Index Tsadikim Index Tsaddikim

Rabbi Yitz’hak Blazer • Le Rav De Saint-Petersbourg

Entre les nombreux disciples de Rabbi Israël de Salant, il y en a eu trois qu’il considérait comme ses héritiers spirituels. Ce sont : Rabbi Yitz’hak Blazer, connu sous le nom de Rabbi Itzel Peterburger, Rabbi Naphtali Amsterdam et Rabbi Sim’ha Zissel Ziv. Rabbi Israël énumérait leurs qualités : « Rabbi Yitz’hak est l’érudit, Rabbi Naphtali le tsaddik, et Rabbi Sim’ha Zissel, le sage ». Chacun s’efforçait de mettre en pratique dans sa vie la Torah de son grand Rav, la méthode du moussar, qu’ils ont répandue dans le monde entier. Rabbi Yitz’hak Blazer prit sur lui d’introduire l’étude du moussar dans les yéchivoth, et il y réussit : toutes les yéchivoth ont adopté l’étude du moussar comme partie intégrante de leur programme, et jusqu’à aujourd’hui les élèves des yéchivoth continuent à étudier le moussar tous les jours.

Rabbi Yitz’hak Blazer est né le 1er Adar 5597 (1837) dans la petite ville de Chnipissok, banlieue de Vilna. Son père Rabbi Chlomo faisait partie des personnalités de Vilna et était connu comme un érudit et un tsaddik.

Dès sa jeunesse, on put constater chez lui des dons inhabituels. A l’âge de quatorze ans, son père imprima un petit exposé qu’il avait écrit sur le traité Baba Kama, où il résolvait une certaine question de quatorze façons différentes. Il excellait également depuis son enfance par sa grande assiduité.

Voici ce que racontait son ami Rabbi Naphtali Amsterdam :

Dans sa jeunesse, Rabbi Yitz’hak étudiait dans une petite ville lituanienne. Les femmes de la ville lui apportaient tous les jours au beit midrach du pain et un plat cuit. Il arriva plusieurs fois qu’elles oublient de lui apporter à manger, et malgré tout le petit Yitz’hak continuait à étudier jusque tard dans la nuit, sans avoir mangé de toute la journée.

Vers l’âge de quinze ans, il se maria et s’installa à Kovno, où se tenait alors la yéchivah de Rabbi Israël de Salant. Rabbi Yitz’hak y fut admis, s’attacha à Rabbi Israël et devint l’un de ses plus grands disciples.

Rabbi Yitz’hak ne voulait pas utiliser l’enseignement à des fins personnelles, aussi apprit-il le métier de teinturier, pour gagner sa vie du travail de ses mains. Mais son maître avait d’autres projets. Il avait reconnu l’éclosion de la grandeur, c’est pourquoi il lui ordonna d’être Rav. Il fut nommé Rav dans la ville de Saint-Pétersbourg, la capitale de la Russie.

Quand il y arriva, au jeune âge de vingt-cinq ans, il trouva à sa grande tristesse toutes les affaires communautaires délaissées. Avec beaucoup d’énergie, il commença à réorganiser la communauté et édicta de nombreux décrets. C’était également un excellent orateur, et ses paroles qui sortaient d’un cœur pur faisaient grande impression. Les riches de la ville, qui étaient loin de la Torah et du judaïsme, se rapprochèrent grâce à lui de la Torah et de la crainte du Ciel.

Au cours de son séjour dans cette ville, il devint connu comme l’un des grands de la Torah de sa génération. Il y écrivit Pri Yitz’hak, où se révèle sa parfaite maîtrise du Talmud de Babylone et de Jérusalem.

Rabbi Yitz’hak n’était pas satisfait de son poste de Rav, et ne supportait pas non plus les honneurs et la notoriété inhérents à la tâche, car par nature c’était un tsaddik extrêmement humble. Il y resta seize ans, puis il démissionna et retourna à Kovno.

Rabbi Yitz’hak Blazer acheta une grande maison et vivait du loyer des appartements. Ainsi débarrassé de tout souci financier ou communautaire, il pouvait désormais se consacrer totalement à la Torah et à la crainte du Ciel. Il se mit à donner des cours de moussar dans les batei moussar qui existaient à l’époque, et en même temps fut choisi comme directeur du collel qui se trouvait sous la supervision de Rabbi Yitz’hak El’hanan, le Rav de Kovno. Il se donna entièrement à cette institution, portant le nombre de ceux qui y étudiaient de soixante à cent vingt, qui comptaient de célèbres personnalités de Torah. Il donnait également des cours de moussar chez lui pour tous les avrekhim, qui furent influencés par sa perspective. Grâce à lui sortirent du collel des centaines de jeunes gens versés en Torah, qui répandirent dans le monde la Torah, la sagesse, la crainte du Ciel et le moussar. A la même époque on commençait à fonder la célèbre yéchivah de Slobodka, et Rabbi Yitz’hak Blazer faisait partie des fondateurs et poussa les élèves à étudier du moussar.

Outre son travail communautaire, Rabbi Yitz’hak se consacrait de tout son cœur au service de Dieu et au perfectionnement de soi-même. Il se comportait avec une extrême piété et fuyait les honneurs. Il excellait dans l’humilité au point que son Rav, Rabbi Israël de Salant, disait de lui : « Rabbi Yitz’hak est tellement humble qu’il ne sait même pas qu’il est humble. »

Un jour, à Saint-Pétersbourg, Rabbi Yitz’hak Blazer se trouva dans une assemblée de grands de la Torah de la génération, parmi lesquels Rabbi Yossef Dov Soloveitchik, le Rav de Brisk. Rabbi Yossef Dov posa une question difficile au nom de son fils Rabbi ‘Haïm. Les rabbanim s’efforcèrent d’y répondre, chacun montrant ses connaissances et sa perspicacité. A la fin, Rabbi Yossef Dov résolut la question par une réponse de lui, et une réponse au nom de Rabbi ‘Haïm, qui émerveillèrent tous les auditeurs. Rabbi Yitz’hak Blazer resta tout ce temps assis en silence comme s’il ne comprenait pas de quoi il était question. Rabbi Yossef Dov se dit avec étonnement : « Est-ce là celui dont on dit que c’est un grand homme ? » Quand il rentra chez lui, il demanda qu’on lui apporte le livre de Rabbi Yitz’hak Blazer, Pri Yitz’hak, pour voir ce qu’il écrit, et à sa grande stupéfaction il trouva dans ce livre la question de Rabbi ‘Haïm et les deux réponses. Rabbi Yossef Dov fut émerveillé de cette force spirituelle, et s’exclama : « Combien est extraordinaire l’humilité de Rabbi Yitz’hak ! »

Bien qu’étant gaon et penseur, il avait choisi pour lui-même d’accomplir les mitsvoth comme un homme ordinaire sans complications, en application du verset : « Et moi, je marcherai dans mon innocence » (Psaumes 26), et il racontait l’histoire suivante pour montrer que la valeur des mitsvoth réside dans l’innocence et dans le fait de les exécuter pour l’amour du Ciel :

L’histoire se passe à l’époque du saint Ari. Arriva à Safed un maranne en provenance d’Espagne. Un jour, l’homme entendit un discours du Rav local à propos du pain de proposition que l’on plaçait chaque Chabath au Temple devant Dieu. Il rentra chez lui et dit à sa femme : « Nous sommes des gens simples, quel mérite pouvons-nous avoir devant Dieu ? Je viens d’entendre du Rav qu’autrefois, on mettait chaque Chabath douze ‘halot devant Dieu, nous allons prendre sur nous d’accomplir cette mitsvah. »

Le femme obéit. Et à partir de ce moment-là, tous les vendredis elle cuisait douze ‘halot, que son mari amenait à la synagogue et plaçait devant l’Arche. Quand le bedeau ouvrit l’Arche le premier vendredi soir pour faire sortir le vin du kiddouch et trouva les ‘halot, il pensa que quelqu’un les avait certainement données pour les pauvres, et il les prit pour lui-même. En revenant au beith midrach, le maranne s’aperçut que ses ‘halot n’étaient plus là, il fut rempli de joie et courut raconter à sa femme que Dieu avait accepté leur présent.

L’homme continua à mettre les ‘halot au beith midrach semaine après semaine, et ils étaient très heureux de la grande mitsvah d’offrir des ‘halot à Dieu.

Un jour, quand il apporta les ‘halot pour les mettre au beith midrach, par hasard le Rav se trouvait là, et lui demanda avec surprise pourquoi il faisait rentrer des ‘halot dans l’Arche. Alors il lui raconta qu’il avait cette habitude depuis un an, et que Dieu les mangeait. Le Rav gronda l’homme de cette superstition, et lui expliqua que Dieu ne mange pas. Le juif quitta le beith midrach rempli de honte.

Cette même nuit, on dit au Rav dans une vision que parce qu’il avait dérangé ce couple dans son service innocent, il mourrait dans l’année, et que depuis la destruction du Temple rien n’avait causé autant de satisfaction à Dieu.

En Tamouz de l’année 5664 (1904), Rabbi Yitz’hak partit pour la Terre sainte et s’installa à Jérusalem. Il prit une part active aux affaires de la ville et participa à la rabbanout de Jérusalem.

Il y resta pendant treize ans et y passa le reste de sa vie en sainteté et en pureté. En 5667 (1907), le 11 Av, il quitta ce monde. Des dizaines de milliers de personnes participèrent à son enterrement, et il fut enterré dans la partie supérieure du mont des Oliviers, dans la rangée des grands d’Israël.

Outre ses livres, Pri Yitz’hak en deux parties et son livre de moussar « Or Israël », il nous reste aussi de lui de nombreux manuscrits en halakhah et en moussar.

 

 
INDEX TSADIKIM
 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan