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Rabbeinou Eliahou de Vilna • Le Gaon de Vilna

Rabbeinou Eliahou de Vilna width=

Nos Sages ont dit : «Si le Rav est semblable à un ange de Dieu, on demandera la Torah de sa bouche, et sinon on ne demandera pas la Torah de sa bouche.» Rabbi Eliahou, le Gaon de Vilna, fut l’une des rares personnes que tout le peuple, du plus petit au plus grand, tous ceux qui ont eu le mérite de voir la majesté de son visage et tous ceux qui ont entendu parler de lui, le considéraient comme un ange du Dieu des armées. C’est ainsi qu’il apparaissait à ses contemporains, et c’est ainsi qu’il est resté pour nous jusqu’à nos jours.

Rabbeinou Eliahou a eu beaucoup de choses en partage. Tous les talents et toutes les qualités qui avait été ceux des Tannaïm et des Amoraïm, il les avait. Il est devenu célèbre pour toutes les générations sous le nom de «Gaon», et quand on dit «le Gaon» tout court, tout le monde comprend qu’il est question de Rabbeinou Eliahou de Vilna.

Le Gra est né le premier jour de Pessa’h 5480 (1720). Les gens de Vilna racontaient que le jeune Eliahou était un très bel enfant, une âme pure dans un corps pur. Il était doué d’une intelligence extraordinaire, qui n’a pas eu sa pareille pendant les siècles qui ont précédé ou suivi, et dès sa petite enfance, à l’âge de trois ans, il émerveillait les grands de Vilna par la puissance de sa mémoire, sa maîtrise absolue de la Bible et la rapidité de sa compréhension.

Un jour, on lui demanda : «Où y a-t-il dans le ‘Houmach un verset qui contient huit mots se terminant tous par la lettre «mem» finale ?» Et le petit Eliahou, qui n’avait pas encore quatre ans, répondit instantanément : «C’est le verset de la parachat Vayichla’h (Béréchit 32, 15) : «Deux cents chèvres, vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers»».

Vers l’âge de sept ans, il prononça un discours à la grande synagogue de Vilna qui émerveilla tous ses auditeurs.

Le Gra n’étudia chez un Rav que jusqu’à sept ans, car ensuite on ne trouva plus personne qui soit capable de lui enseigner la Torah, et il étudiait seul avec une grande assiduité, jusqu’à devenir expert dans tous les domaines de la Torah, révélée et cachée.

Très jeune, ses parents le marièrent à une jeune fille de la ville de Keidan en Lituanie. Après son mariage, il resta dans cette ville, enfermé dans sa chambre, et il étudiait la Torah jour et nuit dans la sainteté et la pureté. Même le jour, ses volets étaient fermés et il étudiait à la lueur d’une bougie, pour que le bruit de la rue ne le dérange pas. Le Gra disait toujours : «L’adjectif «érudit» (lamdan) que nous appliquons à un talmid ‘hakham, est formé [en hébreu] de la même façon que le mot «voleur» (gazlan). De même qu’on n’appelle pas «voleur» quelqu’un qui sait et peut voler, mais celui dont le métier est de voler, il est impossible d’appeler «érudit» celui qui sait ou peut étudier, mais uniquement celui dont l’occupation permanente est l’étude.»

Il parlait peu, même chez lui et avec sa famille. Un jour, sa sœur, qu’il n’avait pas vue depuis des années, vint lui rendre visite. Quand elle entra dans sa chambre, il la salua et lui demanda des nouvelles de sa famille, puis il dit :

– Ma soeur, nous nous reverrons dans le monde à venir. Ici, en ce monde, il n’y a pas le temps. Je dois étudier la Torah.

Alors qu’il était encore jeune, il prit sur lui de partir en exil, et partit errer pendant des années dans les villes de Pologne et d’Allemagne. Bien qu’étant déguisé en pauvre, il n’arrivait pas à cacher aux gens sa hauteur spirituelle et sa dévotion. Tout le monde reconnaissait sa grandeur, il devint connu dans le monde entier comme gaon et tsaddik.

Au retour de son exil, il s’installa à Vilna où il se mit de nouveau à étudier la Torah avec assiduité jour et nuit. Il ne voulait pas être Rav ni Roch yéchivah, mais restait à l’ombre de sa tente, enveloppé de son Talith et portant ses tefilin, les paroles de Torah à la bouche.

L’étendue de son assiduité était indescriptible. Voici le témoignage de son fils : «Pendant cinquante ans, mon père n’a pas dormi plus d’une demi-heure à la fois, et pas plus de deux heures dans la journée entière. Pour ne pas s’endormir pendant les longues nuits d’hiver, il étudiait dans une maison non chauffée et les pieds dans l’eau froide. Il n’a jamais fait deux mètres sans Torah et tefilin, et n’a jamais eu de conversation futile de sa vie entière. Avant sa mort il s’est confessé, en pleurant abondamment, d’une faute de quatre minutes perdues pour l’étude de la Torah.»

Ses connaissances en Torah étaient phénomé-nales. Il révisait toute son étude tous les trente jours, et toute la Torah était gravée constamment sur son coeur. Il savait combien de fois était cité le nom de chaque Tanna et de chaque Amora dans chaque traité. Tous ses livres étaient couverts de notes. Ses commentaires ont été publiés sous le titre «Hagaoth HaGra» [notes du Gra]. Il a également écrit des ouvrages de grammaire, de géométrie d’astronomie, et il avait des connaissances en médecine et dans d’autres sciences. Certains savants qui l’ont rencontré ont été stupéfaits de voir quelqu’un qui était installé dans la tente de la Torah et les dépassait néanmoins dans toutes les matières et toutes les sciences profanes qui étaient leurs spécialités.

Son génie se manifestait non seulement dans l’étude, mais aussi dans les bonnes actions et la beauté du caractère.Son élève Rabbi Israël de Chklov raconte l’histoire suivante :

Il arriva que le bedeau qui apportait chaque mois au Gra l’argent que lui allouait la communauté prit un jour cette somme pour lui-même. Le Gaon ne voulut pas lui causer des ennuis, car il était pauvre, et ne révéla rien à personne. Voyant que personne ne s’en était aperçu, le bedeau continua à se conduire de la même façon. Le Gaon ne se plaignait pas de lui, et pendant deux ans, il ne raconta jamais à personne que lui-même et sa famille souffraient de la faim. Le Gra n’acceptait absolument pas de faire honte à un juif. Ce n’est que lorsque le bedeau tomba malade, se prépara à mourir et confessa sa faute que la chose fut connue.

A cause de sa Torah et de sa droiture, tout le monde le surnommait «le ‘hassid», tout court. Quand le Gra entendit cela, il s’y opposa et dit : «Je suis indigne de ce nom, je voudrais seulement pouvoir mériter de dire que j’accomplis le Choul’han Aroukh comme il convient.»

Le Gaon aspirait fortement à se rendre en Erets-Israël pour y installer son Beit Midrach. Vers sa vieillesse, il quitta Vilna et prit la route vers la Terre Sainte. Il alla jusqu’à Koenigsberg en Allemagne, d’où il écrivit à sa mère, à sa femme et à sa famille sa célèbre lettre, la lettre du Gra, où se reflète son âme pure dans toute sa beauté. Mais il ne mérita pas d’entrer en Erets-Israël. Il y a diverses légendes et histoires populaires sur la raison de son retour, mais personne n’en connaît la véritable cause. Mais si le Gra n’a pu voir le pays auquel il aspirait, son désir s’est accompli après sa mort. Pendant les dix années qui l’ont suivie, plusieurs de ses meilleurs disciples sont allés en Erets-Israël où ils ont fondé la communauté des perouchim à Safed et à Jérusalem.

En 5557 (1796), il tomba malade et sentit que ses jours étaient comptés. La veille du dernier Yom Kippour qui précéda sa mort, il appela tous ses descendants et les bénit en pleurant abondamment, contrairement à son habitude. Le troisième jour de ‘Hol Hamoed Soukot, le 19 Tichri 5558, il demanda qu’on lui donne le etrog et le loulav. Il se leva, fit la bénédiction sur le loulav, et ne le lâcha plus jusqu’à sa mort. Quelques instants avant sa mort, il prit à la main ses tsitsith et dit : «Combien il est difficile de quitter ce monde de l’action, où par une mitsvah aussi facile, qui coûte quelques sous, on peut mériter de voir la face de la Chekhinah !»

 

 
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