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Rabbi Yist’hak Arie Zekil • Le “Baal Chem de Michelstadt”

En Russie, les juifs ont donné à Rabbi Israël d’Okoup, le fondateur du mouvement du ‘hassidisme, le nom de Rabbi Israël Ba’al Chem Tov.

En Allemagne aussi, les juifs ont appelé Rabbi Yitz’hak Arié Zekil de Michelstadt «Ba’al Chem». Comme lui, Rabbi Yitz’hak Arié était un juste caché et un grand érudit, également avisé dans les affaires du monde. Beaucoup de gens venaient le trouver pour lui demander conseil en ce qui concerne la crainte du Ciel aussi bien que les problèmes quotidiens. L’ensemble du peuple le considérait comme quelqu’un qui faisait des miracles et s’adressait à lui dans les moments de détresse. Même des non-juifs s’adressaient à lui, et il ne renvoya jamais quelqu’un les mains vides.

Les gens de Michelstadt racontaient que tous les juifs et non-juifs qui ont prié sur la tombe du «Ba’al Chem» avant d’être enrôlés à l’armée pendant la Première guerre mondiale sont revenus de la guerre sains et saufs. Le Conseil local a posé sur la maison où il vivait une plaque en souvenir de Rabbi Yitz’hak Arié Zekil, son «Ba’al Chem».

Il est né en 5529 (1768) à Michelstadt. Son père Matitiahou était un homme simple et droit, craignant Dieu. et s’écartant du mal, qui descendait de Rachi et du roi David.

Dès sa jeunesse, le jeune homme fit preuve de qualités et de talents extraordinaires, qui laissaient entrevoir qu’il serait un génie et une gloire pour son peuple, et il était connu de toute la région de la ville de Michelstadt comme un jeune prodige. A l’âge de huit ans, on ne trouva plus dans sa petite ville d’instituteur qui puisse lui enseigner la Torah.

Quand il atteignit l’âge de treize ans, il supplia ses parents de l’envoyer étudier dans l’une des yéchivoth, mais comme avant lui ils avaient perdu six fils, ils ne pouvaient accepter de se séparer de leur fils unique et si jeune. Il vit qu’il ne pouvait compter que sur lui-même, et s’adonna aux études sacrées de tout son cœur et de toute son âme. Il étudiait la Torah jour et nuit, et plus d’une fois sa mère éteignait malgré lui la bougie dans sa chambre à une heure tardive de la nuit. Dès l’aube, il se levait comme un lion, s’habillait rapidement de peur de se rendormir, se lavait les mains et courait au Beit Midrach.

La réputation du jeune homme parvint également aux oreilles du duc de Michelstadt, qui demanda à son père de le lui envoyer seul, sans guide. Il voulait voir comme il s’y retrouverait dans un grand palais, et comment il trouverait la salle d’audience. Le jeune homme trouva facilement la pièce où l’attendait le duc. «Qui t’a indiqué la pièce où je t’attendais ?» lui demanda le duc.

«Sa seigneurie le duc elle-même», répondit le garçon. J’ai levé les yeux, j’ai regardé partout, et j’ai vu que les fenêtres de toutes les pièces du palais étaient ouvertes, à l’exception de celles d’une seule pièce, qui étaient fermées et cachées par un rideau. J’ai compris que votre seigneurie s’y trouvait certainement, cachée aux yeux des gens qui viennent au palais...»

Le duc comprit que le garçon savait qu’il s’était caché pour le mettre à l’épreuve, et que c’était justement par là qu’il avait dévoilé son refuge. Il lui demanda : «Dis-moi, mon cher garçon, si tu avais rencontré dans les escaliers et dans les couloirs dix serviteurs, que tu leur aies demandé où je me trouvais, et que l’un d’eux t’ait montré cette pièce, et un autre une autre pièce, qu’aurais-tu fait alors pour me trouver ?»

– A ce moment-là, répondit-il, j’aurais plutôt suivi l’avis de la majorité. Si trois serviteurs, par exemple, m’avaient montré cette pièce, et trois autres une autre pièce, et qu’à la fin quatre aient montré une troisième pièce, je serais allé vers cette dernière.

A l’âge de seize ans, ce garçon intelligent rentra à la yéchivah de Rabbi Nathan Adler de Francfort, où il fit la connaissance de Rabbi Moché Sofer, le «‘Hatam Sofer» (qui fut plus tard le Rav de Presbourg). Ils étudièrent tous deux ensemble avec leur grand Rav la Torah dévoilée et cachée, et s’attachèrent à l’imiter.

A dix-huit ans, il prit sur lui de ne plus manger ou boire quoi que ce soit d’origine animale, pour toute sa vie. A la suite de ce vœu, il renonça toute sa vie non seulement à la viande et au poisson, mais aussi aux œufs, au lait et au beurre.

Rabbi Yitz’hak Arié étudia la Torah à Francfort pendant six ans. L’un des habitants de la communauté de Francfort, Yitz’hak Reiss, lui donna sa fille comme épouse, et après le mariage il retourna au lieu de sa naissance, la petite ville de Michelstadt. Il vécut pendant quelques années à Manheim où il entendit des cours de Torah de Rabbi Ya’akov Ettlinger, qui fut connu ensuite comme le Rav d’Altona et l’auteur du «Aroukh LaNer». Après la mort de ses parents, il fut obligé de faire du commerce pour faire vivre sa famille, mais même alors, il n’interrompit pas son étude, et continua à enseigner la Torah en public.

A l’âge de cinquante-quatre ans, il fut choisi comme Rav de Michelstadt et fonda une yéchivah qu’il dirigeait. Pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie, il fut connu dans toute l’Allemagne comme quelqu’un qui faisait des miracles, et aucune des paroles qui sortaient de la bouche de ce tsaddik n’était vaine.

Il était connu comme le «Ba’al Chem» de Michelstadt, de près et de loin des disciples venaient écouter la Torah de sa bouche, parmi eux des gens très riches qui venaient lui demander conseil et recevoir sa bénédiction, mais même pendant cette période de prospérité, il vivait pour lui-même dans la pauvreté, ne mangeant que des légumes et de la nourriture d’origine végétale. Quant aux élèves de la yéchivah, il leur donnait en abondance de la viande, du poisson et toutes sortes de bonnes choses. Son cœur et sa maison étaient largement ouverts à quiconque venait demander aide ou soutien. Rabbi Yitz’hak Arié Zekyl faisait entrer chez lui tout juif qui passait par sa ville, et le nourrissait richement. Parfois, quand des dizaines d’invités étaient rassemblés chez lui, il allait au marché, achetait des bottes de paille, les chargeait sur ses épaules, les rapportait chez lui, et préparait lui-même des lits pour ses invités.

Il avait l’habitude de dire : «Il est interdit d’abandonner le pauvre à la miséricorde divine. L’homme doit s’occuper de lui et prendre soin de ses besoins.» Rabbi Moché Sofer disait : «J’ai appris de mon ami Rabbi Yitz’hak Arié la mitsvah de tsedakah et l’hospitalité.»

Voici comment son fils a raconté ses derniers jours : «Il voulait renforcer en nous l’espoir que la fin n’était pas si proche. Etendu sur son lit, il s’efforçait d’encourager ma mère, lui promettant qu’elle ne manquerait jamais de rien. Il lui dit aussi que si elle venait sur sa tombe à tout moment de peine, son âme intercéderait pour elle devant le Trône de Gloire.

Le soir de Roch Hachanah 5608 (1847), nous sommes revenus de la synagogue et nous avons voulu recevoir la bénédiction de notre père. Mais sa faiblesse était si grande qu’il ne put prononcer un seul mot. Il tendit ses mains tremblantes au-dessus de nos têtes, et nous avons senti que c’était sa dernière bénédiction. Le matin de Roch Hachanah, il a exprimé son désir d’entendre le chofar. Son âme est sortie le jour du jeûne de Guedalia à sept heures du soir. il a dit «chema Israël» à haute voix, et son âme pure est sortie sur le mot «e’had».»

 

 
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