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Rabbi Haïm Aboulafia Zatsal

C’est à Rabbi Haïm Aboulafia que l’on doit la reconstruction et la reconstitution de la communauté juive de Tibériade. Rabbi Haïm Aboulafia était né à Hébron en 1660 et rendit son âme à l’éternel le 6 Nissan en 1744.

Durant sa jeunesse, la communauté juive de Hébron l’avait envoyé en mission en Turquie. Son savoir et sa sagesse lui valurent d’être nommé grand rabbin à Izmir puis, de retour en terre sainte, à Safed et enfin à Tibériade.

Il était l’ami et le compagnon d’étude de deux des plus grands sages de sa génération : l’auteur du Péri ‘Hadach et celui du Ohr Hahayim Hakadoch. Lui-même rédigea plusieurs ouvrages importants sur la Torah, notamment Etz Haïm, Mikraeï Kodèch, sur les Halakhot de Pessah et des jours de fête, Yossef Lekah, Chevouoth Yaacov et Yachreï Yaacov.

Tout en s’attachant à la résurrection spirituelle de la communauté juive de Tibériade, en construisant des Yéchivot et des synagogues, Rabbi Haïm Aboulafia se consacrait également au développement de la ville elle-même en y édifiant quantité d’immeubles d’habitation pour la communauté. Mais il ne s’en tenait pas là, puisque les membres de la communauté lui devait, qui son emploi, qui ses moyens de subsistance. Rabbi Haïm, en effet, dont le nom  était devenu synonyme de Hessed (générosité), avait remis sur pied la fameuse Koupat Rabbi Meir Baal Hanéss, cette caisse de solidarité en faveur des pauvres de la ville. Il n’hésitait pas à envoyer message et messager en Diaspora pour appeler les juifs du monde entier à venir en aide à leurs frères de Tibériade.

A cette époque, la communauté juive de terre sainte était véritablement faible. Les routes du pays étaient pleines de danger. L’un des Cheikhs arabe, qui s’était rebellé contre le pouvoir central, marcha sur Tibériade et conquit la ville ainsi que ses environs. Ce Cheikh désirait développer la région et savait qu’il n’y parviendrait qu’avec l’aide de la communauté juive. Il espérait que les juifs s’installeraient à Tibériade, y effectueraient des investissements et, en créant des emplois, donneraient à Tibériade un essor bénéfique. Ce faisant, le gouverneur cherchait également à se renforcer à titre personnel et politique contre le Pacha qui siégeait a Damas.

Il écrivit donc des lettres aux dirigeants des communautés juives de Turquie pour leur proposer d’inciter leur frères à s’installer à Tibériade, avec des promesses de leur accorder droits et protection.

Rabbi Haïm Aboulafia, qui était alors grand rabbin d’Izmir trouva là une opportunité de retourner en terre sainte; ce qu’il fit aussitôt avec sa famille ainsi qu’une dizaine de ses disciples. Mais auparavant, il parcourut la ville toute entière pour recueillir des fonds destinés à consolider la communauté de Tibériade. Ce jour là, le sultan se trouvait dans la ville et, voyant Rabbi Haïm Aboulafia, vit en même temps une colonne de feu au dessus de la tête du Tsadik.

Il s’empressa de le faire venir à lui et lui manifesta tant d’égards que ces conseillers s’en étonnèrent. Le Sultan leur répondit :

- Si vous aviez vu comme moi cette colonne de feu au dessus de sa tête, vous vous seriez incliné vous aussi devant lui.

Le Sultan ne se contenta pas de faire honneur à Rabbi Haïm. Ayant appris que le grand Rabbin recueillait des fonds pour une cause sacrée, il se hâta de lui donner une très forte somme d’argent.

Grâce à cela, dés son arrivée à Tibériade, Rabbi Haïm Aboulafia entreprit d’édifier une synagogue sur les lieux même ou avait prié le Ari ZAL. La communauté ne cessa de s’accroître et de se développer avec des vagues successives d’immigrants venues des pays environnants. C’est ainsi que Rabbi Haïm, après avoir bâti sa magnifique synagogue, créa également des marchés publics, des magasins et des locaux industriels.

Rien d’étonnant à ce que l’auteur du Or Ha’Haïm ait préféré s’installer à Tibériade le jour de son immigration en Terre Sainte; et ce avant même d’arriver à Jérusalem. Le Rabbin de la ville s’efforça de le persuader de rester et d’y construire sa Yéchiva. Mais l’auteur du Or Ha’Haïm répondit qu’il ne pouvait s’y engager avant d’avoir une lettre écrite de ses amis italiens. Le Grand Rabbin de Tibériade expédia donc des messages aux responsables des communautés juives italiennes.

Mais avant même que la réponse ne vînt, voilà que le Pacha de Damas, décidé à mater la rébellion du Cheikh, dépêcha un important corps expéditionnaire à Tibériade, dans la ferme intention de la reconquérir. Durant 85 jours, les troupes d’assaut soumirent la ville à un bombardement si massif que les amis de Rabbi Haïm le supplièrent de fuir la ville. Mais il refusa obstinément, certain que Tibériade ne souffrirait point de cette attaque. Avec un calme étonnant, il promit à ses disciples qu’avec l’aide de l’Eternel, il n’arriverait rien de mal. Et de fait, par un miracle de la Providence, les obus dirigés sur Tibériade manquèrent tous leurs cibles et tombèrent dans le lac de Kinnéreth.

La rumeur selon laquelle l’échec du bombardement provenait de l’influence de Rabbi Haïm sur les décisions du Ciel se répandit jusque dans les troupes d’intervention. Ces dernières sentant qu’elles ne pouvaient rien contre les prières de Rabbi Haïm, se soulevèrent contre le commandant du corps expéditionnaire et décidèrent de lever le camp.

Cela se passait le 4 Kislev et, afin de commémorer ce miracle, assimilable à celui de Pourim, Rabbi Haïm Aboulafia décréta que le 4 Kislev serait désormais un jour de fête pour la communauté juive de Tibériade, d’année en année.

Quelques mois plus tard, le Pacha de Damas réitéra sa tentative de reconquête. Cette fois ses troupes assiégeaient la ville de toutes parts, y compris de la mer. Effrayés, les habitants de la ville se réunirent à la synagogue pour entendre Rabbi Haïm qui leur parla en ces termes.

- Ne craignez rien, il ne vous arrivera aucun mal. Rappelez vous que nous sommes vendredi, la veille du Chabbat où on lit la Parachat Choftim. Or dans la Haftara de demain, il est dit : «Qui es-tu donc pour avoir peur des mortels ?».

Le lendemain Chabbat, Rabbi Haïm encouragea à nouveau ces compatriotes en leur répétant le même verset prophétique.

Et voilà que le dimanche suivant, un émissaire venu de Akko annonça que, la veille même, la Pacha de Damas était tombé gravement malade et était décédé le jour même. Tout danger étant enfin écarté, les habitants de Tibériade décidèrent que le 7 Elloul, serait lui aussi, un jour de fête, au même titre que Pourim.

On comprend aisément que, dans toutes ses actions l’assistance divine ne cessait de l’accompagner pour lui assurer la réussite.

Le récit suivant est très significatif à ce sujet.

Cela se passait très longtemps avant qu’il ne s’installât à Tibériade en tant que grand rabbin de la ville. Rabbi Haïm Aboulafia s’était rendu un jour à Safed en pèlerinage afin de se recueillir sur les tombeaux des Tzadikim. Sur le chemin du retour il passa par Tibériade, qui était alors une petite agglomération à très faible population, peuplée uniquement de Bédouins, Rabbi Haïm envoya son Chamach (assistant) à la ville pour lui acheter quelque chose à manger. L’homme fut alors pris à parti par un groupe de jeunes non juifs qui, après lui avoir jeté des pierres, se mirent à le frapper violemment. Le malheureux, qui ne parlait que Turc, Hébreu et Espagnol ne savait que faire. C’est alors qu’il rencontra un passant qui, le voyant dans cet état, lui proposa de l’aider. Ce passant parlait un peu Turc, et notre Chamach put lui raconter sa mésaventure. D’après les détails de son récit l’homme comprit que le chef de la bande de jeunes voyous n’était autre que le fils du Cheikh de Tibériade. Il lui suggéra de venir avec lui chez le Cheikh, en l’assurant que ce dernier ne resterait pas indifférent à cet incident, et qu’il punirait sans doute ce fils qui, par son indigne comportement déshonorait publiquement son père.

Le Chamach accepta, suivit son interlocuteur jusque chez le Cheikh et lui raconta tout. Effectivement le gouverneur entra dans une violente colère et résolut de le punir comme il le méritait en jurant : «Même cent bâtons sur son dos ne suffiront pas pour lui faire pardonner un tel méfait».

Cela dit, ayant entendu de la bouche du Chamach qu’il était au service du grand Tsaddik, Rabbi Haïm Aboulafia, le Cheikh demanda à faire sa connaissance. Rabbi Haïm se rendit auprès de lui. Le gouverneur le reçut avec tout les honneurs et fut impressionné par la personnalité de son serviteur, le gouvernement lui dit :

- La punition que j’ai juré d’infliger à mon fils est visiblement trop lourde. Voudriez-vous me conseiller une autre punition, afin que je n’enfreigne pas mon serment

Rabbi Haïm lui répondit :

- Comme vous n’avez pas parlé explicitement de coups je vous suggère de mettre simplement cent bâtons sur le dos de votre fils sans le frapper pour autant. De la sorte vous n’enfreindrez pas votre serment et cela suffira à dissuader votre fils de rééditer ces mauvaises actions.

Entendant un si sage conseil, le gouverneur se prit d’une immense affection pour Rabbi Haïm Aboulafia et le moment venu l’aida sans compter à reconstruire la communauté juive de Tibériade.

La Hilloula de Rabbi Haïm Aboulafia tombe le 6 Nissan.

 
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