondément. Ils ne se séparaient jamais. Sa première activité fut de vérifier la justesse des poids à Jérusalem, pour qu’ils soient exacts et précis. Lui-même passait de boutique en boutique et vérifiait les balances. Il ordonna de fabriquer de nouveaux poids. Il s’occupa d’organiser un erouv pour les quartiers qui étaient en-dehors des remparts de la vieille ville. Jusqu’à son arrivée, il était interdit de porter le Chabath entre la vieille ville et les nouveaux quartiers, mais beaucoup de juifs négligeaient cette interdiction, c’est pourquoi avec l’accord de Rabbi Chemouël Salant, il fit des erouvin. Le Adéret passait lui-même de quartier en quartier, enseigna aux habitants comment s’occuper du erouv, et payait de sa poche les frais occasionnés par sa réparation. Il apprit que dans les boulangeries, on faisait du pain et des gâteaux farcis de viande ou de fromage. Le Adéret interdit absolument cette pratique. Il surveillait également les boutiques, le vendredi après-midi, pour qu’elles ferment avant l’entrée du Chabath. Mais il ne resta pas longtemps à Jérusalem. En hiver 5665 (1905), quatre ans après son arrivée, il tomba malade et mourut la même année, le 3 Adar. Il fut enterré à côté du gaon et tsaddik Rabbi Yéhochoua Leib Diskin de Brisk. Avant sa mort, il ordonna qu’on ne fasse pas d’oraisons funèbres, mais qu’on rappelle simplement qu’il s’était « efforcé » pendant sa vie de vivre comme un bon juif.

Pendant sa maladie, le Adéret exprima son profond chagrin de ne pas avoir eu le temps d’accomplir plusieurs autres réformes à Jérusalem. Sa modeste requête était qu’on imprime au moins une brochure de ses commentaires pour le premier anniversaire de sa mort.

Rabbi Avraham Yitz’hak Hacohen Kook, le Grand Rabbin d’Erets-Israël, qui était le gendre du Adéret, consacra à la mémoire de son beau-père un ouvrage intitulé « Eder Hayakar », où il décrit sa grande et noble personnalité.

Il laissa après lui en manuscrit plus de cent ouvrages dans tous les domaines de la Torah. Le dernier Rav de Poniewitz, Rabbi Yossef Chelomo Cahneman, confia à une équipe d’érudits la tâche de les traverser et de les préparer à l’impression.

Voici quelques-unes de ses coutumes édifiantes, ainsi que des exemples du travail qu’il faisait sur lui-même et de ses bonnes actions :

1. J’ai toujours fait attention, par respect pour quiconque est plus grand et plus âgé que moi, de ne pas lui écrire « mon ami », comme s’il était mon égal.

2. Je faisais très attention à prier avec la communauté, et très souvent j’ai dû me donner beaucoup de mal pour trouver dix personnes. J’ai toujours eu l’impression que si je priais seul, c’est comme si je n’avais pas prié du tout.

3. Depuis l’âge adulte, j’ai toujours fait attention à prendre le ma’asser de tout ce que je gagnais, à l’exception de la dot, et je reconnais que c’est justice qu’il ne m’en reste rien, car je n’avais pas assuré cet argent par la mitsvah de ma’asser.

4. Je ne portais pas un vêtement neuf en semaine pour la première fois, mais uniquement le Chabath.

5. Le Chabath Béchala’h et Ki testsé, je montais à la Torah le dernier pour le maftir, à cause de l’importance de la parachat Zakhor.

6. A chaque mitsvah spécifique au jour, comme la matsah le jour de Pessa’h, je disais après avoir terminé de l’accomplir : « Je Te remercie, mon Dieu et le Dieu de mes pères, de m’avoir fait vivre jusqu’à l’accomplissement de cette mitsvah cette année, aide-moi et fais-moi vivre jusqu’à l’année prochaine pour que je puisse l’accomplir de nouveau, ainsi que toutes les mitsvoth, depuis maintenant jusqu’à l’année prochaine, dans la joie. » Et quand je sortais de la soukah, je ne disais pas le « yéhi ratson » qui est imprimé dans les livres de prière, « m’asseoir dans la soukah du léviathan », car c’est une récompense qui appartient au monde à venir. Je disais plutôt : « Puisse Ta volonté être que nous méritions de nous asseoir dans la soukah de la mitsvah l’année prochaine, et d’accomplir etc. 

 

 

 
INDEX TSADIKIM
 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan