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Rabbi Eliahou Lopian

Rabbi Masliah Mazouz width=

Trois fois par jour nous prions, dans la prière du chemonè esrè, « pour les justes, pour les pieux, pour les anciens de ton peuple la maison d’Israël, et pour ceux qui nous restent de leurs érudits. » Vous êtes-vous jamais demandé qui sont « ceux qui nous restent de leurs érudits » ? Ce sont les Sages, les Sages de la Torah, que Dieu a laissés des générations antérieures, pour qu’ils puissent nous raconter qui étaient leurs prédécesseurs, et refléter la silhouette des grands du monde des générations passées. L’un de ces Sages, de ceux qui restaient de la Grande Assemblée, fut Rabbi Eliahou Lopian, qui disparut aux approches de Roch Hachanah, le 20 Elloul 5730 (1970), dans sa centième année, en Erets-Israël.

Rabbi Eliahou avait bu à la source des « lions » du mouvement du moussar : Rabbi Yiz’hak Blazer de Saint-Pétersbourg, Rabbi Sim’ha Zissel Ziv de Kelem et Rabbi Naphtali Amsterdam, les principaux disciples du père du mouvement du moussar, Rabbi Israël de Salant.

Il est né de Rabbi Yaakov en 5631 (1870) environ, dans la ville de Graïbe près de Lomza. Dans sa jeunesse, il a étudié à la yéchivah de Lomza, dont le fondateur était Rabbi Eliezer Schulavits, l’un des jeunes disciples de Rabbi Israël de Salant.

Il épousa la fille de Rabbi Yitz’hak David Weinmacher (« le vigneron »), un célèbre tsaddik de la ville de Lomza. Sous l’influence de son beau-père et de Rabbi Eliezer Schulavits, il partit pour Kelem, où vivait l’homme du moussar, Rabbi Sim’ha Zissel, le fondateur du grand « Talmud Torah » d’où sortirent les plus éminents personnages du moussar des dernières générations. Il resta de nombreuses années à Kelem et s’attacha au moussar de son grand Rav, qu’il répandit partout où il allait, au début dans la petite ville de Kelem, ensuite en Angleterre et à la fin de sa vie en Erets-Israël.

A Kelem il fonda une yéchivah pour les jeunes, où il forma beaucoup d’élèves à la Torah et au moussar ; jusqu’à aujourd’hui, ceux-ci évoquent son nom avec un sentiment de vénération. L’un de ses premiers élèves, qui est aujourd’hui un vieillard, m’a raconté que jusqu’à aujourd’hui la mélodie de son Rav sonne encore à ses oreilles, lorsqu’il chantait le verset : « Cantique de David quand il était dans la caverne, prière ». Les versets des Psaumes, qui étaient dits avec des soupirs et des larmes, l’ont accompagné pendant toute sa vie.

Pour diverses raisons, il quitta la ville de Kelem et partit vivre en Angleterre, où il fonda la yéchivah « Ets ‘Haïm » à Londres. A Londres comme à Kelem, il ne cessa pas un instant d’étudier le moussar. Il s’efforça de tout son pouvoir de former la génération des jeunes en Angleterre d’après sa méthode. Les juifs qui venaient dans la capitale britannique allaient visiter la yéchivah, mais quand leurs pieds franchissaient son seuil, il oubliaient tout le tumulte de la vie qui tintait dans la grande ville, et sentaient qu’ils se trouvaient de nouveau à Kelem. A Londres comme à Kelem, sa maison était largement ouverte à quiconque voulait entrer. Les élèves de la yéchivah mangeaient aussi à sa table, si bien qu’ils se trouvaient dans l’ombre de leur Rav la plus grande partie de la journée. Il resta en Angleterre pendant vingt-quatre ans, et éduqua une génération merveilleuse à la Torah et au moussar.

A la fin de sa vie, il partit pour Erets-Israël, et passa le restant de ses jours à la yéchivah « Knesset ‘Hizkiyahou », à Kefar ‘Hassidim. Il y accomplit des choses magnifiques. Il prit soin de se rapprocher justement de ces jeunes qui étaient loin de sa voie et de sa méthode. Il se consacra beaucoup aux tsabbarim, qui parlaient hébreu et portaient des kippot crochetées, et eut une grande influence sur eux par la pureté de son esprit et sa méthode du moussar. Ces jeunes gens quittèrent la maison de leurs parents où ils avaient toutes leurs aises pour suivre leur vieux Rav et se réchauffer à la lumière de sa Torah. Les tsabbarim s’attachaient à lui de toutes les fibres de leur être et le chérissaient de tout leur cœur et de toute leur âme. Jusqu’à la fin de sa vie, il fut sensible à chaque élève individuellement, sachant ce qui faisait mal à qui, qui craignait véritablement le Ciel et qui s’élevait dans les degrés de la sainteté, et se souciant de chacun comme si c’était son propre fils.

On raconte qu’un jeune homme, élève d’une yéchivah à Jérusalem, était venu lui rendre visite à la yéchivah de Kefar ‘Hassidim. Après la prière, il s’approcha de Rabbi Eliahou et lui dit : « Chalom Aleikhem ». Dans la conversation, le garçon raconta qu’il était venu de Jérusalem, et avait l’intention de rester jusqu’au jeudi. Le matin du vendredi, quand Rabbi Eliahou vint à la prière, il vit que le jeune homme était toujours à la yéchivah. Il l’invita à entrer chez lui, et lui demanda s’il avait l’intention de rester jusque après le Chabath. Le jeune homme répondit : « J’ai trouvé ici des amis et une atmosphère agréable, et j’ai décidé de rester jusque après Chabath. » En entendant cette réponse, Rabbi Eliahou se leva, alla vers l’armoire, en sortit un tricot de corps blanc et propre et le donna au garçon en disant : « Tu ne pensais pas rester ici pour Chabath, et tu n’a certainement pas apporté de quoi te changer, prends ce tricot de corps et un change de sous-vêtements en l’honneur de Chabath. »

On raconte encore qu’un jour, Rabbi Eliahou aller trouver le gaon Rabbi Yitz’hak Zéev de Brisk à Jérusalem. Il s’assit et regarda le visage du Rav de Brisk, et le Rav de Brisk le regarda, avec un bref échange de paroles anodines. Quand Rabbi Eliahou sortit, le gaon de Brisk dit à ses fils et à ses élèves : « Vous l’avez vu ? C’était cela l’intention de Rabbi Israël de Salant quand il a fondé la méthode du moussar. »

Rabbi Eliahou est allé il y a quelques années aux Etats-Unis, et toutes les yéchivoth l’ont invité à parler devant leurs élèves. Ses paroles ont fait une profonde impression, parce qu’elles sortaient d’un cœur pur et rentraient dans le cœur des auditeurs. C’était un merveilleux orateur qui savait enthousiasmer ses auditeurs.

Il vécut presque cent ans. Des myriades de juifs suivirent son enterrement. Les plus grands Rachei Yéchivoth d’Erets-Israël firent son oraison funèbre. Sa tombe fut creusée au sommet du mont des Oliviers, à Jérusalem. Avec lui a disparu une figure puissante, un reste de la Grande Assemblée, le dernier de son espèce à notre génération.

Rabbi Eliahou a laissé des fils grands en Torah, qui sont Roch Yéchivah dans divers endroits. Il a vu des petits-enfants et des arrière petits-enfants qui marchent tous dans les voies de Dieu et ont prolongé dans leur propre vie la démarche de la sienne.

 

 
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